
Ma première expérience « de lecture » de Petit Robot Vert, un album de Miguel Lalor, magnifiquement illustré avec les aquarelles de l’auteur, a eu lieu samedi 15/10, soit le lendemain de sa sortie éditoriale chez Scriptura, lors d’un après-midi festif au temple du Marais, à Paris.
Le choix d’un temple protestant de style baroque, et classé monument historique, peut paraître surprenant pour un tel événement de lancement en présence de l’auteur, avec goûter/débats/expo d’aquarelles originales et dédicaces.
Il se comprend très bien, comme nous l’explique la Pasteure Caroline Bretones en introduction, si l’on sait que Petit Robot Vert est né au temple du Marais, lors du premier confinement en 2020. Son auteur, Miguel Lalor, dessinateur de BD en France, après des études de Beaux-Arts au Brésil et en Espagne, a été également gardien de ce Temple, pendant plusieurs années, habitant sur place.
En mars 2020, confiné comme tout un chacun, Miguel « ne fait plus rien d’autre »…que de jouer avec ses enfants, et découvre la valeur du lien et de la présence. Il ne manque heureusement ni de temps, ni d’espace…..ni d’aquarelle : de là cette histoire de Petit Robot Vert, imaginée « pour tous les enfants du monde », et pour ceux dont Jésus a dit que « le Royaume des Cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Marc 10v14).
Introduit par la Pasteure, et tandis que sont projetées les aquarelles de l’album, Miguel Lalor, confortablement assis dans un fauteuil, nous conte l’histoire de ce Petit Robot Vert qui se voit soumis à toute une batterie de tests pour définir son utilité, dès sa sortie d’usine : Sera-t-il fort, rapide, doué en calcul ?….Mais aucun de ces tests ne permet de déterminer à quoi il pourrait bien servir, et encore moins de mesurer ce qu’il sera vraiment… Désespéré, Petit Robot Vert décide de partir seul au « bout de la terre ». C’est là, dans un endroit mystérieux, qu’il rencontre une étrange statue. Ou peut-être s’agit-il d’un être humain ? Cette rencontre l’amènera à s’interroger sur lui-même. Et s’il valait bien mieux que ce qu’il pensait ?
Durant ce temps de lecture publique, rien ne manque pour l’ambiance : ni la bande sonore naturelle de l’auteur (qui imite fort bien le cri des mouettes !), ni l’émotion !
Suit un temps d’atelier créatif, avec fabrication de son propre robot, et de goûter-débat pour les enfants sur le thème : « être le plus fort ou avoir de la valeur ? »
Les adultes présents ne sont pas oubliés, puisqu’ils bénéficient de leur propre temps de débat (« entre la performance et le coeur : qu’est-ce qu’on valorise le plus chez nos enfants ? »), animé par la Pasteure, avec la participation de Miguel Lalor et de Nathanaël Coester, enseignant spécialisé dans deux établissements médico-éducatifs accueillant des enfants polyhandicapés.
Ce temps d’échange, passionnant, nous invite à prendre conscience de la souffrance de Petit Robot Vert, qui est aussi celle des enfants – sans cesse sous la pression de l’évaluation et se trouvant en échec – mais aussi celle de nous tous, dans une société où la valeur de l’humain dépend souvent de ses performances et de son efficacité à produire…de la valeur.
De ces échanges émerge une réflexion collective autour des enjeux de l’éducation, de la différence et du handicap. Et alors que la société ne semble pas prête « à revoir sa copie » sur ce plan, une piste se discerne au cours du débat, susceptible de rendre l’école plus inclusive : le fait que la curiosité (la qualité de Petit Robot Vert) est cette chose qui ne s’évalue pas ! A l’instar du héros de cet album, il s’agira alors de ne pas chercher à « prendre une place », mais d’inventer la sienne.
De ces temps de lecture et de débat, je retiens au moins deux moments bouleversants, qui n’en font en réalité qu’un, et qui ont résonné pour moi comme une claque : l’instant critique où Petit Robot Vert casse l’unique ampoule susceptible de relancer un phare et découvre ce qui est le plus important, à savoir l’amour d’un père qu’il a appris à connaître vraiment ; et le moment où Miguel nous explique « le pourquoi » de cette histoire, par ailleurs « inspirée par les aventures de Raphaël Lalor », son deuxième enfant qui souffre « de tous les DYS » (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie…). Elevé lui-même dans « le culte de la performance », Miguel avait en effet appliqué un projet éducatif de ce type sur son premier enfant. Sauf que pour Raphaël, un tel projet était inapplicable. Ce qui a conduit Miguel à revoir sa vision de la valeur, de là un message fort pour son enfant, lui transmettant que sa valeur se trouve dans le fait d’être aimé et d’aimer en retour (Esaïe 43v4).
Ce retour « du cœur d’un père » vers son fils (d’après Malachie 3v24) nous rappelle donc le véritable sens de la valeur enseigné par Dieu, que Jésus nous révèle comme le Père – un Dieu relationnel (Jean 1v18, Jean 17v3 et 1 Jean 5v20). Ce Père nous dit que nous sommes ses enfants et qu’il nous aime sans conditions. Être filles et fils du Dieu d’amour, voilà notre véritable valeur et ce qui fonde notre identité. Cet amour qui vient de Dieu suscite la confiance en soi et nous permet de « briller en ce monde » d’une lumière qui est bonne et ne peut rester cachée (Matt.5v14-16 et cf Ephésiens 5v9). C’est ainsi que la puissance de cet amour répandu dans notre coeur (Romains 5v5) permet aussi de se révéler à soi-même.
En bref : « Petit Robot Vert », de Miguel Lalor. Editions Scriptura, 2022.
Disponible depuis le 14/10/22 dans toutes les bonnes librairies ou chez l’éditeur.
L’auteur par lui-même :