« A chacun son job ! »

Es-tu sûr de faire le bon boulot ? A moins que tu ne sois en train de faire le travail de quelqu'un d'autre, délaissant le tien ?...

Es-tu sûr de faire le bon boulot ? A moins que tu ne sois en train de faire le travail de quelqu’un d’autre, délaissant le tien ?…

« Pour communiquer avec les hommes et les femmes non[encore]réconciliées avec Lui, Dieu se sert du Saint-Esprit, des Ecritures, et du chrétien. Il est important de garder en tête cette division du travail », écrit Jim Petersen-des « Navigateurs »-dans « une vie qui parle »(Ed. Navpress, p 130).

En effet, nous ne sommes ni juges(Dieu), ni sauveurs(Jésus-Christ), ni chargés de convaincre(Saint-Esprit). Nous sommes ceux qui font les présentations !

A chacun son travail ! Faisons le nôtre et laissons (le)Dieu(trinitaire)faire le sien. Nous aurons l’assurance qu’une vie nouvelle a bien été créée et qu’elle portera du fruit(op. cit., pp 130-131).

 

Lectures : Jean 3, 817 ; Matt.27v18-20

Savoir perdre pour mieux retrouver

Comment rendre visible cette bonne nouvelle ? Par une vie qui parle-en paroles et en actions !

Les mains ouvertes, pour donner ou laisser (re)partir….pour mieux retrouver ?

Un nouveau « verset-harpon », cette semaine, lu dans l’épître de Paul à Philémon*, que je vous livre tel quel :

Philém.v15-16 : « peut-être Onésime n’a-t-il été séparé de toi pour un temps qu’afin de t’être rendu pour l’éternité, non plus comme un esclave, mais comme bien mieux qu’un esclave : un frère bien-aimé »(TOB).
Je ne sais pas encore ce que le Seigneur veut que je fasse avec, mais les applications possibles sont multiples. Avez-vous trouvé les vôtres ?
Une chose est certaine : rien, ni personne, ne nous appartient vraiment. Nous sommes toutefois responsables de ce que l’on nous a confié, et donc toujours redevables.

 

Note :

*Pour ceux qui n’auraient jamais lu ce très court texte du Nouveau Testament (a-t-on déjà prêché sur Philémon ?), voici, en deux mots, de quoi il retourne, pour bien comprendre le verset : écrite par Paul durant sa première captivité, en même temps que les épîtres aux Colossiens et aux Ephésiens, cette lettre est adressée à Philémon. Philémon est « un collaborateur bien aimé »(v1), connu pour son amour et sa foi(v5), qui abrite une église locale dans sa propre maison (v2). Paul lui expose une demande toute personnelle « pour Onésime », (dont le nom signifie « utile » !) : celui-ci, esclave de Philémon, s’est enfui de chez son maître, après l’avoir, semble-t-il, volé. Il devient « l’enfant de Paul », converti par lui en prison (v10). Paul le renvoie à son maître, en espérant que celui-ci lui fera bon accueil(v12). Voir notamment l’introduction à ce livre, dans la Bible TOB(la « bleue »), très intéressante à ce sujet.

Comment tu parles de sa femme ?

"Au commencement", c'est "deux"...

Comment parle-tu de l’Eglise, corps et épouse de Christ ? Et comment Christ parle-t-il Lui-même d’elle ?

Comment réagiriez-vous, messieurs, si vous appreniez que l’on a mal parlé de votre épouse en votre absence ?

Et que penserait le Seigneur Jésus-Christ de la façon dont nous parlons de l’Eglise*, qui est « Son corps »** et Son épouse, « dont Il est le sauveur »** ? Par exemple, quand nous murmurons contre elle, quand nous la dénigrons, et, de fait, la maudissons ? Actes 9v5 nous rapporte la façon dont Christ a répondu à un grand persécuteur de Son Eglise, devenu peu après l’un de Ses plus grands serviteurs : « Je suis Jésus que tu persécutes ». Dirait-il aussi : « je suis Jésus que tu insultes » ?

Par contraste, il est édifiant de (re)découvrir la façon dont Dieu parle de l’Eglise en Eph.5v23-33. Avec en parallèle Cant.2v13-14, dans lequel on peut y voir l’appel que Christ lance à Son épouse. Soit à nous-mêmes, croyants en Christ : « Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher, Qui te caches dans les parois escarpées, Fais-moi voir ta figure, Fais-moi entendre ta voix ; Car ta voix est douce, et ta figure est agréable. »

Tu te crois un homme ? Ou tu veux être « un homme, un vrai » ? Traite donc l’épouse de Christ-et ta propre épouse-comme Christ a traité la Sienne !(Eph.5v25)

 

 

Notes :

* Eglise : union de tous les croyants en Christ(Rom.12v5, 1 Cor.12v12-13…). C’est ce que l’on appelle « l’Eglise avec un grand E ». L’église avec un « petit e », quant à elle, est son expression locale(voir les entêtes de ces lettres : 1 Cor.1v2, Col.1v2, Philém.v2, etc…).

A noter que l’Eglise, comme le mariage, sont appelés des « mystères », dans le Nouveau Testament(Eph.5v32). Et comme « par hasard », l’une et l’autre font l’objet d’attaques particulière de nos jours….

A noter enfin qu’il est impropre de dire « on va à l’église », comme si l’Eglise était un bâtiment. Disons plutôt : « nous nous rassemblons, en Eglise, convoqués par Christ, pour nous réunir en Son nom »(Matt.18v20). Formule certes plus longue et plus difficile à retransmettre, mais combien plus juste.

**Eph.1v23-23

Individualité : tu es unique, précieux, et donc responsable !

Tu es unique ? Moi aussi !

Tu es unique ? Moi aussi !

Lectrices ou lecteurs de la Bible, vous avez sans doute en mémoire ces longues généalogies, listes interminables de noms, pour la plupart inconnus de vous. Autant de passages que nous sommes tentés de « zapper ». Ce qui serait dommage, car, comme me l’a souligné l’un des pré-ados que j’enseignais dans le cadre du ministère aux enfants, « derrière les noms, il y a des histoires ». Et aussi des individus.

La question de l’individu nous invite à nous questionner sur l’individualité*.

A ce sujet, Erri de Luca relève, dans « Alzaia »**, qu’ « en mai 1940, en pleine invasion nazie de la France, André Gide écrivait dans son journal (que) cette désindividualisation systématique à quoi travaillait l’hitlérisme préparait admirablement l’Allemagne à la guerre. Et c’est par là, surtout, (lui semble-t-il), que l’hitlérisme s’oppose au Christianisme, cette incomparable école d’individualisation, où chacun est plus précieux que tous. Nier la valeur individuelle, de sorte que chacun, fondu dans la masse et faisant nombre, soit infiniment remplaçable ». Et d’Erri de Luca d’estimer qu’en cela, « Gide voit juste : l’écrasement de l’individu est nécessaire à la tyrannie moderne. Il donne un avantage matériel au criminel nazi : l’impersonnalité de son action***. Si ce n’était pas lui, un autre aurait exécuté la tâche ». Une excuse « bidon », ou, comme l’estime Erri de Luca, « de la fiction, une fragile couverture ». Car « un homme comme Priebke exécutait les ordres qu’il approuvait pleinement et surmontait avec zèle toutes les difficultés. Ce degré d’efficacité exigeait du dévouement. Le nazi n’obéissait pas aux ordres, il les réalisait, les interprétait, les perfectionnait avec tout son enthousiasme(…).
La phrase de Gide dit au contraire quel est l’antidote de la tyrannie : donner de la valeur à la personne humaine, approfondir l’individualité de chacun, comprendre, comme l’enseigne le Talmud, que Dieu a créé un seul Adam pour faire savoir que celui qui tue un homme tue une espèce toute entière, celui qui en sauve une sauve une humanité entière. » [voir aussi Actes 17v26]

Notre individualité porte donc une très grande responsabilité, sachant que le pendant positif de Priebke est aussi vrai : si ce n’est pas nous qui agissons, ce ne sera personne…****

 

 

 

Notes :

* Une idée en appelle une autre : le politologue James Kurth a décrit la mondialisation actuelle comme un «protestantisme sans Dieu». Un « protestantisme » car les valeurs de liberté, de rationalité et d’ouverture ont fait le succès des multinationales (souvent d’origine protestante).
« Sans Dieu », car la compétition prime sur la collaboration, la domination sur le service, l’accaparement des ressources sur le respect de la nature et des peuples, le profit maximal sur la redistribution des bénéfices. (cité par Shafique Keshavjee : http://www.skblog.ch/wp-content/uploads/Chroniques-refus%C3%A9es.pdf )
De même, « un protestantisme », ou plutôt « un Christianisme sans Christ » ouvre un boulevard à l’« individualisme », forme pervertie de l’individualité.

** Individualité, d’Erri de Luca IN Alzaia. Rivages/Petit Bibliothèque, 2002 (pp 97-98)

***Et aussi une certaine façon impersonnelle de parler/de considérer les personnes : par exemple, au lieu de dire « on » m’a dit que, dire « un tel » ou « une telle » m’a dit que….

Ou encore, ce vieux travers qu’est le fait de généraliser : soit le fait de parler d’un groupe d’un seul bloc, niant les individualités, les différents besoins. Bref, généraliser, c’est stigmatiser.
Comparer avec la façon dont nous sommes invités à nous considérer les uns les autres, au sein du corps de Christ, en 1 Cor.12v12-27.

**** Sachant que Dieu ne s’adresse pas « à tout le monde », mais à toi, personnellement (Jean 21v21-22). « Tout le monde », c’est personne.
Dieu ne s’adresse pas à une foule, mais à des individus distincts et responsables. Responsables de « se scandaliser » ou « de croire », selon Kierkegaard (cf « Traité du désespoir ». Gallimard, 1988. Folio essais, p 235)

Croyons-nous vraiment en l’ Evangile que nous annonçons ?

"De loin", l'Eternel se montre à toi : que fais-tu ?

Quand un verset te « harponne », c’est que Dieu t’invite à le scruter sérieusement !

L’ Evangile, qui est « une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit… » (Rom.1v16).

 

Il peut paraître « difficile », pour ne pas dire « fastidieux », de « lire sa Bible régulièrement », surtout si « le passage du jour à l’air de premier abord peu engageant par exemple ». Et par exemple, « relire les actes peu reluisants (d’un personnage biblique) dès le matin ».  Ou encore, Néhémie 3, ou même Matthieu 1v1-17.

Mais l’inverse est aussi vrai. Je trouve personnellement stimulant et encourageant, alors que je lis mes chapitres quotidiens, d’être « harponné » par un verset particulier. « Harponné », et alors invité à méditer longuement le verset. Une « alerte » et un « signe » qu’il est important et à considérer sérieusement. Jeudi 10/09, « le verset-harpon » était 2 Corinthiens 4 vv3-4, considéré ce jour-là sous un autre angle :

« si notre Evangile est voilé, il est encore voilé pour ceux qui périssent ; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées, afin qu’ils ne voient pas resplendir le glorieux Evangile du Christ, qui est l’image de Dieu ».

Lorsque nous lisons : « ceux qui périssent », « les incrédules »….nous pensons généralement « aux autres », à ceux qui « ne croient pas encore », et « n’ont pas encore accepté l’Evangile ».

Mais pouvons-nous être concernés par ce verset, nous « croyants », qui affirmons que « Jésus est notre Sauveur et Seigneur » ? Pouvons-nous être « incrédules », aux « pensées aveuglées » par « le dieu de ce siècle », de sorte que ce « glorieux Evangile du Christ » que nous annonçons, nous est « voilé » ?

Comment serait-ce possible ? 1)Par notre façon de vivre, « en tant que chrétiens », et 2)par notre façon de parler de l’Evangile.

1) L’Evangile n’est pas seulement « un message » à annoncer. C’est « une puissance pour le salut de quiconque croit », selon Rom.1v16. « Une puissance pour le salut….de quiconque croit« . « Quiconque », c’est vous, c’est moi, c’est nous. Nous en avons tous besoin. Pas seulement « pour aller au ciel » ou « pour le dimanche », mais « pour chaque jour de la semaine »*. Y croyons-nous ? Comment le vivons-nous, personnellement ? Par exemple, le fait que « Christ, notre paix », a, par la croix, « fait mourir[ou « détruit »] l’inimitié » ? (Eph.2v14, 16).

Dans quelle mesure, lorsque, à notre retour à la maison, nous sommes submergés par la fatigue, une dure journée de travail, les factures, le quotidien, les loisirs…nos pensées sont-elles « aveuglées » par « le dieu de ce siècle » ? Dans quelle mesure nos regards sont-ils fixés sur ce dernier (plutôt que sur « le Soleil de justice » cf Mal.4v2, Jésus-Christ), nous empêchant de voir et de vivre la puissance de l’Evangile ?

« On ne peut voir deux Soleils à la fois » : détournons-nous donc de celui qui « se déguise en ange de lumière »(2 Cor.11v14) pour contempler Celui qui est « la lumière du monde »(Jean 8v12) et s’attacher à « la source des eaux vives » (Jér.2v13).

 

2) L’Evangile, que nous annonçons ou prêchons, est donc « une puissance pour le salut de quiconque croit »(Rom.1v16). Encore une fois, y croyons-nous ? Question évidente ou stupide, c’est selon, mais pas tant que cela. En réalité, la réponse est donnée par notre façon de le considérer et d’en parler. A ce sujet, le penseur chrétien danois Soren Kierkegaard estime qu’ un tel Evangile n’a pas besoin d’être défendu(ce qui est une « extraordinaire sottise »**), mais d’être proclamé(et affirmé) par ceux qui y croient. Lui-même « déclare incrédule celui qui (le défend) »**. Car, « s’il croit, l’enthousiasme de sa foi n’est jamais une défense, c’est toujours une attaque, une victoire ; un croyant est un vainqueur. »***

Le croyant est donc un témoin qui déclare ce qu’il a vu, entendu et vécu, avec fidélité et autorité. Un témoin de Christ ne « défend » donc pas l’Evangile, comme s’il s’agissait d’une simple « opinion », ou de quelque chose dont on devrait « s’excuser ». Mais il le proclame et l’affirme comme « une bonne nouvelle, qui exige une réponse immédiate » ****(cf Matt.28v18-20), parce qu’il y croit !

« J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé »(2 Cor.4v13)

 

 

Notes :

*Cf Jerry Bridges. L’Evangile pour la semaine. Europress, 2003

** S. Kierkegaard. Traité du désespoir. Gallimard, 1988(Folio Essais), pp 176-177. Dans ce passage, l’auteur parle plus exactement de « défendre le Christianisme ».

*** C’est à dire un vainqueur, toujours offensif. Dans ses « Pensées qui attaquent dans le dos »(Ed. première partie, 2014, p.19), le même Kierkegaard affirme que « le Christianisme n’a besoin d’aucune défense ; il n’est servi par aucune défense ; il attaque ; le défendre, c’est de toutes les altérations la plus injustifiable, la plus erronée et la plus dangereuse ; c’est le trahir avec une inconsciente perfidie. Le christianisme est militant et il va de soi que, dans la chrétienté, il attaque par derrière[ou dans le dos] ». C’est à dire, dans le sens qu’il cherche à désarmer l’auditeur ou le lecteur. « Edifier », pour Kierkegaard, c’est renvoyer l’homme à son péché, réveiller ceux qui sont endormis, inquiéter ceux qui sont trop apaisés. C’est pousser l’individu dans ses derniers retranchements, pour l’inviter à se mettre en règle avec Dieu[Amos 4v12], et à suivre Jésus-Christ.

**** Lire cette anecdote, rapportée dans « L’Essentiel dans l’Eglise. Apprendre de la vigne et de son treillis », de C. Marshall et T. Payne (Ed. Clé, 2014. Collection IBG, pp57-58) : « après avoir été évangélisé par un homme très poli », Penn Jillette, illusionniste et athée « assumé », évoque cette rencontre :…. »si tu crois vraiment qu’il y a un ciel et un enfer et si tu crois que des gens pourraient aller en enfer ou ne pas atteindre la vie éternelle – peu importe ta conviction-, et si tu dis qu’il ne vaut pas tellement la peine d’en parler, pour la seule raison que, sur le plan social, cela te ferait passer pour un cinglé(…)à quel point devrais-tu détester quelqu’un pour croire que la vie éternelle est possible sans même lui en toucher un mot ? »

 

 

« Foireux liens » de Septembre(11) : notre regard sur les Réfugiés

Sur quoi braquer les projecteurs ? Tel est l'enjeu du journalisme !

Ou comment « les projecteurs » se sont à nouveau « braqués » vers les réfugiés, modifiant en quelques jours une façon de regarder un drame « récent mais pas nouveau »….

« ….l’idée de la souffrance d’un enfant (paraît) monstrueuse. Plus monstrueuse encore que la monstruosité du monde lui-même. Car elle prive le monde de sa seule consolation, et par ce qu’un monde dépourvu de consolation est imaginable, elle est monstrueuse », écrit Paul Auster, dans son « invention de la solitude »*

Une pensée particulièrement d’actualité, comme en témoignent les nombreuses réactions au récent (mais pas nouveau) drame des réfugiés. A ce sujet, la photographie d’un bébé, Aylan Kurdi, ce petit Syrien de trois ans, originaire de Kobané, retrouvé mort sur une plage de Bodrum (Turquie), mercredi 2 septembre 2015, semble avoir servi de « catalyseur », si l’on peut dire, en ce qu’elle « a modifié en l’espace de quelques jours la vision du migrant »[plus exactement, du « réfugié »], selon le blogueur « Zeboute ». Son analyse , sous un angle particulier, est à lire avec attention pour bien comprendre son propos.

D’autres réactions-parmi d’autres, sur la toile-invitent à ce changement de regard sur le réfugié, tout en dénonçant une absence totale de vision :

Pour « Fol Bavard », dans son édito pour « Les Cahiers libres », « Les problèmes liés à l’immigration existent justement parce qu’on a abandonné en cours de route ceux qui auraient dû être accueillis. Avoir peur de voir son identité menacée par un afflux de réfugiés est une peur compréhensible, même si sa légitimité est discutable. Mais le meilleur moyen de faire en sorte de préserver le calme et la beauté de notre culture, c’est de la transmettre. Accueillir les réfugiés, essayer de les comprendre et de les accompagner sur plusieurs années et les aider matériellement si on peut, c’est le meilleur moyen de leur faire aimer la France et de vouloir participer eux aussi à l’embellir.
Personne n’a dit que ce serait facile. Mais un peu de confort contre une vie, ce n’est pas cher payé ».

« Aliocha », dans « Réfugiés : une faillite politico-médiatique française », un billet publié sur son blogue, souligne le contraste entre, d’un côté, « ces images de milliers de réfugiés aux frontières de l’Europe », qui « arrivent par bateau, quand ils ne sont pas morts noyés en route, en camion, en train, à pied », et de l’autre, « la machine médiatique qui diffuse jusqu’à la nausée la photo de l’enfant mort sur la plage[mentionné plus haut] tout en pataugeant dans ses travers ». Et Aliocha de commenter un sondage selon lequel « 55% des français seraient opposés à ce que la France, à l’instar de l’Allemagne, assouplisse les conditions d’octroi du statut de réfugié », tout en étant « favorables aux quotas » : « leur a-t-on donné, aux mystérieux français qui soi-disant nous représentent, cette infographie du Monde, les a-t-on laissés réfléchir plusieurs heures avant de se prononcer ? A l’évidence non, sinon ils n’auraient pas répondu que les pays plus égoïstes que nous doivent prendre leur part, vu que la France fait justement partie des pays qui accordent le moins de réponses positives aux demandes d’asile : entre 9 et 30% contre plus de 75% en Suède, plus de 50% en Italie et entre 30 et 50% en Allemagne et en Grande-Bretagne. En fait, il n’y a personne en Europe de plus « égoïste » que nous…Quand on prend conscience de cela, on songe que ce sondage est terrifiant dans ce qu’il révèle de l’abrutissement politico-médiatique qui nous affecte(…) Faute de discours politique fort de la part d’un pouvoir inspiré, on laisse libre cours aux légendes urbaines du type « la France accueille toute la misère du monde quand les autres ne font rien », légendes qui nourrissent la peur, le repli sur soi et la xénophobie ».

« Le Bon combat » invite, quant à lui, à « agir bibliquement », ou plutôt à « regarder bibliquement » la « crise des migrants » :

A l’instar de Guillaume Bourin, fondateur du blogue, nous abondons « dans le sens » du Conseil National des Evangéliques de France(CNEF), qui, par la voix d’Etienne Lhermenault, « vient de prendre clairement position » sur cette « épineuse question » [voir aussi celle de la Fédération Protestante de France], et ce d’autant plus que nous pouvons effectivement constater « certaines prises de position de plus en plus extrême de certains de nos frères et sœurs »(notamment sur la toile), lesquelles positions banalisent certaines idées ou idéologiques extrêmes.
Dans ce contexte, on saluera l’initiative bienvenue de l’équipe du « Bon Combat » de partager cet article de Dai Hankey (traduit en Français), pour l’instant (et curieusement) très peu commenté, comparé à d’autres articles plus « théologiques ».

L’article, excellent, exprime parfaitement bien ce que nous pouvons tous ressentir et nous renvoie à nos propres limites : comment parler de ce drame ? Et surtout, comment parler, face à ce drame ? A l’instar de l’auteur, poussé à écrire à ce sujet suite à la fameuse photo du petit garçon, nous prenons conscience qu’en fin de compte, nous ne savons « pas quoi dire ». Comme Dai Hankey, nous ne voulons être, ni « une voix de plus au milieu de cette cacophonie d’opinions conflictuelles », ni que nos mots « soient gaspillés ».
Le mieux est d’ « entendre ce que Dieu a à dire sur ce qui se passe », et donc, de « laisser la Bible parler », plutôt que certains démagogues qui ont leur propre tribune médiatique. Laquelle Bible nous rappelle notamment, si on prend le temps de la lire vraiment, que « Dieu est un refuge pour les réfugiés »(Psaume 61v3 et 143v9), qu’Il « est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point de favoritisme et qui ne reçoit point de présent, qui fait droit à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’étranger et lui donne la nourriture et des vêtements ». (Deut.10v17-18 et ss) ; et qu’Il « veut que son peuple offre refuge aux réfugiés » (Deut.24v18-20).
La même Bible nous rappelle que « nous serons jugés selon notre hospitalité », selon les paroles du Seigneur Jésus-Christ en Matt.25v31-46 : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car (…) j’étais étranger, et vous m’avez recueilli(…) Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites ».
De quoi nous interpeller, quand on sait que Jésus a été lui-même en position d’étranger et de réfugié, dans ce monde (Jean 1v10-11) : « Alors que le Fils de Dieu n’était qu’un tout petit enfant, ses parents ont dû fuir en Egypte pour le protéger du régime meurtrier d’un dirigeant tyrannique », relève Dai Hankey, faisant référence à Matthieu 2v13-15.
Que se serait-il passé, lors de la fuite en Egypte, si ce pays avait « fermé ses frontières » au nom d’une certaine idéologie [qui aurait été peut-être jugée « de bon sens » et « courageuse » par certains « journalistes » de l’époque ?] ou selon certains critères statistiques ? Le Fils de Dieu, qui a failli naître dehors, « parce qu’il n’y avait pas de place pour lui dans l’hôtellerie »(Luc 2v7), aurait-il pu être « refoulé » alors qu’il « demandait asile » ?

 

 

 

 

Note :
* citation complète : « Parce que le monde est monstrueux. Parce que le monde ne peut mener un homme qu’au désespoir, un désespoir si total, si absolu, que rien n’ouvrira la porte de cette prison, l’absence de toute espérance, A. s’efforce de regarder à travers les barreaux de sa cellule et découvre une pensée, une seule, qui le console quelque peu : l’image de son fils. Et pas uniquement son fils, mais un fils, une fille, nés de n’importe quel homme ou de n’importe quelle femme.
Parce que le monde est monstrueux. Par ce qu’il ne paraît proposer aucun espoir d’avenir, A. regarde son fils et comprend qu’il ne doit pas se laisser aller au désespoir. Il y a la responsabilité de ce petit être, et par ce qu’il l’a engendré, il ne doit pas désespérer. Minute par minute, heure par heure, lorsqu’il demeure en présence de son fils, attentif à ses besoins, dévoué à cette jeune vie qui constitue une injonction permanente à demeurer dans le présent, il sent s’évanouir son désespoir. Et même si celui-ci persiste, il ne se l’autorise plus.
C’est pourquoi l’idée de la souffrance d’un enfant lui paraît monstrueuse. Plus monstrueuse encore que la monstruosité du monde lui-même.
Car elle prive le monde de sa seule consolation, et par ce qu’un monde dépourvu de consolation est imaginable, elle est monstrueuse ». (Op. cit. Ldp, pp 98-99)

 

Ecoutons avec nos trois oreilles !

« Ouvrez vos deux oreilles ! » Et même « les trois » !
(« Dumbo l’éléphant », 1941. D’après l’histoire éponyme d’Helen Aberson, publiée en 1939)

Vous connaissez certainement la raison pour laquelle Dieu nous a créés avec deux oreilles et une bouche : tout simplement pour que nous l’écoutions deux fois plus que nous (lui) parlons.

En réalité, nous avons à l’écouter, non avec nos deux oreilles, mais avec nos trois : nos deux, plus celle « de notre cœur » !
Si vous voulez en avoir le coeur(!)net, relisez donc la fameuse prière du roi Salomon : « donne(…)à ton serviteur un cœur* qui écoute »(1 Rois 3v9. Darby) !
Et ne manquez pas non plus de découvrir la façon d’entrer dans « la maison de Dieu » en Eccl.4v17-5v1-2 (un verset par ailleurs affiché à l’entrée d’une salle de culte d’une église évangélique, ce qui est peu banal), sans oublier ce que le Seigneur aime avant tout : 1 Sam.15v22-23
On relèvera enfin que l’essentiel reste encore – et toujours – d’être, d’abord, disponible pour Dieu : c’était le cas – et « la qualité » – des écrivains bibliques (rois, berger, gardien de troupeau, pêcheurs, médecin, ex-escroc et collabo, savants,  ignorants, humbles…), sur qui Dieu « a soufflé » pour qu’ils transmettent fidèlement Sa Parole. Ainsi : Amos 7v14-15, 2 Pie.1v21, Ex.6v1-2, Lévit.1v1….
Note :
* Un cœur « nouveau », bien entendu, que seul Dieu peut donner cf Ez.11v19, 18v31, 36v26

Pourquoi veux-tu être connu ?

"Narcisse" moderne (Par Andy Singer)

« Narcisse » moderne
(Par Andy Singer)

Et comment ?

Comme ceux-ci, qui étaient connus « pour avoir été avec » Celui-là ? (Actes 4v13)

Veux-tu donc être connu comme celui qui Le connaît ?

Tu trouveras dans la Bible plusieurs exhortations à s’attacher au Seigneur, « sans tiraillements », comme à croître « dans la grâce et la connaissance de notre sauveur et seigneur Jésus-Christ ». Sachant qu’ « A Lui (seul) la gloire… » (2 Pie.3v18)
Car c’est cela qui fait la différence !

Sans oublier autant de promesses certaines, à ce sujet :
« Si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de Lui » (1 Cor.8v3)
« Celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit » (1 Cor.6v17)
Et cette formidable déclaration d’amour de Dieu !

Alzaia

"Alzaia" d'Erri de Luca. "Alzaia", c’est la corde, mais aussi le lien avec l'autre, qui empêche de tomber ».

« Alzaia » d’Erri de Luca.
« Alzaia », c’est la corde, mais aussi le lien avec l’autre, qui empêche de tomber ».

Pep’s café ! est de retour, après une longue absence de deux mois, et prêt à reprendre un nouveau rythme de publication !
En guise de billet de rentrée, voici un partage de ce que je pense être « le message de Dieu (d’abord pour moi personnellement) de cet été », après une coupure bienvenue : une nécessité et un besoin de progresser dans l’écoute, l’intention(le cœur et l’inspiration-cad quel esprit nous anime), et la disponibilité, sans oublier la lutte contre tout gaspillage.
Autant de thématiques ou de domaines perçus de différentes façons en juillet-août, et qui se retrouvent, pour l’essentiel, dans « Alzaia »*, un livre d’Erri de Luca acquis le 06 juillet.

Pour l’anecdote, le premier texte découvert « par hasard »(grâce à un marque-page présent dans le livre à cet endroit !) était « avoir de l’oreille » (p24-25), invitant à l’écoute(cf Eccl.4v17, 1 Sam.15v22, Jacq.1v19) :
« Le prophète Jérémie entend la voix divine dans un “vacarme d’eaux dans les cieux”. Elie la perçoit dans un murmure après l’avoir cherchée dans le vent d’une tempête, dans un tremblement de terre et dans le feu. Cette voix se manifestait de bien des façons, mais il fallait avoir l’ouïe fine d’un prophète. Garder le silence était une condition indispensable. C’est au moment où il se tait que la voix de Dieu fait irruption dans la vie et dans le livre de Job. Tant qu’il répond à ses interlocuteurs, Dieu reste silencieux. Mais lorsque Job cesse de répliquer au dernier d’entre eux, Elihu, alors la voix de Dieu s’élève et déferle sur 125 vers.
“Silence dans toute chair”, le cri de Zacharie (Za 2, 17) est la condition nécessaire mais non suffisante pour se mettre à l’écoute. Notre ouïe moderne a été caressée par la haute précision des chaînes stéréo, étourdie par les amplificateurs de salles de bal et par les bruits mécaniques les plus assourdissants qu’ait jamais supportés l’oreille humaine. Le silence aujourd’hui n’est qu’un trouble de l’ouïe. Dieu aurait bien du mal à obtenir une écoute, s’il le voulait, mais il ne le veut pas. Il a déjà laissé sa voix par écrit dans le livre que nous appelons la Bible. Là, avec un peu de chance et un vertige de silence, en soi plus qu’autour, chacun peut écouter le passage qui éclairera sa journée ».
« Prêter l’oreille », écouter Dieu, mais aussi s’attacher à Lui « de tout notre cœur… » (Deut.6v5) d’autant plus qu’Il souhaite nous emmener avec Lui partout où Il va et nous montrer tout ce qu’Il fait (Jean 5v20).
Le « gaspillage » se retrouve dans des textes tels que « lambeaux » (p27-28. D’après Amos 3v12) ou « émigrants », (pp65-66)

Quant à l’impératif de discerner « l’intention » ou « l’esprit », celui qui nous anime ou qui anime d’autres, il est illustré par la parabole suivante, intitulée « Coutures » (pp51-52) :

« Un tailleur juif fut chargé par un noble de sa ville de coudre une rare pièce de vêtement dans un précieux tissu acheté à Paris. Le noble lui recommanda de réaliser un chef-d’œuvre. Le tailleur sourit et répondit qu’il n’avait pas besoin d’encouragements car il était le meilleur de la région. Son travail une fois terminé, il porta le vêtement à son illustre client, mais en échange il ne reçut que des injures et se vit accusé d’avoir gâché le tissu. Le tailleur déconcerté et humilié alla demander conseil au roi reb Yerahmiel qui lui dit à peu près ceci : «Défais toutes les coutures du vêtement, puis refais-les exactement dans les mêmes points qu’avant. Ensuite rapporte-le lui. » Le tailleur suivit l’étrange conseil et rapporta le vêtement au noble. À sa grande surprise, le seigneur parut enthousiasmé par le travail et ajouta même une prime à son salaire.

Reb Yerahmiel lui expliqua ensuite ceci : «La première fois tu avais cousu avec arrogance et l’arrogance n’a pas grâce. C’est pourquoi tu as été repoussé. La seconde fois tu as cousu avec humilité et le vêtement a pris toute sa valeur. L’intention est primordiale, plus que l’habileté, l’inspiration plus importante que la maîtrise, même dans les travaux humbles. Dans le livre des Saintes Écritures, L’Exode/Noms, Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, confie à l’excellent artisan Betzalèl l’exécution de nombreuses tâches ` nécessaires au culte. Mais auparavant : «Il l’a rempli, de vent d’Elohim : en sagesse, en intelligence, en science pour toute sorte d’ouvrages » (35, 31). L’habileté technique à elle seule est stérile, vaine.

Pour celui qui est habitué à ne considérer que le produit fini et non la façon dont on le travaille, pour celui qui juge l’œuvre et non l’intention, ce récit est vain ».

Je rajouterai que ce n’est pas le fait de « faire » qui fait « l’être »(ou ce que l’on est) ; ce n’est pas non plus l’activité (l’activisme ?) qui fait l’accomplissement ; mais ce que nous faisons (et la façon dont nous le faisons) dépend de ce que nous sommes, ou de ce qui nous pousse. Ce n’est donc pas une simple question de « performance ».

Sur ce, bon week-end, et à mercredi prochain.

 

 

 
Notes :

* De Luca, Erri. Alzaia. Rivages/Petit Bibliothèque, 2002

« Ces articles[parus dans le quotidien catholique Avvenire], cent et des poussières, sont extraits du gros tas de cahiers que (l’auteur a rempli) de phrases pêchées au hasard, un peu partout ». Il les a « transcrites, poussé par un maudit besoin de collectionneur, une sorte de rétention de pensées contre la perte de la mémoire. Avec une habileté de brocanteur » il a « déniché la phrase, l’accident, l’idée ». Il y a « ajouté ensuite des choses » qu’il a « vécues. Et puis, dans une proportion toute sabbatique, une sur sept, on y trouve des pensées sur certains vers de l’Ancien Testament…. ».
Des articles, qui sont, aux dires de l’auteur, ce qu’il a « su faire de mieux »(préface, p 10). Alzaia est le nom du cordage qui sert à tirer à contre-courant depuis le rivage « une lente cargaison », des péniches et des bateaux, le long des fleuves et des canaux (pp 9-10). Dans « Cordes » (p 47), l’auteur nous apprend encore que le mot désignant l’espérance en hébreu signifie aussi corde : «Il est beau que l’espérance ait l’âme d’une corde. Elle tire, attache, fait des noeuds, peut se rompre.»
« Alzaia », c’est donc la corde, mais aussi le lien. « Et pour un alpiniste comme Erri De Luca, c’est le lien avec l’autre, et qui empêche de tomber ».