« Dune » est un cycle romanesque de Frank Herbert, dont le premier volume éponyme paraît en 1965. Celui-ci commence au moment où le Duc Leto Atréides reçoit la planète Arrakis, surnommée « Dune », en fief des mains de l’empereur Padishah Shaddam IV, mais il flaire le piège : l’empereur complote lui-même avec la maison rivale des Harkonnen et la Guilde spatiale pour éliminer les Atréides, jugés trop influents.
Le Duc Leto aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’histoire. Cependant, les Révérendes Mères de l’ordre féminin du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce (le « Kwisatz Haderach »), et surveillent Paul Atréides à cette fin : le fils du Duc Leto, qui vient d’avoir quinze ans, est issu d’une lignée sélectionnée et a montré dès l’enfance des dons extraordinaires. Serait-il le surhomme prévu par leur programme génétique ?
Le duc Leto assassiné par traitrise et sur ordre du baron Harkonnen, un tyran sans scrupules, Paul décide de le venger en proposant aux Fremen l’eau de leurs rêves. Il devient « Muab’Dib », leur prophète et messie, à travers des épreuves qui le révèlent comme un « kwisatz Haderach » prématuré, ayant échappé au contrôle du Bene Gesserit. A la tête des Fremen, il bat les Harkonnen et l’empereur lui-même, avant de lancer ses légions à la conquête de la galaxie. Devenu « le Messie de Dune », dans la suite parue en 1969, Paul se trouve accablé par la prescience totale qui l’enferme dans l’ennui et menace d’emprisonner l’humanité dans un destin préécrit…..comment alors se sortir d’une telle impasse ?
Difficile de résumer une œuvre de l’ampleur de « Dune », laquelle décrit un macrocosme, un empire galactique en l’an 10191, à partir d’un microcosme, la planète Arrakis, désertique et sans eau. Celle-ci, surnommée « Dune », produit seule « l’épice », donnant longévité et prescience, et qui est le bien le plus convoité de tout l’univers. La société impériale a rejeté, des milliers d’années plus tôt, le culte des machines, et en particulier des machines pensantes. Elle n’a guère conservé que les armes atomiques qui assurent l’équilibre entre les grandes maisons – les familles féodales. Cette société impériale a en revanche développé de véritables technologies : celles de l’humain qui font des « Mentats » des ordinateurs humains ; celles des navigateurs de la Guilde spatiale (qui possède le monopole des voyages interstellaires), des humains en partie mutés dotés d’une capacité de prescience limitée ; celles de la reproduction qui conduisent l’ordre féminin du Bene Gesserit à poursuivre un projet eugénique visant à créer le « Kwisatz Haderach », doté de pouvoirs surhumains ; ou celles encore de l’idéologie et de la manipulation psychologique qu’utilisent à peu près tous les héros de « Dune ».
Ainsi, à l’instar du Bene Gesserit et son habileté à manipuler les opinions de sociétés crédules grâce à la Missionnaria Protectiva qui inculque dans des populations crédules des contes entièrement fabriqués afin de servir ses desseins, certains discours politico-religieux tendent à justifier des « hommes (ou femmes) fort(e) » – tels de nouveaux « messies » – au nom d’une supposée « insécurité », et ce, alors que nous n’avons jamais été autant en sécurité aujourd’hui, comparativement aux générations passées. Ce type de manipulation est un trait classique du faux prophétisme souvent prisé par les religieux proches du pouvoir.
Or, le chrétien ne met pas sa confiance dans l’attente de prétendus « messies », puisqu’il sait que son messie est déjà venu et qu’il reviendra. Ce messie s’appelle Jésus-Christ, dont la Bonne Nouvelle s’est répandue – pour arriver jusqu’à nous, au XXIe siècle – non pas grâce à la puissance et à la faveur de « César » (le pouvoir militaire et politique), mais du fait d’une puissance d’en haut et de la faveur de Dieu.
Aujourd’hui, les chrétiens et l’Eglise se doivent d’exercer leur ministère prophétique dans ce monde, en rappelant sans cesse, à la suite du Christ, que « César n’est pas Dieu » et que « Jésus seul est Seigneur » cf Luc 20v25. C’est ainsi que reconnaitre que le Christ est Roi devrait relativiser les prétentions de toute puissance sur nos vies.
A savoir :
Livre volumineux et tortueux, exigeant toute l’attention du lecteur, « Dune » est aussi difficile à appréhender et peut même paraître ennuyeux de prime abord. L’action ne démarre en effet vraiment qu’au-delà de plusieurs centaines de pages au moins. Mais « Dune » peut fasciner par ses effets d’entrecroisements entre des desseins, et dont les sujets sont surtout collectifs, au-delà des personnages individuels. L’intérêt de « Dune « vient aussi dans la méditation que l’oeuvre offre sur l’écologie, l’histoire, le pouvoir, la manipulation (y compris génétique), l’adaptation et l’évolution. En 1965, le livre remporte le prix Nebula du meilleur roman, puis le prix Hugo l’année suivante. Depuis, « Dune » est devenu un classique de la science-fiction, le plus vendu au monde.
« Dune » se suffit à lui-même, mais, outre ce volume, la saga originelle se poursuit avec « Le Messie de Dune » (1969) – ce qui peut paraître suffisant – et, si l’on souhaite poursuivre, « Les enfants de Dune » (1976).
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin encore, il existe trois suites : « l’Empereur-dieu de Dune » (1981), « les hérétiques de Dune » (1984) et « la maison des mères »(1985), lesquelles débutent bien longtemps après « les enfants de Dune ».
« Dune » a fait l’objet de plusieurs adaptations télévisuelles et à l’écran :
1984 : sortie du film Dune, adaptation du premier roman par David Lynch [actuellement visible sur le site de France tv]
2000 : diffusion de la mini-série télévisée Dune, nouvelle adaptation pour la télévision du premier roman. Elle sera suivie en 2003 par Les Enfants de Dune, adaptation des deuxième et troisième romans du cycle.
2021 : sortie du film Dune, adaptation de la première moitié du premier roman par Denis Villeneuve.
2024 : sortie du film Dune : Deuxième partie, adaptation de la seconde moitié du premier roman par Denis Villeneuve.