« Une nouvelle alliance » (Jérémie 31v31) à Pentecôte !

Ce week-end, Juifs et chrétiens font la fête (1) ! Ils célèbrent tout à la fois un don et un anniversaire, et ne manquent pas de compter à cette occasion, car compter, c’est remercier Dieu pour ses nombreux bienfaits.

Les Juifs célèbrent Chavouot à compter du jeudi soir 28 mai 2020 jusqu’au samedi soir 30 mai 2020.  En hébreu, Chavouot est la fête des semaines, célébrée sept semaines après la Pâque. Sept est un chiffre évoquant dans la Bible l’achèvement et la perfection.

Cette fête très importante rappelle le don des Dix Paroles (la Torah) par Dieu à son peuple, après l’avoir sorti « à main forte et à bras étendu » d’Egypte, « la maison de servitude ». Elle est aussi l’anniversaire de la naissance du peuple d’Israël, peuple du Dieu qui se révèle et offre alliance, et dont on remémore l’action dans l’histoire d’Israël. Chavouot vient ainsi conclure le processus de libération initié à Pessah, la Pâque, avec le don de la Torah qui donne un sens à cette liberté. La période entre les deux fêtes peut être vue comme une sorte de préparation spirituelle pour recevoir la loi de Dieu. Et « Il n’y a d’homme libre que celui qui s’adonne à l’étude de la Torah », selon le chapitre 6v2 du traité Avot (« Éthique de nos Pères »).

Néanmoins, face à l’incapacité de l’homme de respecter l’alliance, une « nouvelle alliance » a été estimée nécessaire par Dieu et annoncée dans l’Ancien Testament, en Jérémie 31v31-34.

En effet, « des jours viennent – oracle du SEIGNEUR – où je conclurai avec la communauté d’Israël – et la communauté de Juda – une nouvelle alliance. Elle sera différente de l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte. Eux, ils ont rompu mon alliance ; mais moi, je reste le maître chez eux – oracle du SEIGNEUR.

Voici donc l’alliance que je conclurai avec la communauté d’Israël après ces jours-là – oracle du SEIGNEUR : je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être (2); je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. Ils ne s’instruiront plus entre compagnons, entre frères, répétant : « Apprenez à connaître le SEIGNEUR », car ils me connaîtront tous, petits et grands – oracle du SEIGNEUR. Je pardonne leur crime ; leur faute, je n’en parle plus ».

En Actes 2v1-11, la Pentecôte [du grec pentékosté, « cinquantième »] est devenue pour les disciples de Jésus-Christ, qui la fêtent cette année le dimanche 31 mai, l’événement fondateur de l’Eglise chrétienne, avec le don de l’Esprit Saint, inaugurant cette nouvelle alliance de Dieu, une nouvelle alliance qui fait une unité de ce qui était alors divisé, renversant les barrières de langues et les murs de séparation.

En effet, l’Esprit du Christ crucifié et ressuscité est offert ce jour-là aux Apôtres, et avec eux, les foules de Juifs pieux originaires « de toutes les nations qui sont sous le ciel » (Actes 2v5), rassemblées pour le temps de la fête à Jérusalem [les non-Juifs recevront ce même Esprit plus tard, en Actes 10]. Les multitudes peuvent désormais connaître « les merveilles de Dieu » (Actes 2v11) et comprendre quelque chose du Royaume de Dieu annoncé par Jésus et les Apôtres, malgré la barrière de la langue, abattue en ce jour par l’effusion de l’Esprit. C’est en cela que la Pentecôte est un « anti-Babel » (Gen.11v1-9) : le « souffle du violent coup de vent » (Actes 2v2) est venu mettre de l’ordre dans le désordre et la cacophonie des nations, mais pas selon un projet à la Babel, par une réunification de l’humanité où tout le monde parlerait une même langue, utilisant les mêmes mots. Dieu invente un projet inédit où chacun comprend une même vérité dans sa propre langue, dans son environnement culturel, dans ses représentations, dans sa réalité (Actes 2v7-11).

Aucun humain n’aurait pu ne serait-ce qu’imaginer un tel projet : Dieu créé l’Eglise chrétienne en ordonnançant le chaos de la diversité des religions et des langues, par la puissance de son Souffle, comme « au commencement » décrit au premier chapitre de la Genèse, où le Souffle de Dieu a ordonnancé un monde qui était un chaos, informe et vide(Gen.1v2). Et par là même, Dieu marque l’humanité du sceau de la réconciliation.

« Souvenez-vous donc qu’autrefois, vous qui portiez le signe du paganisme dans votre chair, vous que traitaient d’« incirconcis » ceux qui se prétendent les « circoncis », à la suite d’une opération pratiquée dans la chair, souvenez-vous qu’en ce temps-là, vous étiez sans Messie, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus Christ, vous qui jadis étiez loin, vous avez été rendus proches par le sang du Christ.

C’est lui, en effet, qui est notre paix : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine. Il a aboli la loi et ses commandements avec leurs observances. Il a voulu ainsi, à partir du Juif et du païen, créer en lui un seul homme nouveau, en établissant la paix, et les réconcilier avec Dieu tous les deux en un seul corps, au moyen de la croix : là, il a tué la haine.

Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient proches. Et c’est grâce à lui que les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons l’accès auprès du Père. Ainsi, vous n’êtes plus des étrangers, ni des émigrés ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu. Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondation les apôtres et les prophètes, et Jésus Christ lui-même comme pierre maîtresse. C’est en lui que toute construction s’ajuste et s’élève pour former un temple saint dans le Seigneur. C’est en lui que, vous aussi, vous êtes ensemble intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit » (Eph.2v11-22)

 

Bonus :

L’Esprit saint par « The Bible project » (en français)

De Babel à Pentecôte…ou la déclaration d’amour de Dieu, une  belle narration de la plume de la pasteure Sophie Letsch (UEPAL).

Dans ces temps de confinement, Juifs pour Jésus avec plusieurs assemblées et associations messianiques nous propose de vivre ensemble un office de Shabbat de Chavouot messianique samedi 30 mai, 11h00. Service Torah, louange, liturgie, témoignage, partage de la Parole

Une lecture musicale de Actes 2v1-6, en version Parole de Vie, selon la démarche présentée sur Christ seul

Ecouter l’enregistrement réalisé lors de la Rencontre Évangélique Protestante d’Alsace-Nord (REPAN) le 8 juin 2019 à Betschdorf avec les musiciens issus de la troupe multi-artistique des LightClubberz.

 

 

Notes :

(1) Selon l’explication donnée par les répondants du site 1001 questions, « les fêtes juives » sont bibliques : instituées dans l’Ancien Testament, elles ont pour but de glorifier Dieu en se remémorant son action dans l’histoire d’Israël (exemple dans le livre de l’Exode 12, 24-27). Elles n’ont pas un sens seulement social ou « festif », elles servent à communiquer la présence de Dieu avec son peuple et à transmettre l’enseignement de la foi aux générations successives.

« Les fêtes chrétiennes », quant à elles, ne sont pas instituées bibliquement mais commémorent aussi l’action de Dieu en prenant pour thème des moments importants de la vie de Jésus racontés dans les évangiles (Naissance du Christ, Mort et Résurrection, Ascension…) ou ici, de l’action de l’Esprit (Pentecôte).

(2) Une expression analogue à « circoncira ton cœur » de Deut. 30:6 et parallèle au coeur nouveau, à la pensée nouvelle et à l’esprit nouveau d’Ezech. 36v22-33 (Voir aussi Ezech. 37 ). Dans le Nouveau Testament, ceci réfère au Saint-Esprit demeurant dans les croyants.

 

 

 

Foireux liens de mai (39) : boîtes à outils spirituels

Les « Foireux liens » de Mai : une sélection de « boîtes à outils spirituels » (Source image : public domain pictures)

Bonjour ! Vos « Foireux liens » tant attendus sont de retour ! La crise du Coronavirus aura eu au moins un effet positif : être inspirante pour tous ceux soucieux de poursuivre leur mission d’édification, d’information et d’annonce. Voici donc un petit échantillon (avec pas mal de vidéos) de ce qui nous est proposé sur le web pour nourrir notre foi et notre réflexion, et inspirer une action porteuse de sens. Bonnes découvertes !

 

En introduction, le Guide de reprise des Eglises Evangéliques par le CNEF, paru le 20 mai : Afin d’aider les églises ou les oeuvres dans la reprise éventuelle de leurs activités, le CNEF (Conseil National des Evangéliques de France) a réuni dans un Guide pratique de reprise de l’activité des associations protestantes évangéliques toutes les consignes et recommandations utiles. C’est en lien étroit avec les Délégués départementaux du CNEF et le ministère de l’Intérieur que ce guide a été réalisé, et en consultant en particulier le Protocole national de déconfinement. Le Conseil d’État a jugé le 18 mai que le gouvernement devait publier (avant le 26 mai) un décret autorisant les lieux de culte à accueillir du public. Ce guide sera actualisé en fonction des directives du décret à venir.

1) Le pain quotidien

A découvrir, « le pain quotidien », la vidéo méditative du confinement, postée sur youtube à 20h tous les soirs. Lancée dès le 16 mars.

2) Le Réveil (matin) : La guérison miraculeuse (un regard historique)

Dans cette édition (15 mai) du « Réveil », émission matinale en facebook live à 7h00 (redif sur youtube à 9h00), les pasteurs Julien et Anne Coffinet, des paroisses de Cergy, Saint-Germain-en-Laye et Dreux, s’entretiennent d’une enquête historique de Fadiey Lovsky et David Bouillon qui a été retracée dans le livre : « l’Eglise et les malades, du 2e siècle à nos jours ». L’occasion de parler de la prière de guérison, de la continuité ou non des miracles dans notre vie d’Eglise, de l’interprétation du Nouveau Testament. Un contenu à retrouver sur leur chaîne « Vous Etes Le Temple ».

3) Un site « Franchement top » : publications filtrées à l’ère du coronavirus

….parce qu’à l’ère de la fake news, un discernement offert est un vrai service rendu !

Un site à l’initiative de pasteurs membres des Attestants [qui animent par ailleurs « 1001 questions »], un groupe confessant de l’Eglise protestante unie de France, qui ont été préoccupés dès le début de la crise du coronavirus par les contenus foisonnants que l’internet proposait pour meubler l’ennui du confinement. Parmi tous ces contenus, beaucoup sont douteux et peu recommandables. D’où ce site de recommandation, qui n’engage que la bonne volonté du lecteur, et en amont le désir de bien faire de ses auteurs. Avec forcément des failles, des manques, des erreurs, comme dans toute expérience humaine, donc…

Explication de la démarche par l’administrateur du site.

« Au hasard », parmi leurs recommandations, ce site essentiel alors que nous sommes souvent perdus dans le temps et que nous avons besoin de regarder le calendrier pour savoir quel jour nous sommes…..

4) Comment, pour danah boyd, l’éducation aux médias ainsi (mal) faite peut être dangereuse et contre-productive

L’éducation aux médias, telle qu’elle est pratiquée actuellement, est-elle LA (bonne) solution pour lutter contre la désinformation ?  danah boyd, anthropologue et chercheuse chez Microsoft, fondatrice et présidente de Data & Society, était intervenue en mars 2018 lors de SWSX EDU à Austin (Texas), où elle y jouait un rôle « provocateur » et de « stimulant du débat ».  Dans sa présentation, elle a invité l’auditoire et les éducateurs en général à « remettre en questions leurs hypothèses sur l’éducation aux médias ». Elle a examiné « l’instabilité de notre écosystème médiatique » aujourd’hui en réseau pour ensuite aborder la question suivante : « vers quel type d’éducation aux médias devrions nous travailler ? »

5) Pour ne pas se tromper de « bon combat » : pourquoi le moralisme n’est ni la solution, ni la mission de l’Eglise

Dans le livre de l’Apocalypse, Jésus a écrit sept lettres à sept villes d’Asie Mineure. Il ne les a pas adressées aux hôtels de ville. Il les a écrites et envoyées aux Églises. Prenons quelques instants pour y réfléchir. Dans les derniers chapitres des Écritures, le Seigneur n’a pas donné à son Église la mission de « convertir la culture ». Il n’a pas conseillé à son peuple d’influencer le pouvoir politique pour implanter la moralité, ou pour protester contre la façon de gouverner des hommes immoraux. À vrai dire, il n’a instauré aucune révolution culturelle ni implanté une quelconque stratégie politique.

Aujourd’hui, l’Église (…) doit comprendre que Dieu n’a pas appelé son peuple hors du monde pour entreprendre une guerre contre la culture de la société. Nous n’avons pas le mandat de gagner du terrain sur le monde actuel, comme une force opérant superficiellement « pour ramener ce pays à Dieu ». Nous devons écarter l’illusion que la moralité de nos ancêtres a jadis fait de l’Amérique « une nation chrétienne ». Il n’y a jamais eu de nation chrétienne, seulement des chrétiens.

6) « L’Eglise qui croît (quand même) 3.0 » : les trois tables rondes en vidéo

A la veille de la première vague de déconfinement, les 8 et 9 mai 2020 a eu lieu par zoom la troisième édition du séminaire « L’Eglise qui croît », avec Anne-France de Boissière, Raphaël Anzenberger et bien d’autres, annoncé notamment sur ce blogue. Ayant eu la joie de compter parmi les participants, je reviendrai certainement plus tard sur cet événement. En attendant, il est désormais possible de (re)visionner les trois tables-rondes du séminaire, lequel nous a invité à réfléchir ensemble « sur ce qui va, peut ou doit mourir, ce qui va, peut ou doit survivre, et ce qui va, peut, ou doit vivre avec les défis que nous lance la Corona-crise ».

7)« Chroniques en miettes » sur un « monde en pièces »

« J’hésitais entre deux qualifications pour décrire à la fois notre siècle et l’irruption de la Reine Corona dans notre univers humain, un monde en miettes ou un monde en pièces. J’ai choisi le monde en pièces pour illustrer ce livre que je m’apprête d’achever, qui a été écrit sous forme de chroniques. Tout au long de ces pages et au fil de ces textes, j’ai souhaité partager une vision très personnelle de cet événement brusque et brutal, à la fois, interpellant et dérangeant », nous explique Eric Lemaître, socio-économiste et blogueur. Lequel, s’il veut bien me passer cette facétie, prend en effet le pain du système technicien, serre le poing et des phalanges broie la grosse croûte bien sèche. Il ouvre la main et répand ses pensées en miettes, qu’il nous donne à goûter les unes après les autres sur « La Déconstruction de l’homme », blogue partenaire avec Pep’s café!

8) L’Eglise dématérialisée

Le temps de confinement généralisé de ces derniers mois nous a tous contraints à une rupture quasi-totale des interactions sociales. Les églises n’ont pas été fermées, mais on a interdit aux chrétiens de se rassembler — ce qui revenait un peu au même. Du jour au lendemain, la crise Covid-19 aura provoqué la dématérialisation de l’Église, complètement inimaginable sauf dans les scénarios apocalyptiques à la Tim Lahaye, ce qui a entraîné un blocage de la vie cultuelle habituelle. Une réflexion du blogue Le Sarment.

9) Un corps numérique ? Une évaluation de la “Zoom-Cène”

Le développement des cultes évangéliques en « live » sur le web interroge : vivons-nous durant cette période des « vrais cultes » (avec d’autres moyens), ou s’agit-il plutôt de « substituts », utiles et nécessaires, mais qui ne peuvent prétendre à remplacer simplement le rassemblement communautaire ? Y-a-t-il un sens théologique au rassemblement concret des croyants en un même lieu ? Cette question mérite d’autant plus d’être creusée qu’au prix du mètre carré, la pertinence de l’investissement dans un lieu de culte en serait forcément affectée. La question de la Cène nous offre une porte d’entrée dans cette réflexion.

10) 7 idées chrétiennes ressuscitées par la crise

Les idées chrétiennes ont ce pouvoir exceptionnel de ressusciter chaque fois qu’on les croyait mortes pour de bon. Résurgence inattendue de l’essentiel au cœur d’un monde superficiel, la crise sanitaire que nous vivons révèle la vraie nature de l’homme : un être profondément relationnel, dont la vie consiste avant tout à penser et aimer. Plus encore, ladite crise se présente à nous telle une sorte de « burnout » salutaire du postmodernisme. Comme si notre monde qui tournait trop vite et n’allait nulle part s’est épuisé et est désormais contraint de se mettre sur pause. Arrêt forcé qui lui permet d’examiner sa conscience et de se remémorer des idées plus pérennes que périmées. Analyse pertinente à lire sur le blogue du Verbe, lequel a pour mission de « témoigner de l’espérance chrétienne dans l’espace médiatique en conjuguant foi catholique et culture contemporaine ».

11) Souffrance intérieure du chrétien : « jusques à quand ? »

Si vous l’avez raté, voici une recension du livre de Pascal Denault : Le côté obscur de la vie chrétienne : Les doutes de la foi, la dépression de l’âme et le manque de croissance spirituelle, parue sur Pep’s café !

12) L’économie selon Dieu

Et si la Bible avait des choses à nous dire sur l’économie ? Étienne Omnès, des blogues « phileo-sophia » et « par la foi », pense qu’elle a en fait beaucoup de choses à dire et que les chrétiens ne devraient pas éviter les sujets économiques car tout appartient au Seigneur, y compris nos corps et ce que nous faisons avec eux, ce qui comprend notre travail. Voici son excellente conférence (en vidéo) donnée début février 2020 à l’Église Évangélique Évidence (hispanophone).

Voir aussi Quel système économique chrétien doit-on choisir ? Et Comment étudier l’Economie sous un angle chrétien

13) Le Covid-19 et le Général de Gaulle

On l’a oublié aujourd’hui, mais le monde a connu une crise sanitaire très semblable à celle de 2020 : la grippe de Hong-Kong de 1968 qui a tué non pas 130 000 personnes dans le monde, comme le Covid-19 à la mi-avril, mais largement plus d’un million, à une époque où la planète comptait moins de 4 milliards d’hommes. La moitié moins qu’aujourd’hui…

En France, cette même grippe de 1968 a tué 17 000 personnes, sur une population de 50 millions d’habitants (contre 65 millions en 2020). C’est dire si l’alerte a été sévère. Pour autant, le système de santé n’a pas été débordé, on n’a pas confiné toute une population chez elle, l’économie ne s’est pas arrêtée, bref, personne n’a pensé une seconde qu’une grippe, aussi contagieuse soit-elle, allait provoquer un collapsus économique planétaire semblable à la crise de 1929. » Et ce, pour une raison très simple….

14) Le Scandale des nouveaux-nés bloqués en Ukraine…et ailleurs

« La maternité de substitution commerciale relève de la vente d’enfant », selon la définition des Nations Unies : « un enfant est donné pour de l’argent. Les enfants, comme tous les êtres humains, ont le droit d’être protégés. Tout d’abord, contre le marché. Or, la maternité de substitution est un marché », dénonce le Corp [collectif pour le respect de la personne, militant pour l’abolition de la maternité de substitution – la GPA], dans un communiqué sur les enfants bloqués en Ukraine.

Et le dernier pour la route :

15) Raconter une « histoire par en bas » de la crise….ou quand « Ils et elles sont en première ligne et racontent leur quotidien, loin de la com’ gouvernementale »

Bastamag nous partage des récits de femmes et hommes trop souvent minorés. Avec sa série vidéo « Paroles de terrain » lancée le 20 mars dernier, Basta fait entendre celles et ceux que le Covid-19 a frappé en premier : ces soignants, sapeurs-pompiers, infirmières aux urgences ou en psychiatrie, anesthésistes qui, déjà avant la crise, manquaient de moyens, de lits, de personnel, et qui se sont retrouvés durant des semaines à gérer la pénurie de matériel de protection. Plusieurs personnes interviewées ont d’ailleurs eu le Covid – dans le cadre de leur travail, selon elles.

A travers leurs voix, ces reportages veulent lutter contre l’oubli : des mois de grèves juste avant l’épidémie, dans tout le pays, pour réclamer plus de moyens et de personnels pour leurs établissements, contre le démantèlement de l’hôpital public, sa gestion managériale, ses restrictions budgétaires. Relayer l’alerte de ces aides-soignants en Ehpad sur la prise en charge des résidents qui se dégrade. L’indignation de couturières face à la vente par des industriels de masques et blouses qu’elles ont cousus bénévolement. La colère d’enseignants confrontés à la fermeture de classes à la rentrée prochaine, tout en devant appliquer des consignes de « distanciation sociale » depuis le 11 mai jugées maltraitantes pour les enfants.

Le témoignage d’un employé d’Amazon à l’entrepôt de Brétigny-sur-Orge sur ses conditions de travail a contribué à documenter une plainte. Déposée par Solidaires et Les Amis de la Terre, cette plainte demandait l’arrêt de l’activité d’Amazon France. Le 14 avril, le tribunal de Nanterre a ordonné à la multinationale de limiter son activité à la livraison de produits essentiels (alimentaire, santé, hygiène) et d’évaluer les risques pour les salariés, dans les 24 heures et sous astreinte d’un million d’euros par jour de retard.

 

 

Ces « Foireux liens » sont terminés. J’espère qu’ils auront suscité votre intérêt. Prochaine édition en juillet.

 

« Croire » se conjugue au participe présent

« Le tu est le seul pronom qui convient à l’échange entre créature et créateur ».

Un athée, de « theos » (Dieu) et « a » (alpha, dite privative), est celui qui « se prive de Dieu, de l’énorme possibilité de l’admettre non pas tant pour soi que pour les autres. Il s’exclut de l’expérience de vie de bien des hommes. Dieu n’est pas une expérience, il n’est pas démontrable, mais la vie de ceux qui croient, la communauté des croyants, celle-là oui est une expérience [cf Actes 2v42-47 et 4v32-35]. L’athée la croit affectée d’illusion et il se prive ainsi de la relation avec une vaste partie de l’humanité », écrit l’écrivain napolitain Erri de Lucca dans « Participe présent » (IN Première heure, Folio, 2012, pp 16). Lui-même ne se définit pas comme « athée » mais comme « un homme qui ne croit pas ».

Par contraste, poursuit-il, « le croyant n’est pas celui qui a cru une fois pour toutes, mais celui qui, obéissant au participe présent du verbe, renouvelle son credo continuellement. Il admet le doute, il expérimente l’équilibre et l’équilibre instable avec la négation tout au long de sa vie ».

Erri de Luca est donc « un homme qui ne croit pas ». Mais « chaque jour », il se « lève très tôt » et « feuillette pour (son) usage personnel l’hébreu de l’Ancien Testament qui est (son) obstination et (son) intimité ». Mais « dans tout cela », il « reste non croyant », « quelqu’un qui lit à la surface des lettres et qui en tente la traduction selon la plus rigide obédience à cette surface révélée », se disant incapable de « s’adresser », de « tutoyer le livre et son auteur ».

En parlant du pronom « tu », il nous parle alors de Job, « car dans son livre le tu est le point le plus haut de sa relation avec Dieu. On lit à la fin du livre un long monologue de Dieu qui s’adresse à son Job. A la fin, il dit à un de ses amis qui se sont efforcés de consoler l’affligé : ma colère s’est enflammée en toi et tes deux compagnons car tu n’as pas parlé de moi correctement comme mon serviteur Job (Job 42v7). En quoi les trois amis de Job ont-ils commis une faute, en parlant de Dieu à leur compagnon ? Parce qu’ils n’ont pas parlé neconà, correctement ? Et pourtant, ils ont développé une vaste théologie, ils ont tenté de faire entrer le malheur survenu à leur ami dans un dessein divin de récompenses et de justice [ce que l’on appelle « une théologie de la rétribution »]. Ils ont réprouvé les réclamations de leur compagnon et lui ont même reproché sa protestation contre Dieu. Ils ont ainsi au contraire, et carrément, provoqué sa colère.

Job qui a maudit sa naissance et a parlé à Dieu sur un ton blasphématoire (au v20 du chapitre 7, il l’appelle notzer Adàm, sbire d’Adam, en faisant la caricature sarcastique de Iotzer Adàm, celui forme Adam), lui, en revanche, a parlé neconà, selon Dieu. Car il a fait avec Dieu ce que ne fait aucun des autres et qui donne à toute sa contestation, même âpre, un tour correct : il tutoie Dieu. Il s’adresse à lui avec le pronom de proximité, de l’urgence. Il ne le fait pas tout de suite, mais brusquement en plein chapitre 7 par une invocation directe, qui tranche avec ses lamentations précédentes et qui se traduit par un tu impératif, enfiévré et insolent : souviens-toi que ma vie est vent. Ici commence le tu pressant envers Dieu, le tu frontal qui le réconfortera et le justifiera. Le tu est le seul pronom qui convient à l’échange entre créature et créateur. Job le trouve au milieu de son épreuve, il ne le possède pas avant. Le tu est le saut du fossé que ses amis réunis autour de lui n’accompliront jamais au cours du livre. Ils restent dans leur retranchement, parlant de Dieu à la troisième personne, ne parlant jamais avec Dieu. Job le fait, il s’expose au danger, au découvert de la deuxième personne, et pour cette raison Dieu s’adressera à lui par le plus vaste discours des Saintes Ecritures, après celui du Sinaï.

Au verset qui suit celui de son reproche aux trois amis, Dieu leur ordonne, à ceux qui n’ont pas parlé neconà, correctement (il le répète), un sacrifice d’animaux qu’lls offriront par l’intermédiaire de Job, qui devient pour eux comme un prêtre [ce que Job était déjà pour ses enfants, au chapitre 1. Sauf que, contrairement à ce qui se fait d’habitude, Job le prêtre n’offrait jamais de sacrifice pour lui-même !]. Eux qui n’ont pas adopté le tu avec Dieu, qui ont parlé de lui à la troisième personne, devront s’adresser à une troisième personne, à Job, pour transmettre à Dieu l’offrande expiatoire ».

Ainsi, « cette histoire du tu dans le livre de Job » nous révèle « la profonde différence entre ceux qui croient et les autres. Celui qui croit tutoie Dieu, s’adresse à lui en parvenant à trouver en lui le sens, le hurlement ou le murmure, le lieu, église ou maison, ou air libre, l’heure, pour se détourner de lui-même et se placer vers son propre orient. A la lettre, l’orient est le lieu où reconnaître sa propre origine, où éprouver une appartenance et un lien avec le reste du monde créé ». Ceux qui ne croient pas peuvent certes en parler, car ils le lisent dans les Saintes Ecritures, le rencontrent autour de lui dans la vie des autres, des croyants, mais gardent « la distance abyssale de la troisième personne, qui n’est pas seulement un éloignement mais une séparation ».

A l’inverse, le croyant est celui qui « devient [par la foi] contemporain du Christ », (pour reprendre une expression du penseur chrétien Soren Kierkegaard) bien que plus de 2 000 ans nous sépare depuis son avènement. En ce sens, la foi abolit toutes les distances, spatiales et temporelles, puisque ce qui importe, c’est que le Christ me sauve, moi, aujourd’hui, là où je suis. C’est ainsi que l’Evangile est cette « puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rom.1v16). De quiconque croît aujourd’hui.

« Les trois amis, et aussi le quatrième, Elihou, venu s’ajouter à la fin de leur entretien et du livre [quoiqu’aucun reproche de Dieu n’ait été signalé à son sujet], offensent Dieu, car ils ne s’adressent pas à lui en tant que croyants, mais parlent de lui comme des avocats défendant un de leurs clients [se faisant par là même les défenseurs, parfois avec agressivité, d’une certaine orthodoxie]. Il est vrai que toute la théologie parle de Dieu à la troisième personne, mais elle possède et pratique, tout en spéculant à son sujet, le tu de la prière, alors que les amis de Job face à sa douleur ne s’adressent jamais à Dieu pour qu’il le secoure, mais défendent toujours la peine et la torture infligées à leur ami, au nom d’une justice infaillible qui ne frappe pas au hasard, encore moins à tort.

Pour Dieu, au contraire [au regard de ce que nous enseigne le livre de Job], même le blasphème est un tu et il (ne semble) pas considéré comme une faute quand il jaillit en pleine douleur ». Il le sait bien, puisqu’il est notre père. Nous sommes l’argile, c’est lui qui nous façonnes, tous nous sommes l’ouvrage de sa main cf Esaïe 64v7.

« Quand cette matière se trouve sous la pression de la douleur », retentit alors « ce tu de Job » : « Rappelle-toi : tu m’as façonné comme une argile, et c’est à la poussière que tu me ramènes » (Job 10v9).

Mais, rajouterai-je, le croyant sait qu’il a « un grand prêtre éminent, qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu ». C’est pourquoi il tient ferme la confession de foi. « Nous n’avons pas, en effet, un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses ; il a été éprouvé en tous points à notre ressemblance, mais sans pécher. Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour un secours en temps voulu ».(Hébr.4v14-16)

 

 

La vraie jouissance

« Plaire à Dieu », c’est simple comme un verre d’eau ! (Source image : public domain pictures)

« Si tu eusses voulu des sacrifices, je t’en aurais offert; Mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes…. » (Ps.51v16)

« Discernez ce qui plaît au Seigneur » (Eph.5v10)

« La vraie jouissance n’est pas dans ce dont nous jouissons, mais dans l’idée que nous nous en faisons. Si j’avais pour me servir un esprit obséquieux qui m’apporte, quand je lui demande un verre d’eau, une coupe remplie d’un délicieux mélange de tous les vins les plus rares du monde, je le mettrais à la porte, jusqu’à ce qu’il apprenne que la vraie jouissance n’est pas dans ce dont je jouis, mais dans ma volonté exaucée. » (Kierkegaard. Ou bien…Ou bien…. Gallimard, 1943, p 27)

« Ma nourriture », dit Jésus, «  c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jean 4v34)

Dites : « nous sommes des serviteurs inutiles » Ou quand Jésus n’est (décidément pas) un « coach en développement personnel »

Hier, les disciples de Jésus lui demandaient de leur apprendre à prier. Les disciples d’aujourd’hui lui oseront-ils lui demander de leur apprendre à Le suivre ?
(Source : convergence bolcho-catholiques)

« Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: ‘Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.» (Luc 17v7-10)

« Comment vous sentez-vous après l’écoute d’une telle phrase ? » nous interpelle Michel Block, dans sa prédication pour le forum des Attestants (1) du 02 février 2019. « Pour commencer la journée, on pourrait imaginer quelque chose de plus dynamisant ! En voilà une punchline pour se sentir en forme dans les 24 prochaines heures ! Je ne sais pas si ce verset est souvent utilisé sur les applications qui vous donnent un verset par jour : « Commence bien la journée avec Jésus ! »

Cela nous permet de nous rappeler que contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent de nos jours, Jésus n’est pas « un coach en développement personnel ». Dieu n’a pas envoyé son fils pour que nous puissions exprimer à travers la mise en pratique de ses enseignements tout le potentiel que nous avons au fond de nous et qui ne fait que sommeiller…(1)

Il est effectivement fondamental, pour un chrétien, de se souvenir à quel point Jésus-Christ n’est pas « un coach en développement personnel ». Mais qu’est-ce que le développement personnel ?

Egalement appelé « épanouissement personnel » ou « croissance personnelle », le développement personnel est un ensemble de pratiques ayant pour finalité la redécouverte de soi pour mieux vivre, s’épanouir dans les différents domaines de l’existence, réaliser son potentiel, etc. Il n’existe pas une méthode unique de développement personnel, mais une multitude d’approches et de pratiques, telles que la caractériologie, la programmation neuro-linguistique (PNL), l’ennéagramme, qui se veut être un modèle de description des différents types de personnalités humaines.

Mais comme son nom l’indique, « le développement personnel n’inclut pas la dimension spirituelle de l’individu, puisqu’il s’intéresse uniquement à sa dimension psychologique. Or la Bible nous dit que l’humain existe et trouve le sens de sa vie aussi par la relation qu’il entretient (ou pas) avec son Père qui est dans les cieux (Dieu), et pas seulement au travers de la relation qu’il entretient avec lui-même ou avec les autres. [Le développement personnel] n’aborde pas cette question, ce n’est pas son problème. Mais si sa pratique revient à faire penser à l’individu qu’il peut tout résoudre seul, sans avoir [vraiment] besoin de Dieu [puisqu’il a tout en sommeil en lui], alors en tant que croyants c’est là qu’il peut y avoir un souci pour nous… »(3).

A ce stade, je pense à cette parabole du rabbin Abraham Twerski sur le véritable amour, rapportée par Joseph Gotte sur son blogue(4) : « Jeune homme, pourquoi manges-tu ce poisson? demande un rabbin. Parce que j’aime le poisson ! répond le jeune homme. — Oh, rétorque le rabbin. Tu aimes le poisson. C’est pour cela que tu l’as sorti de l’eau, que tu l’as tué et que tu l’as bouilli ? Ne me dis pas que tu aimes le poisson. Tu t’aimes toi-même, et parce que tu apprécies le goût du poisson, tu l’as sorti de l’eau, tu l’as tué et tu l’as bouilli (…) Tant de ce que nous appelons “amour” est en réalité de “l’amour du poisson”. […] Chacun regarde à ses propres besoins. Ce n’est pas de l’amour pour l’autre. L’autre devient juste un prétexte pour sa propre satisfaction. […] Le véritable amour n’est pas à propos de ce que tu obtiens, mais à propos de ce que tu donnes. »

C’est ainsi que la prière ou notre « temps d’intimité avec Dieu » ne saurait être détourné de sa raison d’être et réduit en prétexte pour notre seule satisfaction personnelle : en effet, le but de la prière n’est pas, mais alors vraiment pas, que « cela nous apporte quelque chose » ! Moment d’intimité avec Dieu, la prière est portée par le Saint-Esprit et centrée vers Dieu. Mais lorsque la prière est tellement centrée sur celui qui prie que le partenaire (Dieu) ne compte plus, alors ce n’est plus une prière, mais du narcissisme ou « l’amour du poisson » ! Ce n’est plus tellement différent d’un temps de méditation personnelle destinée « à se faire du bien ».

Bref, en lieu et place de « développement personnel », Jésus est plutôt venu pour nous sauver : de l’esclavage, de la mort, des ruptures et même…de nous-même ! (5)

 

Inspi lecture : les miettes philosophiques, de Søren Kierkegaard (1813-1855). Editions du Seuil, 1967. Préface de Paul Petit.

Une méditation profonde (mais pas toujours aisée) du penseur danois sur la question du « devenir chrétien », à travers une étonnante réflexion sur le rapport maître-disciple qui devrait intéresser n’importe quel enseignant ou pédagogue.

L’idée centrale de cet ouvrage paru en 1844 est de montrer la différence de nature entre la vérité selon les Grecs et la vérité chrétienne.

Dans la première conception, celle des Grecs (Socrate), tout l’art et l’effort du Maître consistent à faire découvrir une vérité déjà là, préexistante. Il joue un rôle d’accoucheur, en aidant le disciple à prendre conscience, à se ressouvenir de ce qui est déjà en lui.

Dans la tradition chrétienne de la vérité, au contraire, le Maître fait entrer la vérité dans le cœur du disciple. Cette vérité reçue et accueillie confère le salut, et l’homme devient une « nouvelle créature ». Le Maître est un père qui enseigne et transmet la vérité à des fils. Et ceux-ci ont avec lui un lien personnel de reconnaissance et d’amour.

 

Notes :

(1) La suite ici. Mon article sur cet événement auquel j’avais participé à l’époque.

(2) Le 09 janvier 2015, je publiais à ce sujet La parabole du « serviteur inutile » : une réponse « révolutionnaire » à l’esprit « utilitariste et comptable », avec le concours de plusieurs contributeurs : qu’ils en soient à nouveau remerciés !

(3) Voir cette réponse à une question sur « 1001 questions ».

(4) A lire ici.

(5) « Dieu nous sauve de nous-mêmes », 4ème épisode de la série d’articles « Dieu nous sauve… » de Gilles Boucomont. A lire sur son blogue « Au Nom de Jésus ».

 

 

 

 

 

Est-il « spirituellement inopportun » de dire « Jésus » au lieu de « Yeshouah » pour désigner/invoquer le Messie ?

« Au Nom de Jésus », ne perdons pas de vue « le bon combat » !

Quel est « le vrai nom » de Jésus ?

« Yeshouah », « Yesous » ou « Jésus » ? Comment les apôtres appelaient-ils Jésus ? Quel nom (faut-il absolument) utiliser aujourd’hui ? Pourquoi avoir traduit son prénom d’origine ?

Certes, Jésus était Juif. Il parlait araméen et non le grec, « l’anglais de l’époque ». Son prénom, parfaitement juif, se disait effectivement « Yeshouah » (signifiant en hébreu : « Dieu sauve/Dieu élargit »), correspondant à « Josué ». C’est même un prénom assez banal pour l’époque, puisque l’on retrouve plusieurs « Jésus » dans la Bible : par exemple, « Jésus-Barrabas », le brigand de Matt.27v16.

Pourquoi dire « Jésus », alors ? Tout simplement parce que « Jésus » est la francisation de la latinisation (« Iesus ») du grec « Yesous », lui-même transcription grecque de l’hébreu Yeshouah, explique le répondant à une question sur ce sujet, sur le site « 1001 questions »(1). « Cette mutation s’est simplement opérée par glissement successifs au fil des époques ». Mais, comme le précise le répondant, « ce n’est pas à proprement parler une traduction, mais juste une évolution dans la prononciation, tout comme Charlemagne ne s’appelait pas « Charlemagne » avec notre prononciation dans la langue franque de l’époque devenue « vieux françois » et français…. Dans le même sens, en restant sur une même époque, si vous avez une amie malgache qui s’appelle Hanitra, les français vont prononcer son nom « Anitra » alors qu’elle le prononcera en malgache « An’tch ». Il n’y a donc pas de problème d’utiliser Jésus, Yesous, ou Yeshouah (d’autant plus que le « ah » final est quasiment imprononçable pour un français, et que donc, il sera presque impossible d’être fidèle à sa prononciation authentique »)(1).

Le problème n’est pas non plus « dans la forme du nom que l’on emploie pour le prier, mais dans notre manière d’utiliser son nom. On peut être tout aussi superstitieux en utilisant le nom « Yeshouah » qu’en utilisant « Jésus » si on en fait une formule magique pour être exaucé dans toutes nos demandes ». En effet, donner du pouvoir au nom de Jésus/Yeshouah de par sa phonétique frise la superstition et l’occulte.  Il ne suffit pas de dire « au nom de Jésus » ou « au nom de Yeshouah Ha Mashiah » à la fin d’une prière pour que « ça marche » ou que cela soit « certifié conforme ». La relation avec Dieu n’est pas de l’ordre de la magie (2) !

Jésus Lui-même donne des conditions pour être exaucé lorsque nous prions « en son nom » :

Jean 14v12-15 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. Si vous m’aimez, gardez mes commandements ».

Jean 15v7 : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé ».

1 Jean 3 v22-24 : « Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. Et c’est ici son commandement: que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, selon le commandement qu’il nous a donné. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui; et nous connaissons qu’il demeure en nous par l’Esprit qu’il nous a donné ».

Plus important encore, il y a, dans le nom de Jésus, la divine aptitude à faire ce que l’on dit. Comme déjà signifié plus haut, « Jésus/Yeshouah » veut dire : « Dieu sauve ». Il ne se contente pas de le dire : il le fait. Depuis 2000 ans et encore aujourd’hui.

Jésus/Yeshouah veut dire aussi « Dieu élargit ». De tout temps et encore aujourd’hui, c’est au nom de Jésus que les chrétiens (ceux qui reconnaissent Jésus comme leur Seigneur) agissent et font ce qu’ils ne sauraient pas faire par eux-mêmes : élargir l’horizon de leurs frères et/ou de leurs prochains en les faisant sortir de là où ils (se) sont enfermés, pour leur faire connaître « une vie (toujours plus) abondante », et autres choses significatives de nature à porter un fruit immédiat dans leur vie.

Dans cette optique, nous voyons mal en quoi « lancer des débats » sur des questions de nom peut y contribuer.

Au contraire, de tels « débats », qui vont jusqu’à lancer des malédictions indirectes à ceux qui « ne disent pas comme il faut » – un nouveau « shibboleth » (3) – ne peuvent qu’engendrer « des querelles de mots qui, loin d’édifier, ne servent qu’à la ruine de ceux qui écoutent » (2 Tim.2v14) !

 

 

Notes :

(1) Voir http://1001questions.fr/en-hebreu-le-nom-de-jesus-est-yeshua-il-a-ete-traduit-en-grec-par-yesous-puis-est-devenu-jesus-comment-les-apotres-appelaient-ils-jesus-pourquoi-avoir-traduit-son-prenom-dorigine-isabelle/

(2) Voir http://1001questions.fr/est-il-inopportun-de-dire-jesus-au-lieu-de-yeshouah-pour-designer-invoquer-le-messie-ny-a-t-il-pas-la-un-risque-de-derive-superstitieuse-et-occulte-peps/

(3) Terme signifiant « épi de blé » ou « ruisseau » : mot qui ne peut être utilisé – ou prononcé – correctement que par les membres d’un groupe ; « code » pour reconnaître ceux qui sont du « bon groupe » ou pas, cf Juges12v4-6

 

 

« Info-divertissement » ou « piège à clics » : des dangers de la « konbinisation » de l’information pour les jeunes (et les moins jeunes)

Comment éviter le piège et la tentation du « buzz » et de « l’attrape-clics » ? Source : Les Décodeurs du Monde.

« Usiner » en quelques minutes des articles insolites sur le dernier sujet qui agite les réseaux sociaux, y glisser des références flatteuses aux annonceurs publicitaires, saupoudrer l’ensemble de vidéos amusantes qui feront le tour d’Internet : la recette a porté à des sommets l’audience des « pure players » d’ »info-divertissement » [ou « d’infotainement »] entièrement dépendants de la publicité : Melty, Konbini ou encore BuzzFeed. La presse traditionnelle porte sur ces jeunes concurrents un regard ambivalent fait de mépris pour un journalisme ouvertement bâclé et de fascination pour le nombre de visites qu’il génère.

Je pense à certains médias chrétiens évangéliques francophones, qui me paraissent  surfer » sur cette mode : du site agrégateur de contenus, dit d' »actus (pas vraiment) chrétiennes » – assurément polémique, avec un style « humour cool gras », cynique et vulgaire – au (plus sympathique mais peu convaincant) blogue « lifestyle de jeunes chrétiens » – revendiquant un langage « djeun » , sous couvert de « parler cash », où l’on retrouve les « mots magiques « (en franglais dans le texte) : « challenger », « fun », « la life » « power… »…….

Sophie Eustache et Jessica Trochet nous livrent leur enquête sur ces « pièges à clic » dans un article disponible en accès libre sur Le Monde diplomatique, tandis que Sami Joutet, rédacteur à Topo [média étudiant suisse de l’université de Genève] « braque le projecteur » sur le phénomène d’une information « konbinisée » visant les « millenials » ou les 15-30 ans.

Au cœur du problème, le fait que le modèle économique soit à la base de la création de contenu. Dans quels domaines et jusqu’à quel stade l’efficience économique peut-elle affecter la création de contenu ? Comment choisit-on les sujets et la manière dont on va les traiter dans cette rédaction d’un nouveau genre ?

Comment peut-on espérer être en capacité de questionner et repenser un monde toujours plus complexe lorsque l’information se simplifie et que le langage s’appauvrit ? Est-il judicieux de laisser à des publicitaires et à des algorithmes la tâche élémentaire d’informer et d’élever intellectuellement toute une génération ?

Sans oublier « l’envers du décor acidulé », derrière lequel se cache un univers de forçats, avec un système reposant sur des auto-entrepreneurs précaires, et rappellant celui des cueilleurs saisonniers payés au kilo….

 

A lire « De l’information au piège à clics », par Sophie Eustache & Jessica Trochet. Le Monde diplomatique, août 2017 et « Quels dangers d’une information « Konbinisée » pour les jeunes ? » Par Sami Joutet. Topo, 14 février 2020.

« L’Eglise d’après » : c’est demain

Il est encore possible de rejoindre la réflexion collective pour penser « l’Eglise d’après »…jusqu’à quand ? ( Source : Pixabay)

Nous en avions parlé ici-même, ces jours-ci : sous l’angle de ce qui va, peut ou doit « Mourir, survivre ou vivre », la troisième édition du séminaire « L’Eglise qui croît » aura lieu les 08-09 mai, par zoom. Organisé par les Attestants, avec Anne-France de Boissière, Raphaël Anzenberger et bien d’autres.

Pour participer, il est nécessaire de s’inscrire.

 

« Les quatre commandements du journaliste libre » : lucidité, refus, ironie et obstination

Publié sur le compte twitter du Pasteur Gilles Boucomont (19/12/18)

Il y a 60 ans disparaissait Albert Camus. « Écrivain, penseur, dramaturge, essayiste, prix Nobel de littérature en 1957, son nom est associé au monde littéraire, mais il ne faut pas oublier qu’il fut aussi journaliste », rappelle Maria Santos-Sainz(1), docteur en sciences de l’information, Maître de conférences à l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine], et par ailleurs auteur d’un « Albert Camus journaliste ».

« Précurseur de revendications déontologiques dans les médias et d’une pensée critique du journalisme avec ses nombreux éditoriaux de Combat consacrés à la presse, Camus détestait la presse à sensation, dénonçait l’instantanéité de l’information, mettait en garde contre les fausses informations et la dictature de l’audimat. L’important n’est pas d’être le premier, mais le meilleur, écrivait-il. Il défendait et pratiquait un journalisme libre [notamment des servitudes de l’argent], critique et indépendant (…).

Albert Camus reste aujourd’hui une référence pour l’exercice de la profession journalistique en raison de sa conception exigeante du métier, fondée sur la rigueur dans la recherche de la vérité, sur l’indépendance et sur l’honnêteté intellectuelle.

Dans le contexte actuel, marqué par des protestations sociales aux quatre coins de la planète, face aux débordements du néolibéralisme et du capitalisme sauvage qui laissent tant de segments de la population sur le bord de la route, relire les textes journalistiques de Camus peut servir de manuel de résistance, de bréviaire pour les journalistes(….) Sa devise « La liberté consiste d’abord à ne pas mentir. Là où le mensonge prolifère, la tyrannie s’annonce ou se perpétue »(1).

Le 25 novembre 1939, Albert Camus veut publier son « manifeste du journaliste libre » (2) dans « Le Soir Républicain » un quotidien limité à une feuille recto verso qu’il codirige à Alger. Mais son texte est censuré au dernier moment. Il est finalement découvert en 2012 par la journaliste du Monde Macha Séry aux Archives nationales d’outre-mer d’Aix-en-Provence, et publié par « le quotidien du soir » le 17 mars de la même année (2). Mettant en garde contre les périls qu’encourt le journalisme en temps de guerre — et de paix — face à la censure et à la propagande, Camus y définit « les quatre commandements du journaliste libre » : lucidité, refus, ironie et obstination.

Extrait :

« Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu.

Et justement ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée.

Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination.

La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l’histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu’elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.

En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle prépare l’avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.

Nous en venons ainsi à l’ironie(3). On peut poser en principe qu’un esprit qui a le goût et les moyens d’imposer la contrainte est imperméable à l’ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique. Il reste donc que l’ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu’elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l’est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l’intelligence humaine. (….) Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants. 

Cette attitude d’esprit brièvement définie, il est évident qu’elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d’obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.

Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu’au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu’il croit vrai et juste, s’il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l’abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot ».

 

Notes : 

(1) http://theconversation.com/un-journaliste-nomme-albert-camus-128933

(2) https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/18/le-manifeste-censure-de-camus_1669778_3212.html ; Voir aussi https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/18/les-devoirs-du-journaliste-selon-albert-camus_1669779_3212.html

(3) Voir http://www.le-tigre.net/Rire-de-tout-et-avec-n-importe-qui.html

 

 

Ce qui remporte la victoire (Kierkegaard)

« Ce n’est pas la vitesse mais la vérité qui remporte la victoire ! » (Source : public domain pictures)

« Nous ne nous pressons pas, quand on lutte pour la solution d’un problème, on ne lutte pas comme dans les courses d’un stade [ou la course au scoop !] et ce n’est pas la vitesse mais la vérité qui remporte la victoire » (Kierkegaard. Miettes philosophiques. Seuil, 1967, p 91).

Et la vérité est en effet souvent plus lente que les mensonges, les rumeurs ou les ragots !