« Je sais rien mais je dirai tout » : d’abord un film de et avec Pierre Richard(1973). Aujourd’hui, il semble que ce soit un nouveau crédo…
Connaissez-vous « Le 1 » ? L’hebdo d’idées « qui ne se feuillette pas, mais se déplie », lancé depuis le 09/04/14 par Eric Fottorino, l’ancien directeur du Monde.
Cette « nouvelle expérience de presse », qui se veut « 1-dispensable », comme l’explique Eric Fottorino , est d’abord un curieux objet. Une grande feuille pliée trois fois sur elle même en format A4.
Ensuite, « Le 1 » traite d’un seul thème par semaine sur différents angles, à travers les regards d’écrivains, chercheurs ou artistes pour «comprendre et ressentir le monde qui vient ». Il ne demande pas plus d’une heure de lecture, mais tout de même plus de 20 minutes. Il paraît chaque Mercredi et est vendu 2,80€. Sans publicité*.
Bref, un format original, agréable et une bonne intention de départ(dans le traitement de l’info)qui n’est pas pour me déplaire. Mais quels regards privilégie-t-il ? A ce sujet, le numéro 41 du 28 janvier 2015, intitulé « Que dire à nos enfants ? »**, a récemment retenu mon attention.
Après la tuerie de Charlie Hebdo et ses répercussions, l’école se trouve au centre des interrogations. Comment répondre aux questions des élèves tout en déjouant les provocations ? Comment combattre l’intolérance, l’obscurantisme et transmettre les valeurs républicaines de liberté, de laïcité et de respect ? Il faut plus que jamais faire de l’éducation une priorité et ne pas abandonner les élèves en état de rupture républicaine.
La question est légitime et mérite d’être traitée. Néanmoins, j’ai trouvé le numéro plutôt déséquilibré, me paraissant donner une large place aux points de vue véhiculés par de non-spécialistes de la laïcité (mais vrais dogmatiques, partisans d’une « laïcité stricte »). Ainsi, l’académicienne Danièle Sallenave*** et la philosophe Elisabeth Badinter****, se taillent la part du lion*****. Mais pour dire quoi ? Ou pour que l’on dise quoi, à nos enfants ? D’autant plus que, rappelons-le, l’une et l’autre ne sont aucunement des spécialistes de la laïcité.
Mme Sallenave appelle à un « Un devoir de tolérance réciproque » (titre de l’article qui peut être consulté dans son intégralité ici), même s’il semble que dans l’esprit de son auteur, sauf erreur, il ne soit pas certain que ce devoir soit si réciproque que cela- certains se devraient-ils d’être « plus tolérants que d’autres » ? Extrait : « Ceux qui depuis des années se battent pour que l’école conserve ou retrouve ses valeurs fondatrices se sont félicités de voir les plus hautes autorités de l’État rappeler le lien qui unit l’école à la République, et la charger expressément de réparer un scandale, pourtant prévisible : celui de voir des enfants de familles musulmanes refuser de se joindre au mouvement de protestation unanime de la nation, et se déclarer plus proches de la religion caricaturée que des caricaturistes(Sic). Mais suffira-t-il pour les ramener dans le giron de la République(Re-sic) de décréter une journée de la laïcité, de les faire se lever à l’entrée du maître et ânonner en chœur qu’ils sont « pour la liberté d’expression » ? Je n’en crois rien. Certains de ces enfants, dans les quartiers périphériques ou les cités, ne se sont pas sentis solidaires de ce vaste sursaut patriotique (re-re-sic) parce que, à tort ou à raison, ils n’ont pas le sentiment que leur cité, leur quartier, leur famille même, leurs parents, appartiennent au même monde que celui des centres-villes, des professeurs, des docteurs et des juges. Voilà pourquoi certains refusent l’humour ou l’ironie quand ils visent ce qu’ils considèrent comme leur appartenance de naissance ». (re-re-re-sic : et pourquoi pas « d’origine », pendant qu’on y est ? Faut-il envoyer de tels « déviants » dans des camps de redressement ? Faut-il donc « arracher » ces élèves à tous les « déterminismes » ? Nous ne sommes pas loin de Nathalie Saint-Cricq****** )
Mais, dit-elle, « on ferait mieux de méditer la formule sans ambiguïté du président de la République selon laquelle « les religions n’ont pas leur place à l’école ». Même si elle est aujourd’hui difficile à comprendre et plus encore à mettre en œuvre, il convient de rappeler qu’elle a régné longtemps sur l’école républicaine, et tout le bénéfice que celle-ci, et la République, en ont longtemps tiré ».
Chacun appréciera et fera sa propre analyse.
Pour Mme Badinter, « Il faudrait d’abord enseigner la laïcité aux parents »*******.
Et quelle serait sa définition de la laïcité ? Comment l’expliquerait-elle devant une classe ?
Elle dirait « que toutes les religions sont admises au sein de la République, pas les sectes. C’est cela la laïcité. L’État garantit une protection générale à tous afin que les personnes puissent pratiquer leur religion, mais il ne se mêle de rien. Chacun doit comprendre que les religions n’ont pas à faire la loi en politique. Et j’insisterai, en second lieu, sur la séparation du public et du privé. C’est déterminant. La religion doit se limiter à l’espace familial et aux lieux de culte. La religion, c’est une affaire personnelle ». Mais, de même que « la rue ne saurait gouverner », elle estime « saisissant » que, désormais, les religions se trouvent dans la rue [à moins qu’il ne s’agisse de l’espace public ?]: « dans le grand débat national, en 2013, sur le mariage pour tous », elle déclare avoir été « extrêmement surprise par la réaction militante (sic) d’une grande partie des catholiques. Ce qui n’était habituellement pas visible-le poids des convictions religieuses sur le politique-, nous l’avons tous vu réapparaître comme jamais. La discrétion n’était soudain plus de mise(re-re-sic) et c’est vrai pour beaucoup de pratiquants des trois grandes religions. »
Cachez donc ce croyant ou « ce religieux »(« fanatique » et « terroriste » en puissance ?) que je ne saurais voir ! L’article aurait pu être rebaptisé : « il faudrait d’abord enseigner les religions (mais aussi ce que signifie « tolérance » et « liberté de conscience ») à Elisabeth Badinter », laquelle fait preuve d’une certaine intolérance, liée à un mépris certain. On sera édifié par sa remarque sur la kippa : « je suis stupéfaite de voir des jeunes juifs dans la rue avec une kippa. C’est quoi une kippa ? On se couvre la tête quand on prie. Cela signifie qu’on met une kippa quand on entre dans une synagogue et qu’on l’enlève quand on sort. Quand on va chez son épicier, on a peu de chances de parler à Dieu ! [pourtant, il est possible de prier ou de parler à Dieu en servant le vin, que l’on porte ou non une kippa cf Néh.2v1-5]Nous sommes en présence de revendications identitaires très fortes(…)et c’est désastreux. Depuis une vingtaine d’année, la laïcité recule, recule, recule…Que l’on puisse revendiquer des plats halal, des plats casher dans les crèches ou les écoles, c’est pour moi incompréhensible ! Quand on fréquente l’école publique, on mange comme tout le monde. Les minoritaires n’ont pas à imposer leur régime aux autres ».
Les « minoritaires » apprécieront.
Mais nous restons stupéfaits devant tant d’inculture religieuse. La laïcité serait-elle l’ignorance ? Ou le mépris ?
En guise de « rattrapage », nous suggérons la lecture des articles suivants : l’un d’Akadem, campus numérique juif, et cet autre, tiré du Monde daté du 24/09/12 : « En réaction aux propos de Marine Le Pen, qui a suggéré d’interdire le port du voile islamique et de la kippa dans l’espace public, [celui qui était à l’époque ministre de l’intérieur-et donc des cultes] a tenu à rassurer des fidèles partagés entre incrédulité, inquiétude et mépris pour des propos jugés « antirépublicains ». « Chaque religion a ses rites et ses traditions ; la liberté de croyance, c’est la liberté de porter la kippa, de manger casher, de réaliser la circoncision(…)Je me méfie de ceux qui, comme Marine Le Pen, se disent avocats de la laïcité et sont en fait des incendiaires du débat public. La laïcité n’est pas faite pour jeter les uns contre les autres. Les juifs de France peuvent porter avec fierté leur kippa(…) C’est la responsabilité des politiques de ne pas répondre à ces provocations. »
Et aussi la responsabilité des journalistes et des intellectuels ?
Bref, les intéressées sont-elles les mieux placées, ou les plus pertinentes, pour parler et même pour expliquer ce qu’est la laïcité ? D’autant plus que ce numéro s’est fait sans Jean Bauberot ********(Professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l’EPHE) ou même Raphaël Liogier(sociologue, Professeur à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et directeur de l’Observatoire du religieux), lesquels ont pourtant des choses à nous apprendre sur la question. Et même de quoi répondre aux deux personnalités citées plus haut :
– Ainsi, Raphaël Liogier, de façon indirecte à l’une et l’autre, rappelle que « la laïcité, c’est deux choses : la séparation des églises et de l’État, définie par la loi de 1905 – et non pas la séparation du religieux et du politique – et la neutralité des agents publics. Ce qui n’est pas la neutralité de l’espace public ! Si l’espace public devient un espace contraint[ou restreint] en ce qui concerne l’expression des opinions, qu’elles soient politiques ou religieuses, c’est une régression. Ce qu’on nous propose aujourd’hui, ce n’est même pas la neutralité de l’espace public, c’est sa neutralisation, donc un retour à une situation antérieure à 1789, au nom de la laïcité »…..(Lire absolument ces articles sur Bastamag, La Provence, et sur un blogue de Médiapart)
– et de façon plus directe, Jean Bauberot avait réagi sur son blog aux propos d’ Elisabeth Badinter, qui, lors d’une interview pour le Monde des religions(Le Monde du jeudi 29 septembre 2011 en avait publié de larges extraits) avait déclaré qu’ « en dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la laïcité.»
Le même Jean Bauberot avait aussi répondu dans une autre note de blogue à Danielle Sallenave*********, suite à l’intervention de celle-ci sur France culture, lui rappelant que « JAMAIS la laïcité (…) n’aurait triomphé en France si elle n’avait pas su se montrer accommodante. Sans cela le conflit des deux France aurait dégénéré en guerre civile et que la France, avec la laïcité intégrale que certains souhaitaient, aurait quitté l’épure démocratique ». Ce que, reproche-t-il, Mme Sallenave, « inconsciemment ou non peu importe », souhaite « masquer », parce qu’elle ne le supporte pas. Il reste convaincu que prôner « une laïcité non accommodante, l’exact contraire de la laïcité historique (du moins, celle qui, heureusement, s’est imposé politiquement) », c’est là engager « la France dans une voie désastreuse. »
Etonnant choix de la part d’un journal qui se fait fort de proposer chaque mercredi « plusieurs regards sur une question d’actualité »….
On peut aussi s’étonner de ne trouver quasiment aucun représentant des diverses religions-du moins monothéistes : chrétienne (catholique, orthodoxe, protestante-FPF, CNEF ou même CPDH), juive et musulmane, à part la seule contribution (« ne pas insulter la foi des autres ») du prêtre-éducateur Guy Gilbert.
Il aurait été aussi pertinent (plus que de donner une parole excessive à celles qui méprisent les confessions et convictions des autres, y compris celles des enfants) de rappeler qu’ « en France, l’école publique est laïque et accueille ainsi des élèves et des parents de convictions très diverses, en toute neutralité. Toutefois, si l’école est laïque, ses usagers ne le sont pas. Leurs convictions, de toutes natures, ne restent pas à la maison », et ils sont « libres de les dire à l’école », n’en déplaise à Mesdames Sallenave et Badinter. Un petit livre nous invite à réfléchir sur la liberté de conscience et à son libre exercice (comme à son bon usage), particulièrement dans un contexte qui lui semble peu évident et bien peu favorable, de prime abord. L’enjeu restant le « bien vivre ensemble ».
A l’inverse, « Le 1 » nous donne à lire « Enseigner l’histoire des religions, c’est enseigner l’histoire du doute », de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur : respectivement cinéaste et journaliste, par ailleurs auteurs du fameux « corpus christi » diffusé sur Arte en 1997(+ L’Apocalypse, l’origine du Christianisme)…Il est utile de rappeler que l’un et l’autre n’ont aucune formation philosophique, théologique ou biblique. Ils sont encore moins historiens ou exégètes, mais avant tout des metteurs en scène, faisant parler les spécialistes en les scénarisant selon un plan bien précis.
Selon eux, « Il est primordial de montrer aux élèves la dimension historique du fait religieux. Ils auront ainsi la possibilité de prendre du recul par rapport aux croyances dans lesquelles ils ont été élevés. Apprendre à douter éveille l’esprit critique…. »
Bien vu ! Et pourquoi ne pas « montrer aux élèves la dimension historique » de la laïcité, pour leur donner la possibilité de prendre un recul bienvenu ?
Commentant le numéro du Monde du Week-end dernier dans une note de blogue, Patrice de Plunkett relève que « Jean Baubérot y souligne avec ironie qu’un enseignement de la laïcité ne peut se fonder que sur la connaissance historique(…), mais que la connaissance historique serait dangereuse pour nos marchands de prêt-à-penser qui croient, par exemple, que laïcité et féminisme marchent du même pas : « Apprendra-t-on aux élèves que la France a été le seul pays démocratique où a existé un siècle d’écart entre l’instauration du suffrage masculin (1848) et le suffrage universel (1944) ? Or c’est en invoquant la laïcité que des parlementaires ont régulièrement refusé d’accorder la citoyenneté politique aux femmes, considérées comme »soumises » au clergé. Un silence sur ce point serait très significatif. »
Il n’est donc pas inutile de rappeler, à l’instar de Jean Bauberot, que « comme toute réalité sociétale, la laïcité doit faire l’objet d’une démarche de connaissance ». De même, sur un plan plus général, que l’histoire reste une science. Et une science exigeante, qui plus est, nécessitant une certaine rigueur, valable pour tous. Bien entendu, l’histoire n’appartient pas aux historiens. Mais sans eux, l’analyse risque de se réduire à la simple expression d’une simple opinion sans fondement scientifique.
Or, il semble que, aujourd’hui, tout le monde prétende informer, enseigner ou même faire(de)l’histoire. En réalité, beaucoup s’expriment. Le plus souvent sur ce qu’ils ne connaissent pas…**********
Il est pourtant « 1-dispensable » d’en prendre conscience, non ?
A lire, dans le Nouveau Testament, Actes 4, où l’on retrouve cette tentation de la foi « en chambre ». Et où comment l’on peut rendre visible ce que l’on croit…
Notes :
* Plus exactement, « Le 1 » est uniquement financé pour le moment par un seul actionnaire, Henry Hermand, 89 ans, entrepreneur et dirigeant d’entreprises. Lequel Henry Hermand a construit l’un des premiers groupes français d’immobilier commercial et a joué un rôle de premier plan dans de nombreux organes de presse comme Esprit, Quinzaine, Tribune des peuples, Faire, Le Matin de Paris…. Il finance notamment le cercle de réflexion Terra Nova, proche du PS). Ont également des parts dans le titre Éric Fottorino lui-même, Laurent Greilsamer(ancien directeur adjoint du Monde, aujourd’hui directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Le 1 et enseignant à Sciences-Po)et Natalie Thiriez, la directrice artistique. Informations disponibles sur le site du « 1 ».
** Le numéro est construit ainsi :
Le temps de l’émotion
Victor Hugo, Écrit après la visite d’un bagne
Un devoir de tolérance réciproque Danièle Sallenave
Brouillages Robert Solé
Pardon ? Oui, pardon. Jean-Daniel Magnin
Le dessin de Céline Devaux
Le temps de la réflexion
Repères : état et religions depuis 1789 François Olislaeger
« Il faudrait d’abord enseigner la laïcité aux parents » Élisabeth Badinter
École : le handicap des enfants d’immigrés Loup Wolff
Ne pas insulter la foi des autres Guy Gilbert
Le temps de l’évasion
« Je crois à l’interculturel »J.M.G. Le Clézio
Pour la laïque Jean Jaurès
Les « Français » et « nous »Jean-pierre Obin
Déverrouiller l’institution Jean-Michel Croissandeau
Communiquer la sagesse du genre humainJules Ferry
« Je me suis senti en difficulté »Hugo Billard
De la maternelle à l’université Anne-Marie Cocula
Désarroi dans les classes Elsa Delaunay
« Enseigner l’histoire des religions, c’est enseigner l’histoire du doute »Gérard Mordillat Jérôme Prieur
De vives crispations
Je suis Charlie et je suis prof WEBONLY Gabrielle Tuloup
Des histoires – WEBONLY Thomas Vinau
*** Egalement normalienne et agrégée de lettres classiques. Elle a enseigné la littérature et l’histoire du cinéma à l’université Paris-X Nanterre de 1968 à 2001.
**** Spécialiste du siècle des lumières, féministe et milliardaire : présidente du conseil de surveillance de « Publicis », fondé par son père. En 2014, elle est la deuxième actionnaire de ce groupe.
***** Mme Sallenave bénéficie d’une pleine page, en deux colonnes, en p 3 ; Mme Badinter, de quatre colonnes, étalées sur les pp 5 et 6.
****** Nathalie Saint-Cricq est responsable, depuis juin 2012, du service politique de France 2. Lundi 12 janvier 2015, au journal de 13h, interrogée par Elise Lucet sur la marche républicaine qui a eu lieu la veille un peu partout en France et sur ses conséquences, elle avait déclaré : « C’est justement ceux qui ne sont pas « Charlie » qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui « balancent » sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux que nous devons repérer, traiter*, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale ». (http://blogs.mediapart.fr/blog/gerard-becquet/130115/reperer-et-traiter-ceux-qui-ne-sont-pas-charlie-la-traque-est-ouverte-la-france-est-mure-les-med )
******* Article commenté par Joseph Gynt, dans son édito pour « Les Cahiers libres ».
******** Voir ses blogues : http://jeanbauberotlaicite.blogspirit.com/ ; http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-bauberot
********* Voir aussi ce débat récent publié dans Le Monde du WE dernier : Après les attentats début janvier, le gouvernement a engagé une « grande mobilisation« de l’éducation nationale pour transmettre les « valeurs de la République ». Mesure pour combattre le fanatisme ou risque de religion laïque ? Deux points de vue :
– Les religions n’ont pas leur place dans les établissements scolaires, par Danièle Sallenave (écrivain et membre de l’Académie française). Confrontée à des adolescents qui revendiquent leurs appartenances identitaires, l’école doit tenir à distance et arracher les élèves à toutes les déterminations grâce à l’exercice de l’esprit critique.
– Adopter des politiques incantatoires est inutile, par Jean Baubérot (historien et sociologue). Les récentes annonces faites par la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, visent d’abord les élèves et leurs parents, avec notamment la signature d’une charte de la laïcité. L’exercice risque d’être vain tant l’institution scolaire échappe à toute remise en question.
********** Lundi, sur le plateau de BFM-TV, l’ex-ministre UMP Nathalie Kosciusko-Morizet s’est exprimée pour dénoncer la radicalisation des jeunes, s’appuyant sur un «exemple très concret »(en réalité très fantaisiste) : de nombreux enfants arriveraient en retard le matin à cause de la prière. Elle a aussi déclaré que la religiosité des parents était une « radicalisation », que cette radicalisation était de la « maltraitance » envers les enfants, et qu’il fallait donc retirer ces enfants à leurs parents….
Voir : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2015/02/03/delire-antireligieux-dans-la-classe-politique-5551073.html#more
http://www.liberation.fr/politiques/2015/02/02/les-enfants-musulmans-a-la-priere-plutot-qu-a-l-ecole-nathalie-kosciusko-morizet-en-pleine-derive_1193977
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20150202.OBS1483/quand-nkm-se-prend-les-pieds-dans-le-tapis-de-priere.html