Ré-ouvrir les églises : quelles pistes ?

Dans la perspective du déconfinement, pour se rassembler à nouveau ( Source : Pixabay)

Certains responsables d’Eglises ont réfléchi à plusieurs mesures pratiques – mais contraignantes – de réouverture des églises au public, pour des rassemblements respectueux des mesures sanitaires. Parmi les pistes préconisées, en attendant les prochaines consignes de déconfinement :

Doubler la distanciation sociale, laquelle doit être égale à deux mètres, ce qui signifie garder en gros une place sur quatre dans nos églises, en rendant visible ce qui est accessible…….

Multiplier les cultes. Entre deux célébrations dans la même journée, on prendra le temps de nettoyer l’église.

Veiller à un plan de circulation dans l’église pour éviter que les gens ne se croisent.

Ne pas oublier les gestes barrière : lavage des mains du célébrant avant de distribuer les espèces de la Sainte-Cène, pas de baiser de paix…..Attendre trois jours avant de compter les offrandes ou le faire avec des gants.

Renforcement des équipes existantes : accueil, ménage (avec tenue ad-hoc)…..

En fin de culte, lors des annonces, mise en valeur des lieux de soutien (de tous ordres) qui permettront au plus grand nombre de trouver réconfort et aide dans ces temps difficiles, sans oublier ceux et celles qui ne seraient pas venus.

 

Lire l’essentiel ici. Et aussi .

 

Est-il judicieux de prier pour « les nations » ?  

Surtout ne cessons pas de prier. De prier pour ceux qui habitent en France.

Il est courant, dans la plupart des milieux chrétiens, d’appeler à « prier pour les nations ». Est-ce pertinent ? (1)

En réalité, sur ce type d’initiative, certes louable, se fonde une erreur théologique due au passage du texte biblique de l’hébreu > grec > français.
En effet, sachant que c’est depuis le 16ème siècle que le mot « nation » est devenu un référentiel politique, les « nations » en hébreu et en grec ne sont pas les Etats nationaux ou « les pays », mais plutôt les peuples non-Juifs, les goyim ou « ta ethnè » (« ethnies »).

Quand Dieu bénit les « nations », cela signifie qu’il bénit les non-Juifs aujourd’hui, de la même façon qu’il a béni les Juifs.


De fait, quand nous prions pour « Israël », (normalement) ce n’est pas l’Israël politique refondé en 1948, mais bien pour le peuple d’Israël, répandu parmi les nations.
Quant à prier pour « La France », c’est un peu étonnant, puisque la France est multiforme, ayant tellement évolué au travers des siècles. La France, c’est avant tout des gens qui habitent en France, surtout à l’heure de l’hypermondialisation. D’ailleurs, vous en connaissez beaucoup, de gens dans votre église locale dont les huit arrière-grands-parents étaient « des vrais français » ?
Bref, cette vision théologique « post-Yalta » (du nom de la conférence qui a découpé le monde après la guerre) est en réalité anachronique, lorsque elle donne un sens « d’aujourd’hui » à un terme ou un concept biblique, qui n’a pas ce sens-là.

 

Ceci dit, il serait dommage d’en conclure d’arrêter de prier ou d’intercéder. En clair, prions pour les personnes ou les groupes de personnes, et non pour des constructions culturelles/idéologiques et politiques qui n’existaient pas au temps du Christ et qui n’existeront plus à la fin des temps !

 

 

Note :

(1) Telle est la question posée sur le site « 1001 questions »

 

 

 

« The sound of Silence » Feat. The Maccabeats

La célèbre chanson de Simon et Garfunkel (1964), sur l’incapacité des gens à communiquer entre eux, est ici revisitée de manière inattendue par le groupe « The Maccabeats »[groupe de jeunes chanteurs juifs américains, de milieu universitaire], pour nous inviter à marquer un arrêt – c’est le sens du mot shabbat.

La deuxième chanson qui suit, à partir de 3’21 », est « Lekha Dodi » (version chantée par le même groupe ici), un des hymnes les plus populaires de la liturgie juive, pour « accueillir le shabbat ».

Méditation biblique :

Apoc.2v19 : « Je connais tout ce que tu fais, ton amour, ta foi, les services que tu rends et ta patience, et maintenant, tu fais encore plus de choses qu’au début ».

Psaume 46v11 : « arrêtez et reconnaissez que je suis Dieu »

Zach.2v17 : « Que chacun fasse silence en présence du Seigneur ! »

Comment ces versets font-ils écho en vous ?

Deut.5v12-15 rappelle que le Shabbat, jour de cessation, a été institué pour commémorer la sortie d’Egypte, où les Israélites, esclaves, ne s’arrêtaient jamais. Le Shabbat est aussi un bien commun, puisque la « cessation » s’étend à tous les proches – « fils, fille, serviteur, servante », et même animaux domestiques jusqu’à « l’émigré » admis dans la communauté nationale –  afin que l’un et l’autre puissent se reposer aussi.

Alors, « Shabbat shalom » !

Souffrance intérieure du chrétien : « Jusques à quand ? »

Une réflexion rafraîchissante et édifiante sur le phénomène de la souffrance du chrétien

Une recension du livre de Pascal Denault : Le côté obscur de la vie chrétienne : Les doutes de la foi, la dépression de l’âme et le manque de croissance spirituelle, par mon frère Pierre-Louis. Qu’il soit remercié pour ce partage, comme je remercie BLF éditions de m’avoir gracieusement envoyé l’ouvrage en « service presse » !

La vie en Christ n’est pas toujours rose !

Au Psaume 13, la Bible illustre un phénomène que tout converti expérimente – tôt mieux que tard – lorsqu’il décide de faire de Christ son Chemin. David s’écria lui-même : « Jusques à quand, Eternel ! m’oublieras-tu sans cesse ? ». Bienheureusement, son psaume termine en allégresse, et l’Eternel ne laisse pas David sans réponse à ses doutes profonds.

Dans son ouvrage Le côté obscur de la vie chrétienne : Les doutes de la foi, la dépression de l’âme et le manque de croissance spirituelle, publié aux Editions Cruciforme, Pascal Denault, pasteur de l’Eglise évangélique de Saint-Jérôme au Québec [et par ailleurs « hérault dans le net »], accompagne le disciple de Christ – lui-même étant appelé à « faire des disciples » – dans une réflexion rafraîchissante et édifiante, autour des trois problèmes éponymes cités en titre, et plus largement sur le phénomène de la souffrance du chrétien.

Cet ouvrage amène le lecteur, sur la base d’une lecture méditative et d’une étude approfondie des Ecritures, à fonder et étayer sa pensée et s’outiller spirituellement et pratiquement pour traiter de manière appropriée la souffrance d’une âme non-encore parvenue à son complet renouvellement. Les problématiques-clés qui sont mises en avant ne le sont pas par le fruit du hasard, elles sont bien souvent des échardes douloureuses, tant pour ceux qui les expérimentent que pour les pasteurs et leaders chargés de soigner les âmes dans l’Eglise.

Levons le voile.

 

  1. « Je ne suis pas certain d’être sauvé. »

Le psaume 88 est un passage de choix pour présenter ce premier « dénominateur commun » des souffrances dans l’âme du chrétien. L’auteur y expose tout d’abord la différence entre le salut – un fait accompli à la croix de Jésus-Christ au bénéfice de celui qui met sa foi en Lui – et l’assurance du salut – aptitude spirituelle qui se travaille et grâce à laquelle le chrétien trouvera progressivement la sécurité de son âme.

Ainsi, l’auteur nous met face à deux aspects du salut :

  • Ce pour quoi nous sommes inutiles, c’est ce que Jésus-Christ a accompli une fois pour toute. En souffrant la croix, il a reçu à notre place le châtiment qui nous était réservé depuis le péché d’Adam.
  • Ce dont nous avons la responsabilité pour le bien de notre âme et pour le témoignage de l’Esprit en et au travers de nous, c’est de nous approprier subjectivement l’œuvre de Jésus-Christ. Concrêtement et sous forme interrogative : « Ma foi est-elle fondée et solidement ancrée dans l’œuvre que Christ a accompli à ma place sur la croix pour la rémission de tous mes péchés ? » « Est-ce que je vis ou bien est-ce que c’est Christ qui vit en moi ? » « Ai-je bien reçu le Saint Esprit et quel est son témoignage en moi ? »

A mon sens, le lecteur est ramené dans cette première partie à « ce dont il a toujours eu et aura besoin », l’Evangile de Jésus-Christ. Cet Evangile soutient la foi, guérit l’âme, et encourage le croyant. Il lui rappelle d’où provient sa foi et vers quoi elle le mène. Si nous croyons qu’un jugement dernier vient et que Christ nous a sauvé de la colère à venir, non-seulement en nous rachetant par son sang précieux, mais aussi en nous donnant une vie abondante en Lui, nous trouvons là notre exhortation à le chercher, à le connaître et à le servir de toute notre être.

Boîte à outil. Le lecteur trouvera dans cette partie une méthode directement issue des Ecritures pour « tester son salut » : sonder son cœur pour savoir si Christ est en lui (2 Corinthiens 13 v.5). Ainsi, il trouve la preuve de son élection.

 

  1. « Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit. »

Le deuxième volet de son ouvrage, Pascal Denault nous amène à considérer le cas du chrétien en proie à la dépression spirituelle, un état de tristesse profond et complexe, dont la provenance est difficile à déterminer.

L’auteur décomplexe le lecteur en affirmant que la déprime n’est pas un péché. Bien plutôt, c’est un point de départ duquel un choix s’opère : soit je cherche Dieu (Psaumes 51), soit je me cache de Lui (Genèse 4 v.9). Les passages bibliques cités dans ces chapitres nous amènent à un jugement sobre à propos du diagnostic à porter sur la souffrance de l’âme, et en particulier concernant le discernement de la déprime chez « les autres » dans l’approche pastorale.

Si la dépression tire son origine des conséquences du péché – loi qui gouvernait notre ancienne nature et produisant en elle la mort –, la cause distincte d’un état de dépression peut s’avèrer très complexe. A titre d’exemple, au-delà de l’origine dans le péché, l’auteur présentera un chapitre dédié au phénomène de l’épuisement et du stress excessif.

J’ai trouvé particulièrement appréciable la « posologie pour une vie heureuse », présentée sous forme de 7 conseils à mettre en prière et en actions. Ces préceptes se rapportent tant à l’équilibre spirituel que naturel et, une fois personnellement appropriés, ils seront des gardes-fous, un cadre sain pour entretenir son âme en bonne santé et cultiver ma joie, indépendemment des circonstances.

Boîte à outils. Pour la tranquilité de mon âme, je choisis de cesser de me préocuper outre raison de mon travail !

Mieux vaut une main pleine avec repos, que deux mains pleines avec travail et poursuite du vent. (Ecclésiastes 4 v.6).

 

  1. « Je ne porte pas beaucoup de fruits. »

De la loi du péché et de la mort à la loi de l’Esprit et de la vie, nous avons tous besoin d’éclairages sur le cheminement étroit vers le renouvellement entier de notre âme. Et c’est tout un programme !

Dans la troisième partie du corps de son œuvre, l’auteur nous appelle à la vigilance pour identifier nos ennemis et discerner des clés pour vivre en hommes affranchis, pour Christ. Il y a ceux que nous connaissons trop bien, et ceux dont nous ne nous flatterons pas d’avoir fait la rencontre.

En effet, si la rémanence du péché nous rappelle quelque chose du sombre vieux temps – celui que nous devons racheter – le piétisme – de la ville de « Légalisme » – et l’antinomisme évangélique – cousin de Surgrâce – nous attendent tous les deux en chemin, bien présentables et poignées de main tendues.

Le bénéfice de cette partie est de nous présenter des notions pour aiguiser notre vigilance, pour nous-même d’abord, puis pour notre frère. Par là nous comprendrons comment construire une vie enracinée sur Christ, notre fondation, et à reconnaître Ses priorités dans nos vies pour éviter de tomber dans les bas-côtés du Chemin. A ce titre, l’auteur présentera un chapitre sur chacun de ces deux fruits de la vie chrétienne : l’amour et la consécration.

Boîte à pensée. La consécration que Dieu veut est la vie « normale » du chrétien (P.228). Elle n’est pas réservée aux « grands hommes de Dieu », mais elle se manifeste quotidiennement, dans la somme des grandes et surtout des petites choses, nous amenant à l’humilité et exalter Dieu.

 

Avis : une lecture plus que bénéfique pour le disciple et faiseur de disciples.

Sur la forme, l’œuvre se lit facilement. Le vocabulaire est adapté à tous et les mots inhabituels tels que « piétisme » et « antinomisme évangélique » font l’objet de paragraphes dédiés. Rien n’est laissé dans le flou.

Heureusement, le lecteur est invité à chaque fin de chapitre à méditer un passage des Ecritures pour s’approprier les notions abordées de manière personnelle. Sans cela, le format fluide du livre pourrait nous permettre de tout lire sans marquer de pause.

Sur le fond, j’ai reçu un encouragement profond dans cet ouvrage, en ce que, par les Ecritures, l’auteur adresse le message si inhabituel… de l’Evangile. Christ aurait mérité une couronne d’or, sertie de diamants, et il a accepté des épines à la place. Les considérations de l’auteur nous font à nouveau prendre conscience du sens de la souffrance pour Christ et pour nous. Fort de cette méditation, le lecteur sera encouragé, non-pas à rejeter la souffrance – ce que nous prêcherait un Evangile du bien-être – mais à communier dans les souffrances de Christ, en vue de l’espérance d’une gloire éternelle. Nous ne vivons pas notre meilleure vie maintenant.

Je remercie tout particulièrement PEP’S CAFE ! de m’avoir encouragé non-seulement à la lecture de ce livre, mais aussi à réaliser ce travail critique, utile à l’appropriation de sa substance.

(Titre écouté durant la rédaction : Why, de Michael Card)

 

831 pour Pep’s café le blogue

Hier, les disciples de Jésus lui demandaient de leur apprendre à prier. Les disciples d’aujourd’hui oseront-ils lui demander de leur apprendre à Le suivre ?
(Source : convergence bolcho-catholiques)

Chers lecteurs, ce billet est le 831ème de Pep’s café! le blogue.

Anecdotique, me diriez-vous ? Pas si sûr ! Surtout lorsque mon frère Pierre-Louis me fait fort pertinemment remarquer que « 831 » lui fait penser à Jean 8.31, lequel verset dit ceci : « Jésus dit donc à (ceux) qui avaient cru en lui : si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ».

Une coïncidence avec un « grand D », certainement !

Comment aller bien au-delà d’un simple « bilan d’un mois de cultes en streaming » ?

En ce temps de confinement, comment aller au-delà d’un simple bilan d’un mois de culte en ligne ? (Source : medium.com)

« Oui, un mois déjà que nous vivons les cultes « à distance ». Pour répondre à l’impossibilité de se réunir pour célébrer, différentes paroisses [ou églises] ont répondu de différentes manières », constate, comme nous tous, le pasteur-blogueur suisse Philippe Golaz, dont la propre réponse a été « de proposer des cultes en streaming sur FaceBook, en y intégrant une dimension participative ». Dans une note de blogue, il nous propose une pertinente réflexion, qui va bien au-delà d’un simple « bilan des 7 cultes célébrés ainsi en un mois ».

Parmi les points à retenir :

Le culte en streaming : un compromis

Vivre un culte en streaming – qu’ils soit interactif ou non, sur Facebook ou YouTube, pré-enregistré ou en direct, traditionnel ou moderne, à la TV ou à la radio – n’est jamais qu’un compromis qui ne peut pas remplacer l’expérience et le vécu d’un culte en présence, dans une communauté locale. Ce que nous proposons n’est donc qu’une solution imparfaite, ayant pour but de palier à un manque temporaire. Ces types de cultes ne sauraient devenir la norme sur le long terme.

Un défi : vivre quelque chose de la communauté

Un des principaux défi qui s’est posé à nous est celui du lien communautaire. J’éprouve une grande frustration devant les offres certes numériques de nombreuses paroisses, mais qui restent totalement frontales, sans laisser aucune place à l’expression des liens interpersonnels. Soit des paroisses qui sont productrices de média à contenu spirituel. Je reconnais qu’une part importante de ce que j’ai développé à Meyrin souffre de ce défaut. Avec les cultes, j’avais donc particulièrement à coeur de pouvoir redresser la barre et offrir un espace où l’on est pas consommateur mais acteur d’une célébration.

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Construire un culte autour du média, plutôt que d’utiliser un média pour fournir un culte

La tentation est grande de reproduire ce qui est habituellement vécu le dimanche matin. Certains poussent même à ignorer la présence de la caméra et à s’adresser à des chaises vides. J’avoue que cela produit en moi un sentiment d’étrangeté. Il m’a semblé plus pertinent de réfléchir autrement, et de partir du média – Facebook Live – et de me demander comment vivre un culte dans ce contexte-là. Ou, dit autrement, la question a été « quelle communauté voulons-nous créer pour cette situation de crise ? » Il m’est alors apparu que le format devait être court (30 minutes). Car une minute sur son canapé ou une minute en communauté, ce n’est pas la même chose. Même brièveté dans les différents moments du culte (lecture courte, message court, interludes courts, prières courtes, etc.). Ensuite, une atmosphère plus détendue m’a semblé être de rigueur. Ne serait-ce que pour être un peu plus proche de mes paroissiens qui rejoignent le culte en pyjama, mais aussi pour éviter d’ajouter une distance supplémentaire (celle de la robe pastorale par exemple). Enfin, j’ai voulu profiter de la fonction de chat pour permettre aux participants d’intervenir dans le culte.

La suite à lire ici

La source vitale

« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive », dit Jésus. « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture ».(Jean 7v37-38)

« La source vitale doit toujours être la vie elle-même, non une autre personne. Beaucoup de gens (…) puisent leurs forces chez un autre être, c’est lui leur source vitale, non la vie elle-même. Situation fausse, défi à la nature », écrit Etty Hillesum (1914-1943) dans son journal, le mercredi 18 juin 1941 (Une vie bouleversée : journal 1941-1943, Seuil 1995. Points, p 41)

C’est ce que l’Ecriture appelle « abandonner la source des eaux vives » pour « se creuser des citernes fissurées, qui ne retiennent pas l’eau » (Jer.2v13). Or, « la vie éternelle » et « abondante », c’est connaître Celui qui est « le Dieu véritable et la vie éternelle », laquelle est une vie relationnelle (Jean 17v3, 1 Jean 5v20).

L’on comprend alors à quel point est vain « ce défi » de se déconnecter d’une telle source : « Je suis la vigne », dit encore le Véritable, « vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ». (Jean 15v5)

« Le savant et son cocher », précédé du « tireur d’élite » ou « Deux histoires, sinon rien », pour parler autre chose que du Coronavirus

Albert Einstein, tirant la langue à celui qui lui tire le portrait…(photo prise sur le vif par Arthur Sasse de l’United Press International, le 14 mars 1951)

Ionesco nous livrait son « journal en miettes » – racontant, non pas chaque jour ce qui arrive, mais chaque jour ce qui n’arrive pas – et Kierkegaard ses « miettes philosophiques », avec cette problématique : « la vérité peut-elle s’apprendre ? »

Mon camarade et confrère blogueur, Eric Lemaître, nous partage, quant à lui, sa propre réflexion sur notre « monde mis en pièces », à mille lieux du pessimisme des « jeux de massacre » de Ionesco, et se référant à Esaïe 26v20, texte biblique que le grand rabbin M. Haïm Korsia nous invite à méditer : « Va, mon peuple, rentre chez toi et ferme sur toi les deux battants. Cache-toi un instant, le temps que passe la colère. »

Pour ma part, vous me pardonnerez, je l’espère, ce choix éditorial de vous donner autre chose à lire que le coronavirus, pour le week-end. Et comme l’on m’a souvent demandé pourquoi je ne publiai pas souvent des « blagues » sur le blogue, en voici, non une, mais deux :

« Sur un mur, il y a des trous faits par des projectiles parfaitement tirés au centre de petits cercles. Un tireur d’élite, de passage, est surpris et demande qui est capable d’une telle précision. On lui dit que c’est un enfant borgne qui les fait. Le tireur va le féliciter et lui demande qui lui a appris à si bien viser.

Personne, répond l’enfant. D’abord, je tire sur le mur et puis je dessine les cercles ».

En voici une autre :

« Il y a très longtemps, un savant, spécialiste d’un sujet, qu’il est inutile de préciser, est recherché et invité dans un grand nombre de beaux endroits. Partout, l’accueil est enthousiaste. Un jour, son cocher lui demande une faveur : échanger une seule fois leurs vêtements et leurs rôles, pour ressentir lui aussi ce que veut dire être acclamé. Le savant a le sens de l’humour et accepte, imaginant ce qui se passera pour le cocher une fois sur scène.

Arrivés là où ils sont attendus, le public applaudit le chauffeur vêtu avec élégance. On l’accompagne sur scène avec les honneurs qui lui sont dus. Dans un coin de la salle, le savant habillé en cocher savoure à l’avance la suite.

Celui qui est chargé de mener le débat adresse au cocher une première question, compliquée, spécifique et de nature controversée. Le cocher réagit avec un air contrarié, puis fâché. Il répond qu’il s’attendait à des questions bien plus ardues, alors que, pour une affaire aussi élémentaire, il suffit d’appeler son cocher au fond de la salle pour avoir la réponse. »

Histoires tirées de « Le Tour de l’oie », d’Erri de Luca. Gallimard, 2019 (Du monde entier), pp 156-158

Jésus est ressuscité : et après ?

Un chant narratif du collectif d’artistes « Ecriture » (ex-Colossiens 3v16)

 

Jésus est réellement ressuscité ! On l’a vu et touché, il a mangé, il a parlé…..qu’est-ce que cela change pour moi ?

1) Jésus est ressuscité après avoir été mis à mort sur la croix. Cela signifie que Dieu n’a pas demandé « vengeance ».

L’Ecriture nous dit même que Dieu ne se souvient plus de nos péchés (Hébr.10v17). Il les a « jeté derrière son dos » (Esaïe 38v17), « au fond de la mer » (Michée 7v19). Alors que nous étions « autrefois, des étrangers » et « des ennemis » pour Lui, Il nous a « réconciliés avec lui par la mort de son Fils, qui a souffert dans son corps humain. Alors (nous pouvons nous) présenter devant Dieu en étant saints, purs et sans faute ». (Col.1v21-22)

2) Jésus est ressuscité ! Sa mort à la croix n’était donc pas l’échec de sa mission

Il l’avait même annoncé à l’avance.

Trois jours après sa mort à la croix, Jésus ressuscite. L’Evangile selon Luc, au chap.24v13-35, raconte que le même jour, deux disciples se rendent à un village appelé  Emmaüs. Pendant qu’ils parlent ensemble de tout ce qui vient de se passer, Jésus s’approche et marche avec eux. Mais quelque chose les empêche de le reconnaître.

Jésus leur demande : « Vous discutiez de quoi en marchant ? » Alors les disciples s’arrêtent, ils ont l’air triste. Ils lui répondent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth. C’était un grand prophète. Sa parole était puissante et il faisait des choses extraordinaires devant Dieu et devant tout le peuple. Nos chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré pour le faire condamner à mort. On l’a cloué sur une croix. Et nous, nous espérions que c’était lui qui allait libérer Israël. Mais, voici déjà le troisième jour depuis que c’est arrivé. 

Pourtant, des femmes de notre groupe nous ont beaucoup étonnés. Ce matin, très tôt, elles sont allées à la tombe. Elles n’ont pas trouvé le corps de Jésus et elles sont revenues nous dire : Jésus est vivant ! ” Quelques-uns de notre groupe sont allés à la tombe, eux aussi et ils l’ont trouvé vide aussi, mais Jésus, ils ne l’ont pas vu ! » 

Alors Jésus leur dit : « Vous ne comprenez rien ! Votre cœur met beaucoup de temps à croire ce que les prophètes ont annoncé ! Il fallait que le Messie souffre de cette façon et que Dieu lui donne sa gloire ! »  Et Jésus leur explique ce que les Livres Saints disent à son sujet. Il commence par les livres de Moïse, ensuite, il continue par tous les livres des prophètes ».

Pourtant, Jésus avait dit très clairement  à ses disciples, bien avant sa mort à la croix : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup. Les anciens, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi ne voudront pas de lui. Ils le feront mourir. Et, trois jours après, il se relèvera de la mort. »  (Marc 8v31-32)

3) Jésus est ressuscité : il a vaincu la mort, qui n’a plus le dernier mot

La mort n’a plus d’emprise sur Jésus : « Nous le savons bien : depuis que le Christ s’est réveillé de la mort, il ne doit plus mourir, la mort n’a plus de pouvoir sur lui » (Romains 6v9).

La mort n’a plus le dernier mot : « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort. » (1 Corinthiens 15v26)

En ressuscitant, Jésus-Christ a triomphé de la puissance de la mort : cela veut dire que, en Jésus et avec Jésus, une réalité nouvelle est là, où la mort ne limite plus la vie. Jésus nous libère de la peur de la mort, pour que nous vivions vraiment aujourd’hui, dans ce monde, une vie abondante, victorieuse et triomphante. Bien sûr, la mort existe encore – des gens meurent encore, nous mourrons tous un jour – mais la mort n’a plus le dernier mot. Jésus a mis fin à la mort « pour toujours », la remplaçant par « la vie pour toujours ».

Nos anciennes manières de vie, qui nous rendent malheureux, qui nous font souffrir et qui font souffrir les autres, n’ont plus, non plus, le dernier mot. Elles sont désormais dernière nous. Une vie nouvelle en Jésus est devant nous. Plutôt que d’être égoïstes, nous pouvons être généreux ; plutôt que d’être méchants, nous pouvons être bons ; plutôt que d’être violents, nous pouvons être doux ; plutôt que d’être dans la crainte et la peur, nous pouvons être confiants et dans l’espérance

4) Jésus est ressuscité ! Ce que je suis est changé, nouveau ; mes rapports avec les autres sont changés et donc nouveaux !

« Uni à Jésus-Christ » ressuscité, « je suis une nouvelle créature » (2 Cor.5v17)

« Si vous connaissez Jésus, « vous devez laisser votre vie d’autrefois. Avant, vous étiez pleins de désirs trompeurs qui vous détruisaient. Eh bien, ce que vous étiez avant, il faut vous en débarrasser comme d’un vieux vêtement. Comprenez les choses d’une façon nouvelle, selon l’Esprit de Dieu. Et, comme si vous mettiez un vêtement neuf, devenez une personne nouvelle. Cette personne nouvelle est créée comme Dieu veut : la vérité la rend juste et sainte » (Éphésiens 4v20‑24)

Ce nouveau vêtement, c’est notre nouvelle identité en Jésus. En conséquence, tout change dans nos relations avec les autres : nous ne mentons plus. Nous disons la vérité à notre prochain, parce que cela fait du bien à la communauté à laquelle nous appartenons tous ensemble. Cela nourrit la confiance entre nous ; si nous nous mettons en colère, notre colère ne doit pas nous envahir, elle doit cesser rapidement, sinon cela nous détruit et cela détruit les autres.  Nous n’avons plus peur de manquer. Nous ne volons plus et ne prenons plus par force ou par ruse ce qui est aux autres : nous travaillons honnêtement, sans tricher, pour pouvoir aider les autres qui ont besoin. Nous ne disons plus de mauvaises paroles, qui blessent ou rabaissent les autres, mais seulement les paroles qui font grandir et qui font du bien aux autres. Si on nous fait du tort, nous ne disons plus : « je vais lui rendre ce qu’il m’a fait ». Nous sommes bons les uns envers les autres et nous nous pardonnons les uns aux autres, comme Dieu nous a pardonné en Jésus, le Christ. (Éphésiens 4v25‑32)

5)Jésus est ressuscité ! Nous attendons « une nouvelle création »

2 Pierre 3v13 nous dit que ceux qui mettent leur confiance en Jésus-Christ savent que « Dieu a promis un ciel nouveau et une terre nouvelle où la justice habitera. Oui, c’est ce que nous attendons ».

« Un nouveau ciel et une terre nouvelle », c’est-à-dire une création renouvelée et restaurée. Dieu fera pour la création actuellement maltraitée/polluée/exploitée/dégradée ce qu’il a fait pour Jésus à la résurrection

Quant à nous, la Bible nous dit que nous vivrons avec Dieu pour toujours dans le nouveau ciel et dans la nouvelle Terre :  un monde nouveau où Dieu « essuiera toutes les larmes de (nos) yeux. La mort n’existera plus, il n’y aura plus ni deuil, ni cris, ni souffrance » (Apoc.21v4)

Dans ce cas, mes choix et mes actions –ce que je fais et dis de bon, beau, juste et vrai pour les autres, à la gloire de Dieu ; comment je prends soin et respecte mon corps, les autres et la nature, tout cela montre que j’attends cette nouvelle création. En Genèse 2v15, Dieu avait donné à l’homme et à la femme mission de garder et de prendre soin du jardin, de la création. Cette mission nous concerne tous aujourd’hui : la Terre est notre maison à tous ; nous sommes donc tous responsables d’en prendre soin, de la respecter et de ne pas gaspiller les ressources qu’elle nous offre.

Quand je fais aujourd’hui quelque chose de bon, beau, juste et vrai pour les autres et à la gloire de Dieu, je sais aussi que toutes ces actions auront leur place dans la nouvelle création que Dieu nous promet.

Jésus est réellement ressuscité : ce n’est donc pas terminé, tout commence !

 

Dernière Pâque

En ce temps de confinement, se réunir en famille pour Pâque est tout un défi ! (Source : medium.com)

« Je suis très content d’être avec vous ce soir », dit Jésus à ses amis.

Ce soir-là, Lui et ses disciples sont à table pour fêter la Pâque, une fête de la Bible [Exode 115] qui raconte l’histoire d’un passage, d’une sortie et d’une naissance.

Normalement cette fête se passe dans les maisons, en famille. Jésus, lui, était avec ceux qui sont sa vraie famille : ses disciples qui croient en lui et qui le suivent.

Qu’ont mangé Jésus et ses disciples ce soir-là ? Ils ont mangé ce qu’ont mangé les israélites la première nuit de la Pâque (Exode 12) :

Des pains sans levain, pour se rappeler que le peuple était parti très vite d’Egypte.
Des herbes amères, pour se souvenir que les conditions d’esclavage du peuple en Egypte n’étaient pas drôles du tout. Le peuple était même à « à l’étroit » en Egypte.
Imaginez : tous les jours, pendant des heures, sous le soleil brûlant, des milliers d’hébreux devaient fabriquer des briques, des briques et des briques pour le pharaon, pour construire des villes.

Et de l’agneau rôti, pour se souvenir de celui qu’ont mangé les israélites cette première nuit de la sortie d’Egypte. Et cette fameuse nuit, où l’Eternel a frappé les premiers nés de l’Egypte (Ex.11v4-8, 12v29-30), le peuple était, lui aussi, confiné : Dieu avait donné à tous l’interdiction formelle de quitter leurs maisons, seuls lieux sûrs cette nuit-là, car marquées par le sang de l’agneau pascal sacrifié (Ex.12v21-28). Ce signe manifeste que du sang a déjà coulé. Il n’est plus besoin de faire couler du sang à nouveau.

Ils n’ont pas mangé debout, à la va-vite, comme lorsque le peuple était esclave, mais à table, comme des hommes libres, des riches et des rois.

Ils ont bu aussi 4 coupes pleines de vin rouge, pour dire merci à Dieu pour sa délivrance et pour nous avoir donné une vie débordante : plus de tristesse ! De la joie !

Un disciple, sans doute le plus jeune, a demandé : « et pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres ? » (1)

Jésus répond : C’est que nous étions esclaves du Pharaon en Egypte, mais Dieu nous a aimés et il a voulu que tous les hommes soient libres pour le servir.

Le disciple : Mais Jésus, nous n’avons jamais été esclaves, et encore jamais en Egypte !

Jésus : chacun doit se considérer comme s’il était lui-même sorti d’Egypte. Ce n’est pas seulement nos Pères, mais nous-mêmes qu’il a sauvés avec eux. Ce que Dieu a fait autrefois, Il le fait toujours aujourd’hui ! Il nous aide à « sortir » (des ténèbres, de l’enfermement, de l’esclavage, de la peur…) pour vivre une vie nouvelle, riche et débordante.

« Sortir », c’est une libération et une nouvelle naissance : comme l’exprime de manière poétique Erri de Luca, « Je t’ai fait sortir(d’Egypte) : du réseau de canaux du grand fleuve pour te mettre au sec de la liberté. Le Sinaï s’appelle aussi Horeb, assèchement. Telle est aussi la naissance, se trouver projeté à l’air libre. Une fois sorti d’Egypte, tu as entendu le bruit de grandes eaux se refermer après ton passage, une porte claquée dans ton dos. La sortie fut une naissance, aventure d’un aller simple. »(Erri de Luca. Et Il dit, pp 42-43)

Mais ce soir-là, ce repas de la Pâque n’était pas comme les autres. Jésus a même dit à ses disciples que c’était là son dernier repas avec eux. Cela les a rendu très tristes.

Jésus a aussi fait des choses bizarres et nouvelles pour leur dire à quel point il les aime : il leur a lavé les pieds ; il a partagé le pain et le vin, en disant que c’était « son corps », « son sang » (sa vie) qu’il donnait volontairement pour nous.

Jésus, c’est « l’agneau de Dieu [comme l’agneau de la Pâque] qui enlève le péché du monde », notre péché, pour que nous soyons pardonnés, réconciliés avec Dieu, et pour que nous vivions une vie nouvelle, débordante, et une relation nouvelle avec Dieu qui nous aime tant.

En effet, « ce n’est point par des choses périssables, argent ou or, que (nous avons) été rachetés de la vaine manière de vivre héritée de (nos) pères, mais par le sang précieux (de cet) agneau sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde et manifesté à la fin des temps à cause de (nous). Par lui (nous croyons) en Dieu qui l’a ressuscité des morts et lui a donné la gloire, de telle sorte que (notre) foi et (notre) espérance reposent sur Dieu ». (1 Pie.1v18-21). Le sang de cet agneau parfait ayant été versé une fois pour toutes, le sang n’a plus besoin de couler à nouveau. C’est ainsi que Christ est le sacrifice ultime, qui n’a plus besoin d’être répété.

A la fin du repas, Jésus et ses disciples ont remercié Dieu en disant des prières et en chantant les psaumes 113 à 118. et le psaume 136. Ils ont certainement chanté le « Dayènu » – « ça nous suffit », poème lyrique qui apparaît en première partie du seder et par lequel l’on remercie Dieu pour toutes ses œuvres de libération en Egypte. A chaque rappel de ces interventions divines, le choeur répond : « dayènu », « ça nous suffit ».

Ceux qui chantent se souviennent aussi pourquoi Dieu les a fait sortir.  « Quand tes descendants demanderont pourquoi je t’ai fait sortir, ils compteront la valeur numérique de hotzetikha, « je t’ai fait sortir », et ils la trouveront égale à levasser, « pour annoncer ». Je t’ai fait sortir pour apporter une annonce. »(Erri de Luca, op. cit. p 43)

Ils sont sortis pour servir Dieu et pour annoncer la victoire de leur libérateur sur leurs oppresseurs. Ce libérateur, c’est Jésus, dont le nom signifie « Dieu sauve » et « Dieu élargit ».

Et toi ? Comment vas-tu le remercier ?

 

D’après la saynète de la pasteure Ulrike Richard-Molard, de l’UEPAL

 

Note : 

(1) Chanté par le plus jeune enfant, c’est le Ma Nishtana (« qu’est-ce qui change ? »), le plus populaire des chants de Pessah.  Deux versions « décoiffantes » et amusantes (pour les enfants et les adultes) sont à découvrir ici et . En savoir plus sur les chants du seder.