« Foireux liens » de septembre (29) : services publics, bioéthique, lobbying, démocratie…

« Ça coûte un pognon de dingue » aurait pu être le sous-titre du rapport du comité Action publique 2022 (et ses 22 propositions pour économiser une trentaine de milliards d’euros dans la sphère publique), sorti dans une indifférence quasi générale à l’heure où l’affaire Benalla focalise l’attention des Français, des journalistes et des organisations politiques…..

Les « Foireux liens » font leur rentrée ! Je suis certain que vous êtes impatients de les retrouver !

Au menu d’une sélection particulièrement dense (bien entendu, à ne pas lire d’une traite et de façon superficielle) : de grandes enquêtes – sur les enseignants et la laïcité, les multinationales et le lobbying ; des analyses sur le travail du dimanche, la puce électronique ; le très attendu – ou redouté – rapport du comité Action publique 2022 – et ses 22 propositions pour économiser une trentaine de milliards d’euros dans la sphère publique, la démission de Nicolas Hulot et la crise écologique, l’antisémisme et l’extrême-droite en Europe, « le macronisme » et la question de la séparation des pouvoirs en France, les enjeux bioéthiques….

Bonnes lectures !

 

1) Une grande enquête sur les enseignants et la laïcité

Le Comité Nationale d’Action Laïque (CNAL) – créé en 1953, qui rassemble les parents d’élèves de la FCPE, la fédération des DDEN, la Ligue de l’enseignement, le syndicat Unsa Education et le syndicat SE-Unsa – a mené une grande enquête sur les enseignants et la laïcité. Un sondage réalisé par l’Ifop auprès d’un échantillon représentatif de 650 enseignants en janvier 2018 permet d’obtenir des statistiques sur le vécu des professeurs du primaire et du secondaire, qu’ils exercent en REP ou non. Ce sondage a été complété d’une enquête qualitative menée par le CNAL auprès de 1 000 enseignants pour affiner les résultats.

2) Serons-nous demain « biopucés » ?

Il y a quelques années de cela, Eric Lemaître publiait sur un réseau social un texte portant sur l’émergence possible d’un identifiant cutané susceptible demain d’opérer une forme de contrôle des populations. Ce texte avait alors surpris un de ses amis, persuadé qu’il se laissait « conquérir, voir même vampirisé » par un quelconque site complotiste. Il revient aujourd’hui sur le sujet, sous une forme documentée, étayée et argumentée, à découvrir sur son blogue « Déconstruction de l’homme »(par ailleurs notre partenaire). Ainsi, au-delà d’une amusante « anecdote domestique »(le refus de faire tatouer électroniquement son chat Noé), voici comment subrepticement l’idée d’une puce électronique semble faire son chemin en Europe, n’ayant besoin d’aucun site complotiste pour en faire sa promotion.

3) « Service public, se réinventer pour mieux servir » : les 22 propositions « pour changer de modèle » du Comité Action public 2022

Le gouvernement voulait le garder secret, les médias (Le Figaro, Les Echos…) en avaient révélé certaines parties, le syndicat Solidaires Finances publiques – un syndicat de Bercy – l’a publié le 20 juillet. De quoi s’agit-il ? Du très attendu – ou redouté – rapport du Comité Action publique 2022 – et ses 22 propositions pour économiser une trentaine de milliards d’euros dans la sphère publique – désormais disponible. « Ca coûte un pognon de dingue » aurait pu être le sous-titre de ce rapport sorti dans une indifférence quasi générale, à l’heure où l’affaire Benalla focalise l’attention des Français, des journalistes et des organisations politiques. Pourtant, ce rapport, saturé par la terminologie managériale (viser la rentabilité et l’efficacité, ou « faire mieux en dépensant moins ») et d’inspiration néolibérale (visant le « moins d’Etat ») correspond à une véritable feuille de route pour le reste du quinquennat.

4) Noter ou ne pas noter à l’école ? Et si nous nous trompions de question ? 

La note à l’école fait régulièrement débat sous nos latitudes. D’un côté, on la condamne, car non seulement elle serait subjective, mais elle démotiverait les élèves, les humilierait, et servirait des finalités telles que la préservation des élites ou le maintien d’un pouvoir de l’enseignant sur sa classe. De l’autre, on la plébiscite, arguant notamment qu’elle donnerait des messages clairs, participerait à encourager une émulation au travail et récompenserait les méritants. Ces arguments, qu’ils soient représentatifs d’idées reçues ou issus de résultat de recherches, sont aujourd’hui devenus des poncifs qu’il s’agit de dépasser. Ultime déclinaison de cet affrontement, se demander s’il faut garder ou remplacer la note à l’école par un système alternatif est aujourd’hui un faux problème. Explications.

5) Selon une étude, 50 % des offres de Pôle emploi sont illégales voire inexistantes

Le Comité national des travailleurs privés d’emploi et précaires (CNTPEP-CGT) vient de publier les résultats d’une étude réalisée les 30 et 31 août 2018, portant sur les offres disponibles sur le site internet de Pôle emploi. Résultat : sur les 1708 offres étudiées, 50% contenaient, selon cette étude, des mentions illégales. « Cela signifie que ces annonces contreviennent au code du travail, mais aussi au référentiel interne de Pôle emploi qui reprend cette réglementation en y ajoutant quelques précisions techniques », précise Tennessee Garcia, coordinateur de l’étude et membre de la CGT.

6) Près de Rennes, 100 salariés de Cora manifestent contre le travail du dimanche

Et ce, devant des clients plutôt solidaires.

Le travail du dimanche, ce « serpent de mer » des débats publics, a à nouveau refait surface pendant l’été : Dans une tribune parue le 19 août dans le JDD, plusieurs députés de La République en marche (LRM) plaident pour un nouvel assouplissement de la législation encadrant le travail dominical. Or, les possibilités de dérogation à la législation encadrant le travail dominical, qui concerne un salarié sur cinq, sont déjà nombreuses, mais sans que des éléments objectifs ne viennent démontrer son bénéfice. On manque en effet d’un bilan officiel, car les derniers chiffres remontent à mars 2017. L’impact de la loi de 2015 sur le chiffre d’affaires et sur les créations d’emplois reste méconnu. Avant d’aller plus loin, un nouveau bilan serait utile.

7) Le véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises 

L’Observatoire des multinationales (site d’investigation et de veille citoyenne sur les grandes entreprises françaises et leurs impacts sociaux, environnementaux et politiques partout dans le monde, lancé depuis 2013 par l’association Alter-médias, qui publie également le site d’informations Basta !) rend public le premier « véritable bilan annuel » des multinationales françaises. Cet exercice inédit permet à tout un chacun d’examiner ce que font réellement les grandes entreprises françaises dans des domaines aussi divers que le partage des richesses, la protection du climat, les droits des travailleurs, le lobbying ou la santé. Le rapport est à consulter ici.

8) Lobbying : comment les entreprises font leur loi en influant sur le Conseil constitutionnel et le Conseil d’Etat

Mal connus du grand public, Conseil d’État et Conseil constitutionnel disposent d’un pouvoir considérable sur le destin des législations fiscales, sociales ou environnementales. Les milieux d’affaires l’ont bien compris, qui ont réussi à se saisir de ces institutions pour imposer en toute discrétion une protection de plus en plus forte de la « liberté d’entreprendre » et des « attentes légitimes » des titulaires de droits de propriété contre toute réforme qui nuirait aux intérêts des multinationales et des investisseurs. Plongée dans un lobbying peu connu, mais extrêmement efficace pour les entreprises.

9) Lobbying (bis) : un document révèle comment les multinationales entravent toute action climatique ambitieuse

Derrière leurs beaux discours publics sur le climat, les multinationales continuent à s’opposer à tout objectif ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nouvelle illustration avec un document interne de BusinessEurope, le plus important lobby patronal européen regroupant tout le gratin des multinationales du vieux continent, mais aussi des États-Unis. Ce document interne révélé par Greenpeace montre comment BusinessEurope, actuellement présidé par Pierre Gattaz, ancien patron du Medef, entend faire capoter le projet d’introduire des objectifs climatiques plus ambitieux au niveau de l’Union européenne à l’horizon 2030.

10) Démission de Nicolas Hulot : réactions de protestants

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a annoncé sa démission mardi 28 août. Réactions de deux protestants engagés sur les questions écologiques : Martin Kopp, Président de la commission écologie et justice climatique de la Fédération protestante de France (FPF) et Silvère Lataix, Coordinateur du réseau « Bible et Création » de l’ÉPUdF.

Voir aussi le verbatim de l’interview de Nicolas Hulot sur France Inter ; ou encore la note de blogue de « Phylloscopus », naturaliste catholique« Démission de Nicolas Hulot: n’attendons rien, exigeons tout ».

11) L’inaction en matière climatique : nouvelle cause de mal-être individuel et de défiance sociale ?

Après un été éprouvant marqué par des épisodes caniculaires dévastateurs, la rentrée politique et sociale française aura été placée sous le signe de la crise écologique : démission de Nicolas Hulot, suivie d’une mobilisation citoyenne sans précédent lors de marches « pour le climat », organisées un peu partout en France le 8 septembre dernier. Dans ce contexte où les préoccupations environnementales deviennent centrales, il est intéressant de relire les résultats 2017 de l’enquête sur les représentations sociales de l’effet de serre et du réchauffement climatique, conduite chaque année par l’Ademe depuis l’an 2000.

12) Ingérences de l’Elysée sur le Parlement : tout le monde s’en fout ?

Ferrand au Perchoir parce que Macron en a décidé ainsi ? L’Elysée qui interfère dans l’affaire Benalla ? Des faits d’ingérence dont personne n’est dupe, qui passent comme une lettre à la poste et qui pose la question de la séparation des pouvoirs.

13) Entretien avec Luc Rouban à propos du « Paradoxe du macronisme »

Luc Rouban est politologue, directeur de recherches au CNRS et rattaché au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Il vient de publier Le paradoxe du marcronisme dans lequel il s’attache à décrypter ce qu’est réellement ce mouvement. Il a accepté de répondre à quelques questions pour « Nonfiction », pour présenter son livre.

14) Les démocraties « illibérales » et le vote

L’expression de « démocratie illibérale » a fait son apparition dans le lexique des régimes politiques. Elle a des allures d’oxymore tant il semble contradictoire qu’une démocratie ne soit pas libérale. À moins qu’au rang des objets flous, elle ne se situe dans ce qu’on appelle les zones grises. Les États qui occupent cette zone grise qui s’étend aujourd’hui, sont un défi bien plus grand pour les démocraties qui se sont astreintes à des règles strictes de probité électorale, que ne le sont les régimes qui s’affranchissent de toute consultation électorale sous couvert de pouvoir populaire. Ainsi de la Russie à l’Iran, du Venezuela au Nicaragua, au moins un point commun réunit ces régimes différents et d’autres : les élections y sont une compétition à faible incertitude. À la différence des régimes qui, ne se réclamant pas des suffrages, ne peuvent être taxés de tricherie, les démocraties illibérales adaptent les règles à leur avantage tout en violant les règles de droit, ou en les accommodant à leur façon. Pour employer une métaphore sportive, on pourrait parler d’absence de fair play…….Suite de l’analyse d’Alain Garrigou sur son blogue « Régime d’opinion ».

15) Face au cas Orban, l’urgence de refaire de la politique en Europe

Le Parlement européen a dénoncé, mercredi 12 septembre, les « risques de violation de l’État de droit » en Hongrie, et demandé aux États membres de déclencher l’article 7 de l’Union à l’encontre de Budapest. Cette procédure a déjà été mobilisée contre la Pologne, fin 2017, par la Commission, pour les mêmes raisons de fond : une dérive autoritaire contraire à l’esprit démocratique et libéral de l’Union européenne, qui réduit la liberté d’expression et bafoue la séparation des pouvoirs. Viktor Orban ajoute aux charges retenues contre lui « corruption et conflits d’intérêts », atteintes au « fonctionnement du système constitutionnel et électoral », menace contre « l’indépendance de la justice », les libertés individuelles et les droits des réfugiés. Le vote du 12 septembre (448 voix pour, 197 contre, 48 abstentions) montre certes que les démocrates existent encore en Europe. Mais il témoigne surtout des difficultés traversées par l’Union.

16) Montée des violences d’extrême-droite : le rôle déterminant des campagnes de haine sur les réseaux sociaux

Depuis dix jours, la ville de Chemnitz, en Saxe, est devenue le lieu de rendez-vous pour tout ce que l’Allemagne compte de militants d’extrême-droite, identitaires ou ouvertement néo-nazis. Ils s’y livrent à des manifestations et à de véritables chasses au réfugié. Ces violences ont été précédées de campagnes de haine orchestrées en ligne. Des études récentes montrent à ce sujet que plus la xénophobie et la haine verbales sont diffusées via les réseaux sociaux, plus elles facilitent le passage à l’acte dans la vie réelle.

17) Comment Steve Bannon veut conquérir l’Europe

Le plan de l’ancien stratége de Donald Trump est de bloquer l’Europe dès 2019. Comment ? En faisant élire un maximum de candidats d’extrême droite euro-sceptiques. Il compte donc bien faire adhérer ses éventuels gouvernements ou partis alliés à son nouveau mouvement, sa fondation, baptisée « Le Mouvement ». Steve Bannon est convaincu que les prochaines années vont voir l’arrivée massive des populistes au pouvoir en Europe.

18) Le conseil évangélique de Donald Trump accusé d’opacité

Une organisation qui s’est donné pour mission de contrôler les relations entre Église et État exige qu’on mette fin aux rencontres entre l’administration Trump et un groupe informel de conseillers évangéliques qui s’avèrent être les supporters les plus ardents du président. Les Américains unis pour la séparation de l’Église et de l’État affirment que le groupe est en violation avec l’Acte fédéral du Comité de conseil (FACA), une loi de 1972 qui prône la transparence et définit les normes procédurales pour les comités qui se forment pour rencontrer l’exécutif. L’organe de contrôle veut mettre fin aux rencontres de ce groupe et à leurs activités de conseil «sauf si et jusqu’à ce que» celui-ci se conforme à la loi.

19) Colloque théologique sur l’antisémitisme organisé par le CNEF à Paris

Conscients des enjeux liés à la montée de l’antisémitisme, les chrétiens ne sauraient rester indifférents. D’abord parce que l’impératif biblique de l’amour du prochain les invite à prendre la défense de tous ceux qui sont objet de haine. Ensuite parce que les disciples du Christ ont une dette à l’égard des israélites exprimée par Jésus en une formule : « Le salut vient des juifs ». C’est pourquoi le CNEF (Conseil national des évangéliques de France) organise un colloque théologique sur le sujet le vendredi 5 octobre, de 10h00 à 16h00, à Paris. Avec les théologiens J. Buchhold et E.Van de Poll, l’ethnologue Frank Labarbe, l’historienne A. Wievorka, le professeur JP Mahé…Entrée libre mais inscription obligatoire.

20) Le philosophe Olivier Abel interroge les fake news : comment comprendre ce phénomène, ces rumeurs qui intoxiquent la société ? (Ré)écouter l’émission diffusée le 30 août sur Radio Alliance, radio associative animée par des professionnels et des bénévoles.

21) Ce que valent nos adresses lorsque nous signons une pétition

Dès qu’il nous semble possible d’avoir une action sur le monde avec un simple clic, nous signons des pétitions. Il ne nous semble pas trop grave de fournir notre adresse mail pour vérifier la validité de notre signature. Mais c’est alors que des plateformes comme Change.org font de notre profil leur profit… Car ce que les signataires ne savent pas toujours, c’est que Change.org n’est pas une organisation caritative ou une ONG, mais bien une entreprise. Et son modèle économique repose sur la vente des données personnelles des utilisateurs, révèle, chiffres à l’appui, la journaliste de l’Espresso Stefania Maurizi dans cet article datant du 18 juillet 2016 et disponible en français sur Framablog.

22) Médias français : qui possède quoi ?

Voici une carte du paysage médiatique français, fruit d’un partenariat entre Acrimed et Le Monde diplomatique, qui permet de démêler l’écheveau des concentrations dans la propriété des grands médias.

23) Droit d’auteur : une réforme contestée de la directive européenne

Le 12 septembre 2018, le Parlement européen a voté en faveur de l’ouverture de négociations en vue d’adopter la directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique (« directive copyright »). Les eurodéputés avaient précédemment voté contre ce mandat de négociation lors de la session de juillet 2018.

Voir aussi : Directive droit d’auteur : l’industrie culturelle et la presse réclament les miettes de l’économie de la surveillance de masse (le communiqué de La Quadrature du Net, association qui défend les droits et les libertés fondamentales à l’ère du numérique et propose des alternatives « pour un internet libre, décentralisé et émancipateur »)

Le 12 septembre 2018, le Parlement européen vient d’adopter la directive droit d’auteur, qu’il avait pourtant repoussée une première fois cet été. En ayant fait adopter cette directive, les industries culturelles et de la presse réclament les miettes de l’économie de la surveillance de masse. Plutôt que de combattre cette capitulation devant les GAFAM, le gouvernement français l’a vigoureusement encouragée. 

24) Usage thérapeutique du cannabis : la France engage officiellement la réflexion

Lundi 10 septembre, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a annoncé, à la demande de la ministre de la Santé, la création d’un comité scientifique spécialisé sur « l’évaluation de la pertinence et de la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France ».Après de nombreux autres pays européens, comme l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne, la France va donc s’interroger sur l’usage médical du cannabis dans des pathologies chroniques mal soulagées par les traitements conventionnels.

25) Sur Genethique, premier site d’actualité bioéthique : l’Eugénisme et l’ultra libéralisme assumés devant la mission d’information pour la bioéthique

Le professeur Israël Nisand a été auditionné ce matin par la mission d’information parlementaire sur la bioéthique. Par le biais d’histoires de patientes, racontées sur un ton compassionnel et une ambivalence assumée, le gynécologue obstétricien au CHU de Strasbourg, fait passer plusieurs messages…..

Voir aussi Déclaration à venir de l’association médicale mondiale sur l’IMG : nouvelles menaces sur la clause de conscience : Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) à Strasbourg,  dévoile la version la plus récente de la « Déclaration sur l’avortement médicalement prescrit (IMG) », susceptible de remettre en cause le droit à l’objection de conscience des professionnels de santé. Elle devrait être votée par les organisations nationales de médecins lors de l’Assemblée Générale de l’Association médicale mondiale (AMM) le 6 octobre 2018 à Reykjavik. Cette organisation internationale de médecins coopère notamment avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

26) La question « théo » du mois : Jésus est-il pauvre ?

La question du niveau de vie de Jésus peut paraître à certains superficielle. Pourtant, à partir du moment où le Messie est un modèle à suivre pour les chrétiens, plusieurs interprétations ont été avancées sur le sujet et ont abouti à des comportements différents chez les croyants. C’est ainsi que l’on retrouve aux deux extrêmes : d’un côté, des adeptes d’une pauvreté volontaire, et de l’autre, des partisans de la théologie de la prospérité. Mais qu’en est-il vraiment ?

27) Insolite : il traverse la rue et se fait percuter par un emploi

Lucas n’a pas pris au sérieux les paroles du président Emmanuel Macron et a failli le payer de sa vie….

L’action du mois : bien pratiquer « la prière conversationnelle » (ou la règle des « 3 C »)

« La prière conversationnelle » : une façon simple d’apprendre à prier en groupe. Source : Rawpixel

« Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer » (Matt.6v7)

« Je vous le déclare encore, si deux d’entre vous, sur la terre, se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Matt.18v19-20)

 

Connaissez-vous la prière conversationnelle ? C’est une façon simple d’apprendre à prier en groupe, dans l’unité.

Comme toute conversation, cette prière est totalement spontanée : Chacun est libre de prier (ou non), sans artifice, honnêtement et ouvertement devant le Seigneur et devant les autres.

Sont alors privilégiés les « je », « toi », ou « nous » (au lieu des « ils », « on », « eux ») et sont soigneusement évités « les termes interdits », tels que « Je te loue, je t’adore », « Alléluia », « Gloire à Dieu » et tout autre langage artificiel et pseudo-religieux ou difficilement compréhensible pour « le non initié ». Cette contrainte des mots « tabous » en libère d’autres, plus pertinents, qui nous permettent de remercier vraiment, de rendre vraiment gloire à Dieu ou d’intercéder vraiment de façon plus précise et ciblée.

La prière conversationnelle porte sur le même sujet donné par l’animateur du groupe jusqu’à ce qu’il soit épuisé, avant de passer à un autre thème.

Enfin, chacun met en pratique ce principe efficace des « 3 C », au moment de prier :

  • Est-ce le bon contexte pour prier ma prière ? (Je veille à ne pas faire de hors-sujet)
  • Suis-je concis ? (Je me montre bref et me limite à une ou deux phrases pour ne pas monopoliser la parole, ne pas « édifier – longuement – mes frères » ou ne « pas rabâcher » cf Matt.6v7)
  • Suis-je clair et précis ? (Pour que chacun ait l’occasion de prier autour du même sujet et dire « amen » à ma prière)

 

A nous de jouer, pour nous encourager à partager le meilleur, et non la seule abondance de nos pensées ! 😉

Et surtout, prenons note des prières, en remerçiant Dieu de ce qu’Il répond à nos prières de groupe.

Nous serons surpris et encouragés de voir à quel point Dieu est précis lorsqu’il répond à des prières…précises !

 

 

Inspi :

L’Art d’animer : conseils pour animer un groupe de partage et d’étude biblique. Navpress, 1982 [Epuisé]

Ortiz, Juan Carlos. Disciple. CLC, 1983, pp79-81

Le principe des « 3 C » est une super idée de mon frère Pierre-Louis, qui m’a globalement et largement inspiré le présent article.

 

Faites 5 bonnes lectures intelligentes par jour !

(Source : Rawpixel) « Qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire. Puis tu regarderas si nous avons meilleure mine que ceux qui mangent la viande et le vin du roi… » (Dan.1v12-13)

Une recommandation utile pour la santé, au même titre que la consommation de 5 fruits et légumes par jour !

Mais qu’est-ce qu’une « bonne lecture intelligente » ?

A l’instar de la consommation de 5 fruits et légumes par jour, elle est premièrement diverse et variée en contenu, style et genre, et surtout, régulière !

Une bonne lecture intelligente est celle qui nous ouvre de nouveaux horizons, au contraire de la « mauvaise » qui ne nous offre que de « l’attendu ». A la condition que nous soyons nous-mêmes ouverts et disponibles pour les bonnes lectures intelligentes.


Dynamique, une bonne lecture intelligente n’est pas à notre service : elle doit, au contraire, nous stimuler et nous énerverquitte à bousculer nos idées reçues et inspirer l’échange et la discussion. Car, rien de plus dangereux qu’une lecture à 100 % fascinante ou satisfaisante, ou pire, « débilitante », « qui nous délasse », justifiant que nous laissions notre cerveau et notre esprit critique au placard, sous prétexte de ne chercher que du simple « divertissement » ou la seule distraction (laquelle rime avec « diversion »).

Une bonne lecture intelligente a l’ambition de nous faire réfléchir  – et non de nous dire ce qu’il faut penser – et de réveiller en nous, non pas nos bas instincts, mais plutôt une acuité perdue dans la banalité du quotidien.

Une bonne lecture intelligente ne nous poussera pas à être défaitiste/fataliste/catastrophiste ou à tomber dans l’indignation stérile.

Une bonne lecture intelligente est celle qui nous apprend et nous explique des choses, nous invite au recul et nous engage à (bien) agir, comme à démonter les discours de la peur, plutôt que d’alimenter cette dernière.

 

A nous de jouer !

Quelles seront nos cinq bonnes lectures intelligentes du jour ?

 

Education sexuelle à l’école : le gouvernement choisit la prudence (ou le recul stratégique)

« C’est à ce prix que nos enfants seront protégés, pour le moment… » (Dr Maurice Berger) Mais à quel prix ? (Source : Public domain pictures)

Si vous l’aviez raté, voici une lecture de rattrapage de notre article « Vers une éducation sexuelle précoce à l’école ? Comment s’y retrouver ? », lequel a été bien relayé, notamment par notre partenaire « Déconstruction de l’homme »(1), et recommandé par le CPDH (2) et le CNEF(3). Merci à eux et merci à tous ceux qui ont apprécié l’article comme étant propre à répondre à un besoin d’information fiable et pertinente sur le sujet.

Depuis, qu’en est-il ?

La fameuse circulaire de rentrée, annoncée pendant l’été, est finalement parue au BO le jeudi 13/09(4), annulant et remplaçant la circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003 relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. Elle rappelle que trois séances par an doivent être consacrées à l’éducation sexuelle pour les élèves de l’école primaire au lycée. Sur le site du ministère de l’Education nationale, il est précisé que « cette éducation vise à la connaissance, au respect de soi, de son corps et au respect d’autrui, sans dimension sexuelle stricto sensu à l’école élémentaire. Elle est complétée, à l’adolescence, par une compréhension de la sexualité et des comportements sexuels dans le respect de l’autre et de son corps. L’enfance et l’intimité sont pleinement respectées »(4). Visant à « favoriser l’estime de soi, le respect de soi et d’autrui et l’acception des différences », il s’agira « d’apporter aux élèves des informations objectives et des connaissances scientifiques, et de développer leur réflexion et leur esprit critique », en abordant des thèmes tels que : la prévention des violences sexuelles et sexistes, l’égalité filles-garçons, la contraception, les maladies sexuellement transmissibles, le cyberharcèlement, les risques d’une exposition aux images pornographiques…

Ceci dit, cette annonce invalide-t-elle les alertes précédentes, relatives aux risques d’une éducation sexuelle précoce à l’école ?

Plus précisément, le travail de veille intelligente a plutôt eu un double effet, positif et paradoxal tout à la fois :

Notons premièrement le soin extrême, avec lequel le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer répète sa volonté d’appliquer la seule loi de 2001 [comme pour nous dire « il n’y a pas de nouvelle loi », contrairement aux rumeurs], appelant les enseignants et intervenants extérieurs amenés à dispenser ces enseignements à « faire preuve d’une grande vigilance«  pour qu’ils soient « pleinement adaptés à l’âge des enfants » et à « agir, en la matière, dans le plus grand respect des consciences« (4). Avec pour probable conséquence des contenus de programmes plus « softs », lestés de tout support susceptible d’être choquant…pour cette année, du moins.

Une telle prudence (que d’aucun pourront interpréter comme un recul) constitue déjà en soi un premier point positif, doublé du paradoxe suivant : du fait de cette prudence (ou de ce recul) du gouvernement en la matière, les alertes intelligentes concernant « les Standards européens », et par là même les dangers d’une éducation sexuelle précoce dès la maternelle, deviennent donc des fake news ! « Mais c’est à ce prix que les enfants seront protégés, pour le moment », souligne dans un communiqué récent le Dr Maurice Berger, lui-même accusé indirectement de diffuser des rumeurs (5).

Notons que les Ecritures bibliques nous donnent trois exemples de prophéties qui ne se sont pas réalisées : la prophétie de Jonas contre Ninive (Jonas 1-4), l’annonce du jugement contre le roi Achab par Elie (1 Rois 21v17-29), et l’annonce de la mort du roi Ezéchias par Esaïe (2 Rois 20v1-11). Non pas parce que ces trois véritables prophètes de l’Eternel aient commis des erreurs ou que leurs prophéties aient été délibérément fausses, mais parce que les destinataires respectifs des jugements prononcés se sont repentis. Or, dans le cas du gouvernement, point, ni même « assez de repentance », puisque relève encore le Dr Berger, « seule la loi de 2001 est citée, comme insuffisamment appliquée », et que se trouve complètement occulté « le fait que le dernier plan Stratégie de santé sexuelle du Ministère de la Santé du 30 mars 2017 avait pour objectif de « déployer l’éducation à la sexualité de la maternelle au lycée »(p 14) ! »(5). Néanmoins, relevons ce geste symbolique important (de sagesse ou…de prudence) du ministre : le retrait discret mais non moins effectif, il y a peu, de la référence aux « Standards européens d’éducation à la sexualité » de l’OMS de la plateforme de référence de l’Education Nationale CANOPE(6).

Ceci dit, l’action de veille intelligente a eu cet autre effet positif, puisque « des parents qui se sentaient isolés jusque-là peuvent se regrouper s’ils le souhaitent, et/ou demander à faire partie des délégués des parents d’élèves. Ils se sentent une légitimité à être informés précisément et à l’avance, et une vigilance s’est donc instaurée »(5). En clair, un parent averti en vaut deux…

To be continued….

 

Voir aussi :

Alors que vient d’être publiée, jeudi 13 septembre, la circulaire pour relancer l’éducation à la sexualité, le psychanalyste Jacques Arènes met en garde l’école contre tout discours « normatif », susceptible d’invalider la transmission familiale. « L’école se veut un lieu d’émancipation mais elle doit aussi respecter les opinions et attitudes des parents, à condition bien sûr que celles-ci restent dans les limites de la loi. Les positions peuvent varier grandement d’un parent à l’autre. Elles peuvent même évoluer chez un même parent, en fonction des profils et des besoins des différents membres de la fratrie. L’école doit aider les jeunes à faire leurs choix, tout en veillant à ne pas invalider leurs parents, au motif par exemple qu’ils auraient des attitudes rétrogrades(…)Il faut à la fois dédramatiser et indiquer qu’il n’y a aucune obligation d’avoir des relations sexuelles à quelque âge que ce soit. Montrer sans jugement de valeur que l’on peut avoir sur le sujet des opinions personnelles, des options religieuses ou philosophiques, des modèles familiaux très différents » (https://www.la-croix.com/Famille/Education/Education-sexualite-lecole-doit-tenir-discours-ouvert-2018-09-10-1200967647 )

 

Notes : 

(1) « Déconstruction de l’homme », ou « critique du système technicien », est un blogue inspiré par la pensée de Jacques Ellul. Son fondateur et animateur est Eric Lemaître, socio-économiste spécialisé sur les questions éthique, qui s’est employé depuis bientôt trois ans à nous sensibiliser sur les questions touchant le transhumanisme, l’économie numérique et la prétention de la technoscience à satisfaire les besoins de l’homme aspirant à être l’égal de Dieu.

(2) Depuis 1999, Le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH) « regroupe des chrétiens issus de tout le protestantisme en France et en Europe et a pour objet de promouvoir le respect de la dignité humaine, la défense et la protection des droits de l’enfant, de la femme, et de l’homme d’une manière générale, la protection du droit à la vie de tout être humain, de sa conception jusqu’à sa mort naturelle ». Néanmoins, ses champs d’action vont bien au-delà de la seule « bioéthique ». Voir aussi sa charte.

(3) Le CNEF est le Conseil National des Evangéliques de France. Né en 2010, Il regroupe 30 dénominations protestantes évangéliques en France.« Parce qu’il croit que l’Évangile de Jésus-Christ répond au besoin essentiel de l’homme d’aujourd’hui, le CNEF souhaite rendre plus perceptible la présence des évangéliques dans la société. Il souhaite être la voix des protestants évangéliques pour faire entendre, lorsque cela est nécessaire, une parole appropriée. Ses objectifs principaux sont : Améliorer la visibilité du protestantisme évangélique ; Favoriser la concertation et la collaboration entre ses membres de façon à développer leur action ; Encourager l’évangélisation, la formation, l’entraide et le témoignage chrétien ; Stimuler la vision de l’implantation de nouvelles Églises locales pour qu’il y en ait au moins une pour 10 000 habitants en moyenne, afin que le message de l’Évangile s’incarne en tout lieu ».

Consulter la revue de presse de septembre du CNEF, laquelle comprend une sélection d’articles sur des sujets concernant directement ou indirectement les chrétiens évangéliques de France.

(4) Voir http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=133890 et http://www.education.gouv.fr/cid133963/au-bo-du-13-septembre-2018-education-a-la-sexualite-et-partenariats.html

(5) Lire le droit de réponse du Dr Berger contre les accusations de fake news sur le site des « Professionnels contre l’éducation sexuelle et les droits sexuels » 

(6) Voir ici. De fait, seul le Planning familial, association habilitée à intervenir en milieu scolaire, fait encore référence à ces Standards, dans une récente publication début septembre 2018 « le planning sort un référentiel sur l’éducation à la sexualité »(cf p 18).

 

 

Dans les coulisses de « Promesses », revue de réflexion biblique

La revue « Promesses » : le résultat d’un travail d’équipe, dans le but d’être « une référence biblique solide dans un monde en perte de repères ». (Source : rawpixel)

Joël et Anne Prohin, que j’ai le plaisir de connaître, ont bien voulu « jouer le jeu » des questions-réponses par mail, pour PEP’S CAFE, afin de nous parler de « Promesses »(1) et de leur engagement au sein d’une revue édifiante et pratique, à la longévité étonnante (elle paraît depuis 1967 !) et dont la mission est « d’être une référence biblique solide dans un monde en perte de repères ».

Merci à eux pour le soin extrême avec lequel ils ont bien voulu nous éclairer !

 

Présentez-vous (en quelques mots) !

Nous sommes mariés depuis bientôt 25 ans. Nous avons deux filles adultes et, en parallèle avec nos activités professionnelles (dans la finance pour Joël, dans l’aide bénévole aux étrangers pour Anne), nous sommes impliqués dans notre église locale et dans l’enseignement biblique.

Comment vous êtes-vous engagés au sein de cette revue ? Est-ce là votre première collaboration de ce type ?

Le co-fondateur de la revue, Henri Lüscher, a pris contact avec nous par le moyen d’un ami commun au début des années 2000. Nous avons sympathisé et comme il souhaitait élargir le comité de rédaction de la revue pour préparer le passage de témoin à de plus jeunes, nous nous y sommes engagés… et nous y sommes encore.

Nous avions déjà eu l’occasion de collaborer à des travaux de rédaction : pour la série de commentaires bibliques « Sondez les Ecritures » dans les années 1990 et pour la revue d’édification quotidienne « Plaire au Seigneur ».

Comment définissez-vous votre travail au sein de « Promesses » ?

Notre rôle est principalement dans la rédaction : nous sommes responsables ou co-responsables de 1 ou 2 des 4 numéros annuels. Nous recherchons des articles, contactons les auteurs, réécrivons parfois des textes ou les mettons en forme, rédigeons nous-mêmes des articles. Ensuite nous les soumettons au comité de rédaction, intégrons les modifications proposées en coordination avec les auteurs et assurons la relation avec le graphiste et l’imprimeur pour la finalisation du numéro. Pour les numéros dont nous ne sommes pas directement responsables, nous relisons tous les articles et participons au comité de rédaction. Parfois s’ajoute un travail de correspondance avec les lecteurs qui posent des questions ou font des remarques.

Enfin, nous contribuons aux différentes réflexions autour de la revue (site internet, diffusion, etc.).

Et n’oublions pas la publicité ! Nous avons à coeur de faire connaître autour de nous la revue, en particulier lorsque nous sommes invités dans une nouvelle église ou que nous sommes en contact avec des chrétiens qui ne la connaissent pas.

1)Comment et pourquoi est né « Promesses « ? Comment définiriez-vous cette revue en une phrase ?

« Promesses » est né à l’initiative de deux chrétiens évangéliques suisses [RH. Guignard et H. Lüscher] qui souhaitaient mettre à disposition du public francophone (européen et africain) une revue de réflexion biblique.

En une phrase : « Promesses » est une revue évangélique interconfessionnelle qui vise à proposer une réflexion biblique à la fois accessible et approfondie, à destination des pasteurs, des responsables d’églises et de tout chrétien qui souhaite approfondir ses connaissances de l’Écriture et réfléchir aux enjeux actuels à la lumière de la Bible.

Comment s’est faite l’évolution de ce que l’on appelait au départ « un cahier d’études bibliques » à une « revue de réflexion biblique » ? (Cf l’intention affichée par les fondateurs dans l’édito du premier numéro de 1967)

Depuis que nous collaborons à « Promesses », la ligne n’a pas beaucoup changé. L’objectif est un peu plus large que simplement des « études bibliques » : il vise également à proposer des pistes de réflexion basées sur l’Écriture sur des thèmes théologiques, pratiques ou d’actualité. C’est pourquoi chaque année, nous consacrons un numéro à un livre biblique, un autre à un sujet théologique, un autre à un sujet pratique et enfin un autre à un sujet d’actualité.

2)« Passer le témoin » (« Promesses » de Jan-Mar 2009, N°167) est mon premier numéro d’abonné : comment cette transmission s’est-elle opérée, au sein de « Promesses », sachant la longévité remarquable de la revue (née en 1967) ? Qui est le plus ancien encore en activité et le plus « jeune » (dernier arrivé) dans l’équipe ?

Le plus ancien est le co-fondateur, Henri Lüscher, qui, à plus de 85 ans, est encore présent et impliqué dans la revue. Le plus jeune, Nathanaël Bourgeois, a une quarantaine d’années.

3)Qui lit « Promesses » et pourquoi ?

Le lectorat se répartit essentiellement entre les pays européens francophones ainsi que le Canada, et l’Afrique. Il se compose de pasteurs, enseignants de faculté de théologie, responsables d’églises, anciens, et aussi d’un bon nombre de chrétiens intéressés par une réflexion biblique. Il a tendance à vieillir et un de nos enjeux, comme pour d’autres revues, est de toucher les plus jeunes, moins enclins à s’abonner à une revue papier.

4) »Promesses » se qualifie-t-elle comme une revue indépendante ? Quel est son modèle économique ?

Les abonnements à prix plein couvrent les frais de mise en page, d’impression et d’envoi pour la personne abonnée et laissent une marge permettant de subventionner les revues qui sont expédiées en Afrique. Les dons et le surplus des abonnements dits « de soutien » permettent également de contribuer à ce fort subventionnement envers l’Afrique. La générosité des donateurs a permis d’accumuler « un petit matelas », mais qui s’amenuise chaque année. A terme, il faudra soit relever le prix des abonnements pour l’Afrique, soit diminuer le nombre d’envois. Ajoutons que les auteurs sont tous bénévoles et qu’il n’y a aucun droit d’auteur perçu.

Comment la revue se positionne-t-elle théologiquement et doctrinalement ? Quels sont vos liens avec les différentes dénominations évangéliques et même avec le protestantisme en général ?

La revue dispose d’une confession de foi disponible sur le site. Elle est protestante, évangélique, « fondamentaliste » dans le bon sens du terme c’est-à-dire attachée aux fondements bibliques de la foi chrétienne, en particulier à l’inerrance et à l’inspiration de la Bible. Elle accueille des signatures qui ne sont pas forcément en accord avec tous les points de cette confession de foi, mais qui sont en accord avec le point traité dans l’article.

Il n’y a aucun lien institutionnel avec une dénomination particulière, même s’il se trouve que le comité de rédaction est formé en majorité de chrétiens issus de l’Action biblique et des Assemblées de frères. La revue est ouverte aux diverses « plumes » évangéliques, quelles que soient leur rattachement ecclésiastique.

5)Comment réussissez-vous cette harmonie – des articles longs et profonds mais accessibles au non spécialiste ?  Comment vous démarquez-vous de ces autres publications, telles « La Revue réformée » ou « les cahiers de l’école pastorale » ?

La revue est moins ambitieuse sur le plan théologique que La Revue réformée ou Théologie évangélique mais propose aussi une réflexion plus biblique et moins axée sur l’actualité que Christianisme aujourd’hui. Les articles font en général entre 3 et 6 pages, ce qui laisse une place suffisante à un développement construit, sans pour autant tomber dans la dissertation pour spécialiste. Cet équilibre entre profondeur et accessibilité est toujours délicat à maintenir et c’est un exercice constant pour chaque numéro.

6) En témoigne votre façon de traiter certains sujets d’actualité/de société (Ex : la crise financière en 2008, la différence homme/femme, l’écologie, la justice sociale, le regard sur l’autre, la laïcité, le travail et le chômage – avec ces articles parmi d’autres : « un chrétien peut-il faire grève », « Dieu l’inventeur des congés payés »….), diriez-vous que « Promesses » est une revue « engagée », plutôt à « contre-courant » de certaines tendances dites « conservatrices » ou « libérales », sur ces sujets ? 

Promesses ne se veut pas « engagée » mais elle cherche à appliquer l’immuable Parole de Dieu au contexte actuel, dans toute sa complexité. Nous ne pouvons donc pas faire l’économie d’une approche mesurée, sensible à la complexité des enjeux contemporains. En même temps, nous ne cherchons à faire aucune compromission avec l’air du temps et nous visons avant tout à rester dans l’esprit du texte biblique.

7) Le numéro sur « en attendant le mariage »(183) a vite été épuisé : comment expliquez-vous ce succès ? Une réimpression est-elle à l’ordre du jour ?

Les relations entre garçons et filles — hommes et femmes, pourrions-nous dire — sont de plus en plus compliquées, alors même qu’elles paraissent extérieurement plus simples et plus directes. Voilà pourquoi, peut-être, ce numéro a-t-il rencontré un tel succès. Nous aborderons à nouveau ce thème dans un prochain numéro, car il est très important et les lecteurs y sont sensibles.

8) Les coulisses de « Promesses » : Comment se réalisent les numéros de « Promesses » ? Comment travaillez-vous ? Comment sélectionnez-vous les articles à paraître ? 

Les thèmes sont sélectionnés lors de l’assemblée générale annuelle. Chacun des 4 numéros annuels est attribué à un membre de l’équipe (parfois en duo) qui est alors responsable de rechercher les articles. La composition d’un numéro est toujours un exercice délicat : il faut équilibrer les styles, les approches, les divers aspects du thème retenu… Tous les membres du comité de rédaction contribuent à la recherche d’articles, mais c’est bien sûr le responsable du numéro qui a la part la plus lourde. Les articles sont soit des rédactions originales pour la revue, soit des reprises d’articles antérieurs de revues diverses, soit des transcriptions de messages bibliques donnés ici ou là, soit des extraits de livres épuisés. Certains sont traduits de l’anglais. Nous essayons de diversifier les origines des articles, mais il y a forcément un biais lié au cercle de connaissances du responsable de numéro.

Quelle est l’ambiance-type d’une conférence de rédaction de « Promesses » ? Est-il facile de « défendre »/d’être d’accord sur le choix de certains articles/sujets ? Comment les sensibilités évangéliques s’harmonisent-elles au sein de l’équipe ?

L’harmonie est toujours à rechercher… mais c’est un objectif qui n’est pas facile à atteindre ! Les sensibilités au sein du comité sont parfois diverses, certains étant par exemple plus attentifs à des dérives que d’autres. Certains détails d’interprétation peuvent parfois nourrir de vifs débats. Mais nous sommes unis dans un même objectif et notre convergence de vues sur les grandes doctrines nous aide à progresser vers un consensus à chaque numéro.

Quel est le rôle du « comité de soutien » ? Comment s’est-il constitué ?

Le comité de soutien regroupe des figures connues du monde évangélique ou des anciens membres du comité de rédaction qui, sans s’impliquer directement dans la confection des numéros, souhaitent contribuer au rayonnement de la revue et à sa crédibilité.

« Promesses », « une affaire d’hommes » ? Vous a-t-on déjà dit que la revue manquait peut-être d’un point de vue plus féminin ? (cf numéro sur le travail)

Nous essayons de diversifier les genres… (Anne a d’ailleurs ouvert la voie en étant la première femme à intégrer le groupe des collaborateurs de Promesses) mais les plumes féminines ne sont pas légion parmi les évangéliques. Si certaines lectrices de ce blog sont intéressées pour contribuer, ce sera volontiers. A bonne entendeuse salut !

Aujourd’hui, il est presque banal de dire que la presse papier traditionnelle serait en voie d’extinction : Pourquoi continuer à choisir le papier ? Quel est le rôle du site ? Le considérez-vous comme un complément de la revue, à moins que cela ne puisse – prochainement – être l’inverse ?

Le site se veut en complément de la revue papier. Nous y mettons les numéros avec un an de retard pour ne pas phagocyter la publication papier. Nous sommes encouragés par la fréquentation du site qui est orientée à la hausse. Mais le modèle économique repose quand même sur la revue papier. Cela étant, dans l’avenir, peut-être nous faudra-t-il reconsidérer les choses.

« Promesses » est-elle suffisamment connue, notamment en France, en Europe et ailleurs, selon vous ? Qu’est-ce qui contribue à faire connaître la revue ? Comment assurez-vous sa promotion ? 

Non, nous aimerions que la revue soit davantage connue ! La promotion se fait par le bouche à oreille et repose surtout sur les membres du comité de rédaction : lorsque nous allons dans une église locale, à l’occasion de forums chrétiens, lors de contacts avec des responsables chrétiens, nous en laissons quelques exemplaires. Nous avons également procédé à des publicités via la Maison de la Bible ou la CLC, en annexant un flyer à leurs publicités.

Comment soutenir la revue ? Comment pouvons-nous contribuer à la faire connaître ?

Par plusieurs moyens :
– en proposant des articles, de votre cru ou de personnes que vous connaissez,
– en prenant un abonnement « de soutien » pour aider à financer sa diffusion en Afrique,
– en donnant un numéro à un(e) ami(e) en lui suggérant de s’abonner,
– en priant pour qu’elle soit utile à l’édification des lecteurs.

 Comment voyez-vous « Promesses » dans 5 ans ?

Nous souhaitons qu’elle continue à remplir son rôle d’édification du peuple de Dieu, en particulier évangélique, en offrant un point de vue non doctrinaire mais fermement ancré dans la Bible. Nous prions pour que l’équipe de rédaction puisse se renforcer, en particulier de plus jeunes. Et peut-être le mode de diffusion sera-t-il prioritairement par internet, comme vous le suggériez plus haut !

Le « mot de la fin » est pour vous !

Un grand merci pour l’intérêt que vous portez à cette revue !

 

[Tout le plaisir est pour moi ! Merci à vous ! Remarque : la question sur le site web était quelque peu provocatrice. Mais je constate qu’elle a été prise très au sérieux. En réalité, j’espère que l’équipe de « Promesses » maintiendra le format papier, vu que l’objet revue, que l’on peut feuilleter et se passer de main en main, est de nature à créer du lien !] 

 

 

Note : 

(1)Nous avons en déjà parlé sur notre blogue ici ou là : https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2018/07/27/quelles-spiritualites-le-dossier-inspire-de-promesses/ , https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2014/02/07/loccultisme-demasque-dans-promesses/ , https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2013/08/29/levangelisation-personnelle-le-prochain-dossier-de-promesses/ , https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2013/04/05/la-revue-promesses-edification-reflexion-et-application/

Bien (s’)informer : voir l’intention avant l’action (Josué 22)

Dès que les internautes apprennent ce qui se chuchote sur la toile, ils sont prompts à le relayer immédiatement. Mais, est-ce que c’est B.I.E.N. ? Source : Découvert sur le compte twitter de Gilles Boucomont (3 mai 2017)

Un cas d’école, illustré en Josué 22  – un épisode biblique qui aurait pu mal tourner – et parfaitement applicable de nos jours, en ce qu’il nous donne une démarche de sagesse et de discernement dans le traitement informationnel et médiatique.

Il paraît simple d’informer. En réalité, il importe de prendre conscience que « la fabrique de l’info » parcourt un trajet bien plus complexe que la simple transmission au public d’un « fait brut », aussi frappant soit-il.

Ici, « le fait brut » particulièrement « frappant » est cet autel monumental élevé par les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé, installés de l’autre côté du Jourdain, à l’écart des autres tribus (v10)(1).

« Les fils d’Israël apprirent qu’on disait : « Les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé ont bâti un autel face au pays de Canaan, à Gueliloth du Jourdain, du côté des fils d’Israël. » Dès que les fils d’Israël l’apprirent, ils assemblèrent toute la communauté des fils d’Israël à Silo afin de lancer contre eux une attaque », pour ce qui est considéré comme « une infidélité » et un acte d’idolâtrie (v11-12) : l’élévation d’un autel concurrent de celui de Silo.

Aujourd’hui, rien n’a changé : dès que les internautes apprennent ce qui se chuchote sur la toile, ils sont prompts à le relayer immédiatement.

Heureusement, dans notre passage, les fils d’Israël ont le meilleur réflexe d’aller voir directement à la source. Ils envoient « auprès des fils de Ruben, des fils de Gad et de la demi-tribu de Manassé, au pays du Galaad », une commission d’enquête composée de « Pinhas, fils du prêtre Eléazar, ainsi que dix responsables avec lui, un responsable par tribu pour toutes les tribus d’Israël, chacun d’eux étant chef de sa famille patriarcale, selon les milliers d’Israël. Ils vinrent auprès des fils de Ruben, des fils de Gad et de la demi-tribu de Manassé au pays du Galaad et leur parlèrent en ces termes : « Ainsi parle toute la communauté du SEIGNEUR : Qu’est-ce que cette infidélité que vous commettez envers le Dieu d’Israël, que vous vous écartiez aujourd’hui du SEIGNEUR en vous bâtissant un autel et que vous vous révoltiez aujourd’hui contre le SEIGNEUR ? » (v13-16)

Une démarche bien inspirée, puisque les envoyés ont ainsi pu apprendre directement de la part des fils de Ruben, des fils de Gad et de la demi-tribu de Manassé la réalité de leur intention, soit que l’autel bâti n’en était pas un et que l’infidélité supposée n’en était pas une ! (Lire vv21-30) Une fois bien informés, « les fils d’Israël se tinrent pour satisfaits et ils bénirent Dieu, ils renoncèrent à lancer contre eux une attaque et à ravager le pays qu’habitaient les fils de Ruben et les fils de Gad » (v33)

Que pouvons-nous retenir de ce passage ?

Premièrement, qu’une information ou l’acte d’informer est ce qui me renseigne avec exactitude sur ce que j’ignore et qui répond aux questions « (de) qui, (de) quoi, quand, où, comment, pourquoi ». Ou plus précisément encore : qui me parle de quoi, avec quelle légitimité, dans quel contexte et avec quelles intentions réelles ?

Il est en effet fondamental de discerner l’intention avant l’action pour ne pas commettre d’erreur d’interprétation, erreur pouvant coûter très cher et s’avérer irréparable.

Informer, c’est aussi donner du sens à l’information, en la contextualisant et en l’expliquant, tandis que s’informer consiste à se donner les moyens de comprendre ce que l’on nous transmet :

Ainsi, en Josué 22v11-12, 16-19, s’agit-il d’un fait ou d’une opinion ?  D’un fait raconté ou expliqué ? L’information, comme quoi « les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé (auraient) bâti un autel (concurrent) face au pays de Canaan, à Gueliloth du Jourdain, du côté des fils d’Israël » et commis une infidélité envers Dieu, est-elle communiquée « à chaud » ou avec un certain recul, au reste du peuple ?

Cette information, d’après la façon dont elle est premièrement communiquée, rend-elle compte de tous les aspects importants du sujet ou d’une partie seulement de la réalité qu’elle prétend décrire ?
Ceux qui sont ainsi « informés » en savent-ils assez pour se faire leur propre opinion et bien agir ?

Enfin, il reste à aborder la question de l’objectivité de celui qui (s’)informe : L’objectivité est la qualité de celui qui décrit des faits avec exactitude et juge (dans le bon sens du terme) sans parti pris. Certes, vous me direz sans doute qu’il est difficile de l’être « à 100 % », surtout lorsque nous sommes concernés et impliqués émotionnellement par le fait, mais celui qui (s’) informe se doit avant tout d’être honnête (envers lui-même), équitable (envers les personnes), prudent (dans le jugement), tout en prenant en compte la diversité des points de vue.

Comme nous venons de le lire en Josué 22, l’objectivité d’une information est possible, à condition : de prendre la peine de vérifier l’information sur le terrain, auprès des personnes concernées ; de privilégier la diversité des perceptions et des opinions, même contradictoires ; de ne pas porter de jugement moral ; d’expliquer sa démarche d’information ; de préciser les limites et le cadre de l’enquête ; de permettre à celui que l’on informe de discuter/enrichir le contenu et d’apporter une contradiction/réfutation/ rectification de ce qu’il voit/lit/entend.

Aller plus loin :

Comment aurai-je agi, à la place des Israélites, hier, dans la même situation ? Et aujourd’hui ?

Maintenant, à vous de jouer !

 

Note : 

(1) Pour comprendre la situation de ces tribus, lire Nombres 32.

 

 

Lagaan : l’esprit d’équipe « made in India »

L’esprit d’équipe selon « Lagaan »(« Once Upon a Time in India »), un film indien réalisé par Ashutosh Gowariker(2001)

Lagaan : Once Upon a Time in India est un film indien, produit et réalisé par Ashutosh Gowariker (2001), revu cet été sur dvd avec beaucoup de plaisir.

De l’aveu de son auteur dans une interview pour Critikat, il s’agit d’ « une production familiale » avec « un héros, un méchant, un trio amoureux »(1), qui a été un succès commercial. En effet, « si l’on veut un film qui marche au box-office, il faut faire un film d’amour », explique encore Ashutosh Gowariker(1).

De quoi ça parle ?

 En 1893, au centre de l’Inde, les villageois de Champaner attendent en vain la mousson. Pour humilier ce peuple au bord de la famine, le capitaine Russel, chef de la garnison britannique, veut doubler le « lagaan », l’impôt sur les céréales. Le jeune Bhuvan, qui dirige la protestation contre cette injustice, se voit proposer par l’officier un terrible pari : si les Indiens battent les Anglais au cours d’un match de cricket, ils seront exemptés de « lagaan » pendant trois ans ; s’ils perdent, ils devront payer un triple impôt. Bhuvan accepte le pari mais n’a que trois mois pour former son équipe…et apprendre à jouer ! 

A l’instar des sept samouraïs, Lagaan a tout du « film parfait » : tout public, patriotique (mais non nationaliste), et épique, généreux et rafraichissant, avec plusieurs scènes de chansons et de danses, il relate sous un angle original (une compétition sportive au centre de tous les enjeux) comment des paysans opprimés doivent oublier leurs différences (de religion, de caste, d’ethnie ou de condition physique, sans oublier les conditions d’âge) et s’unir dans un but commun, pour une question de vie ou de mort. Ainsi, il est possible qu’un « fou », un muet, un handicapé de la main (mais à la façon unique de faire vriller une balle) et un jeune garçon se retrouvent dans une même équipe ; que des ennemis traditionnels – un hindou et un musulman –  combattent (pacifiquement) ensemble, et qu’un brahmin et un dalit (« intouchable » ou « paria » et « maudit ») se touchent. Ainsi, «  ce qui est folie, faible, vil ou méprisé dans le monde peut être choisi pour confondre les sages, les forts et les prétentieux » (cf 1 Cor.1v27-28). Certes, la cause paraît dérisoire ou perdue d’avance, mais, porteuse de sens, elle dépasse les challengers indiens, impliquant toute la communauté de Champaner : les villageois, qui jouent pour leur survie, quand les anglais (les dominateurs) jouent pour se distraire, feront preuve d’un véritable esprit d’équipe « made in India », et en ressortiront grandis individuellement et soudés collectivement à la suite de diverses épreuves.

A noter enfin, bien présente dans le film et comme déjà souligné plus haut, une dénonciation particulièrement culottée du système des castes, un sujet qui tient le réalisateur à cœur. Ce dernier pense-t-il que le cinéma en Inde, parce que très populaire, pourrait contribuer à changer les mentalités ? « Si vous voulez que le cinéma change les mentalités et les attitudes, vous devez faire vingt films sur le même sujet et les diffuser à la suite les uns des autres pendant au moins cinq ans », répond-t-il. « Je ne dis pas que le système des castes doit être éradiqué. C’est impossible. Avec beaucoup d’efforts, il est possible d’éradiquer la pauvreté. Mais le système des castes ne bougera pas. Ce qu’on peut changer, c’est une attitude, la tolérance entre castes…. » (1)

 

En bref : « Laagan » (« Once Upon a Time in India »). Réalisé par Ashutosh Gowariker (Inde, 2001). Produit par Aamir Khan Productions. Musique de A.R. Rahman.
Avec Aamir Khan (Bhuvan), Gracy Singh(Gauri), Rachel Shelley (Elisabeth Russel), Paul Blackthorne (Capitaine Russel), Yashpal Sharma (Lakha, le rival de Bhuvan), Amin Hajee (Bagha, l' »Hercule » muet et son tambour), Shri Vallabh Vyas (Ishwar, le médecin du village et père de Gauri), Rajesh Vivek (Guran, « l’astrologue fou »),  Aditya Lakhia (Kachra, l’intouchable), Amin Gazi (Tipu, le neveu de Bhuvan)…..

Durée : 3h40.

Nominé aux Oscars en 2002 dans la catégorie du « Meilleur film étranger », et plusieurs fois primé dans des festivals européens (dont celui de Locarno).

Une chanson : 

« Chale chalo » (une séance d’entraînement très rythmée)

 

 

 

Note : 

(1) https://www.critikat.com/actualite-cine/entretien/ashutosh-gowariker/

Vers une éducation sexuelle précoce à l’école ? Comment s’y retrouver ?

« Éduquer », c’est « prendre soin ». Et donc respecter le rythme de développement affectif de l’enfant et de l’adolescent…
Enfant par Alejandro Lizardo

A quelques jours de la rentrée scolaire, et ce, depuis l’été 2018, la polémique enfle autour des déclarations récentes de la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Cette dernière avait annoncé, le 18 juillet sur RMC (1), l’envoi à la rentrée (en collaboration avec le ministre de l’Education nationale) d’une nouvelle circulaire à tous les recteurs d’académie afin d’appliquer la « loi [de 2001] qui existe déjà et qui n’est pas mise en œuvre », dans le but, notamment, de lutter contre le sexisme, le harcèlement de rue et la culture du viol. Cette loi dispose qu’« une information et une éducation à la sexualité (soient) dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène »(1). Celle-ci, ayant déjà fait l’objet d’une circulaire en 2003, est effectivement peu appliqué actuellement (2).

La secrétaire d’Etat avait également précisé, lors de son intervention à la radio, « que ces interventions seront dispensées par des associations ayant des agréments IMS d’intervention en milieu scolaire » [sur le site de l’Éducation nationale il y est, à l’inverse, mentionné que les séances sont « organisées par une équipe de personnels volontaires et formés – professeurs, conseillers principaux d’éducation, infirmiers, etc.- le cas échéant en lien avec des partenaires extérieurs ayant un agrément national ou académique »] et que dans ces séances seront abordées les questions  du « consentement, du respect d’autrui, des rapports entre les femmes et les hommes et de la manière dont effectivement ce n’est pas faire la fête que d’aller mettre une main aux fesses à une femme ! ». Seront également évoqués, en fonction de l’âge des élèves concernés, des thèmes tels que la contraception ou la protection contre les infections sexuellement transmissibles(3).

Cette information a, depuis, provoqué une levée de boucliers sur les réseaux sociaux où sont dénoncés que de tels cours représenteraient une banalisation de la pédophilie et une incitation à la débauche « dès 4 ans », avec « des séances obligatoires dès la maternelle », bien que cela ait été démenti par le gouvernement.

Un bruit de la toile avait même affirmé que cette disposition ait été gravée dans le marbre de la loi Schiappa (4) sur les violences sexistes et sexuelles, qui s’intéresse en réalité à la « sensibilisation des personnels enseignants aux violences sexistes et sexuelles et à la formation au respect du non-consentement ».

Dernier en date de ces « bruits », « Roubaix news » prétend dévoiler, sur sa page facebook, dimanche 26/08/18, «  des cours d’éducation sexuelle qui seront appliqués à la rentrée  » (en France), une annonce qui se répand comme une traînée de poudre et partagée plus de dix mille fois, notamment dans la région Nord(5).  Sauf que le document publié est hors contexte. Le texte d’origine, retrouvé par « Les décodeurs du Monde », est en fait issu d’un dossier de plus de cinquante pages, datant de 2008, à destination d’enseignants suisses. Mardi 28/08, Roubaix news dément et retire sa publication, confessant avoir « manqué de vigilance en diffusant des documents qui ne proviennent pas de l’éducation nationale mais manifestement de Suisse », et s’en excusant « sincèrement » auprès de ses lecteurs.

[Fin de « l’épisode 1 ». Voici maintenant « l’épisode 2 »]

« Les Standards européens d’éducation à la sexualité » (2010) ? De quoi s’agit-il ?

En parallèle des déclarations de Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat à l’égalité, sur RMC, les projecteurs sont braqués sur les « Standards européens d’éducation à la sexualité »(2010). Ce rapport émane de l’OMS, que vous pouvez découvrir ici dans son intégralité, et dans sa version française, avant de poursuivre votre lecture. Publié en 2010, il a été traduit en français en 2013 par Santé sexuelle Suisse, une organisation suisse indépendante. Depuis, ledit rapport fait couler beaucoup d’encre, jusqu’à cet été 2018.

De quoi s’agit-il ? Son but affiché est de « constituer un cadre de référence [pour les décideurs politiques, les autorités compétentes en matière d’éducation et de santé et les spécialistes] pour l’instauration d’une éducation sexuelle holistique » et de promouvoir la santé sexuelle dans chacun des pays européens, « pour l’instauration d’une éducation sexuelle holistique et pour l’élaboration de programmes appropriés ». Ces standards « peuvent également être utilisés comme argumentaire pour un plaidoyer en faveur de l’introduction d’une éducation sexuelle holistique dans chaque pays ».

Dans un article paru dans le Nouvel Obs, le 19 janvier 2014(6), Pierrick Tillet qualifiait de « bouffée d’air frais » le fait que « l’OMS traite de sexualité enfantine », saluant le fait que « l’équipe de rédaction du rapport » ait privilégié « une approche globale fondée sur la compréhension et non concentrée sur les risques potentiels liés à la sexualité ». Soit « une éducation sexuelle « obligatoire » fondée sur l’épanouissement plutôt que sur la trouille et la culpabilité. Non limitée aux vertus de l’abstinence et aux techniques de reproduction, mais étendue à « l’aspect important du plaisir ».

D’autres articles publiés dans des médias « mainstreams » se veulent rassurants, en affirmant notamment que lesdits standards, « nullement une loi », ne sont « pas utilisés par l’Education nationale », « ne peuvent pas être obligatoires en France », et n’ont « aucune valeur contraignante » (7).

Mais la question qui se pose maintenant, et qu’a déjà posé l’internaute « Lothaire » sur le forum du site « Hoaxbuster » (8) le 29/01/14, est « comment interpréter ce texte en dehors de toute manipulation » ?

« La seule manipulation qui (lui saute) aux yeux est à (son) sens la négation pure et simple de la volonté des signataires du projet d’imposer collectivement ce genre « d’enseignement »(8).

A ce sujet, voici un prolongement bienvenu et édifiant de ce type de questionnement, à découvrir sur un site de professionnels de la psychologie et de la psychiatrie, du psychotraumatisme et de l’enfance(9), lequel site me paraît bien informé, mesuré et argumenté sous cet angle.

Ces derniers (dont le docteur Maurice Berger, ancien chef de service en psychiatrie de l’enfant au CHU de Saint-Étienne, ex-professeur associé de psychologie à l’Université Lyon 2 , et psychanalyste ) ne sont pas opposés « à une information sur la prévention des risques sexuels, sur le recours possible à la contraception et à l’IVG, sur savoir dire non, sur l’égalité homme-femme », mais dénoncent « les risques de l’éducation sexuelle et des droits sexuels » (9) et « demandent que cette information ait lieu sous une forme respectueuse du rythme de développement affectif de l’enfant et de l’adolescent », ce qui ne leur semble pas le cas actuellement.

Ces professionnels nous invitent à prendre connaissance de leurs analyses de documents jugés « préoccupants » (10) et portés par l’ONU, l’IPPF (Fédération Internationale des Plannings Familiaux),, l’OMS, les Institutions françaises (ministère de l’Education nationale et ministère de la Santé). « Ces textes officiels et documents présentés ci-dessous comprennent chacun des éléments valables concernant la prévention des risques liés à la sexualité et des violences sexuelles sur les mineurs » que les auteurs « (défendent) indéniablement ». Mais, précisent-ils, « il n’en demeure pas moins qu’ils contiennent aussi des parties nocives et dangereuses pour le développement psycho-affectifs des enfants… ».

Parmi ces textes jugés « préoccupants » se trouvent les fameux « Standards européens d’éducation à la sexualité de l’OMS (11). A ce sujet, relève le Dr Maurice Berger en réponse à un article du « 20 minutes » le mettant en cause(12), si « ce document n’est pas utilisé par l’Education nationale, pourquoi se trouve-t-il référencé sur le site Canopé (13) de cette même Education Nationale ? » Et s’il est « mensonger qu’il puisse être prévu que dans le futur, l’éducation à la sexualité débute à la maternelle en référence aux Standards européens », comme l’affirme le « 20 minutes », « pourquoi lors du congrès national des enseignants des écoles maternelles à Albi en juillet 2017 a été programmé un atelier intitulé « Education sexualisée(sic), les petits aussi ! » ? « Pourquoi dans le programme officiel de la Stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030, (est-il) indiqué page 14 : «déployer l’éducation à la sexualité à tous les niveaux scolaires, de la maternelle au lycée» ? (12)

Dénonçant « l’astuce » de ce texte ainsi mise à nu : « mélanger des propositions cohérentes avec des suggestions dangereuses », le Dr Berger nous invite à prendre connaissance des tableaux de la « Matrice » de ces « Standards européens » qui figurent à partir de la page 40 et concernant les enfants âgés de 4 à 6 ans, « suite à 39 pages de bonnes intentions »,

Ainsi ces standards prévoient qu’entre 0 et 4 ans, en matière de sexualité, les enfants seront informés [directement ? Hors contrôle parental ?] sur « le plaisir et la satisfaction liés au toucher de son propre corps, la masturbation enfantine précoce, la découverte de son propre corps et de ses parties génitales, le fait que le plaisir lié au contact physique est un aspect normal de la vie de chacun, la tendresse et le contact physique comme une expression de l’amour et de l’affection» (op. cit., p38). « Entre 4 et 6 ans », cette période de l’enfance serait propice pour « parler de sujets sexuels », explorer les « relations du même sexe » (op. cit., p 41)

Notons encore, comme nous y invite l’internaute « Lothaire » sur le forum de Hoaxbuster, « qu’il n’y a vraisemblablement jamais eu aucune condamnation formelle et explicite de ce projet dans aucune institution éducative d’un seul état européen », et « qu’aucun état européen n’a jamais explicitement déclaré qu’il écartait ce document de manière définitive à cause de son ambiguïté »(8).

Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans quelles mesures ce document est-il accepté comme base de travail par l’une ou l’autre de ces institutions éducatives en Europe (dans quels pays ?) ou même comme source d’inspiration pour des associations susceptibles d’intervenir dans les écoles publiques ?

Au final, vu cette levée de boucliers et l’attitude habituelle de l’Éducation nationale face à ces sujets – laquelle institution est « très fermée » et « dans le déni » en la matière, selon le Pr Israël Nisand, le 30 juin 2018 (14) – qu’en sera-t-il des chances d’application réelle (et des modalités) de cette nouvelle circulaire, si elle a lieu, à la rentrée 2018 ? Ceci dit, le seul moyen,  semble-t-il, pour le gouvernement français, de calmer le jeu et de garantir l’abandon pur et simple de toute éducation sexuelle précoce, en réponse aux diverses inquiétudes, serait de renoncer officiellement à toute référence aux « standards européens d’éducation à la sexualité ». Et quand bien même il n’y aurait aucune éducation à la sexualité en maternelle, il est essentiel de rester attentif à ce qui est effectivement prévu d’aborder en primaire et au collège.

Affaire à suivre….

Aller plus loin :

Dans son « Fahrenheit 451″(Denoël, 1993, « Présence du futur », pp 98,101), Ray Bradbury souligne que « trois choses nous manquent », à nous les humains : la première est « la qualité de la connaissance » ; la seconde est « le loisir de l’assimiler », ; la troisième et dernière est « le droit d’entreprendre des actes basés sur ce que nous aura appris l’interaction des deux premiers éléments ». Aujourd’hui, plus que jamais, à l’heure où nous sommes submergés d’informations via nos téléphones/mails et réseaux (a)sociaux, il importe d’être exigeant sur ces trois choses fondamentales, qui nous manquent le plus.

Prendre le temps d’une telle démarche peut paraître un luxe ou utopique, mais a l’avantage de nous permettre d’adopter la même attitude que le Christ, qui, quoiqu’il ait « vu rouge » en entrant dans le temple de Jérusalem, a su prendre le temps de tresser un fouet de cordes avant de chasser les marchands illégitimement installés (Jean 2v14-15).

 

 

 

Notes :

(1) https://www.dailymotion.com/video/x6p9ppq [les 9 premières minutes] et http://discours.vie-publique.fr/notices/183001634.html

(2)  http://www.education.gouv.fr/cid115029/education-a-la-sexualite.html.

(3) https://www.la-croix.com/Famille/Education/Leducation-sexuelle-affective-relancee-rentree-2018-08-17-1200962425 et http://www.vousnousils.fr/2018/07/20/education-a-la-vie-sexuelle-et-affective-trois-seances-par-an-en-secondaire-des-la-rentree-615873 

(4) Découvrir « la loi Schiappa » 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes (NOR: JUSD1805895L) : http://www.assemblee-nationale.fr/15/projets/pl0778.asp.

(5) Cf https://www.facebook.com/RoubaixNews/?hc_ref=ARTMNsei64S77398Mm00gIPYmmJutikWOsW480f8QioFsXBze8GWnf89prxXtPDiJek&fref=nf (Le message en question est accompagné d’une capture d’écran d’un article de BFM TV et d’un document surligné de rouge avec trois colonnes : «  âge  », «  étapes du développement  » et enfin « comportement et vécu  ». Et les passages soulignés -faisant notamment correspondre «  4 ans  » à «  premières questions sur la sexualité  » ou «  5 ans  », «  faire l’expérience des premières amitiés sincères et relations amoureuses avec des êtres du même sexe ou de l’autre sexe  »). Voir l’analyse des « Décodeurs du Monde ».

(6) https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-le-yeti-voyageur-a-domicile/20140119.RUE9436/l-oms-traite-de-sexualite-enfantine-quelle-bouffee-d-air-frais.html

(7) http://www.liberation.fr/checknews/2018/08/30/est-il-vrai-que-l-oms-impose-des-cours-d-education-sexuelle-avant-4-ans_1675450 ou https://www.20minutes.fr/societe/2144063-20180828-education-sexuelle-rumeur-cours-ecole-refait-surface-internet

(8) http://www.hoaxbuster.com/comment/13374

(9) Voir https://proscontreeducsex.wordpress.com et https://proscontreeducsex.wordpress.com/a-propos/

(10) https://proscontreeducsex.wordpress.com/les-textes-preoccupants/

(11) Cf https://proscontreeducsex.wordpress.com/les-standards-europeens-deducation-a-la-sexualite-de-loms/

Ainsi que « la stratégie    nationale de santé sexuelle – mars 2017, pour la France, laquelle, selon le Dr Berger, « fait en réalité référence, par ricochets successifs et sans les nommer, aux Standards pour l’éducation sexuelle en Europe ». https://proscontreeducsex.wordpress.com/2017/08/03/la-strategie-nationale-de-sante-sexuelle-de-mars-2017/ )

(12) https://proscontreeducsex.wordpress.com/reponse-envoyee-au-journal-20-mn/

(13) https://www.reseau-canope.fr/outils-egalite-filles-garcons/pour-aborder-leducation-a-la-sante-et-a-la-sexualite.html

(14) Voir « Ados et porno : un nouveau problème de santé publique ? » Interview(30/06/18), sur le JIM.fr (Journal International de Médecine, du Pr Israël Nisand, gynécologue-obstétricien, CHU de Strasbourg, président du CNGOF (Collège nationale des gynécologues et obstétriciens Français), qui a lancé un appel aux pouvoirs publics afin qu’ils adoptent différentes mesures pour limiter l’accès des mineurs à la pornographie. Voir la partie « Comment jugez-vous l’action de l’Education nationale en la matière ? » – 10:22