Derrière le projet de réforme des retraites, un enjeu d’éthique : car ce qui est digne ne peut être soutenu que collectivement, de façon que soit défendue cette zone transcendantale renvoyant à ce qui n’a pas de prix, mais une dignité.
Mardi 10 janvier, le gouvernement a annoncé les grandes lignes de son projet pour réformer les retraites : report de l’âge légal de départ à 64 ans dès 2030, contre 62 ans aujourd’hui, et allongement de la durée de cotisation à 43 ans pour une retraite à taux plein. La Première ministre souhaite également la suppression des principaux régimes spéciaux de retraites, comme celui de la RATP.
L’exécutif justifie sa réforme par les prévisions de déficit du système de retraites formulées par le Conseil d’orientation des retraites, un organisme placé auprès du Premier ministre, et explique que cette réforme vise à garantir l’équilibre du système des retraites en 2030.
La réforme des retraites est-elle un enjeu d’éthique ? Pour le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine, la réponse est oui : bien que la participation aux débats entre les partenaires sociaux et le gouvernement sur ce sujet n’entre pas dans ses objectifs, le CPDH estime que cela touche à la dignité humaine dès lors qu’il s’agit de trouver un juste équilibre entre travail, santé et repos.
C’est là rappeler pertinemment que la défense de la dignité humaine ne saurait se limiter aux deux extrémités de la vie, puisqu’elle intègre tout ce qu’il y a entre les deux, c’est-à-dire, en l’occurrence, plus de 67 millions de personnes.
C’est aussi garder à l’esprit, plutôt que de s’enfermer dans un débat technique, qu’il s’agit de choix de société et qu’une société se juge à la façon dont elle traite les personnes âgées.
Au fait, qu’en dit la Bible ? Si elle en dit quelque chose !
Si la Bible ne mentionne pas d’âge de départ à la retraite (sauf erreur de ma part), elle nous rappelle de nous lever « devant les cheveux blancs » et d’honorer « la personne du vieillard » (Lévitique 19v32). Elle nous donne aussi l’exemple des Lévites, lesquels, chargés du service dans le tabernacle, prenaient leur retraite du service régulier à partir de 50 ans et cessaient de travailler tout en continuant à « aide[r leur]s frères » (Nombres 8v23-25). Ce chiffre ne devrait sans doute pas être pris littéralement comme une base devant inspirer nécessairement le gouvernement, mais, comme nous y invite le CPDH, « ne manquons pas de prier pour notre pays afin que des solutions respectueuses des citoyens soient trouvées ».
D’ailleurs, le saviez-vous ? Outre le report de l’âge de départ à la retraite défendu par le gouvernement, il existe d’autres alternatives pour générer des économies sur le système des retraites et atteindre l’équilibre.
À rebours du projet du gouvernement de décaler l’âge légal de départ à la retraite à 64, et soutenant que le système des retraites n’est pas véritablement menacé financièrement, les syndicats proposent plutôt d’augmenter les salaires, les cotisations salariales et patronales, et de lutter contre les inégalités.
Face aux déclarations chocs des Ministres et des membres de la majorité, pour tenter de convaincre de la nécessité d’une nouvelle réforme des retraites, le pure player Basta! se propose de faire le tri entre les arguments jugés sérieux et ceux qui lui paraissent de mauvaise foi. Ainsi, par exemple, en partant du postulat que le recul de l’âge légal de départ à la retraite serait la seule possibilité pour financer les retraites, le gouvernement exclut d’emblée les solutions alternatives. Sauf qu’il s’agit là d’un « choix politique » selon l’économiste Michaël Zemmour, alors que « tout est possible », assure le chercheur. « On pourrait choisir différents moyens pour maintenir le financement à son niveau actuel ».
Note :
(1) Quelles sont les prochaines étapes ? Le projet de loi de réforme des retraites sera présenté en Conseil des ministres le23 janvier, puis au Parlement au premier trimestre en vue d’« une adoption en mars », précise le gouvernement dans le dossier de presse du projet de réforme. L’exécutif table sur une entrée en vigueur des principales mesures au 1er septembre. La réforme passera par un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS). En l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, la Première ministre, Élisabeth Borne, aura la possibilité de recourir au fameux article 49.3 de la Constitution, permettant de faire adopter sans vote un projet de loi de financement de la Sécurité sociale, un projet de loi de finances et un autre projet ou proposition de loi par session parlementaire. De plus, la Constitution limite le délai d’examen du PLFRSS par le Parlement à 50 jours.
« Ce qui ne va pas avec le conservatisme », selon Christopher Lasch : Non seulement (les conservateurs) n’expliquent pas suffisamment la destruction des « valeurs traditionnelles », mais ils se rangent involontairement du côté des forces sociales qui ont contribué à leur destruction (Source image : public domain pictures)
Vous avez certainement lu ce texte – actuellement viral sur les réseaux @sociaux depuis mai 2022 – et attribué à un certain pasteur méthodiste Dave Barnhart :
« Les enfants à naître » sont un groupe bien pratique à défendre. Ils ne vous demandent jamais rien. Ils sont moralement simples, au contraire des prisonniers, des victimes d’addictions, ou des pauvres chroniques ; ils ne ressentent pas la condescendance et ne se plaignent pas que vous ne soyez pas politiquement correct ; contrairement aux veuves, ils ne vous demandent pas de questionner le patriarcat ; contrairement aux orphelins, ils ne demandent ni argent, ni éducation, ni soin ; contrairement aux étrangers, ils n’apportent pas le bagage racial, culturel et religieux que vous n’aimez pas ; ils vous permettent de vous sentir bien quant à vous même sans avoir besoin de créer ou maintenir des relations ; et quand ils sont nés, vous pouvez les oublier, parce qu’ils cessent d’être à naître. C’est comme si en naissant ils mouraient pour vous. Vous pouvez aimer les enfants à naître sans avoir à changer sérieusement votre propre richesse, pouvoir ou privilège, sans ré-imaginer les structures sociales, vous excuser ou faire des réparations à quiconque. Ils sont, en fin de compte, les gens parfaits à aimer si vous aimez dire que vous aimez Jésus mais n’aimez pas en fait tout ce qui respire. Les prisonniers ? Les immigrants ? Les malades ? Les pauvres ? Les veuves ? Les orphelins ? Tous les groupes spécifiquement mentionnés dans la Bible ? Ils sont tous jetés au diable au profit des enfants à naître« .
Précisons-le : Ce texte a vraiment été écrit par le pasteur Barnhart. Ce dernier, qui est pasteur à l’église méthodiste unie Saint Junia à Birmingham, en Alabama(1), a publié ce message pour la première fois sur sa page Facebook en 2018. À l’époque, les élus de l’Alabama étaient en train d’adopter un amendement à la constitution de l’État qui « reconnaîtrait les droits de l’enfant à naître » afin de garantir que « les fonds de l’État [n’iraient] pas au financement des soins d’avortement », selon AL .com .
Une prise de position qui lui a valu récemment cette « réponse courte » sur la toile : « Cause toujours, anabaptiste »(2) (sic – comme si c’était une insulte ! C’est le signe que le pasteur Barnhart a touché juste), et cette « réponse longue » : « Ce genre d’attaque [comprendre : ce genre de prise de position du pasteur Barnhart] présuppose que la seule façon de militer pour une cause sociale est la façon socialiste(sic), avec ses conceptions et ses stratégies ». Accusation classique, mais plutôt réductrice et de nature à noyer le poisson pour ne pas traiter le sujet dans le fond.
Car tout lecteur de la Bible sait que le Seigneur est bien« le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, l’impartial et l’incorruptible, qui rend justice à l’orphelin et à la veuve, et qui aime l’émigré en lui donnant du pain et un manteau. Vous aimerez l’émigré, car au pays d’Egypte vous étiez des émigrés » (Deut.10v17-19), que celui « qui opprime le faible outrage son Créateur, mais qui a pitié du pauvre l’honore » (Prov.14v31), et que nous n’avons pas à mêler « des cas de partialité à (notre) foi en notre glorieux Seigneur Jésus Christ« , par exemple, en déroulant le tapis rouge au riche, tout en accordant la place du déshonneur au pauvre. (Jacq.2v1-9)
Comme l’écrivait Philippe Malidor, journaliste à Réforme, auteur et traducteur, dans « Si j’étais président… – Le sel du scrutin présidentiel » (16/02/2012) : « Faut-il insister davantage sur les deux extrémités de l’existence terrestre au point d’occulter tout ce qu’il y a entre deux, c’est-à-dire, en l’occurrence, 65 millions de citoyens vivants ? Quid de la justice, de l’équité, de l’honnêteté en affaires, de la santé, de l’emploi, de l’éducation, de la morale publique, du droit d’opinion et de religion ? »
Ce constat en appelle un autre, tel celui formulé par Etienne Omnès dans un excellent article intitulé « comment étudier l’économie sous un angle chrétien », paru sur son blogue en 2019 : d’après lui, la question du Travail et de l’Economie « est peut-être ce qui est le moins abordé dans l’église évangélique », et le sujet « dont on se désintéresse le plus, au point où l’on est persuadé que le christianisme et la Bible n’ont rien à dire sur notre modèle économique. Si jamais la Bible a quelque chose à en dire, c’est pour condamner le méchant socialisme et soutenir le « capitalisme » (mais allez savoir quelle définition…). En comparaison, les catholiques romains ont le mérite d’avoir une doctrine sociale EUX ».
De son propre aveu, Etienne savait « que c’était probablement un sujet important(3) », mais il n’en avait « pas fait une priorité » avant de lire Christopher Lasch sur « ce qui ne va pas avec le conservatisme ». L’une de ces critiques en particulier lui parlait : Les conservateurs partent du principe que la déréglementation et le retour au marché libre résoudront tout, favorisant une renaissance de l’éthique du travail et une résurgence des « valeurs traditionnelles ». Non seulement ils n’expliquent pas suffisamment la destruction de ces valeurs, mais ils se rangent involontairement du côté des forces sociales qui ont contribué à leur destruction, par exemple dans leur plaidoyer pour une croissance illimitée.
« Pour moi qui ai toujours grandi dans un milieu où l’on tempêtait sans cesse contre les « attaques contre la famille », c’était une révélation », explique Etienne : « le plus grand des ennemis de la Famille, ce n’était pas l’Etat, mais le Marché. Cela est confirmé par cette autre citation, sur l’effet des banales pubs que vous consommez à la télé : Le fait n’est pas que la publicité manipule le consommateur ou influence directement ses choix. Le fait est que cela fait du consommateur un toxicomane, incapable de vivre sans des pertes de plus en plus importantes de stimulation et d’excitation d’origine externe (…). Pour Lasch – et il a raison- la publicité qu’ingurgite mes fils est bien plus destructrice que les délires(sic) de Marlène Schiappa » [laquelle vient de faire son retour dans le gouvernement Borne, en tant que secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative ].
Et « à partir de ce moment-là », poursuit Etienne, « j’étais convaincu qu’étudier le Marché était une des tâches les plus urgentes et fondamentales que je pouvais faire.
Mais comment ?
Et surtout, comment en sortir une vision chrétienne ? »
L’article courageux d’Etienne, qui lui vaudrait certainement aujourd’hui de se faire traiter de « socialiste » par les laudateurs du « capatalism », se propose premièrement de pointer « les erreurs courantes dans les traitements évangéliques de l’Economie » :
(….)
1. [Les Evangéliques] n’étudient que ce que la Bible dit du Travail, sans jamais chercher à l’appliquer. On aboutit à des platitudes inutiles du genre : « le travail c’est nécessaire pour l’homme, la pénibilité n’est qu’une punition temporaire ». Pendant ce temps, une usine ferme, créant 10 suicides et 20 divorces et là-dessus pas un mot…
2. Ils essaient de l’appliquer mais sont extrêmement superficiel en économie: (…..)
3. Ils étudient correctement ce que dit la Bible, ils sont sérieux dans leur application à l’économie, mais ils interagissent avec une idée et non le réel. [C’est ainsi que le chrétien qui parlera des relations contractuelles entre patrons et employés] devra parler des forces de négociations inégales, et même de l’utilité des syndicats, voire même de [ce que les dernières « lois sociales » changent] sur la façon dont les « petits » sont traités….
Puis, il nous propose quelques pistes et principes sur ce qu’il convient de faire pour une économie sous un angle chrétien :
1. Commencez par bien connaître votre théologie
2. Commencez par des traités chrétiens sur l’économie
3. Lisez les livres d’économistes, en vous concentrant sur ceux qui sont le plus cités.
4. Etudiez des sujets concrets, évitez les sujets abstraits.
5. Faites le tri. (…..) apprenez à distinguer les faits et les commentaires, l’évènement et son explication. Soyez tolérants dans les explications données, (….) Profitez-en pour élargir votre horizon intellectuel.
(1) Barnhart exploite un réseau d’églises de maison appelé l’Église méthodiste unie Saint Junia. L’Église Méthodiste Unie Saint Junia se décrit sur sa page Facebook et sur ce blogue comme « une communauté diversifiée de pécheurs, de saints et de sceptiques qui se joignent à Dieu dans le renouvellement de toutes choses ».
(2)Un Michel de l’Hospital (1504-1573), chancelier de France (ministre de la justice et premier ministre) aurait sans doute eu les mêmes mots, prononcés lors de son Discours de tolérance devant les états généraux d’Orléans, le 13 décembre 1560, dans l’espoir de rapprocher les Français : « Ôtons cesmots diaboliques, noms de partis, factions et séditions, luthériens,huguenots, papistes, ne changeons le nom de chrétiens ! »https://www.herodote.net/L_apologie_de_la_tolerance-synthese-428.php
(3) C’est un sujet d’autant plus important que le journaliste américain Michael Goodwin part lui aussi d’un constat simple dans « Economix : la première histoire de l’économie en BD », réalisé avec Dan E. Burr (Ed. Les Arènes, 2013. Mise à jour en 2019) : « Tout le monde se pose des questions sur l’économie. Et si les spécialistes sont perplexes[voire même n’y comprennent plus rien du tout ou ne maîtrisent plus rien du tout], comment pouvons-nous comprendre ce qui se passe ? (op. cit., p 8). Or, l’économie régit une part importante de notre vie quotidienne. L’étudier, c’est comprendre et expliquer comment les êtres humains s’organisent pour produire, échanger, consommer…des biens et des services dans le cadre d’une société. Il existe différents concepts, que nous avons du mal à maîtriser, ainsi que différentes théories économiques, qui sont parfois contredites par les faits. D’autre part, ajoute l’auteur, « nous sommes citoyens d’une démocratie. La plupart des sujets à propos desquels nous votons relèvent de l’économie. C’est de notre responsabilité de comprendre ce pour quoi nous votons ».
Et Mammon est le seul dieu que Jésus appelle de son nom dans l’Evangile, tout en soulignant qu’il est impossible de « servir Dieu et Mammon » (Mt 6.24). Une déclaration radicale par ailleurs prophétique, soulignant ce sur quoi l’Eglise doit se positionner, et ce, d’autant plus que « Mammon » est omniprésent dans l’espace public. Voir aussi, sur cet éternel sujet, cet article et cet autre.
La première question que pose l’avortement est celle de la valeur de la vie humaine. Source image : public domain pictures
« Suffit-il- pour un chrétien se voulant biblique- que l’avortement soit interdit pour s’en réjouir ? Comment agir- de façon édifiante et glorifiant Dieu- pour prévenir l’avortement ? »
Telle est la question posée par l’internaute « Nick » sur le site 1001 questions, et jugée « intéressante » par les répondants :
En effet, « être contre l’avortement, c’est bien. Mais comment faire, concrètement, pour rendre cet idéal possible ? L’avortement pose en effet des questions qui nous impliquent tous.
La première question que pose l’avortement me semble être celle de la valeur de la vie humaine dans notre culture. Qu’est-ce qui fait que nous valons quelque chose ? Nos capacités à réfléchir, à travailler ? Le regard que d’autres posent sur nous ? Le fait que nous soyons aimés, par un conjoint, par des parents, par des amis ? Notre richesse ? Dire que nous sommes contre l’avortement, c’est dire notre confiance dans le fait que la valeur de l’humain repose sur le fait que Dieu l’a désiré. Etre contre l’avortement, c’est donc agir pour que soit considérée la valeur de tout être humain. Je vous laisse donc imaginer à quel point ces considérations ont de larges implications, de la question de la maltraitance dans les EHPAD, à celle du harcèlement dans les collèges ou de la malnutrition dans les pays du Sud.
La seconde question que pose l’avortement est celle de la responsabilité. L’éthique chrétienne lie l’amour à l’engagement pour l’autre. Promouvoir une culture de l’engagement, c’est certainement limiter le nombre de femmes qui doivent avorter parce que leur conjoint ne veut pas de l’engagement que représente un enfant. C’est aussi permettre aux femmes de refuser les pressions qui laissent entendre qu’accueillir un enfant équivaut à gâcher sa vie.
La troisième implication relève de l’aide pratique. Comment peut-on épauler des femmes qui choisissent de garder leur enfant malgré des conditions économiques, psychologiques et relationnelles difficiles. Comment entourer les personnes qui ont des enfants et en particulier les femmes qui les élèvent seules ? Cette question s’adresse peut-être spécialement aux églises, qui se disent être une famille.
Lui :« Je vais sauver notre mariage » ; Elle : « Tu vas arrêter de boire, de me tromper, de me battre et tu vas consulter? » ; Lui : « Mon Dieu non ! Je vais voter pour interdire le mariage gay ! » (Source : dessin paru dans « The Free Lance – Star ». Fredericksburg, Virginie. USA)
Une question de l’internaute « Caro » posée sur le site « 1001 questions », laquelle a reçu la réponse suivante du « répondant » :
« Effectivement, une partie des électeurs chrétiens accordent beaucoup d’importance à des critères comportementaux, moraux ou éthiques pour choisir pour qui ils voteront. Et les candidats le savent bien : se positionner contre l’avortement, contre le mariage gay, contre la polygamie de certains, a un fort potentiel de séduction à l’égard de certains chrétiens, qui font de ces sujets des enjeux premiers.
C’est assez étonnant quand le ministère de Jésus proposait une toute autre posture, aider une femme (en Jean 8) à sortir de sa logique d’adultère plutôt que de la condamner, contribuer à réintégrer des exclus (en Luc 17v11-19) plutôt que de les stigmatiser, choisir le pardon plutôt que la condamnation (Jean 3,16-17).
Ce sont sur d’autres sujets éthiques que Jésus s’est fortement positionné« . Des priorités à découvrir comme autant de critères de discernement pour nos choix ou nos votes, dans la suite de l’article à lire sur 1001 questions.
Et pourtant, « se mouiller un peu » ne fait pas de mal, dans le cadre d’un débat. La pluie sur la fenêtre 2 par Mikaela Dunn
« La question vaccinale et plus encore celle de l’obligation vaccinale, du passe sanitaire et autres contraintes gouvernementales divisent la société. Les chrétiens n’échappent pas à ces questions et la polarisation n’est pas moins forte dans l’Église ». C’est le moins que l’on puisse dire, et c’est dit par Maxime, dans un article(1) paru le 03 janvier 2022 sur le blogue théologique Par la Foi.
Comme l’a écrit le journaliste-blogueur catholique Patrice de Plunkett(2), « il est dommage de débuter ainsi l’année en parlant une fois de plus de l’épidémie, sujet qui nous rend claustrophobes depuis deux ans alors que le bout du tunnel n’est pas encore en vue ». Cependant, nous assure Maxime, « le but de cet article est d’expliquer pourquoi le vaccin peut poser des problèmes de conscience à certains chrétiens et pourquoi aimer son prochain et son frère, c’est aussi ne pas violer sa conscience mais la considérer. Mon objectif est que l’unité de l’Église soit préservée, non pas en taisant ce sujet en public pour murmurer dans les foyers mais en abordant avec réflexion et de front le problème ». Et l’auteur de se justifier, en croyant bon de préciser que son article « n’est pas un argumentaire contre la licéité du vaccin. Il n’a pas pour but de convaincre les chrétiens que le vaccin n’est pas éthique. Ainsi, il est inutile d’y répondre entre défendant la licéité du vaccin : j’admets tout-à-fait que quelqu’un puisse considérer les problèmes relevés et conclure qu’ils n’impliquent pas que prendre ce vaccin serait immoral ».
Dans ce cas, quel est l’intérêt d’un tel article ?
« Dans cet article », explique encore Maxime, « je vise simplement 1) à expliquer quels sont les problématiques éthiques que ce vaccin pose, 2) pourquoi certains chrétiens ne peuvent pas prendre ce vaccin en bonne conscience en raison de ces problématiques… »
Donc quand même un peu [convaincre les chrétiens que le vaccin n’est pas éthique] ! 😉
« Du reste, vaccinez-vous ou pas, c’est pas le propos de cet article. Ce n’est pas que je n’ai pas d’avis sur ce qu’il serait préférable de faire, c’est simplement que ça n’est pas le propos de mon article ».
Pourtant, se mouiller un peu ne fait pas de mal
C’est ainsi que « les contestataires anti-pass sanitaire, puis vaccinal, n’avouent pas souvent le fond de leur pensée », analyse encore le journaliste-blogueur catholique Patrice de Plunkett, qui se demande aussi pourquoi, dans une note de blogue(2) : « avec les (récentes) annonces gouvernementales (et les débats aussitôt redéclenchés), une fois de plus il faut aborder la question. Quelle question ? Eh bien justement : celle du bien-fondé de ces débats sur le sanitaire[qui me paraissent ressembler à un débat entre « pro-vie » et « pro-choice » – sauf que l’un et l’autre ne sont pas là où on les attendait !], débats qui donnent l’impression de tourner en rond. Pourquoi cette impression ? Parce qu’une partie des débatteurs ne disent pas ce qu’ils pensent vraiment, au fond. Aujourd’hui ils en sont à protester contre le futur “passe vaccinal” qu’il faudra montrer en janvier ; pour entrer dans les cinémas ou les centres sportifs, on devra désormais prouver que l’on est complètement vacciné. Beaucoup attaquent ce nouveau passe en tant qu’obligation vaccinale déguisée… Or la plupart de ceux qui s’y opposent n’en critiquent que l’aspect “obligation” : ils reconnaissent par ailleurs l’utilité des vaccins contre le Covid, suivant ainsi l’avis quasi-unanime du monde médical. Mais puisque ces opposants admettent que le vaccin est la seule arme dont on dispose actuellement face à une épidémie mondiale ; puisque une course de vitesse est engagée aujourd’hui entre le virus et la vaccination ; puisque l’intérêt national est de gagner au vaccin la petite minorité des antivax obstinés… alors que pèse l’argument de la “liberté menacée”, invoqué ces jours-ci par la gauche mélenchonniste et la droite lepéniste [y compris par certains chrétiens] ?
A ceux qui estiment, à l’instar de Maxime dans son point N°3, que « nous ne devrions pas, en tant que chrétiens, participer à un système de contraintes/incitations tendant à faire plier les consciences de ces gens »(3), il est utile de rappeler, comme le fait d’ailleurs Patrice de Plunkett, que « réserver l’accès des stades ou des cinémas aux gens vaccinés, représente, oui, une certaine restriction de nos libertés. Mais ce n’est pas la seule : conduire une voiture est réservé aux titulaires du permis. Se dire citoyen français est réservé aux titulaires du passeport… Vous me direz que justement, depuis peu, des voix s’élèvent contre le passeport ou le permis de conduire, jugés “discriminatoires”. C’est le point commun entre le passeport, le permis et le passe vaccinal ! Dans les trois cas c’est le ressort hyper-individualiste qui joue [l’influence de la philosophe et romancière Ayn Rand ? Laquelle considérait l’égoïsme comme une vertu, et l’altruisme comme une forme d’autodestruction. Cette pensée entraîne la suprématie de l’individu sur le groupe] : le refus, de plus en plus répandu, de laisser l’Etat faire son travail de gardien du vivre-ensemble [il le fait mal ? Mais il est le seul à pouvoir le faire. Ferions-nous mieux à sa place ? Prions plutôt pour lui, pour qu’il le fasse le mieux possible, ce qui sera toujours mieux de râler ou de cultiver un esprit de victime]. Le refus d’admettre que le passeport d’un citoyen de la République française montre qu’il n’est pas tout à fait la même chose qu’un citoyen d’ailleurs… Ou le refus d’admettre que l’existence du permis de conduire, papier réservant les routes à ceux qui savent piloter un véhicule, soit une sécurité pour les autres usagers de la voie publique : et c’est un peu la même chose pour le vaccin. Pensons aux autres !
Ce type de restriction, dans le cadre des mesures sanitaires, « n’est (en effet) pas la seule », d’autant plus que, comme le souligne l’internaute « Xavier » en commentaire (02/01/22) à l’article de Patrice de Plunkett, « si on comprend le mot « liberticide » dans un sens très large, chaque loi est liberticide… on peut même dire que chaque règle de vie en commun restreint nos libertés ». Car la loi résiste au désir et au fantasme de toute puissance, comme le seul interdit au milieu d’une foule de possibilités en Eden, et le rappel des « 10 Paroles ». Nous acceptons ainsi de « restreindre nos libertés » en laissant notre place à une femme enceinte dans le métro, le train ou le bus, ce qui s’appelle « morale », fruit d’un pacte social plus ou moins explicite, qui nous permet de désengorger les tribunaux.
« Nous sommes une espèce qui canalise les instincts », écrit Erri de Luca, dans son roman « Impossible » [Gallimard, 2020, pp 159-160], apprenant à l’enfant, comme tel sujet à la démesure, désirant « tout, tout de suite », à rentrer dans la mesure et la limite. C’est ce qui s’appelle « éducation », quand l’enfant cherche ses limites, le cadre de ce qui lui est permis. Puis il lâche brusquement la main qui le tient et court par instinct de liberté – ou fantasme de toute puissance – mais on le retient avant qu’il ne se fasse renverser par une voiture. Quand par instinct, l’enfant vide son intestin dans son lit, l’adulte responsable lui apprend à ne pas le faire.
Et n’oublions pas le port de la ceinture de sécurité devenu obligatoire le 28 juin 1973 ! L’an précédente, en 1972, 18 034 personnes sont tuées sur les routes en France – la plus forte mortalité jamais atteinte dans notre pays (en comparaison, 3 464 personnes en 2015. Source : gouvernement.fr). Lors du débat qui a eu lieu à chaque fois qu’il a fallu l’imposer, d’abord aux conducteurs, puis au passager à l’avant du véhicule et enfin à ceux qui sont à l’arrière, à chaque fois, on convoquait la liberté individuelle comme argument imparable face à cette loi « liberticide ». Du style : « C’est mon choix, ma liberté, de ne pas me protéger » ; « L’obligation de port systématique est ridicule. Dans certains cas, ça ne sert à rien » ; « C’est une décision purement politique, pour remplir les caisses de l’État… »(sic).
Décidemment, un vrai débat « pro-vie »/ »pro-choice » !
(3) Veillons à ne pas confondre « liberté de conscience » et « liberté individuelle » : comme le disait madame Georgina Dufoix, ancienne ministre en 2017, lors d’une conférence publique, « Liberté de conscience: cent pour cent oui. Mais attention! Si la liberté de conscience s’exerce sans foi et qu’elle disparaisse, comme c’est le cas aujourd’hui, chez des individus comme vous et moi, individualistes – car l’air du temps l’est -, attention! La liberté de penser pour laquelle je suis sans aucune réserve peut conduire à des impasses: à un individualisme excessif et à une arrogance démesurée, parce que «moi», «moi», «moi». Finalement, si on pousse cela, on en arrive à l’égoïsme et à l’égotisme. C’est ce que j’ai fait, du moins en ce qui concerne l’humanisme. Or, si l’humanisme s’installe et se marie avec une liberté de pensée métabolique, on en arrive à se croire «Dieu». C’est tout simple. L’air du temps peut nous conduire là. Si l’homme est «Dieu», Dieu n’est plus Dieu. Si ma vie est mon «Dieu», je n’ai pas besoin de Dieu. Et Dieu, petit à petit, de génération en génération, disparaît de ma vision du monde. (…) Pour moi, la responsabilité était le corollaire de la liberté de conscience (…)Cette liberté de conscience avait comme corollaire la responsabilité; pour moi, dire que j’étais responsable, cela voulait dire que je voulais bien répondre de, répondre à, que je sentais que c’était la grandeur de ce métier: répondre de…, répondre à… »
Voir aussi « Luther et la question de la conscience. Problématisation et esquisse d’enjeux contemporains », par Jean-Daniel Causse Dans Revue d’éthique et de théologie morale 2017/1 (n° 293), pages 43 à 52 : « La conscience au sens où Luther l’interprète (…) n’a rien à voir avec cette idée un peu journalistique d’une liberté de conscience comme l’exercice d’un libre examen, faisant du chrétien protestant celui qui se dresse dans la superbe et glorieuse souveraineté de son être et qui ne rend de compte qu’à lui-même. La conscience n’est pas une instance d’auto-décision ; elle est plutôt le lieu de l’Autre. (…)Dans la pensée de Luther la conscience n’est pas « une voix intérieure autonome qui rend l’homme indépendant et qui constitue le fondement de son autonomie ».
Bientôt « le Meilleur des mondes » ? (Source image : scène de « Bienvenue à Gattaca », un film d’Andrew Niccol (1997)
Le Parlement a définitivement adopté, le soir du 29/06/21, par un ultime vote de l’Assemblée nationale, le projet de loi relatif à la bioéthique, qui ouvre l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) ou « Procréation Médicalement Assistée » (PMA) – à toutes les femmes, par 326 voix pour, 115 contre et 42 abstentions. Et ce, à l’issue d’une 7e lecture (4 à l’Assemblée, 3 au Sénat), près de deux ans après sa présentation en conseil des ministres(1). Députés et sénateurs se sont opposés sur de nombreux articles du texte, en particulier l’ouverture de la PMA à toutes les femmes (couples de femmes et femmes célibataires) pour leur permettre d’obtenir une grossesse, finalement validée par les députés. Auparavant, la PMA n’était permise que pour les couples hétérosexuels infertiles. Les premiers enfants conçus par « PMA pour toutes» en France pourraient naître dès le printemps 2022, sauf éventuel contre-temps dû à un éventuel recours auprès du Conseil constitutionnel. Le projet de loi permet aussi aux personnes majeures de conserver leurs gamètes (spermatozoïdes et ovules) pour pouvoir reporter à plus tard un projet d’enfant, ce qui était uniquement permis aux femmes pour des raisons médicales. Le texte remet également en question l’anonymat des donneurs de gamètes, qui devront accepter que leur identité ou « des données non identifiantes », tels que l’âge, les caractéristiques physiques, la profession…, puissent être révélées à la personne née du don après ses 18 ans.
La gestation pour autrui (GPA), ou le fait qu’une femme porte un fœtus pour le compte d’une autre personne ou d’un couple, potentiellement contre rémunération, reste interdite en France. Néanmoins, le projet de loi prévoit la reconnaissance, sous certaines conditions, de la filiation d’enfants conçus par GPA à l’étranger – une pratique légale dans plusieurs pays comme les États-Unis et le Canada. Le texte ne prévoit pas l’élargissement de la PMA aux hommes transgenres, nés avec un appareil reproducteur féminin. Le diagnostic préimplantatoire, qui permet de repérer de possibles anomalies génétiques dans les embryons, reste limité aux couples ayant connaissance d’une maladie génétique transmissible dans leur famille. Les femmes dont le conjoint est décédé ne peuvent pas avoir recours à la PMA avec les gamètes de ce dernier. Enfin, le projet de loi facilite les recherches sur les cellules souches embryonnaires, qui peuvent se multiplier et donner naissance à n’importe quelle autre cellule de l’organisme. Elles « peuvent être utilisées en thérapie cellulaire, pour régénérer un organe ou produire des substances nécessaires à rétablir une fonction biologique », précise l’Inserm (2). Le texte adopté à l’Assemblée nationale autorise aussi les « chimères animal-homme », des cellules souches humaines insérées à des embryons animaux. Cet article 17 de la loi de bioéthique soulève des inquiétudes auprès de certains qui ont signé une tribune dans La Croix, pour dire « Non aux chimères dans la loi de bioéthique ! »(3). Ils ont appelé les parlementaires « à s’insurger contre l’inscription de la bioéthique française dans ce scénario de science-fiction et à initier un Référendum d’Initiative Partagée ». De son côté, l’Inserm plaide pour ce type de recherche, expliquant que « l’un des objectifs est de développer ainsi des modèles animaux de pathologies humaines notamment pour les maladies neurodégénératives. À plus long terme, ces chimères pourraient favoriser la production d’organes chez l’animal pour permettre des xénogreffes sur l’Homme. Enfin, avoir recours à ce processus permettrait notamment de mieux étudier comment s’effectue la différenciation des cellules dans un tel environnement, et donc, de valider ou non bon nombre d’hypothèses de recherche» (3). En revanche, est interdite « la modification d’un embryon humain par adjonction de cellules provenant d’autres espèces », selon la reformulation de l’article 17 du projet de loi de bioéthique(4).
Au final, est-ce un progrès ?
Le journaliste Patrice de Plunkett dénonce, dans sa chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio fidélité Mayenne(5), le vote final de ce qu’il appelle « la loi de pseudo-bioéthique », lequel vote lui paraît illustrer l’ouverture à tous les « désirs se (prenant) pour des droits »sans souci des conséquences, comme l’alignement de la classe politique sur les lobbies.
L’ « adoption (de ce projet de loi) était inéluctable », souligne le journaliste, « le parti du président Macron étant à fond pour cette réforme – et le Sénat, malgré son opposition opiniâtre, n’étant pas parvenu à se faire entendre des députés :
Les sénateurs disaient que la PMA pour les femmes célibataires ou homosexuelles bouleversera les normes de la filiation et nuira ainsi aux intérêts de l’enfant… Des députés d’opposition disaient qu’ouvrir la PMA aux femmes homosexuelles sans accorder la GPA aux homosexuels masculins serait créer une inégalité contraire à la philosophie du droit… ». En effet, en toute logique, « après la PMA, doit venir la GPA. Ceci afin que le désir d’enfant puisse être universellement satisfait », et « afin de permettre l’égalité des sexes devant la parentalité », plaide Luc Le Vaillant dans sa tribune d’opinion sur Libération (6) « Mais ni ces sénateurs ni ces députés n’ont réussi à se faire entendre de la majorité LREM de l’Assemblée nationale. Pourquoi ? Parce que LREM voit les choses autrement : selon ce parti, il ne s’agissait avec cette réforme que « d’élargir les droits des femmes ». Un écrivain du XIXe siècle, lui-même homosexuel d’ailleurs, prophétisait qu’on allait entrer dans un âge où tous les désirs se prendraient pour des droits : c’est bien ce que nous vivons. Le consumérisme s’est étendu à tout. L’individu ne voit plus midi qu’à sa porte. Et le pouvoir politique, lui, ne voit plus au nom de quoi il pourrait faire un tri entre les désirs se proclamant des droits. D’où cette impression qu’ont les opposants, minoritaires, de parler à des sourds quand ils tentent de faire valoir un autre point de vue que la satisfaction de tous les désirs quels qu’ils soient. Aujourd’hui, dire « non » à quelque chose passe pour de l’intolérance, même s’il y aurait de solides raisons (sociales, morales et juridiques) de ne pas dire « oui » [c’est même là le sens de la dignité humaine : ne pas dire oui à tout et à n’importe quoi(7)]. Un peuple qui ne se voit plus comme peuple mais comme foule d’individus – chacun proclamant ses droits sans souci des conséquences – deviendra ingouvernable. Comment ne pas en venir là ? On ne sait pas trop… Il n’existe plus d’autorités morales reconnues quand le consumérisme s’étend à tout : à l’ère de l’individu tabou, l’horizontal remplace le vertical. Et l’on peut se demander si ce phénomène d’ensemble n’explique pas, en partie, l’abstentionnisme électoral massif que nous venons de constater aux deux tours des régionales et départementales. Quand le consommateur remplace le citoyen, des gens déclarent aux radio-trottoirs ne plus s’intéresser qu’à ce qui exaucerait leurs désirs individuels – qui à leurs yeux sont tous des droits. Vers quoi se dirige l’ensemble de ce processus ? Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans un roman prémonitoire : Le meilleur des mondes, d’Aldous Huxley », que Patrice de Plunkett nous conseille de (re)lire cet été. Cela tombe bien : « il est en livre de poche »(8).
(7) Le Comité Protestant pour la Dignité Humaine (CPDH) le dit autrement, dénonçant, quant à lui, un droit à l’enfant. « Le droit à l’enfant que le gouvernement veut créer pour les couples de femmes et les femmes seules nuit directement à l’enfant. De sujet de droit – ayant des droits -, il devient objet de droit : J’ai le droit d’avoir un enfant, de la façon dont je veux, quand je veux, avec qui je veux », constate Franck Meyer, Président de cet organisme, avant d’ajouter « que l’accès impossible à la filiation paternelle est profondément injuste ». De plus, ce projet de loi encouragerait la monoparentalité, « ce qui n’est ni recommandable, ni souhaitable». Le CPDH déclare par ailleurs refuser « d’abandonner le combat », envisageant des recours auprès du Conseil Constitutionnel et des organisations internationales. cf https://www.evangeliques.info/2021/06/29/france-avec-la-pma-pour-toutes-le-cpdh-denonce-un-droit-a-l-enfant/ ; Voir aussi https://www.reforme.net/bioethique/2020/07/21/le-comite-protestant-evangelique-pour-la-dignite-humaine-denonce-la-gpa/
« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » : un sage enseignement que « Spiderman » a appris à ne jamais oublier…
Les chrétiens sont divisés sur la question : certains préconisent la vaccination par amour pour le prochain, d’autres laissent ce choix à la conscience de chacun et d’autres encore la proscrivent absolument.
Compte tenu de ces divergences, comment les pasteurs devraient-ils aborder le sujet du vaccin contre la COVID-19 avec leurs assemblées ? Devraient-ils encourager les gens de leur Église à se faire vacciner ? Comment exercer sa « responsabilité pastorale » et comment équiper les membres de l’église dans un tel contexte ? Comment manifester concrètement l’amour du prochain ?….
Cinq pasteurs américains ont bien voulu expliquer à Christianity Today comment des facteurs tels que l’origine ethnique, la théologie et la composition de la congrégation influencent leur approche du problème. Une chose est sûre, de l’aveu de certains d’entre eux : « nous ne devrions pas laisser la question nous diviser entre chrétiens » et « s’il y a une chose que la pandémie nous a montrée, c’est que nos vies et notre santé sont étroitement liées à celles des autres »(1).
En savoir plus dans cet article de Christianity Today, compilé par Rebecca Randall. Traduit en français par Simon Fournier et révisé par Léo Lehmann
Note :
(1) Commentaire d’un ami et frère pasteur français, exerçant son ministère en France, après la lecture de cet article : « Personnellement, et vues les circonstances entourant ce virus, je ne dirais pas aux gens de se faire vacciner ou pas. Ils sont libres de leur décision. Par contre, nous avons un devoir de dé-diaboliser le vaccin et d’informer le plus justement possible ceux qui souhaitent des conseils. Nous avons besoin de sagesse. Merci.
Tous les points de vue doivent être examinés. Ce qui est dommage, c’est que nous ne disposons pas d’enquête du même genre en France, car la situation américaine est totalement différente, la culture aussi ».
Les « Foireux liens » d’Avril : une actu sous le signe du respect, de la sécurité et de la liberté ! Vraiment ?
Chers amis, voici notre nouvelle édition de vos « foireux liens » tant attendus, depuis décembre 2020 : au menu, le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » tel qu’il ressort des travaux et du vote du Sénat ; laïcité, la loi « sécurité globale », qui vient d’être votée ; « fin de vie », l’affaire Sarah Halimi, l’inceste, la vaccination et les vaccins et bien d’autres sujets ! A lire, non pas « cul sec », mais avec attention !
1)Le Sénat durcit le projet de loi confortant le respect des principes de la République
Les sénateurs ont modifié, lundi 12 avril, le projet de loi confortant le respect des principes de la République, en adoptant 139 amendements. Certaines évolutions à la portée symbolique très forte ou en lien avec l’actualité pourraient se heurter à un obstacle constitutionnel selon le gouvernement. Députés et sénateurs devront maintenant s’accorder en commission mixte paritaire.
Analyse de juristes ici. Pour en savoir plus sur le projet de loi, en l’état actuel, c’est là.
Le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) analyse les amendements retenus par le Sénatet alerte sur l’arsenal excessif prévu dans ce projet de loi. Le dispositif actuel aboutit à une « laïcité de surveillance » dont tous les cultes feront les frais.
(Ré)écouter :
a)le podcast de l’émissionL’invité de la FPF du 24 mars, dans laquelle Nicolas Cadène s’exprime sur le projet de loi confortant le respect des principes de la République, dans ses apports comme ses limites, rejoignant ainsi certaines craintes soulevées dans le plaidoyer de la FPF.
b)la conférence Protestantisme & laïcité – hier, aujourd’hui, demain, organisée par le Pôle FPF – Île de France le 15 avril de 10h à 12h. Autour de la table, Nicolas Cadène, Rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité et François Clavairoly, Président de la Fédération protestante de France, s’exprimeront sur la question de la laïcité et de son rapport aux religions. Ils reviendront également sur la proposition de loi renforçant le respect des principes de la République. Ecouter la conférence (disponible en stream jusqu’au 29 avril 2021) sur https://www.twitch.tv/fpidf
Voir aussi sur le site de la Fédération Protestante de France (FPF).
A lire aussi le Texte commun de la Conférence des évêques de France, de la Fédération protestante de France et de la Métropole orthodoxe de France (Patriarcat œcuménique).
Et à ne surtout pas manquer : l’historien Jean Baubérot a rencontré Marlène Schiappa lundi dernier, veille du lancement des Etats généraux de la laïcité. Malheureusement pour elle, l’historien a lu le petit livre [« Laïcité, point ! »]que la ministre déléguée avait consacré au sujet en 2018 et lui inflige une sérieuse correction de copie.
2)Le Parlement a définitivement adopté le 15/04/21 la proposition de loi sur la « sécurité globale », renommée « proposition de loi pour une sécurité globale préservant les libertés », dans les termes issus de la Commission mixte paritaire (CMP). Le texte avait été déposé le 20 octobre 2020 par les députés Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot et plusieurs de leurs collègues. Il avait été adopté en première lecture avec modifications par l’Assemblée nationale le 24 novembre 2020, puis par le Sénat le 18 mars 2021. Le Sénat avait adopté le 7 avril 2021 le texte de compromis trouvé en commission mixte paritaire (CMP) le 29 mars. Le gouvernement a engagé la procédure accélérée le 26 octobre 2020. La proposition de loi porte sur les outils de surveillance (caméras piétons, drones…) et la protection des forces de l’ordre (nouveau délit de provocation à l’identification d’un policier, pénalisation de l’achat de mortiers d’artifice…). Elle renforce, par ailleurs, les polices municipales et encadre les sociétés de sécurité privées.
L’Assemblée nationale s’est prononcée en seconde lecture par 75 voix contre 33 en faveur de ce texte très critiqué par les syndicats de journalistes et plusieurs ONG comme Amnesty International, qui estime qu’« entre les mains d’un gouvernement autoritaire, une telle loi deviendrait une dangereuse arme de surveillance et de répression de la population ».
3)Affaire Sarah Halimi : « …il y a 14 ans, un crime commis par un fou avait provoqué une telle émotion qu’on en avait fait une loi à des fins électorales… »
Kobili Traoré ne sera finalement pas jugé pour le meurtre de Sarah Halimi. La Cour de cassation a mis fin à quatre ans d’un vif débat médico-légal en rejetant, mercredi 14 avril, le pourvoi formulé par la famille de cette femme, une retraitée parisienne de confession juive âgée de 65 ans, tuée à son domicile parisien en avril 2017, qui contestait l’irresponsabilité pénale de son meurtrier prononcée, en décembre 2019, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. Une partie de l’opinion ne comprend pas cette décision et se demande si la grosse consommation volontaire de cannabis du meurtrier n’est pas justement à l’origine du meurtre.
Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron. se la pose lui aussi, dans une interview au « Figaro » publiée dimanche 18/04 [«Prendre des stupéfiants et devenir comme fou ne devrait pas supprimer la responsabilité pénale»], demandant de changer « au plus vite » la loi sur l’irresponsabilité pénale après l’émotion suscitée par l’affaire Halimi.
Commentaire de l’avocat blogueur « Maître Eolas » sur twitter : « Ce qui est bien en France c’est que quelqu’un qui tombe dans le coma pendant 14 ans peut se réveiller et il n’est pas trop déboussolé. Car oui, il y a 14 ans, un crime commis par un fou avait provoqué une telle émotion qu’on en avait fait une loi à des fins électorales. C’était le début de la règle un fait divers = une loi. 13 ans après son vote, je vous laisse juger de l’efficacité de la loi du 25 février 2008 ». En effet, souvenez-vous…
Invité lundi matin 19/04 sur Europe 1, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, s’exprime sur l’affaire Sarah Halimi : « La drogue ça ne peut pas être un permis de tuer, il faut changer la loi parce que la loi ne convient pas ». Sauf que « La drogue n’est pas et n’a jamais été une cause d’exonération de la responsabilité pénale, et Gabriel Attal, qui n’est pas un imbécile, le sait très bien quand il prononce ces paroles. C’est de la démagogie dans sa forme la plus pure », accuse Maître Eolas, sur twitter, 19/04.
4)12 raisons de dire non à l’euthanasie et oui aux soins palliatifs.
Plus de 3 000 amendements avaient été déposés sur le texte pour « une fin de vie libre et choisie », du député Olivier Falorni (Libertés et territoires). En conséquence de quoi, les députés n’ont pas pu adopter dans les temps impartis le texte dans la soirée du 8 avril. Le texte, dont on voit mal l’urgence, alors que la France a dépassé jeudi 15/04 la barre des 100.000 morts du Covid, prévoit d’introduire un droit à une « aide médicalisée active » pour les patients atteints d’une maladie incurable, en phase avancée ou terminale. Seul l’article 1 a pu être voté, par une large majorité (240 voix pour, 48 contre). Invité de Parlement hebdo, sur Public Sénat et LCP-Assemblée nationale, Olivier Falorni souligne que le parcours du texte « n’est pas inachevé ». « Ce texte est suspendu momentanément. Il peut poursuivre son parcours », a-t-il affirmé, avant d’en « appeler au gouvernement et à la majorité » pour reprendre le flambeau, et l’inscrire à l’agenda. Le député de Charente-Maritime note qu’une « très large majorité s’est exprimée, transpartisane » et donc que le texte est « largement soutenu ».
En parallèle, voici 12 raisons de dire non à l’euthanasie (et oui aux soins palliatifs), établi par un collectif de plus de 175 associations de bénévoles en soins palliatifs. Ce collectif représente plusieurs milliers de bénévoles engagés quotidiennement dans l’accompagnement de patients en fin de vie. Leur respect pour la complexité de toute vie et de toute fin de vie, leur culture de la simple écoute voire du silence ne les conduit pas, ordinairement, à prendre la parole publiquement. Leur voix doit pourtant être entendue.
5)L’inceste : entendre, comprendre, dire
L’inceste a fait irruption dans le débat public il y a plus de trente ans, mais rien n’a été mis en place pour en finir avec ce fléau.
Voici un dossier réalisé en partenariat Basta/Politis à consulter ici.
Pour traiter de la vague #MeTooInceste et des violences sexuelles, la journaliste Nolwenn Weiler s’est entretenue avec l’anthropologue Dorothée Dussy. Un entretien publié en ligne sur basta! Un thème de société qui est l’événement en Une du Portail des médias libres, une revue de presse des médias indépendants.
Voir aussi Violences sexuelles, la fin du silence ? Le livre de Camille Kouchner a brisé le silence qui entoure souvent les crimes d’inceste. Dans les familles, mais aussi dans le monde de l’art, de l’éducation, du spectacle, du sport… de plus en plus d’affaires de violences sexuelles éclatent au grand jour. Qu’en est-il de la prévention ? Que fait la justice ?
6)« Islamophobie » à Sciences Po Grenoble : de quoi s’agit-il ?
Le journaliste catholique Patrice de Plunkett se propose de revenir sur « l’affaire de Sciences Po Grenoble » dans un édito sur RCF… « De quoi s’agit-il ? Deux professeurs, discutant (avec d’autres) de l’intitulé d’un colloque universitaire sur les dangers idéologiques d’aujourd’hui, ont estimé que la notion d’ISLAMOPHOBIE n’était pas claire, et qu’on ne pouvait pas la mettre sur le même plan que l’ANTISÉMITISME – dont le sens, lui, est connu et indiscutable. Aussitôt la discussion a fait l’objet de fuites ! Des affiches étudiantes collées à l’entrée des bâtiments ont accusé les deux professeurs d’être (je cite) des “fascistes islamophobes”. Ces affiches, attaquant deux professeurs par leur nom, ont fait scandale et alerté les médias … La petite affaire est devenue un gros tapage. Ainsi voilà un trouble à l’ordre public, fabriqué à partir d’une querelle de mots sur l’intitulé d’un colloque universitaire. Mais depuis le drame de Samuel Paty, on sait ce qui peut arriver quand on lance certaines rumeurs.On attend donc des pouvoirs publics qu’ils calment le jeu : or on les sent hésitants, pour deux raisons, expliquées par le journaliste Patrice de Plunkett dans une note de blogue.
A lire aussi l’édito de Guillaume Goubert, pour La Croix : Pour que « L’université (reste le) lieu du débat »
7)Vaccination obligatoire nécessaire dans une société démocratique
La Cour européenne des droits de l’homme, chargée de veiller au respect de la Convention européenne des droits de l’homme, a estimé jeudi 08 avril que la vaccination obligatoire telle qu’elle est appliquée pour les enfants dans certains pays était « nécessaire dans une société démocratique ». Elle avait été saisie en République tchèque, où neuf vaccins sont obligatoires, par des enfants refusés à l’école maternelle car ils n’étaient pas vaccinés, ainsi que par un parent condamné à une amende pour ne pas avoir fait vacciner ses enfants.
« Cet arrêt vient conforter la possibilité d’une obligation vaccinale sous conditions dans l’actuelle épidémie de Covid-19 », a commenté Nicolas Hervieu, juriste spécialiste de la CEDH. Le juriste, qui enseigne à Sciences Po Paris, souligne «la marge d’appréciation laissée par la cour aux États dans leur politique de vaccination». Nicolas Hervieu relève également que la décision de la CEDH fait «le constat d’un consensus général sur les effets bénéfiques de la vaccination qui ne sont pas remis en cause par les effets secondaires inévitables, dès lors qu’il y a un contrôle scientifique strict». Et la cour, poursuit-il, endosse «le principe de solidarité sociale qui peut justifier que l’on impose la vaccination à tous, même ceux qui se sentent moins menacés par la maladie, dès lors qu’il s’agit de protéger les personnes les plus vulnérables»
8) »En toute bonne conscience » : Faut-il se faire vacciner malgré les essais sur des cellules issues d’avortement ?
Le Vatican a tranché. Le 21 décembre, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – le bureau de surveillance du Vatican pour l’orthodoxie doctrinale – a estimé « moralement acceptable » pour les catholiques de recevoir les vaccins anti-Covid-19, bien que certains d’entre eux soient issus de recherches sur des cellules venant d’embryons avortés. Même les catholiques traditionalistes qui suivent l’enseignement de Mgr Lefèbvre, que l’on ne peut certainement pas taxer de complaisance avec l’avortement, se rangent à cette décision et recommandent la vaccination quel que soit le type de vaccin.
Des protestants se montrent, eux aussi, favorables au vaccin. Tout en appelant à informer le grand public des différentes étapes de sa conception, faisant appel ou non à des cellules issues d’embryons avortés.
Voir aussi cet article du Dr Cambrelin [médecin généraliste et Vice-Président du Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine – CPDH] qui engage une réflexion sur le « degré de responsabilité éthique » et le choix du « moindre mal », lorsqu’il le faut. Le lecteur trouvera également, en fin d’article, un tableau de classement des vaccins contre la Covid-19. Enfin l’article résume la position actuelle du CPDH : « En l’absence de possibilité de choisir, nous recommandons aux personnes les plus fragiles de se faire vacciner, quel que soit le vaccin: cela ne constitue en rien une approbation des Interruptions Volontaires de Grossesse et ne va pas encourager ces dernières. Les vies à sauver grâce à la vaccination doivent être une considération première. Il serait toutefois souhaitable que les citoyens puissent avoir le choix du vaccin, et de la sorte se positionner sur une éthique qui n’encouragera pas les recherches scientifiques utilisant les lignées cellulaires d’origine fœtale. ».
9)Qu’y a-t-il dans le rapport de l’OMS sur l’origine de la pandémie?
Le rapport sur l’origine de la pandémie Covid-19 a été rendu public mardi 30 mars 2021 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui pilotait une mission internationale conjointe avec la Chine. Après plusieurs mois de travail, le constat reste décevant: aucune certitude n’a pu être établie concernant l’émergence de Sars-CoV-2. Le scénario le plus probable demeure celui d’une transmission du virus de l’animal à l’homme via un hôte intermédiaire, qui reste à identifier. L’OMS estime que «toutes les hypothèses restent sur la table». Analyse sur Heidi News.
10) Covid, climat, complot : matières à réflexion pour ceux qui cherchent des « infos complémentaires »
InfoChrétienne.com a publié du 16 au 19 mars 2021 une excellente série de 4 articles de Jean-François Mouhot, directeur d’A Rocha France. Cette série est consacrée à l’épidémie de complots en lien avec le Covid. Jean-François Mouhot y explore les liens entre ces « fake news » et le déni du changement climatique. Il montre également que ce sont souvent les mêmes personnes qui (a) diffusent des fausses informations mettant en doute la sévérité de la crise climatique ou la responsabilité de l’homme dans le rechauffement et (b) qui diffusent des intox concernant le Covid et les vaccins.
Retrouvez donc les différentes parties de l’article :
11)Portrait d’Elisabeth Bik, chasseuse de fraudes des publications de Didier Raoult
Elisabeth Bik s’est fait un nom et une réputation sur Twitter. Elle y soulèves des énigmes depuis deux ans avec un seul fil conducteur: déceler les images frauduleuses dans les publications scientifiques. Du simple copié-collé à la manipulation caractérisée, les découvertes de la microbiologiste néerlandaise sont postées sous forme de rébus où elle invite sa communauté à deviner de quoi il s’agit. Son travail de fourmi a déjà permis de signaler 4000 publications sur le site spécialisé Pubpeer. En début de semaine, elle a publié sur Twitter une rafale d’images problématiques issues de publications scientifiques signées par le Pr Didier Raoult. Elle n’était pas à son coup d’essai puisqu’elle avait déjà questionné le travail du chercheur marseillais sur l’hydroxychloroquine en avril 2020. Didier Raoult l’a alors qualifiée de «chasseuse de sorcières» et, l’automne dernier, de «cinglée». Cela ne l’intimide pas du tout: elle continue son travail de vérification avec acharnement et surtout un certain plaisir. Heidi.news a pu échanger avec elle.
«En fin de compte, si un scientifique est reconnu coupable d’une faute, ce n’est pas à cause des actions du lanceur d’alerte, mais à cause de ses propres actions.» (Elisabeth Bik)
12)Covid et lien social : l’ère de l’individualisme de masse
Chronique du journaliste-blogueur Patrice de Plunkett à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne. « Les fêtes inciviques se multiplient dans la rue en France : carnaval de six mille personnes à Marseille, manif dansante à Annecy, foule à Lorient… Le tout sans masques, sans distances sanitaires, et assorti de déclarations du genre : “Maintenant ces histoires de virus on s’en fout, ça ne nous concerne pas, on veut du fun et de la musique”, etc… » : ..Bien entendu les municipalités s’indignent : le maire UDI de Lorient dit que c’est « inadmissible », le maire socialiste de Marseille traite les fêtards d’ »irresponsables »… Qu’est-ce qui est “irresponsable” ? “Ce genre de comportements alors qu’on demande à nos concitoyens de respecter les gestes barrière”, expliquent les maires. Bon. C’est irresponsable, en effet. Mais regardons pourquoi ces groupes ou ces foules tombent dans l’incivisme en ne respectant pas les gestes barrière… »
13)34eme baromètre de confiance dans les médias ! La crise du Covid-19 réconcilie (un peu) les Français et les médias
Malgré son omniprésence et son caractère anxiogène, l’information sur la crise sanitaire a suscité un petit regain d’intérêt pour l’actualité. Les Français font preuve de lucidité dans les reproches adressés aux médias et dans l’utilité qu’ils leur confèrent. S’ils demeurent critiques envers le système d’information, ils se sentent plutôt bien informés par leurs médias de prédilection. Une enquête, à laquelle s’est associée la société Onepoint cette année, réalisée par Kantar Public pour La Croix entre le 7 et le 11 janvier, selon la méthode des quotas, auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Voir aussi : Covid-19 : « Les journalistes ne sont pas là pour nous rassurer, mais pour nous informer » : Un an après le premier confinement, La Revue des médias revient avec Hélène Romeyer, professeure en science d l’information et de la communication (Université de Bougogne-Franche Comté], spécialiste de la médiatisation des questions de santé, sur le traitement médiatique hors norme de la crise liée à la Covid-19.
14)Stop au « journalistes-bashing »
Vous êtes leader spirituel ? Vous cassez du journaliste ? Ce n’est pas digne de Celui dont nous sommes ambassadeurs. Dans une société violente, ne cédons pas nous-mêmes à la surenchère. Frustrés, déçus, il y a parfois de quoi ! Ne jouons pas les victimes. Même si nous étions fondés à contester une déontologie, ne dérogeons pas à la nôtre : honorer Christ dans tous nos propos.
Mise au point d’Alain Stamp, nous invitant à tordre le cou à nos préjugés face à un article/reportage qui ne nous plaît pas, pour mieux comprendre certains des impératifs du journalisme. Et mieux respecter les hommes et les femmes qui composent cette profession, pour rester intègres.
15)Peut-on encore affirmer être un média — et toucher des aides à la presse — lorsqu’on ne rémunère pas sous le statut de journaliste? Interpellée par la rédaction de Science et Vie, la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot a ainsi missionné fin 2020 une enquête à ce sujet. Retardée à cause de l’hospitalisation de la ministre, touchée par le Covid-19, ses conclusions sont attendues fin juin 2021. Son rapport ayant été remis, il reste, selon Arrêts sur Images, «en cours d’analyse» par le ministère. Cette mission avait été accélérée par les appels à l’aide de la rédaction de Science & Vie, vampirisée par son propriétaire, Reworld. Depuis, la quasi-totalité des journalistes du magazine scientifique a claqué la porte.
La mission de réflexion sur les aides à la presse portera «sur les conditions d’accès aux aides à la presse et notamment celles relatives à la composition des rédactions» et livrera ses conclusions à «la mi-mars». Actuellement, «les titres de presse doivent» présenter un «apport éditorial significatif», mais «l’accès au régime économique de la presse (avec des aides à la clé: ndlr), via l’inscription sur les registres de la CPPAP, n’est assorti en tant que tel d’aucune condition quant à la présence de journalistes au sein des rédactions», explique le ministère de la Culture. Seules les rédactions des «services de presse en ligne d’information politique et générale doivent comporter au minimum un journaliste professionnel».
16) Les élus peuvent-ils bloquer l’accès ou restreindre la lecture de leurs comptes Twitter ?
A la suite d’une vague de cyberharcèlement, Marlène Schiappa a annoncé samedi 20/03 que son compte Twitter était passé en mode privé. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’internautes ont déploré que le compte d’une ministre – jugé d’intérêt général – ne soit plus accessible au grand public. « Les comptes des membres du gouvernement doivent rester ouvert à toutes et tous », explique Guillaume Tatu, journaliste et élu local, qui a porté plainte en 2019 contre Richard Ferrand pour l’avoir bloqué sur Twitter.
La question s’était déjà posée aux Etats-Unis en 2018. Sept citoyens américains avaient déposé plainte contre le président Donald Trump, qui les avait bloqués sur le réseau social Twitter. La Cour fédérale avait alors considéré que le locataire de la Maison-Blanche n’était pas en mesure de les empêcher de le suivre, au nom de la liberté d’expression protégée par le premier amendement de la Constitution américaine. « Le président présente le compte @realDonaldTrump comme un compte présidentiel par opposition à un compte personnel, et plus important encore, utilise le compte pour prendre des mesures qui ne peuvent être prises que par le président, en tant que président », avait alors déclaré la justice américaine.
De quoi créer une jurisprudence pour tous les élus et représentants de l’Etat qui utilisent les réseaux sociaux…analyse à lire ici.
17)Surprise pour Nicolas Sarkozy : les juges jugent en droit !
Les juges sont-ils en train d’empiéter sur le terrain politique au mépris de la séparation des pouvoirs ? C’est l’opinion du constitutionnaliste Bertrand Mathieu dans un entretien accordé à Actu-Juridique.Son collègue Dominique Rousseau lui répond : la condamnation de Nicolas Sarkozy n’est que l’application du principe de l’égalité de tous devant la loi. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy n’est pas victime des juges ; il est victime du principe d’égalité de tous devant la loi et devant la justice. Selon le code pénal, constitue un délit le fait pour une personne de solliciter d’une autre personne des informations privilégiées en échange d’une distinction ou de « toute autre décision favorable ».
18)Ecologie : La défense des mauvais biftecks
« Folie pour les uns, scandale pour les autres » : Tenons-nous en d’abord aux faits. La mairie écologiste de Lyon a reconduit une mesure prise par la majorité LREM précédente consistant à mettre en place dans les cantines scolaires un menu unique, sans viande mais avec œufs ou poisson, pendant le temps de la pandémie. Pourquoi un menu unique ? Pour fluidifier la file et limiter la transmission du virus dans la queue du self. Pourquoi sans viande ? Parce que cela permet de proposer un menu unique qui ne pose aucun problème rédhibitoire à quiconque. En matière de végétarisme, le programme de la mairie n’est pas le menu unique vegan. C’est en toutes lettres dans le programme et le site de la ville : une alternative sans viande à chaque repas à l’horizon 2022. Le tout avec une démarche de choix de produits locaux, 50% minimum des produits. Qu’importe, on a vu Gérard Collomb, celui-là même qui avait pris la fameuse décision du menu unique, manifester juché sur un tracteur contre un délire idéologique s’attaquant à l’agriculture française. Et les médias locaux et nationaux d’emboîter le pas, omettant soigneusement de préciser l’initiateur réelle de la mesure, transformant le végétarien en vegan, le but sanitaire en « programme idéologique » et affirmant son caractère pérenne. Est-ce vrai, est-ce faux, aucune importance, l’important c’est de rappeler que « les écolos prennent des mesures idéologiques et délirantes ».
A lire, cette note de blogue de « Phylloscopus », chrétien naturaliste, qui s’interroge sur « les critères (à) remplir, pour qu’une décision écologiste ne soit pas qualifiée par principe de « délire idéologique imposé par une minorité ». De là, la triste leçon de cette histoire, c’est que peu importe la façon dont l’écologie est conduite ou déployée : si elle conduit à modifier, si peu que ce soit, notre horizon familier, elle fait scandale.
19)Emmanuel Faber évincé de son poste de PDG de Danone
Le conseil d’administration du groupe agroalimentaire Danone a annoncé (15/03) avoir « mis fin aux fonctions d’Emmanuel Faber comme président-directeur général ». Deux fonds d’investissement actionnaires du groupe français réclamaient son départ. Le président du fonds londonien Bluebell Capital, déclarait dans une interview au Monde fin février, qu’il fallait « laisser partir M. Faber », car « depuis sa prise de fonctions en tant que directeur général, en 2014, Danone délivre des résultats plus faibles que ceux de ses grands concurrents, Nestlé ou Unilever ». Le 1er mars, le conseil d’administration avait déjà voté la dissociation des fonctions de président et de directeur général, une mesure demandée par ce fonds. La décision prévoyait qu’un directeur général soit recruté. Dans une lettre du 3 mars, le fonds américain Artisan Partners souhaitait le départ d’Emmanuel Faber pour que le futur directeur général ait « la latitude nécessaire pour mettre en place une nouvelle orientation ».
Les fonds activistes, comme Bluebell Capital et Artisan Partners, sont des groupements d’investisseurs qui « cherchent à infléchir la stratégie des entreprises qu’ils jugent peu performantes en prenant une participation minoritaire à leur capital », explique dans le site The Conversation le professeur de finance Michel Albouy. Leur objectif est d’améliorer les résultats financiers et de faire ainsi remonter le cours de l’action de l’entreprise afin de réaliser une plus-value à la revente. Les fonds activistes ont tendance à cibler plus souvent les sociétés ayant un fort engagement en matière de responsabilité sociale des entreprises, c’est-à-dire celles qui intègrent ces préoccupations à leur activité en vue du bien commun, assurent dans une étude publiée en 2020 les professeurs en stratégie d’entreprise Rodolphe Durand, Mark DesJardine et Emilio Marti. Selon eux, ces fonds considèrent ces engagements sociaux et environnementaux comme « inutiles », car empêchant les actionnaires de maximiser leurs intérêts à court terme.
L’analyse mondiale de Lausanne cherche à fournir des informations stratégiques et crédibles et des connaissances issues d’un réseau international d’analystes évangéliques afin d’équiper les acteurs clés de la mission mondiale.
21) Le voyage musical : « histoire dont vous êtes le héros »
Dans « Etrangers dans la cité », nous sommes invités à nous réjouir de ce que, « quelque part entre 1960 et 1980, un vieux monde dépassé (ait) pris fin, laissant la place à « un monde nouveau et excitant », « en attente d’être exploré ».
Comme indiqué dans la page de présentation de ce blogue, « PEP’S-CAFE ! » vous invite, outre à un partage et une étude systématique de la Bible, à écouter, réfléchir, comprendre, s’ouvrir, discuter… et comme chacun sait, un blogue vit surtout par les commentaires des uns et les échanges qui en résultent.
C’est pour ces raisons que j’ai apprécié l’esprit de l’article(1) de mon ami Etienne Omnès publié sur le blog Par La Foi, se voulant une réponse au mien [« comment gérer une gueule de bois post-électorale »](2), et un argumentaire pour « défendre » (ou plutôt expliquer) le vote dit « des déplorables » [comprendre : ceux qui ont voté Trump], Etienne lui-même se revendiquant de « ces déplorables qui préféraient Trump à Biden », une position qui n’engage que lui, et qui ne saurait être une tribune pour défendre Trump.
Disons-le tout net : je n’aime pas le titre de son article, même si je comprends les raisons de son intitulé, n’aimant pas (et refusant) de manière générale cette tendance « maudissante » de nous enfermer dans des étiquettes disqualifiantes et réductrices (nous réduisant « à moins que » ce que nous sommes). C’est cela, conduisant à la polarisation et à la division du corps de Christ (cf 1 Cor.1v10-13), qui est en réalité « déplorable ». C’est ce que le rabbin et philosophe M.A. Ouaknin appelle une pensée axée sur la « saisie », la classification, le déterminisme (soit le fait de « coller une étiquette » sur quelqu’un), la conceptualisation… « une logique de la prise », propre à la pensée occidentale(3)
Mon ami Etienne est toutefois bien conscient des limites de telles classifications et qualificatifs (« chrétiens de gauche », « chrétiens de droite »), puisqu’il prend bien soin de nous inviter au recul et de rappeler ce que nous partageons, en tant que « frères et soeurs en Christ », pour nous « rendre compte que ce qui nous unit est plus grand que notre variation », comme le fait qu’aucune de ces positions « vote à gauche » ou « vote à droite » n’attaque directement nos positions confessionnelles, et qu’il n’y a pas lieu de juger l’orthodoxie de la foi sur la base de la couleur du vote. Ouf ! Pour tout cela, je l’en remercie et recommande la lecture de son article, de nature à nous aider à comprendre les raisons d’un vote ou d’un soutien à un homme politique.
Ceci dit, il est beaucoup question, dans l’argumentaire d’Etienne, de la « chrétienté », de ce qui serait « le meilleur défenseur » de celle-ci, et des raisons chrétiennes de soutenir ledit « défenseur de la chrétienté », pour « des raisons de survie ». Et c’est ce qui m’a particulièrement interpellé.
Rebondissant sur l’ambiguïté déjà soulevée autour du vocable « valeurs chrétiennes », Etienne précise que quand il « vote pour des valeurs chrétiennes, en réalité (il devrait) dire (qu’il) vote pour une chrétienté ! »Ce qui ne veut pas dire qu’il approuve que le candidat « défende cette chrétienté par le mensonge et la tromperie [avec Trump et la promotion du mensonge et de la Toute-Puissance, comme le déni de réalité, on se demande ce qui lui faut !] » Mais, précise-t-il, « cela veut dire que la défense souillée d’une chrétienté » par le parti Républicain [serait] « préférable à une défense vertueuse d’un ordre social satanique » [censé être promu par le parti Démocrate]. L’idéal étant bien sûr « la défense vertueuse d’un ordre vertueux ». Autrement dit : « il est aussi possible », selon lui, « qu’un seul parti politique ait le monopole de la foi chrétienne, si l’autre parti est ouvertement séculier et anti-chrétien. C’est le cas en 2020, surtout avec un bipartisme ». J’ai déjà indirectement précisé, dans plusieurs articles(4), les limites d’un tel raisonnement et maintiens qu’aucun parti ne peut prétendre avoir le monopole de la foi chrétienne pour les raisons que j’explique sur mon blogue [positions sur les armes à feu, refus de condamner les mouvements suprématistes, mensonge, déni de réalité…](4), d’autant plus qu’Etienne ne relève pas les compromissions évidentes avec la vérité et le déni du réel du candidat soutenu. Je l’ai même trouvé plutôt « léger » et peu convaincant, y compris dans son refus de se positionner, sur ces enjeux.
Etienne soutient encore que, dans cette élection américaine, on ne pouvait pas avoir à la fois « un président bon chrétien individuellement et qui défendît l’héritage de la chrétienté ». En conséquence, « les évangéliques américains ont fait en majorité un choix très raisonnable »[selon lui] : « le gros matou vulgaire(sic) [Trump] qui défend la chrétienté. Ce n’est pas contraire à la tradition chrétienne : Martin Luther affirmait que s’il fallait choisir entre un homme prudent (qui sait gouverner) et un homme vertueux (une bonne personne), et qu’on ne pouvait pas avoir les deux, alors il fallait préférer le prudent vicieux(sic) [Trump] au vertueux incompétent »(sic)[Biden].
Pour répondre à cela, rien ne permet d’affirmer que le « vertueux » (Biden) soit « incompétent » et rien n’empêche d’affirmer que « le vicieux » (Trump) ne soit aussi incompétent, si l’on juge la façon dont le sortant sorti a géré la pandémie [+ de 250;000 morts à ce jour et + 11613 de cas] et sachant que « le gros matou vulgaire » Trump n’avait aucune expérience politique, d’exercice de charge publique avant d’être président – maire, gouverneur, député ou sénateur – à part l’expérience du « business » – et aucune expérience de défense d’intérêts publics à part la défense de ses propres intérêts privés(5). [Note du 07/01/21 : D’autre part, le seul rappel des violences perpétrées au capitole, mercredi 06/01/21, en pleine session du congrès, par les supporters de Trump, excités par les accusations de celui-ci – non prouvées et démenties – de « fraudes électorales », suffit à décrédibiliser une telle affirmation, comme quoi Trump serait « le meilleur garant » d’un « ordre social chrétien »]
Et quant à invoquer Luther pour justifier le choix entre « le prudent » et « le vertueux »….Ce dernier est-il une référence en la matière ? Certes, Luther a su redécouvrir l’Evangile du salut par la grâce, par le moyen de la foi et pour la seule gloire de Dieu. « Dans le même temps », la réforme luthérienne s’est accompagnée d’une compromission complexe à assumer pour les générations à venir : notamment le massacre des paysans et des « schwärmer » [ou « exaltés », les « charismatiques » d’aujourd’hui], ainsi que la négociation permanente et la soumission des églises aux princes des länders allemands, pour « sauver sa réforme » (6).
Une telle distinction entre le vertueux et le prudent est-elle d’ailleurs biblique ? Un Pierre Mendès-France affirmait que « l’intégrité dans la vie publique est au moins aussi nécessaire que dans la vie privée », position rejoignant les Ecritures, lesquelles nous donnent à voir l’interpellation des puissants par les prophètes (dans l’AT et dans le NT – Jean-Baptiste face à Hérode), rappelant que la vie privée influe sur la vie publique.
Enfin, Etienne termine son argumentaire par un exemple historique particulièrement flippant : celui du « Bruderhof, une communauté anabaptiste de l’Allemagne des années 30. Au milieu d’une époque troublée, ils ont tâché de témoigner des vraies valeurs évangéliques à travers une vie communautaire simple et remplie d’hospitalité, digne du sermon sur la Montagne, etc. En 1937, quatre cents policiers nazis encerclèrent leur communauté, la pillèrent et leur apprirent qu’ils avaient quarante-huit heures pour quitter le pays ».
Moralité : Le « témoignage chrétien » ne serait donc « possible que sous un gouvernement de chrétienté » et « la pureté électorale est une stupidité si elle aboutit à l’interdiction de la piété chrétienne. Nous n’avons aucune garantie que nous supporterons bien la persécution : parfois une Église est comme régénérée sur les décombres de la violence, mais il y aussi et souvent eu des cas de persécution qui ont abouti à la destruction des Églises nationales (….) Au moment de décider pour qui voter, entre des vertueux persécuteurs [les Démocrates] et des chrétiens pervers [les républicains], il faut nous rappeler que notre souci n’est pas la fin des temps, mais la prochaine génération : aurai-je le droit de transmettre l’Évangile à mon fils ? C’est de cela dont je suis responsable [comme je suis aussi responsable de l’intégrité, sans compromis, ce que je transmets] ». En conséquence, prétend Etienne, « soutenir fortement un candidat qui a fortement démontré son attachement à une chrétienté n’est pas de l’idolâtrie : c’est du simple bon sens. N’appelez pas prostitution ce qui est instinct de survie ».
Raisonnement qui semble, effectivement « de bon sens », à la logique imparable.
Sauf qu’il était, à la base, impossible qu’un peuple sans armes, refusant la soumission à l’empereur tout-puissant de l’époque, ait pu diffuser en l’espace de 150 ans une proposition de foi complexe et exigeante. Et pourtant, cette foi s’est répandue dans tout le monde connu de l’époque, sans coercition aucune !
Rappelons-le : la violence des missions guerrières, « des croisades », de l’inquisition, des guerres de religion et autres chasses aux sorcières, est un phénomène tardif dans le Christianisme, qui n’arrive qu’après la « conversion compromission » de Constantin (lequel n’a jamais compris qui était le Christ et ce qu’était le Christianisme), quand l’Eglise s’unit à l’empire et donc à « César », au travers d’un empereur voulant gagner des batailles en peignant sur les boucliers de ses soldats le signe de la croix. Alors, certes, l’édit de milan (313 Ap JC) met fin aux persécutions des chrétiens, mais la « chrétienté », issue de cette alliance entre l’Eglise et César, est une horreur violente, tandis que la foi chrétienne première est un enthousiasme (et non euphorie) non violent. Le christianisme ne connaissait d’autre bouclier que celui de la foi et d’autre épée que celle de l’esprit pour régler ses conflits internes et externes. Au final, la trajectoire spirituelle offerte par le Christ est devenue le culte le plus étendu qui soit. Si les historiens, ethnologues et sociologues se demandent encore comment une telle entreprise a pu fonctionner, le croyant en Jésus-Christ est censé savoir que cette Parole, cette Bonne Nouvelle, s’est surtout répandue – pour arriver jusqu’à nous, au XXIe siècle – non pas grâce à la puissance et à la faveur de César, mais du fait d’une puissance d’en haut et de la faveur de Dieu. Les chrétiens et l’Eglise devraient être de ceux qui rappellent sans cesse, à la suite du Christ, que « César n’est pas Dieu » et que « Jésus seul est Seigneur » cf Luc 20v25 (7).
Et comme nous l’explique Nik Ripken dans son « Mes voies ne sont pas vos voies »(8), il existe un seul moyen pour éviter aux chrétiens la persécution : cesser d’annoncer que Jésus-Christ est (seul) Sauveur et Seigneur….
De fait, comment les chrétiens en particulier, et l’Eglise de Jésus-Christ en général, doivent-ils se positionner face à la tentation de « la chrétienté » ?
Dans « Etrangers dans la cité » de Stanley Hauerwas et William H. Willimon (Ed. du Cerf, 2016), deux pasteurs et théologiens méthodistes américains, il y est question de l’Eglise (celle de Jésus-Christ), laquelle est appelée par Son Seigneur à être visible d’une certaine façon, en étant ni « du monde » ou « hors du monde », mais bien « dans le monde ». En clair : l’Eglise ne doit plus avoir honte d’être l’Eglise, et les chrétiens doivent assumer le fait d’être « des exilés en terre étrangère »(9).
L’Eglise, quand elle est fidèle à Jésus-Christ » et au véritable Evangile, « s’oppose nécessairement au monde ». Notre fidélité à Jésus-Christ [et non à un messie politique], Notre seul Seigneur, peut nous exposer à être marginalisés, voire persécutés dans certains pays, quand nous refusons les compromis, les mensonges, les injustices auxquels ces pouvoirs cherchent à nous entraîner.
Willimon et Hauerwas nous invitent à nous poser les bonnes questions (non plus « devons-nous croire ? » mais « que devons-nous croire ? », op. cit., p63 et non plus « Dieu existe-t-il ? » mais « quel Dieu existe ? », op.cit., p164). Et à nous réjouir de ce que, « quelque part entre 1960 et 1980, un vieux monde dépassé (ait) pris fin, laissant la place à « un monde nouveau et excitant », « en attente d’être exploré »(op.cit., p53). « Le vieux monde » qui a disparu est « la chrétienté », ou « l’Église constantinienne » – marquée par une si étroite collaboration entre l’Église et l’Etat, que l’un et l’autre en sont confondus. Le christianisme a paru pendant des siècles en tirer profit par l’influence qu’il s’imaginait avoir sur le temporel. La disparition de ce régime a laissé désemparées plusieurs générations de chrétiens. « Le monde nouveau et excitant, en attente d’être exploré » est celui qui s’ouvre aux chrétiens, libres désormais de proclamer l’Evangile et d’incarner une véritable contre-culture, missions impossibles si « la tâche sociale de l’Église est d’être l’un des nombreux auxiliaires dociles de l’État » (op.cit. p. 85), ou si l’Eglise reste « le supplément d’âme de la société marchande » (op. cit., p 27).
Rejetant les compromissions et les impasses du sécularisme de l’Église « militante » (« libérale », « progressiste », oeuvrant à réformer la société) et de l’individualisme de l’Église « conversionniste » (« conservatrice », travaillant au changement intérieur des individus), l’une et l’autre n’ayant rien de sérieux (et de neuf) à dire à la société, Willimon et Hauerwas optent pour une Église confessante, qui n’est ni « le juste milieu », ni une synthèse des deux précédentes. Pour une telle église, « fidèle plus qu’efficace », être « le plus crédible » et « le plus efficace » ne consiste pas à rendre l’Evangile plus « crédible et compréhensible » pour le monde, au risque de dénaturer le message, mais à être « quelque chose que le monde n’est pas et ne pourra jamais être » sans le Christ (op.cit., pp 93-95) : « Ilot culturel au milieu d’une culture étrangère », l’Eglise ne doit pas œuvrer pour « améliorer » le monde, mais préparer le Royaume (ou Règne) de Dieu en bâtissant ce qui est « la stratégie sociale la plus créative que (les chrétiens ont) à offrir » (op. cit.p. 147), prémices d’une nouvelle création en Christ. L’Eglise n’a donc pas seulement une éthique sociale chrétienne : elle « est » une éthique sociale chrétienne, étant une communauté de foi vivante, visible et inspirante (certes, dans la faiblesse) où sont vécus les principes de vie du Règne de Dieu enseignés par Jésus dans le Sermon sur la Montagne.
L’Église n’a donc pas à s’inquiéter d’être « dans le monde » mais plutôt de savoir « comment » être dans le monde, « sous quelle forme et dans quel but ». Elle n’a pas non plus à choisir entre être ou « dans le monde et politiquement responsable » ou être « hors du monde et irresponsable, introvertie », estiment Stanley Hauerwas et William H. Willimon, dans Étrangers dans la cité.
A l’heure où certains chrétiens d’aujourd’hui en viennent à soutenir des leaders pourtant « extrêmes » dans leur discours, leur programme, et leur comportement personnel bien peu éthique/biblique, il est frappant de constater, comme nous y invitent notamment Stanley Hauerwas et William H. Willimon, que « l’Allemagne nazie fut un test dévastateur pour l’Église. Sous le IIIe Reich, l’Église était tout à fait disposée à « servir le monde ». La capitulation de l’Église devant le nazisme, son incapacité théologique à voir clairement les choses et à les nommer font [ou devraient faire] frissonner l’Église encore aujourd’hui. Pourtant, il s’en trouva quelques-uns pour se soucier de dire la vérité…. » (op. cit., pp 91-92), et pour « dire non à Hitler » – lequel Hitler, orateur de génie, s’était présenté « en tant que chrétien », dans son discours du 12 avril 1922, à Munich : « En tant que chrétien, mon sentiment me désigne mon Seigneur et mon Sauveur comme un combattant (…) En tant que chrétien, (…) j’ai le devoir d’être un combattant pour la vérité et la justice. (…) en tant que chrétien, j’ai aussi un devoir envers mon peuple » (10)
A ce propos, et comme fort à propos, je tombe sur un article de La Free.ch datant de 2016, lequel exhume un vieil article d’une revue évangélique, édifiante quant aux rapports entre les protestants et le IIIe Reich. Ce rappel, non pour dire que Trump serait « un Hitler » mais pour nous mettre en garde contre les messies en politique, quel que soit leur nom, et particulièrement ceux qui prétendent « défendre la chrétienté »(11).
Extrait : « Un premier indice de l’affinité de l’ensemble des protestants avec le nationalisme germanique apparaît déjà sous l’Empire allemand de 1871 à 1918. La monarchie prussienne, fondée sur une base idéologique et éthique proche du vieux protestantisme luthérien, passait pour être l’ « Empire protestant allemand ». Les idées sociales d’inspiration chrétienne, le pacifisme (on le taxait de blasphème), la libre-pensée et la démocratie étaient considérés comme des menaces auxquelles il fallait résolument s’opposer. La République de Weimar à partir de 1919 ne fut jamais véritablement reconnue par les chrétiens. Dans une allocution lors de la grande rencontre des Églises (Kirchentag) de 1919 à Dresde, le président de cette manifestation déclara: « La gloire de l’Empire allemand, le rêve de nos pères, c’est là que réside la fierté de chaque Allemand. » Pour cette raison de nombreux chrétiens essayèrent de défendre avec ardeur les valeurs et l’identité nationales. Ils se sentaient tenus à un programme national chrétien. La peur de la pensée libérale naissante et du bolchevisme russe, menaçant depuis la Révolution d’octobre 1917, poussèrent de nombreux chrétiens à se rapprocher du Parti ouvrier national-socialiste allemand (NSDAP), fondé en 1920. Le programme politique du parti d’Adolf Hitler promettait un retour aux valeurs chrétiennes et la constitution d’un rempart contre le communisme et contre les idées libérales. Les violences multiples contre ceux qui pensaient autrement, les déportations et les actes d’extermination, les Églises évangéliques ne les imputaient pas publiquement à la volonté d’Hitler, mais à des partisans dévoyés, enclins à l’exagération. Le régime national-socialiste réussit, fort bien et durablement, à éblouir les Églises évangéliques et à les abuser à son profit. En gage de reconnaissance, il octroya à ces Églises la possibilité d’évangéliser librement et de développer pleinement leurs activités chrétiennes. Les Églises évangéliques utilisèrent ces libertés gagnées et se rendirent utiles dans la lutte contre le bolchevisme et la libre-pensée. De leur propre gré et au profit de l’« autorité bienveillante ». Après la chute du IIIe Reich, la direction de la Fédération des Églises évangéliques (de tendance baptiste) déclara qu’un non à l’État et au pouvoir ne lui aurait été permis que si l’annonce de l’Évangile et la possibilité de mener une vie selon les principes chrétiens lui avaient été interdites. Cela n’avait jamais été le cas ! (…) En 1933, après la victoire du Parti national-socialiste, l’Église évangélique libre luthérienne loua cette accession au pouvoir comme un « engagement pour l’honneur et la liberté de l’Allemagne ». Elle fit l’éloge du NSDAP pour son « combat contre la saleté ». Les baptistes, dans le journal Wahrheitszeuge (Témoin de la vérité) parlèrent de l’accession d’Hitler comme de l’avènement d’un « temps nouveau » et vivement désiré. Les Communautés évangéliques libres firent l’éloge dans le journal Gärtner (Le Jardinier) du combat du NSDAP « contre la prostitution, contre l’habitude de fumer chez les femmes, contre le nudisme et contre les abus de la vie nocturne ». Lorsque des rumeurs d’exactions contre les juifs en Allemagne parvinrent à l’étranger, les Églises évangéliques allemandes les taxèrent immédiatement de « propagande scandaleuse ». (11)
Certains surent dire « non » à ce « big deal ». Représentatif de cette résistance spirituelle, un texte – cité par Stanley Hauerwas et William H. Willimon – est à découvrir absolument, puisqu’il garde toute son actualité aujourd’hui. Il s’agit de la déclaration de Barmen, principalement écrite par Karl Barth (avec la participation d’autres protestants allemands) en 1934, laquelle affirmait la position de l’Église confessante face à Hitler(12). Et une source d’inspiration pour l’Eglise soucieuse de son témoignage et de sa dignité : à savoir, ne pas dire « oui » à tout et à n’importe quoi/n’importe qui.
Conclusion :
Au final, je laisse le dernier mot à mon ami et frère Etienne : « ce qui m’intéresse ultimement, ce n’est pas de voter à droite ou à gauche : c’est de vivre une vie conforme aux valeurs de l’Évangile, et de pouvoir la transmettre à mes enfants [et aux autres ?] ». Pour cela, rajouterai-je, je serais alors soucieux de la prospérité de la ville où le Seigneur m’a exilé et j’ intercéderai pour elle auprès du Seigneur : sa prospérité est la condition de la mienne (Jer.29v7). Et mon soucis sera de veiller à ce que mon témoignage, comme à celui de l’Eglise, reste audible, fidèle et véritable : être « lumière » (et non « ténèbre ») du monde, « sel » et non « poivre » de la Terre. Ce qui impliquera de refuser les postures et crispations identitaires, comme de refuser tout retour, même par « pragmatisme », aux compromissions de l’église constantinienne mettant leur espérance en « un messie politique », « défenseur de la chrétienté » (13)
Aller plus loin : A lire, en réponse aux questions « Est ce qu’un chrétien peut s’engager en politique ? Est ce compatible avec les enseignements de la Bible ? »l’article rédigé pour le CPDH par Thierry Legall, directeur du Service Pastoral du CNEF auprès des Parlementaires.
Sans oublier« Evangéliser dans le contexte de la sécularisation » du « théologeek » Olivier Keshavjee, à lire sur son blogue : « La société sécularisée n’est (…) pas un espace neutre et libre dans lequel nous pouvons projeter le message chrétien. C’est un territoire occupé par d’autres dieux. Nous avons à faire à des principautés et pouvoirs ». Dans ce contexte, l’évangélisation consiste à annoncer« que le Royaume de Dieu s’est approché. Il ne s’agit pas d’une nouvelle ecclésiale, mais mondiale, publique. Ce n’est pas une question de « valeur », mais de « fait ». C’est une grande nouvelle, qui exige une réponse immédiate ». Et « l’évangélisation n’est pas juste une conversion individuelle, pas juste un moyen de croissance d’Église, pas juste prêcher et agir pour changer la société. Et ce n’est certainement pas un moyen de ressusciter la chrétienté en Europe, avec l’Église en position de pouvoir.Mais l’évangélisation pourrait mener à quelque chose de différent: une Europe qui soit une « société chrétienne », pas dans le sens où elle est dirigée par l’Église, ni dans le sens où tout le monde est chrétien. Une « société chrétienne » serait une société qui, après que des chrétiens aient pris sérieusement à bras le corps les conséquences (bonnes et mauvaises) de la modernité et leur aient confronté l’histoire chrétienne, serait telle que ceux qui occupent des positions d’excellence dans tous les domaines seraient façonnés dans leur vie publique par l’histoire chrétienne. Une société dans laquelle la véritable histoire a une place dans le domaine public. Que ceci soit le projet de Dieu ou non pour notre continent, notre tâche est la même. Dieu nous a confié une bonne nouvelle, la nouvelle qu’il règne ».
(5) L’historien Allan Lichtman, qui avait prédit la défaite de Trump en 2020, comme il avait prédit sa victoire en 2016 et la victoire d’autres candidats à la Maison Blanche depuis 1984, témoigne que Donald Trump l’avait félicité en 2016 pour avoir prédit son élection, mais sans avoir compris la signification des clés, « à savoir que c’est la gouvernance, et non la campagne électorale, qui a un impact sur l’élection. Et plutôt que de s’attaquer de manière substantielle aux défis, Donald Trump est revenu à son plan de match de 2016. Mais ça ne marchera pas. Lorsque vous êtes président, vous êtes jugé sur votre mandat » https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1737994/lichtman-trump-biden-election-modele-prediction
(13) Refuser les « Packaging identitaires » : vous défendez « les valeurs chrétiennes »– comprendre : « les principes bibliques de la famille et du mariage » – tout en étant opposé à l’avortement et l’euthanasie ? Vous êtes classés dans le camp « conservateur », mais devez prendre l’ensemble du « paquet » incluant le soutien au libéralisme économique, la libre circulation des armes à feu, un certain« climatoscepticisme » et une « hostilité à l’Obamacare ». A l’inverse, vous refusez la domination du « divin marché » et du libéralisme économique, défendant « la justice sociale », « le pauvre », « l’étranger », le précaire, et respectant l’environnement : vous vous retrouvez dans le camp « progressiste » et « relativiste » sur certains sujets de société, même si vous êtes favorable au mariage biblique. Une synthèse (être « conservateur » sur les sujets de société tout en étant sensible aux sujets plus sociaux et environnementaux) en accord avec la pensée biblique, ne serait donc « pas possible ». Pourtant, rechercher une position biblique équilibrée(les points « non négociables » ne sauraient se réduire à trois) ne devrait pas nous exposer à une récupération politique quelle qu’elle soit, même pour des questions de « survie »…
« Impossible » : jusqu’à ce que cela produit…(Source image : première de couverture du récit « Impossible » d’Erri de Luca, paru en 2020 chez Gallimard, « du Monde entier »)
Certains chrétiens (y compris en France) ont affiché leur déception et leur incompréhension suite à la défaite de leur candidat favori à l’élection présidentielle américaine du 3 novembre : « Et pourtant il y a eu plusieurs prophéties prédisant sa victoire » ; « et pourtant Dieu nous l’avait révélé » ; « et pourtant c’était le candidat qui défendait le mieux les valeurs chrétiennes »(sic) ; « je ne comprends pas le Seigneur dans ce résultat, mais c’est lui qui sait, c’est lui qui sait… ».
Soyons clairs : nous, français, comme les citoyens d’autres nations, ne sommes pas concernés par cette élection, à laquelle nous n’avons pas voté. Le Président des Etats-Unis n’est pas notre suzerain. Néanmoins, il y a là autant de questions interpellantes et édifiantes, susceptibles d’inspirer autant de remises en question salutaires, espérons-le.
Déjà, premièrement, quid du sérieux des fameuses « prophéties » ? La Bible, rappelons-le, définit un prophète authentique lorsque ce que ce dernier annonce se réalise. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il ne s’agit pas d’une parole du Seigneur. C’est par présomption que le « prophète » a dit cette « parole du Seigneur ». Nous ne devons pas nous laisser impressionner cf Deut.18v22(1).
Ensuite, quid de nos façons d’écouter Dieu ou de demander, en priant ? Demandons-nous pour savoir la vérité ou demandons-nous pour obtenir [voir arracher] confirmation de ce que nous croyons savoir ? Prendrions-nous nos désirs pour la réalité et notre volonté pour celle de Dieu ? Et si notre candidat battu n’était pas, en fin de compte, « le candidat des valeurs chrétiennes » (sic) ou « le champion de Dieu » ?
Autant de questions qu’il est essentiel de ne pas censurer.
Paul, dans sa deuxième lettre aux Thessaloniciens ch.2v2, nous demande de ne pas nous laisser facilement ébranlerdans notre bon sens. Dans certains cas, nous avons besoin de discernement spirituel et dans d’autres cas, quand la situation est tellement évidente, énorme même, nous n’en avons pas besoin : il suffit d’exercer notre « sobre bon sens » ou « bon sens équilibré ».
Et la question que peut se poser toute personne de bon sens est celle-ci : comment un chrétien peut-il soutenir un candidat dont la personnalité et le discours sont à ce point diamétralement opposés, en paroles et en actes, aux valeurs chrétiennes ? Comment peut-on considérer comme étant le candidat de ces mêmes « valeurs chrétiennes » quelqu’un d’aussi clivant que Donald Trump, lequel joue avec la vérité et les faits, au point de nier une pandémie (mettant en danger ses concitoyens, avec pour résultats + de 230.000 morts aux USA et + 9,968000 de cas, dont Trump lui-même) et de nier/chercher d’interrompre un processus électoral [au point d’inquiéter fortement Israël(2)], quand Christ est le « prince de paix », « la vie » et « la vérité » ?
Autres questions soulevant l’incompréhension : comment un mouvement censé être basé sur des principes chrétiens et fortement influencé par des préoccupations sur le comportement et la personnalité des candidats a-t-il pu contribuer à la victoire de Donald Trump [en 2016 et failli récidiver en 2020] ? Et comment d’un parti censé être le parti ayant « toujours défendu les valeurs chrétiennes », a pu émerger Donald Trump, milliardaire, trois fois marié et propriétaire de casinos et clubs de strip tease, aux propos outranciers, racistes [sur les « minorités ethniques »], extravagants, misogynes et marqués par des revendications arrogantes concernant ses adultères, niant « connaître le KKK tout en refusant de se prononcer au sujet de ce genre de groupes », comme de dénoncer le mouvement suprémaciste blanc…?
Lequel Trump a encore prétendu être « chrétien » mais sans avoir jamais eu besoin de se repentir de quoi que ce soit…mais avec « le droit absolu » [donc divin] de « se gracier lui-même ». Comment excuser un tel fantasme de toute puissance et une telle absence de crainte de Dieu ? (3)
Comment peut-on être évangélique et soutenir Donald Trump ?(4) Ce soutien sans faille apporté par les évangéliques américains à Donald Trump, lors de l’élection présidentielle du 03 novembre, pose question, à l’intérieur même des Etats-Unis, comme le souligne le mennonite Frédéric de Coninck dans une analyse publiée sur son blogue(5). Des chercheurs, dont Mokhtar Ben Barka de l’université de Valencienne(6), ou encore André Gagné, professeur titulaire au Département d’études théologiques de l’université Concordia, à Montréal(7), cherchent à comprendre le vote évangélique pour Donald Trump.
Mais, quel que soit le résultat du vote, les chrétiens américains sortent déjà perdants de cette élection, estiment plusieurs observateurs chrétiens, catholiques et protestants, avec un avertissement pour nous, chrétiens francophones.
Constater cela et le déplorer n’est pas “contraire à l’amour” : l’amour n’est pas une complicité avec les fautes objectives. Tirer au clair un problème est au contraire le moyen de le résoudre, et le don de repentance – après la conviction de péché, de justice, de jugement – accorde le pardon et la libération au pécheur. Il s’agit là de l’application difficile mais nécessaire de l’amour fraternel, comme nous y exhortent le Christ dans les Evangiles ou Paul, en 1 Corinthiens 13 par exemple. Notre Christianisme ne saurait être un « christianisme sentimental »(8), déconnecté du réel.
Dans « Perdre son vote ou perdre son âme ? »(9), une pertinente analyse (dont je vous recommande la lecture) publiée sur Le Verbe, excellent média catholique québecquois, Alex Deschênes relève que la façon dont cette élection s’est jouée outre-atlantique est édifiante à plus d’un titre, parce que nous, chrétiens, par ailleurs citoyens, « sommes aussi appelés régulièrement à participer à l’exercice démocratique. Et la façon dont, en tant que chrétiens, nous exerçons ce devoir civique est un enjeu plus grand que le nom du candidat qui l’emporte » [ou ne l’emporte pas].
Alex Deschênes confesse par ailleurs regarder depuis 2016, « avec beaucoup d’inquiétude la manière dont les catholiques américains participent à la démocratie ». Ce qui le préoccupe n’est pas tant pour qui ses frères et sœurs dans la foi votent, mais comment ils votent. « Le danger est, d’un côté, pour l’Église, de perdre son identité et sa vocation de prophète des nations et d’être ainsi divisée à cause d’allégeances politiques. De l’autre, de mettre son âme au ballot en même temps que son vote. Il y a toujours une grande tentation de chercher inconsciemment le salut à travers la politique », comme dans un messie politique, ce qui nous conduit à l’idolâtrie.« Mais comme l’exprime le théologien Brett Salkeld : « reconnaitre que le Christ est Roi devrait relativiser les prétentions des politiciens sur nos vies.
Le psaume 146 nous exhorte ainsi : « Ne mettez pas votre foi dans les princes : ce ne sont que des êtres humains, ils sont impuissants à sauver. » Et lorsque Jésus nous dit de donner à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, il ne s’agit pas seulement d’une invitation à payer nos dus à la société civile, mais plus radicalement de reconnaitre que César n’est pas Dieu. (…)Le danger ultimement est l’idolâtrie : transformer des politiciens en idoles. Quand un influenceur catholique prête allégeance à un candidat ou à un parti sans aucune retenue critique, quand un prêtre se fait photographier bien en vue avec son col romain dans un rassemblement partisan ou prêche en chaire en faveur d’un candidat, ou lorsqu’une religieuse délivre un discours dans un congrès officiel de parti, l’Église sacrifie sa voix de prophète et devient le valet d’un parti politique. Et les partis aiment ces blocs d’électeurs faciles à gagner et qui viennent à eux sans trop d’engagements de leur part.
Or, le prix à payer n’est pas le moindre, il s’agit de la crédibilité même de l’Église, de son autorité morale et de sa vocation prophétique [sinon, elle ne sera plus qu’un instrument à des fins idéologiques et partisanes]. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la loi canonique interdit aux prêtres de faire de l’activisme politique ».
Dans l’Eglise protestante, concernant le vote, il n’y a pas d’autre autorité que la Parole de Dieu telle qu’elle se donne à entendre dans la Bible. Il n’y a pas de magistère qui dirait du haut de la chaire comment être un « bon » chrétien, que ce soit au niveau de la foi, de la piété, de la morale, de la politique, etc. Car aussi Dieu peut s’adresser à chacun de manière différente. On parlera alors plus volontiers d’une « éthique de la responsabilité » : chacun est responsable devant Dieu des choix qu’il pense être les meilleurs, les plus fidèles à l’Évangile. Tout discours ou décision qui irait contre la seule autorité des Ecritures bibliques, la Parole de Dieu (sola scriptura), serait nul et non avenu .
Un « chrétien d’étiquette » : ça n’emballe pas ! (Source image : public domain pictures)
Donner son vote à un candidat qui fait état de sa foi chrétienne et se présenterait comme « le candidat des valeurs chrétiennes » supposerait: 1) qu’il dit vrai ! Et qu’il ne cherche pas simplement à gagner la confiance d’une partie de l’électorat (cela s’est vu en bien des lieux du monde et certains chrétiens ont refusé d’être instrumentalisé à cette fin). 2) qu’il existe un parti exclusivement « chrétien », une politique « chrétienne », autrement dit une façon « chrétienne » de gouverner, des choix « chrétiens » en matière économique, sociale, écologique, éthique…
S’il n’y a pas de « politique chrétienne », il y a, en revanche, une manière chrétienne de faire de la politique : par exemple, le refus d’exercer le pouvoir à son profit (ou de s’accrocher au pouvoir), le respect des règles [par exemple, un processus électoral] et de la vérité [et non « vérité alternative »], le sens du service et du bien commun, le souci des plus faibles…
D’autre part, on trouve des chrétiens engagés dans des formations politiques aux options presque diamétralement opposées. Et ceux qui proclament que l’Evangile serait « de gauche » ou « de droite » me paraissent bien téméraires.
Au cours de la campagne Donald Trump avait souvent accusé son adversaire d’être “opposé à Dieu”. Or, Joe Biden et Kamala Harris, respectivement nouveaux président et vice-président américains, sont des chrétiens [catholique pour le premier et évangélique baptiste pour la seconde] qui affichent leur foi.
Lors de son discours samedi soir, le président élu, qui descendrait aussi de huguenots français, a évoqué à de multiples reprises sa foi personnelle, citant même un hymne religieux “On Eagle’s wings”, un chant important pour sa famille et pour son fils Beau, décédé d’une tumeur au cerveau en 2015. Samedi, Joe Biden a conclu son discours en racontant que son grand-père lui disait toujours de “garder la foi”, tandis que sa grand-mère l’encourageait, elle, à la “propager”. Il a cité la Bible (Ecc.3v1-3) : « il y a un temps pour détruire et un temps pour reconstruire. Un temps pour guérir. Ce moment est venu. » Une citation pertinente dans le contexte d’une Amérique profondément polarisée et divisée. Selon Richard Mouw, ancien président du Fuller Theological Seminary, membre du Pro-Life Evangelicals pour Biden, cité par Christianity Today, le nouveau président Biden est considéré comme ayant une foi authentique. «Il n’est peut-être pas le catholique conservateur que beaucoup d’évangéliques voudraient qu’il soit, mais quand il parle de sa foi, cela sonne vrai. », témoigne-t-il à CT(10).
Alors que l’insistance dangereuse de Donald Trump pour l’arrêt du dépouillement et ses accusations sans preuves de fraude provoquent des inquiétudes et font écho à Jérusalem(11), Joe Biden est considéré comme un véritable ami de l’État juif, comme les amis et même les adversaires politiques du nouveau président élu en conviennent. Particulièrement pro-sioniste, Biden a été élevé par des parents catholiques qui soutenaient fermement Israël et lui ont inculqué un grand respect pour l’État juif.
Quant à Kamala Harris, elle a épousé un Américain de confession juive, très attaché à Israël(12). Pour celle-ci, évangélique baptiste, «la foi doit s’incarner en actes» : comme nous le rapporte le site Réformés.ch, elle a accepté de répondre à différentes questions relatives à sa foi personnelle, notamment les liens profonds entre ses croyances et son engagement politique(13).
Il est donc faux de penser qu’un parti aurait le monopole de la foi chrétienne.
Alors, certes, parmi les catholiques américains, les positions de Joe Biden en faveur de l’avortement et du mariage entre personnes de même sexe cristallisent de très nombreuses critiques. Aux États-Unis, l’épineuse question du droit à l’avortement reste extrêmement polarisante, et oriente pratiquement à elle seule le vote des chrétiens(14).
« Sauf que [comme déjà souligné plus haut] le vote est une affaire de jugement prudentiel et un tel jugement ne consiste pas uniquement en une hiérarchie de valeurs. Si le vote était un référendum sur un bien moral, le choix s’imposerait à toute conscience bien formée. Mais il n’en est pas ainsi », constate encore Alex Deschênes(15).
« Il ne s’agit même pas de décider quelle valeur prime sur toutes les autres. Puisque, même en défendant les mêmes valeurs (celle notamment de la dignité de la vie intra-utérine) deux personnes peuvent arriver à des positions différentes, tout en étant tous les deux « pro-vie » et convaincus des bonnes raisons philosophiques (et pas seulement religieuses) pour rendre l’avortement illégal ».
Ainsi, un chrétien pourrait arriver à la conclusion que la meilleure façon de mettre fin à l’avortement serait de mettre en place des juges à la Cour suprême ou de légiférer à ce sujet, alors qu’un autre pourrait penser qu’avec une nouvelle majorité de juges conservateurs à la Cour suprême, nul besoin de Donald Trump [un candidat « bien peu catholique » en paroles et en actes] pour faire avancer la cause pro-vie et que le moyen le plus efficace pour réduire le nombre d’avortements serait d’alléger la pauvreté et d’offrir plus de soutien aux femmes enceintes, ou encore de miser sur l’éducation, la prévention, d’assurer l’accès égal des soins à tous (ce qui implique de ne pas s’opposer à toute réforme de couverture santé publique)….
« Je vais sauver notre mariage », « Tu vas arrêter de boire, de me tromper, de me battre et tu vas consulter? », « Mon Dieu non ! Je vais voter pour interdire le mariage gay ! »
Alors, Il est vrai que les questions liées à l’avortement, au mariage et à l’euthanasie, engagent, et pour longtemps, des choix de société dont la facture se paiera dans une ou deux générations. Une discussion autour de l’avortement est absolument essentielle et elle ne doit pas cesser. Faut-il pour autant faire de ces sujets l’alpha et l’oméga du choix à faire devant l’urne ? Faut-il insister davantage sur les deux extrémités de l’existence terrestre au point d’occulter tout ce qu’il y a entre deux, c’est-à-dire, en l’occurrence, des dizaines de millions de citoyens vivants ?
Il ne serait donc pas pertinent, pour les chrétiens, de sacrifier toutes leurs autres valeurs pour ce seul enjeu, car il y a d’autres moyens d’être pro-vie : dans une vision éthique pro-vie globale(16), « la culture de vie » ne se limite pas à condamner l’avortement et l’euthanasie. Être pro-vie c’est reconnaitre la dignité de tous les êtres humains, dans tous les domaines et à toutes les étapes de la vie. Ainsi, être « pro-vie », c’est aussi lutter contre le racisme et la xénophobie ou l’exploitation des salariés, défendre les droits du migrant (et ne pas réduire celui-ci à un voyage qu’il a fait), promouvoir l’écologie/le respect de la création, l’impartialité et l’indépendance de la justice, la santé, l’éducation….
En 2100, la Terre privée d’ours polaires* Dessin de Kal. Courrier international, 15/11/04 L’Arctique fond à grande vitesse ! Les pôles dégoulinent ! Un désastre écologique menace ! « Les mecs… je l’sens pas. Personne ne fait attention à nous, les ours polaires ! — Non ! — Tu rigoles ! — Qu’est-ce qu’on fait ? — Faut trouver quelque chose qui attire l’attention des gens… — Quelque chose d’irrésistible ! » Crise morale en Arctique ! Droit au mariage pour les ours polaires gay ! Un Esquimau antiavortement avalé par un épaulard gauchiste !
Se déclarer « pro-vie » implique aussi une certaine cohérence.
Car si nous ne pouvons pas supporter la vie dans toutes ses étapes, cela n’a aucun sens de se concentrer sur le seul avortement. Et comment se déclarer « pro-vie », tout en défendant le « business » et l’industrie de la mort » soutenu par le lobby pro-armes, vu le nombre de morts par fusillades, notamment dans les écoles, les collèges et les lycées ? Tuer un homme n’est pas seulement tuer un homme, c’est tuer le genre humain. Et tuer des enfants, des jeunes, par balles, c’est aussi tuer des nations.
C’est là effectivement « ouvrir des portes » sur un plan spirituel. Banaliser le racisme, la xénophobie et exalter le nationalisme [la nation placée en absolu, plus haut que Dieu], comme banaliser le mensonge en sacrifiant la vérité ou bénir le déni du réel, aussi.
« L’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité » est celui qui s’est débarrassé du mensonge et qui vit cette exhortation de l’apôtre Paul : « que chacun dise la vérité à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres » (Eph 4v24-25).
Il sait que « l’amour ne ne se réjouit pas de l’injustice mais trouve sa joie dans la vérité » (1 Cor.13v6), que « nous avons purifié nos âmes en obéissant à la vérité, pour pratiquer un amour fraternel sans hypocrisie » (1 Pie.1v22), que « Dieu est lumière » et qu’ « il n’y en a en lui aucune ténèbres » (1 Jean 1v5-7) et que « le SEIGNEUR (notre) Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, l’impartial et l’incorruptible, qui rend justice à l’orphelin et à la veuve, et qui aime l’émigré en lui donnant du pain et un manteau. Vous aimerez l’émigré, car au pays d’Egypte vous étiez des émigrés. C’est le SEIGNEUR ton Dieu que tu craindras et que tu serviras, c’est à lui que tu t’attacheras, c’est par son nom que tu prêteras serment » (Deut.10v17-20), sachant que l’on ne saurait soulever le nom de l’Eternel (notre) Dieu [l’invoquant comme garant de témoignage ou d’affirmation ou de soutien à une cause] pour l’imposture, car n’absoudra pas l’Eternel celui qui soulèvera son nom pour l’imposture » (Deut. 5v11).
Existe-t-il un « vote chrétien » ? Jésus serait-il le « président d’honneur » d’un parti quelconque ? (Source : « Mockingbird »)
Pour un témoignage fidèle, véritable et audible, les chrétiens ont ce devoir d’intégrité, d’impartialité et d’indépendance, sans oublier la crainte de l’Eternel, pour être véritablement cette voix prophétique dans le monde : « Mes frères, ne mêlez pas des cas de partialité à votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus Christ » (Jacq.2v1). De même que ce qu’annonce le prophète véritable arrive vraiment, le message du prophète incite à un retour au « Dieu véritable ». A l’inverse, « s’il dit Suivons et servons d’autres dieux, tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète » (Deut 13v2-6).
Il est essentiel de garder à l’esprit, qu’en tant que chrétiens, nous n’adorons que Dieu, et nous refusons d’adorer ou de sacraliser les pouvoirs qui prétendent prendre sa place dans le coeur et la vie des hommes : pouvoirs totalitaires idéologiques, religieux, politiques (« Messie politique »), économiques (Mammôn)… « Nous pouvons avoir nos propres convictions politiques, mais notre foi ne se résumera jamais à ces options, lesquelles nous met, d’ailleurs, toujours en porte à faux avec un mouvement politique quel qu’il soit. Ce n’est pas forcément confortable, mais le chrétien est toujours un peu ailleurs », ajoute encore Frédéric de Conninck(17). A l’image de Jésus-Christ qui a refusé le pouvoir qui lui était offert par les hommes (et le Diable!), et a choisi de régner dans l’abaissement de la croix, les chrétiens ont un rôle essentiel à jouer : rester vigilants à l’égard de toutes les dérives auxquelles le pouvoir peut conduire, plutôt que de cautionner ou d’excuser sans cesse de telles dérives, comme si la fin justifiait les moyens.
C’est ainsi que notre fidélité à Jésus-Christ [et non à un messie politique], Notre seul Seigneur, peut nous exposer à être marginalisés, voire persécutés dans certains pays, quand nous refusons les compromis, les mensonges, les injustices auxquels ces pouvoirs cherchent à nous entraîner. Mais nous n’avons rien à craindre, puisque le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, proclame la victoire du Christ crucifié et ressuscité, à laquelle nous sommes associés. C’est en cela que nous devons mettre notre confiance et notre espérance, et non dans le résultat d’une élection, que celui-ci annonce la victoire ou la défaite d’un candidat. Mieux vaut perdre un vote que perdre son âme.
En guise de conclusion :
Un nouveau président a été élu : les partisans du sortant battu doivent en faire leur deuil, et comprendre qu’il convient de prier pour le nouveau chef de l’Etat, ainsi que pour l’unité, la paix civile et la guérison de leur pays.
« C’est aussi », comme nous invite le pasteur Gilles Boucomont, « au nom de l’évangile que nous devons réhabiliter la considération pour les institutions politiques, car sans cette considération et ce respect, rien ne peut fonctionner (…) Jésus n’a pas voulu de ces royautés temporaires et temporelles. Et pourtant il a habité cette figure du roi, il s’est prêté au jeu de l’entrée à Jérusalem, avec le prix qu’il devra payer pour cette audace… Son autorité est d’un autre genre. Elle ne jette aucun discrédit, au contraire, sur les pouvoirs humains, mais le Royaume dont il est roi n’est pas de ce monde. Comment prendrons-nous au sérieux l’autorité de Dieu si nous avons été structurés dans la contestation de l’autorité de l’Etat ? Comment grandirons-nous dans la foi en Dieu le Père, si les figures de la paternité sont toutes détruites, dans une vague d’extermination massive, et que trop peu de nos enfants ne savent vraiment ce qu’est un père ? Comment pourrons-nous annoncer une parole sur la Paix qui vient de Dieu si les uns et les autres n’ont pas goûté à la paix même imparfaite d’une société apaisée ? Celui qui est entré à Jérusalem, qui est passé par le mont Golgotha et qui est sorti du tombeau appelle aujourd’hui des personnes à laisser tomber l’agitation de leurs rameaux [cf la parabole des arbres en quête d’un roi en Juges 9v7-15] pour habiter les figures de la paternité, militer pour la paix, et s’engager dans la réhabilitation des structures de nos sociétés où les institutions ont été discréditées. Que Dieu nous donne de comprendre la nature des enjeux prophétiques de ces guérisons collectives que nous avons à vivre » (18)
« Nous pouvons réellement participer au changement que nous espérons pour notre monde, si nous laissons Dieu changer d’abord notre cœur » : une très belle conclusion aux accents évangéliques, de la part du catholique Alex Deschênes ! (19)
(2) « L’insistance dangereuse de Donald Trump pour l’arrêt du dépouillement et ses accusations sans preuves de fraude provoquent des inquiétudes et font écho à Jérusalem, sachant que l’engagement de l’Amérique en tant que force de stabilité et de liberté, dans le respect des institutions et du processus démocratique, est un élément essentiel de la défense stratégique d’Israël » cf https://fr.timesofisrael.com/attaque-intolerable-de-trump-contre-la-democratie-et-ses-repercussions-en-israel/
Donald Trump se présente également comme « un croyant »….en la « positive theology » (« la théologie positive ») du révérend Norman Vincent Peale, qui « enseigne que : Dieu est facile à connaître, la Bible se résume facilement, le Christ donne le pouvoir de réussir. « Je suis un succès », faut-il se rappeler sans cesse ». Une foi qui ressemble plus à une « absolue confiance en soi » (ou en l’homme) qu’en une véritable confiance dans le Dieu véritable.