Quand la famille Tolkien soutient l’aide aux réfugiés et l’écologie…au grand dam de l’extrême-droite

Source image : Christian Bourgeois éditeur

C’est une page de fan du Seigneur des anneaux comme il en existait beaucoup dans les années 1990. 

Sous la photo d’une jeune femme à la coupe au carré et au sourire timide, un texte blanc sur fond fuchsia formé de quelques mots par lesquels elle se présente. « Mes centres d’intérêt sont les livres de fantasy (forcément, Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien est mon livre préféré) », écrit, en italien, l’étudiante à l’origine de cette page. Elle s’appelle Giorgia, elle a à l’époque 21 ans, et elle habite à Rome.  

Quelques dizaines d’années plus tard, Giorgia est toujours aussi admirative du travail de J.R.R. Tolkien. Selon elle, la saga culte représente tout ce qu’elle défend, maintenant qu’elle est à la tête de l’Italie. Pendant sa campagne, elle a même invité l’acteur qui fait la voix italienne d’Aragorn pour lancer son meeting. 

Selon Giorgia Meloni [actuelle Première ministre d’Italie depuis 2022, et présidente d’un parti d’extrême-droite et « national-conservateur » depuis 2014] , tels les hobbits, il faut que les Italiens protègent leurs terres des « forces du mal » venues du Mordor… Mais pour elle, ces forces du mal, ce sont les étrangers. Dans ses discours, elle utilise des références au Seigneur des anneaux ou au Hobbit pour appuyer sa politique xénophobe.

Sauf que la récupération politique par l’extrême droite de J.R.R. Tolkien n’est pas au goût de tous. Et sûrement pas de ses descendants, qui financent avec les royalties la solidarité avec les migrants, les actions contre les ventes d’armes ou les pesticides.

Un article à lire sur le site de Basta!

L’Ascension, une fête chrétienne

Si l’Ascension évoque quelque chose, ce sera peut-être aux alpinistes, aux cinéphiles – voir le titre éponyme du film soviétique de Larissa Shepitko (1977) – et à tous ceux qui bénissent ce fameux jeudi férié inscrit dans notre calendrier, puisqu’il permet de « faire le pont » jusqu’au week-end.

Pour d’autres, l’Ascension est une fête chrétienne, c’est-à-dire non instituée bibliquement [dans l’Ancien Testament] mais commémorant l’action de Dieu en prenant pour thème des moments importants de la vie du Seigneur Jésus-Christ racontés dans les évangiles (ainsi sa naissance, sa mort et sa résurrection avant son Ascension), ou de l’action de l’Esprit (Pentecôte).

Pourtant, qui d’entre vous a déjà entendu une prédication ou vécu un culte où il aurait été question de l’Ascension ? Même l’excellent site 1001 questions ne compte qu’une question sur le sujet, en témoigne le résultat obtenu sur le mot-clé « Ascension ».

D’où cette invitation à une méditation biblique sur le sujet avec nos deux articles [guère plus que le site précédent, me diriez-vous !] :

Dans le premier, sobrement titré « Ascension », il est notamment rappelé le livre des Actes des Apôtres, dans le Nouveau Testament, commence avec le dernier éloignement de Jésus, son élévation au ciel. Jésus a continué à apparaître aux siens durant quarante jours et Luc, dans son évangile, tient à nous écrire qu’ils le virent vivant, donc non pas comme une vision, mais dans sa plénitude physique. C’est la belle promesse de la résurrection : qu’elle restitue les formes concrètes, que les sens en soient les témoins.

De ce jour d’adieu, après lequel Jésus ne devait plus apparaître à ses apôtres, il reste écrit un bref dialogue en ouverture du livre des Actes des Apôtres ; deux répliques seulement, mais essentielles. Certains demandent à Jésus si le moment du royaume d’Israël est proche, celui qui marque le temps final du monde. En réponse, ils obtiennent un refus, car il ne leur appartient pas de connaître ce temps-là. En revanche, ajoute Jésus, c’est à eux que revient la force de devenir ses témoins dans le monde. Jésus enseigne ainsi qu’il est vain de s’interroger sur les temps de l’échéance de la confection du monde, il est vain de chercher dans les Saintes Ecritures ou ailleurs, dans les livres d’astronomie, sa date d’extinction. De nombreuses prévisions d’apocalypse ont été tentées, mais il ne nous appartient pas de connaître le terme de l’histoire. Il appartient à l’homme, s’il a la foi, de devenir témoin auprès des autres de la nouvelle sacrée [« l’Evangile »].

Enfin, le second texte, qui a pour titre « l’Ascension : la fête de la liberté de Dieu », souligne que – le saviez-vous ? – le récit de l’Ascension est raconté deux fois dans les Écritures Bibliques : à la fin de l’évangile de Luc et au commencement des Actes des Apôtres. Un fait d’autant plus troublant qu’à l’origine ces deux livres [écrits par le même auteur] n’en faisaient qu’un. Pourquoi Luc a-t-il raconté deux fois le même épisode de deux façons différentes ?

Bonnes lectures édifiantes et bonne fête de l’Ascension !

« Si l’extrême droite s’intéresse au christianisme, le christianisme doit bien s’intéresser à elle »

« Ce n’est pas d’abord nous, les chrétiens, qui nous intéressons à l’extrême droite, c’est l’extrême droite qui s’intéresse à nous ». Et « si l’extrême droite s’intéresse au christianisme, le christianisme doit bien s’intéresser à elle, et les chrétiens sont obligés de se poser la question : la religion chrétienne peut-elle être définie comme une « culture à défendre », une « identité à protéger » ? »(1) questionnent Paul Colrat et Guillaume Dezaunay du Collectif Anastasis(2).

Dans cet article, initialement publié dans la revue « En Question » éditée par le Centre « Avec » : « Vers un nouveau dimanche noir ? Comprendre l’extrême droite pour mieux y résister », En Question, n°148, printemps 2024, les auteurs nous donnent des éléments pour un « anti-fascisme chrétien ». Qu’ils en soient remerciés, comme je les remercie de m’avoir chaleureusement autorisé à le republier sur Pep’s café!

Ce n’est pas d’abord nous, les chrétiens, qui nous intéressons à l’extrême droite, c’est l’extrême droite qui s’intéresse à nous. Même quand elle ne se définit pas comme chrétienne, car se mêlent en son sein des tendances explicitement païennes à d’autres chrétiennes traditionalistes, l’extrême droite a besoin du christianisme, non comme foi, non comme spiritualité, mais comme culture, et plus précisément comme la culture d’un peuple. Elle a besoin des « racines chrétiennes » de la France ou de l’Europe pour définir le propre d’un collectif, son identité, en l’opposant du même coup à des altérités, au premier rang desquelles « l’Islam-incompatible-avec-les-valeurs ». De la même manière qu’elle s’intéresse au christianisme comme culture, elle a commencé récemment à s’intéresser à la laïcité, et à la République, non pas pour l’esprit qui les habitent – à savoir le primat de la liberté de conscience et la quête de l’unité dans la diversité – mais comme moyens de définir un propre à opposer à des éléments étrangers. Si l’extrême droite s’intéresse au christianisme, le christianisme doit bien s’intéresser à elle, et les chrétiens sont obligés de se poser la question : la religion chrétienne peut-elle être définie comme une « culture à défendre », une « identité à protéger » ?

La désappropriation contre l’auto-affirmation

Le christianisme est un appel perpétuel au déplacement : « convertissez-vous, changez vos cœurs ». En cela, le christianisme appelle à penser contre soi-même. L’extrême droite pense peu, précisément parce qu’elle cherche à être, à affirmer l’identité de son être alors que penser consiste à recevoir une vérité qui n’a de valeur que si elle n’est pas la simple affirmation de nous-même. Certes l’extrême droite parle, abondamment, parfois avec éloquence, mais ce n’est pas encore de la pensée, c’est-à-dire de la création de concepts. Tous ses concepts, elle les a volés. Elle les a notamment pris à la gauche, sa stratégie étant de retourner ces concepts contre son ennemi : elle dit ainsi « nation » ou « laïcité » non plus pour émanciper le peuple du pouvoir royal ou religieux, mais au contraire pour renforcer le pouvoir de l’État et lutter contre la liberté religieuse de la minorité musulmane. De même, quand elle parle du christianisme, elle ne le pense pas, elle n’en fait pas une ressource pour la créativité conceptuelle, existentielle, ou même esthétique, elle en fait un élément de patrimoine à valoriser. Là aussi se trouve un certain sacrilège, qui défigure la puissance de sanctification ‒ donc de transformation aussi bien personnelle que collective (3), à l’œuvre dans les traditions chrétiennes ‒ pour en faire un patrimoine sacré, c’est-à-dire intouchable, immobile.

L’extrême droite voit le christianisme comme une culture dont il faut être fier, le propre d’une civilisation à préserver contre d’autres, ce qui ne doit pas mourir : la virilité des chevaliers, l’anti-nomadisme, l’anti-Islam, un moyen de conserver l’ordre et le passé, le refus de toute culpabilité. Il s’agit alors non pas du christianisme mais d’une religion païenne tout ce qu’il y a de plus classique : un dieu non pas pour tous mais pour un peuple contre les autres, un moyen de renforcer la cohésion sociale et de limiter les débordements, un moyen de mieux gagner les guerres. Ce type de religion est ce dont le christianisme a essayé de sortir : religion close, utilitaire, sans profondeur spirituelle, sans appel à la profonde remise en question de soi et à la révolution des cœurs. Ce christianisme sans Christ, qui préfère la Tradition à l’Évangile, si tant est qu’on puisse appeler tradition chrétienne une tradition déracinée de l’Évangile, ressemble à ce que les courants identitaires font de l’Islam, renonçant à l’universalisme de leur religion au profit d’une fraternité close d’un peuple mythifié contre d’autres diabolisés. L’extrême droite qui se dit chrétienne et l’extrême droite qui se dit musulmane sont deux frères siamois qui s’excitent mutuellement, chacun avec son style, tout en partageant de la civilisation une même définition : identité sans mélange prête à la guerre.

La question n’est pas d’opposer une religion contre une autre, mais, à l’intérieur des religions, des tendances universelles contre des tendances identitaires. On peut tenter l’hypothèse suivante : les fascistes ne sont-ils pas effrayés par l’Islam précisément en ce qu’il leur rappelle l’Église qu’ils ne peuvent que détester ? Ils ne cessent de dénoncer la « oumma » (la communauté des musulmans) parce qu’elle n’appartient à aucun peuple et incite au déracinement, mais telle est aussi la vocation universelle de l’Église. Si Jésus a été mis à mort, c’est qu’il faisait la promotion d’un judaïsme contre un autre : il jouait le souffle des prophètes contre la clôture identitaire des scribes et des pharisiens ; la préférence pour l’étranger contre la préférence familiale et nationale ; l’effondrement des structures de domination contre leur préservation à tout prix ; la mise en commun de l’héritage pour toutes les nations contre la privatisation de celui-ci au profit d’une nation exclusive ; l’éloge de l’humilité contre celui de la fierté ; la promotion des femmes, des étrangers, des mal-vus, contre les bien-pensants privilégiés. Le christianisme n’est pas la religion du propre mais du procheLe proche n’est pas celui qui est comme moi, l’identique, mais l’étrange ou l’étranger qui s’approche. Quand le Christ nous dit d’aimer notre prochain comme nous-même, cela signifie qu’il faut retourner la logique du propre (« comme nous-même ») en une logique du proche.

L’extrême droite est en nous 

En un sens, l’extrême droite a régressé dans ses ambitions. Elle ne vise plus tant à établir une société plus raciste ou plus homophobe, mais à s’en tenir à ces injustices existantes. L’extrême droite n’est plus ce qui affirme son racisme mais au contraire ce qui cherche à le cacher. Tel est le paradoxe de ceux qui défendent l’identité : ils prétendent ne pas en avoir, n’être ni de droite ni de gauche. Ils se définissent par leur refus d’une identité politique particulière ; prétendant que leur identité serait universelle, ils défendent seulement les droits du « peuple ». Leur discours consiste bien souvent non pas à affirmer des positions explicitement racistes, mais à dénier qu’il existe du racisme : « non, la France n’est pas raciste » disent-ils, ou encore « halte à la repentance, notre passé n’est pas si terrible ». Lutter contre l’extrême droite, c’est d’abord reconnaître son racisme, sa position privilégiée dans une structuration raciale de la société. En ce sens, la lutte contre l’extrême droite fait partie d’un combat spirituel. Il serait trop facile de lutter contre l’extrême droite comme si elle était un ennemi seulement extérieur. L’extrême droite est aussi en nous, lutter contre elle fait partie d’un combat intérieur, car le racisme ou l’homophobie sont aussi en nous. Ce que le christianisme peut apporter dans la lutte contre l’extrême droite, c’est une compréhension de son caractère intérieur – c’est elle, l’ennemi intérieur.

Le chrétien ne lutte pas contre l’extrême droite comme s’il avait les mains pures. Il sait qu’il y participe encore, qu’il participe au racisme, c’est-à-dire à la structuration raciale de la société, parce qu’il bénéficie des basses œuvres faites par les racisés. Il participe à l’homophobie par ses silences. Au patriarcat quand il laisse sa mère, sa sœur ou sa femme s’occuper des enfants alors qu’il vaque à ses occupations. À la destruction de l’environnement par sa consommation. Au validisme (4) lorsqu’il oublie que les forts ont à porter la fragilité (Romains 15, 1). Au spécisme par son inconscience de la dignité de « tout ce qui respire » (Psaume 150, 6). Bref, il sait que son existence est actuellement nuisible, mais il ne se laisse pas aller à une déploration vaine et romantique, car il sait aussi qu’est donnée dans cette nuisance une grâce qui est d’en détourner l’usage pour que des biens collectifs jaillissent.

Ce que l’on a à retrouver pour combattre l’extrême droite est un juste sens de la faute, selon lequel la faute est occasion de conversion. Contrairement à ce que dit la droite et son lancinant « y en a marre de la morale », la reconnaissance de ses fautes, y compris de ses fautes structurelles, durables, n’est pas une posture caricaturale de battage de coulpe. Elle ouvre un chemin de conversion, donc un avenir, c’est-à-dire une aventure. Ce chemin de conversion est individuel mais aussi collectif.

Mener le combat spirituel contemporain

Quelles sont les coordonnées du combat spirituel contemporain ? Sixième extinction de masse, tensions géopolitiques croissantes, augmentation des migrations en raison des inégalités entre nations, des régimes violents et des dérèglements du climat. Que devraient proposer les chrétiens dans ce cadre ? Conserver l’ordre existant ? Pitié : il est mortifère, il est catastrophique, il est à destituer. Protéger nos modes de vie tout en cherchant à empêcher d’autres d’y accéder ? Seigneur, prends pitié : mieux vaudrait que ma langue se colle à mon palais et que mon bras droit soit paralysé. Charger le nouveau bouc émissaire, les Arabes et les musulmans, de tous les maux auxquels nous sommes confrontés ? Ô Christ, prends pitié : ne me laisse pas aller à la calomnie.

La lutte contre l’extrême droite doit aussi se jouer sur le terrain théologico-politique. C’est à des gestes théologiquement déterminés qu’il s’agit d’opposer d’autres gestes, déterminés soit par une autre théologie politique comme nous le proposons à Anastasis, soit en refusant tout bonnement la théologie politique comme d’autres le proposent (5). Dire que le combat contre l’extrême droite se place sur un terrain théologico-politique ne signifie pas que le théologico-politique est la condition sine qua non du combat contre l’extrême droite, il existe d’autres ressources. Néanmoins, il est nécessaire pour tout chrétien de ne pas voir dans le fascisme une position politique neutre, mais un ennemi spécifique.

Paul Colrat et Guillaume Dezaunay

Notes :

[1] Bernard Gorce et Xavier Le Normand, « Présidentielle 2022 : le vote des catholiques de droite se radicalise », La Croix, 11 avril 2022.

[2] Le collectif Anastasis est un groupe de réflexion et d’action qui cherche à faire vivre un christianisme de libération, prenant au sérieux la radicalité de l’Évangile et ses vibrants appels à la construction de la justice.

[3] Sur ce point, voir Paul Colrat, Foucauld Giuliani et Anne Waeles, La communion qui vient, Carnets politiques d’une jeunesse catholique, Seuil, 2021.

[4] Le validisme est un système faisant des personnes valides la norme sociale. Par extension, on parle de validisme dans une situation de discrimination envers les personnes en situation de handicap (Le Robert).

[5] Ainsi, Géraldine Muhlmann, L’imposture du théologico-politique, Les Belles Lettres, 2022.

Watch it (again) : conférences « Luttons contre le racisme dans la société et dans l’Eglise »

Face à la vague du racisme : résister, surfer complaisamment ou se laisser emporter ?

Formatrice(1) et prédicatrice protestante (Temple du Marais, Paris) – et aussi contributrice occasionnelle pour Pep’s café!(2), Josiane Ngongang a été invitée en juin 2023 par l’Eglise La Bonne Nouvelle de La Roche sur Yon, pour délivrer un enseignement interactif sur l’enjeu du racisme.  Avec notamment ce constat : « dans le monde des Eglises », il n’y a « pas trop de paroles autour de ça ». Et pourtant, les enjeux de racisme se posent aussi au sein du christianisme contemporain, et dans les Eglises de France.

Plusieurs vidéos sont disponibles à la suite de ces interventions :

Session 1 : « la justice au coeur du plan de Dieu »

Session 2 : « qu’est-ce que le racisme ? »

Session 3 : « le racisme et l’Eglise »

Session 4 : « l »art perdu de se lamenter »

Session 5 : « Faire un pas de plus, m’engager dans la justice raciale »

Conclusion

Et une prédication du dimanche 18/06/23

En introduction aux vidéos, cinq articles sur le thème « Eglises et Racisme » sont également à découvrir sur le site Regards Protestants.

Notes :

(1) Elle est enseignante d’un module de formation théologique sur les «injustices raciales et la libération des systèmes d’oppression»

(2) Découvrir notamment sa contribution à notre série biblique « quand Jésus prêche l’Evangile de Dieu »  ou son article « lutter contre le racisme le genou à terre ».

Read it (again) : Dune, de Frank Herbert

« Dune » est un cycle romanesque de Frank Herbert, dont le premier volume éponyme paraît en 1965. Celui-ci commence au moment où le Duc Leto Atréides reçoit la planète Arrakis, surnommée « Dune », en fief des mains de l’empereur Padishah Shaddam IV, mais il flaire le piège : l’empereur complote lui-même avec la maison rivale des Harkonnen et la Guilde spatiale pour éliminer les Atréides, jugés trop influents.

Le Duc Leto aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’histoire. Cependant, les Révérendes Mères de l’ordre féminin du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce (le « Kwisatz Haderach »), et surveillent Paul Atréides à cette fin : le fils du Duc Leto, qui vient d’avoir quinze ans, est issu d’une lignée sélectionnée et a montré dès l’enfance des dons extraordinaires. Serait-il le surhomme prévu par leur programme génétique ?
Le duc Leto assassiné par traitrise et sur ordre du baron Harkonnen, un tyran sans scrupules, Paul décide de le venger en proposant aux Fremen l’eau de leurs rêves. Il devient « Muab’Dib », leur prophète et messie, à travers des épreuves qui le révèlent comme un « kwisatz Haderach » prématuré, ayant échappé au contrôle du Bene Gesserit. A la tête des Fremen, il bat les Harkonnen et l’empereur lui-même, avant de lancer ses légions à la conquête de la galaxie. Devenu « le Messie de Dune », dans la suite parue en 1969, Paul se trouve accablé par la prescience totale qui l’enferme dans l’ennui et menace d’emprisonner l’humanité dans un destin préécrit…..comment alors se sortir d’une telle impasse ?

Difficile de résumer une œuvre de l’ampleur de « Dune », laquelle décrit un macrocosme, un empire galactique en l’an 10191, à partir d’un microcosme, la planète Arrakis, désertique et sans eau. Celle-ci, surnommée « Dune », produit seule « l’épice », donnant longévité et prescience, et qui est le bien le plus convoité de tout l’univers. La société impériale a rejeté, des milliers d’années plus tôt, le culte des machines, et en particulier des machines pensantes. Elle n’a guère conservé que les armes atomiques qui assurent l’équilibre entre les grandes maisons – les familles féodales. Cette société impériale a en revanche développé de véritables technologies : celles de l’humain qui font des « Mentats » des ordinateurs humains ; celles des navigateurs de la Guilde spatiale (qui possède le monopole des voyages interstellaires), des humains en partie mutés dotés d’une capacité de prescience limitée ; celles de la reproduction qui conduisent l’ordre féminin du Bene Gesserit à poursuivre un projet eugénique visant à créer le « Kwisatz Haderach », doté de pouvoirs surhumains ; ou celles encore de l’idéologie et de la manipulation psychologique qu’utilisent à peu près tous les héros de « Dune ».

Ainsi, à l’instar du Bene Gesserit et son habileté à manipuler les opinions de sociétés crédules grâce à la Missionnaria Protectiva qui inculque dans des populations crédules des contes entièrement fabriqués afin de servir ses desseins, certains discours politico-religieux tendent à justifier des « hommes (ou femmes) fort(e) » – tels de nouveaux « messies » – au nom d’une supposée « insécurité », et ce, alors que nous n’avons jamais été autant en sécurité aujourd’hui, comparativement aux générations passées. Ce type de manipulation est un trait classique du faux prophétisme souvent prisé par les religieux proches du pouvoir.

Or, le chrétien ne met pas sa confiance dans l’attente de prétendus « messies », puisqu’il sait que son messie est déjà venu et qu’il reviendra. Ce messie s’appelle Jésus-Christ, dont la Bonne Nouvelle s’est répandue – pour arriver jusqu’à nous, au XXIe siècle – non pas grâce à la puissance et à la faveur de « César » (le pouvoir militaire et politique), mais du fait d’une puissance d’en haut et de la faveur de Dieu. 

Aujourd’hui, les chrétiens et l’Eglise se doivent d’exercer leur ministère prophétique dans ce monde, en rappelant sans cesse, à la suite du Christ, que « César n’est pas Dieu » et que « Jésus seul est Seigneur » cf Luc 20v25. C’est ainsi que reconnaitre que le Christ est Roi devrait relativiser les prétentions de toute puissance sur nos vies.

A savoir : 

Livre volumineux et tortueux, exigeant toute l’attention du lecteur, « Dune » est aussi difficile à appréhender et peut même paraître ennuyeux de prime abord. L’action ne démarre en effet vraiment qu’au-delà de plusieurs centaines de pages au moins. Mais « Dune » peut fasciner par ses effets d’entrecroisements entre des desseins, et dont les sujets sont surtout collectifs, au-delà des personnages individuels. L’intérêt de « Dune «  vient aussi dans la méditation que l’oeuvre offre sur l’écologie, l’histoire, le pouvoir, la manipulation (y compris génétique), l’adaptation et l’évolution. En 1965, le livre remporte le prix Nebula du meilleur roman, puis le prix Hugo l’année suivante. Depuis, « Dune » est devenu un classique de la science-fiction, le plus vendu au monde.

« Dune » se suffit à lui-même, mais, outre ce volume, la saga originelle se poursuit avec « Le Messie de Dune » (1969) – ce qui peut paraître suffisant – et, si l’on souhaite poursuivre, « Les enfants de Dune » (1976). 

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin encore, il existe trois suites : « l’Empereur-dieu de Dune » (1981), « les hérétiques de Dune » (1984) et « la maison des mères »(1985), lesquelles débutent bien longtemps après « les enfants de Dune ».

« Dune » a fait l’objet de plusieurs adaptations télévisuelles et à l’écran : 

1984 : sortie du film Dune, adaptation du premier roman par David Lynch [actuellement visible sur le site de France tv]

2000 : diffusion de la mini-série télévisée Dune, nouvelle adaptation pour la télévision du premier roman. Elle sera suivie en 2003 par Les Enfants de Dune, adaptation des deuxième et troisième romans du cycle.


2021 : sortie du film Dune, adaptation de la première moitié du premier roman par Denis Villeneuve.

2024 : sortie du film Dune : Deuxième partie, adaptation de la seconde moitié du premier roman par Denis Villeneuve.

« C’est cela mon projet, je n’y renoncerai pas, je le réaliserai », dit l’Eternel (Esaïe 42v10-16)

« C’est son projet et Il n’y renoncera pas »

« En l’honneur du Seigneur, chantez un chant nouveau. Louez-le depuis le bout du monde, vous qui parcourez la mer, vous les êtres qui la peuplez, et vous les populations lointaines. 

Que les cités du désert et les campements de Quédar entonnent des chants ! Que les habitants de la Roche lancent des cris de joie ! Du sommet des montagnes, qu’ils manifestent leur enthousiasme ! 

Que les populations lointaines rendent hommage au Seigneur et le louent haut et fort ! 

Comme un soldat d’élite le Seigneur s’avance ; comme un homme de guerre il brûle de combattre. Il lance un puissant cri de guerre, il triomphe de ses ennemis.

Depuis longtemps, je me suis tu, me retenant d’intervenir, dit le Seigneur. Mais maintenant, je vais crier comme une femme qui accouche, qui s’essouffle et respire avec peine.

Je vais nettoyer les montagnes et les collines, je dessécherai toute leur végétation, je changerai les fleuves en terre ferme et j’assécherai les étangs. 

Et je guiderai les aveugles sur un chemin, sur des sentiers qu’ils n’ont jamais suivis. Pour eux, je changerai l’obscurité en lumière et les obstacles en terrain plat. C’est cela mon projet, je n’y renoncerai pas, je le réaliserai ».

(Esaïe 42v10-16)

« L’information a de la valeur : respectons-la »….en citant la source d’une information

« La charte sur la traçabilité de l’information » : une garantie d’hygiène informationnelle (source image : public domain pictures)

Le saviez-vous ? Il n’y a pas que la traçabilité des viandes, soit « l’ensemble des moyens utilisés pour suivre chaque étape de la production et de la commercialisation, afin de s’assurer du respect des bonnes conditions d’hygiène tout au long de ces étapes ».

En effet, « l’information a [aussi] de la valeur : respectons-la », s’engagent des médias français, nationaux, régionaux et locaux, signataires de la charte sur la traçabilité de l’information – une initiative de l’Alliance de la presse d’information générale, parce que d’autres sont bien peu scrupuleux en la matière.

En effet, les membres de l’Alliance ont constaté, qu’ « à de trop nombreuses reprises, les règles de base permettant la traçabilité de l’information, à savoir la citation de la source (nommer le média qui a révélé cette information) et le renvoi vers l’article d’origine via un lien externe sur le web, n’étaient pas respectées », peut-on lire sur le site dédié. « Et pourtant, la source d’une information, c’est essentiel », rappelle notamment cette tribune de la rédaction de La Croix, parue le 04/04/24 sur le site du quotidien, par ailleurs signataire de la charte.

« Identifier quels médias et journalistes sont à son origine, c’est s’assurer de sa fiabilité. Savoir qui s’est donné les moyens de constater de visu des faits, qui a investi dans de longues et coûteuses enquêtes, apporte au lecteur la capacité d’accorder sa confiance à l’information. Identifier la source médiatique, c’est également connaître les conditions de production de cette information (…).Au-delà de cette question essentielle de la confiance du public, les médias et les journalistes eux-mêmes ont besoin de savoir quels sont ceux qui reproduisent leurs informations, pour se protéger de tout abus de reproduction ou pillage de contenus dans un environnement médiatique très concurrentiel ».

De fait, les éditeurs de presse signataires s’engagent donc à respecter les engagements suivants » de la charte :

-Sourcer explicitement et assez haut dans l’article le média à l’origine de l’information exclusive (enquête, investigation) qui a été reprise. Quels que soient le mode de traitement et le support.

-Pour les versions numériques, à clairement renvoyer, par un lien hypertexte, vers l’article à l’origine de ce scoop ou de cette révélation.

-Mettre en place dans les rédactions une communication claire sur ces pratiques, les coordonner au sein des groupes de presse et accepter que l’Alliance fasse remonter les cas répétés de mauvaises pratiques.

Ces engagements ne sont pas limités à l’information originelle ; ils sont également appliqués à toute reprise et enrichissement d’information, qui ont un caractère exclusif.

D’autre part, sensibilise le quotidien régional L’Alsace, également signataire de la charte, « la reprise de contenus de tiers s’étend aujourd’hui à des pratiques dites de curation, entendues comme le fait de fonder un contenu d’information sur la production d’un autre média sans y apporter de traitement journalistique supplémentaire(….). Le cas particulier de la curation justifie des règles spécifiques, visant à reconnaître la valeur de l’information reprise et le droit pour le média d’origine de bénéficier de la primeur de son exploitation« . Ainsi, il n’est pas juste de dire « je l’ai lu sur » [tel site de curation/d’agrégation de contenu/ »recycleur » de dépêches d’agence, chrétien ou non chrétien], mais plus juste de dire « je l’ai lu sur » [le site-source, producteur original de l’information], d’autant plus que c’est le premier et non le second qui se retrouve souvent en tête sur le même sujet !

Les éditeurs de presse/médias signataires, outre le respect des points liés à la traçabilité, s’engagent donc à respecter les principes suivants :

-Ne pas reprendre un contenu publié par un autre média avant 24 heures à partir de la première publication.

Limiter la reprise à un volume de 25 % maximum du volume de l’article d’origine, avec un minimum accepté de 600 signes et un plafond maximum de 1 500 signes.

Ne pas reprendre plus de deux sujets par jour en moyenne, sur une semaine, issus du même média. Au-delà de cette limite, se pose la question d’une contractualisation prévoyant une contrepartie.

Si le média repreneur considère qu’il ne peut pas attendre 24 heures avant de reprendre une information publiée par un confrère (révélation, enquête ou interview exclusive…), il s’engage à :

-Mentionner le média à l’origine de l’information dans la titraille (titre, sous-titre ou chapeau) de l’article la reprenant.

-Positionner vers la fin de l’article de reprise un « bouton de renvoi », avec une mention « Lire l’information complète »,avec un lien vers l’article d’origine.

Autant de règles protectrices et respectueuses tout autant des journalistes et de leur travail que de leurs lecteurs. Et un message citoyen fort….car la liberté d’informer ne vaut que si la qualité est au rendez-vous.

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Foi & Vie : Quels protestantismes au 21e siècle ?

(Source image : public domain pictures)

Un nouveau numéro de « Foi & vie »(1), la revue protestante de culture :

Avec l’extrait du liminaire de Jean de Saint Blanquat :

« Un demi millénaire, et après ? Il n’était pas écrit que la très grande variété d’Églises issues des ruptures du 16e siècle au sein du christianisme romain constitue aujourd’hui un ensemble qui, de quelque façon qu’on l’appelle, pourrait devenir un jour majoritaire au sein du christianisme tout court. Christianisme qui, rappelons-le, ne s’effondre pas du tout mais devrait continuer à être la religion d’environ trois êtres humains sur dix dans l’avenir prévisible.

Car ce mode de christianisme, s’il reste mineur mais stable en France (les apports de l’immigration et de la conversion compensant les pertes de la faible transmission), connaît depuis le 20e siècle une forte expansion au niveau mondial qui l’a fait quelque peu changer de visage. Issu d’Europe, il est aujourd’hui déjà très minoritairement européen (13 % des protestants habitent ce continent contre 37 % l’Afrique subsaharienne, 33 % l’Amérique et 17 % l’Asie-Pacifique) et les traditions jusque là dominantes comme les Églises réformées et presbytériennes, luthériennes, anglicanes et méthodistes, baptistes, ne sont aujourd’hui le plus souvent que de simples cadres institutionnels abritant une multitude de configurations ecclésiales confrontées à une autre multitude d’Églises à l’institutionnalisation plus récente ou plus souple encore mais dont la théologie, lorsqu’on la creuse un peu, est malgré les apparences extrêmement semblable. (…)

La simplicité de doctrine issue de la Réforme semble donc à la fois ce qui certes facilite la division (puisque chaque fidèle est pasteur·e en puissance) mais garantit l’unité de l’ensemble. En protestantismes, à l’inverse d’autres christianismes, ce n’est pas la doctrine qui est compliquée mais la pratique qui se décide et se négocie directement et difficilement entre l’individu et Dieu, principalement au moyen de la Bible et de la prière. Toujours en quête de dépannage, ces individus (comme tout automobiliste) ne regarderont pas à la marque affichée sur son garage par le mécanicien mais d’abord à son efficacité, sa disponibilité et son prix. Le but de ce dossier est de voir clients et mécaniciens à l’œuvre en ce début de 21e siècle ». 

Au sommaire : les points de vue du sociologue Jean-Paul Willaime ( « Le protestantisme a précarisé le christianisme mais il l’a aussi rendu apte à se réformer sans cesse ») ainsi que des théologiens Fritz Lienhard et Frédéric Rognon sur « les églises de demain », lesquelles « seront très différentes de celles que nous connaissons ».

Viennent ensuite les études de terrain de deux jeunes sociologues hispaniques qui montrent bien que le protestantisme a changé de milieux, avec « L’architecture sociale de l’appartenance dans la diaspora pentecôtiste africaine » de Rafael Cazarin, et « Ethnicité et identité gitane dans les Églises pentecôtistes à Madrid » d’ Antonio Montañés Jiménez.

Dans « le ressenti de la cène », Jean de Saint Blanquat rappelle que « durant la pandémie, la cène en ligne a été une réaction spontanée dans tout le monde protestant à l’impossibilité de se rassembler physiquement pour ce rituel. Beaucoup l’ont fait… et beaucoup ne l’ont pas fait. Mais la distinction ne suivait pas des critères théologiques ou sociologiques. Soupçonnant là quelque chose de plus anthropologique », l’auteur « examine d’abord dans cet article si nous pouvons retrouver dans des textes anciens ce que ressentaient les fidèles pendant ce rituel ».

Suivent trois livres récents écrits par des chercheurs francophones sur les pentecôtismes (Émir Mahieddin, Yannick Fer et Gwendoline Malogne-Fer).

Télécharger ici l’ensemble du dernier numéro

Notes :

(1)La revue « Foi & Vie. Revue protestante de culture » est devenue une revue numérique et gratuite. Elle comprend six numéros par an, dont trois numéros thématiques (cinq ou six articles sur le thème, deux ou trois varia, et une revue des livres), un « Cahier Biblique », un « Cahier du Christianisme social » et un « Cahier d’études juives ». Il est possible de recevoir gratuitement cette revue : il suffit de se rendre sur son site, de cliquer en haut à droite et « S’inscrire » puis « Je m’abonne gratuitement » pour chaque numéro en PDF par mail.

 « La Bible de la rue » à la rencontre de ses lecteurs et la « Bible Trump » à la rencontre d’électeurs

« La Bible de la rue », une Bible pensée pour les sans-abri. Source image : public domain pictures

Le croiriez-vous ? « Six jours avant (le lundi de) Pâques », la sortie d’une « Bible Trump » ou « God Bless the USA Bible » a été annoncée par l’ancien président américain en campagne électorale, dans le cadre d’un partenariat rémunéré avec Lee Greenwood, une star de la musique country, rapportent notamment le Point et le Figaro, deux organes de presse que l’on ne saurait soupçonner d’être « orientés démocrates ».

Cette Bible version « King James » contient aussi la constitution américaine, le serment d’allégeance au drapeau et…le refrain écrit de la chanson « God Bless the USA »(1984) de Lee Greenwood, jouée à chaque meeting de Donald Trump. Elle est vendue environ 60 dollars [quand on peut avoir une vraie bonne Bible d’étude pour 40 euros et moins de 60], ce qui fait cher le tract électoral-bulletin de vote, alors qu’il est possible de se procurer des Bibles « non nationalistes » et « non électoralistes » bien moins coûteuse. La Parole est en effet déjà répandue aux USA (à moins de penser qu’il y aurait une telle misère spirituelle dans c’pays qu’il serait impossible d’y trouver une Bible), nul besoin de Trump et d’un tel « bizness » pour cela. Jésus n’a-t-il pas chassé les marchands du temple, qui vendaient justement très cher des agneaux et des pigeons ?

En comparaison, « la Bible de la rue » est un cadeau bien plus utile et pratique à destination des sans-abri, auxquels Jésus s’identifie, et dont nous avions déjà parlé sur Pep’s café :

– Utilisation de la version Parole de Vie, une traduction accessible au plus grand nombre et particulièrement adaptée pour des personnes d’origine étrangère. 

– Impression en caractères augmentés, car les sans-abri n’ont pas toujours un bon accès aux soins et peuvent avoir des problèmes de vue. 

– Mise en place de QR Codes pour renvoyer vers des sites utiles pour les sans-abri (115, Entourage, etc.). 

– Un format avec glissière pour que la Bible soit au maximum protégée des intempéries et que les sans-abris puissent s’en servir pour y ranger des papiers importants.

Cette Bible créée par l’Alliance Biblique Française, à la demande de plusieurs associations de solidarité[voir présentation vidéo plus haut], devait sortir pour Noël 2022. Son lancement a finalement eu lieu le lundi de Pâques 1er avril, à l’occasion d’un événement festif à Paris. Son prix (5 euros, pour permettre aux associations de la distribuer) n’est pas le même que « la Bible Trump ». Et son esprit non plus.

D’un côté, une Bible à la rencontre de ses lecteurs sans-abri et de l’autre, une Bible à la rencontre d’électeurs potentiels……

A noter cet article amusant (en anglais) d’un site satirique américain, qui retourne l’initiative en imaginant les 10 changements contenus dans cette Bible « God bless USA » !

« Dis-moi ce que tu jettes et je te dirais qui tu es »

La grande nouvelle de Pâques : un appel à « convertir notre regard » (Source image : Hippopotame sur la fenêtre par George Hodan)

« La pierre dont les bâtisseurs ne voulaient pas est maintenant la pierre d’angle » (Psaume 118v22).

Le saviez-vous ? Ce verset est celui de l’Ancien Testament qui est cité le plus grand nombre de fois dans le Nouveau, puisqu’on le trouve dans les trois Evangiles synoptiques (Matt.21v42, Marc 12v10, Luc 20v17), dans le discours de Pierre devant le sanhédrin dans le livre des Actes des Apôtres (Actes 4v11) et dans la première épître de Pierre (1 Pie.2v7). Il a aidé la première Eglise à penser la croix.

Pour comprendre l’interprétation que le Nouveau Testament fait de ce verset, il faut prendre conscience que, pendant son ministère, chaque fois que Jésus a annoncé sa passion (ses souffrances, sa mort), les disciples n’ont pas compris ce qu’il disait : « ils ne comprenaient pas cette parole : elle était voilée pour eux, afin qu’ils n’en saisissent pas le sens » (Luc 9v45 et 18v34). Pour eux, le mot « Christ » et le mot « croix » étaient contradictoires. Quand Jésus, ils ont pensé qu’il n’était pas le Christ, mais quand ils l’ont vu ressuscité, ils ont compris qu’il l’était. Comment comprendre que l’Oint de Dieu, le Messie, le bien-aimé du Seigneur ait pu être rejeté à ce point ?

La réponse est dans ce verset 22 du Psaume 118. Parfois, c’est ce qui est rejeté qui est le plus important.

Le saviez-vous encore ? Une branche de la sociologie qu’on appelle la rudologie étudie un groupe humain par l’analyse de ses poubelles. En clair, « dis-moi ce que tu jettes et je te dirai qui tu es ! » Dans le verset du Psaume 118, la rudologie prend une valeur théologique en déclarant que ce qui est rejeté devient le plus important, la pierre d’angle, celle par laquelle un édifice tient debout.

Dans le livre de la Genèse, Joseph a été rejeté par ses frères et c’est lui qui a sauvé sa famille à l’heure de la famine.

« Cela vient du Seigneur ; c’est une chose admirable à nos yeux ! », dit le v23 du Psaume 118. « C’est une chose admirable » ou « une chose étonnante » à nos yeux, car pour nous, ce qui est rejeté est ce qui n’a pas d’importance, ce n’est pas la pierre d’angle. C’est là la grande nouvelle du matin de Pâques, qui nous appelle à « convertir notre regard » pour discerner que c’est par ce qui est rejeté, petit, sans importance, que le Seigneur se révèle.

(D’après La Bible – commentaire intégral verset par verset/3. Les Livres poétiques, par Antoine Nouis. Olivétan/Salvator, 2023, p 400)