Watch it (again) : conférences « Luttons contre le racisme dans la société et dans l’Eglise »

Face à la vague du racisme : résister, surfer complaisamment ou se laisser emporter ?

Formatrice(1) et prédicatrice protestante (Temple du Marais, Paris) – et aussi contributrice occasionnelle pour Pep’s café!(2), Josiane Ngongang a été invitée en juin 2023 par l’Eglise La Bonne Nouvelle de La Roche sur Yon, pour délivrer un enseignement interactif sur l’enjeu du racisme.  Avec notamment ce constat : « dans le monde des Eglises », il n’y a « pas trop de paroles autour de ça ». Et pourtant, les enjeux de racisme se posent aussi au sein du christianisme contemporain, et dans les Eglises de France.

Plusieurs vidéos sont disponibles à la suite de ces interventions :

Session 1 : « la justice au coeur du plan de Dieu »

Session 2 : « qu’est-ce que le racisme ? »

Session 3 : « le racisme et l’Eglise »

Session 4 : « l »art perdu de se lamenter »

Session 5 : « Faire un pas de plus, m’engager dans la justice raciale »

Conclusion

Et une prédication du dimanche 18/06/23

En introduction aux vidéos, cinq articles sur le thème « Eglises et Racisme » sont également à découvrir sur le site Regards Protestants.

Notes :

(1) Elle est enseignante d’un module de formation théologique sur les «injustices raciales et la libération des systèmes d’oppression»

(2) Découvrir notamment sa contribution à notre série biblique « quand Jésus prêche l’Evangile de Dieu »  ou son article « lutter contre le racisme le genou à terre ».

Read it (again) : Dune, de Frank Herbert

« Dune » est un cycle romanesque de Frank Herbert, dont le premier volume éponyme paraît en 1965. Celui-ci commence au moment où le Duc Leto Atréides reçoit la planète Arrakis, surnommée « Dune », en fief des mains de l’empereur Padishah Shaddam IV, mais il flaire le piège : l’empereur complote lui-même avec la maison rivale des Harkonnen et la Guilde spatiale pour éliminer les Atréides, jugés trop influents.

Le Duc Leto aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’histoire. Cependant, les Révérendes Mères de l’ordre féminin du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce (le « Kwisatz Haderach »), et surveillent Paul Atréides à cette fin : le fils du Duc Leto, qui vient d’avoir quinze ans, est issu d’une lignée sélectionnée et a montré dès l’enfance des dons extraordinaires. Serait-il le surhomme prévu par leur programme génétique ?
Le duc Leto assassiné par traitrise et sur ordre du baron Harkonnen, un tyran sans scrupules, Paul décide de le venger en proposant aux Fremen l’eau de leurs rêves. Il devient « Muab’Dib », leur prophète et messie, à travers des épreuves qui le révèlent comme un « kwisatz Haderach » prématuré, ayant échappé au contrôle du Bene Gesserit. A la tête des Fremen, il bat les Harkonnen et l’empereur lui-même, avant de lancer ses légions à la conquête de la galaxie. Devenu « le Messie de Dune », dans la suite parue en 1969, Paul se trouve accablé par la prescience totale qui l’enferme dans l’ennui et menace d’emprisonner l’humanité dans un destin préécrit…..comment alors se sortir d’une telle impasse ?

Difficile de résumer une œuvre de l’ampleur de « Dune », laquelle décrit un macrocosme, un empire galactique en l’an 10191, à partir d’un microcosme, la planète Arrakis, désertique et sans eau. Celle-ci, surnommée « Dune », produit seule « l’épice », donnant longévité et prescience, et qui est le bien le plus convoité de tout l’univers. La société impériale a rejeté, des milliers d’années plus tôt, le culte des machines, et en particulier des machines pensantes. Elle n’a guère conservé que les armes atomiques qui assurent l’équilibre entre les grandes maisons – les familles féodales. Cette société impériale a en revanche développé de véritables technologies : celles de l’humain qui font des « Mentats » des ordinateurs humains ; celles des navigateurs de la Guilde spatiale (qui possède le monopole des voyages interstellaires), des humains en partie mutés dotés d’une capacité de prescience limitée ; celles de la reproduction qui conduisent l’ordre féminin du Bene Gesserit à poursuivre un projet eugénique visant à créer le « Kwisatz Haderach », doté de pouvoirs surhumains ; ou celles encore de l’idéologie et de la manipulation psychologique qu’utilisent à peu près tous les héros de « Dune ».

Ainsi, à l’instar du Bene Gesserit et son habileté à manipuler les opinions de sociétés crédules grâce à la Missionnaria Protectiva qui inculque dans des populations crédules des contes entièrement fabriqués afin de servir ses desseins, certains discours politico-religieux tendent à justifier des « hommes (ou femmes) fort(e) » – tels de nouveaux « messies » – au nom d’une supposée « insécurité », et ce, alors que nous n’avons jamais été autant en sécurité aujourd’hui, comparativement aux générations passées. Ce type de manipulation est un trait classique du faux prophétisme souvent prisé par les religieux proches du pouvoir.

Or, le chrétien ne met pas sa confiance dans l’attente de prétendus « messies », puisqu’il sait que son messie est déjà venu et qu’il reviendra. Ce messie s’appelle Jésus-Christ, dont la Bonne Nouvelle s’est répandue – pour arriver jusqu’à nous, au XXIe siècle – non pas grâce à la puissance et à la faveur de « César » (le pouvoir militaire et politique), mais du fait d’une puissance d’en haut et de la faveur de Dieu. 

Aujourd’hui, les chrétiens et l’Eglise se doivent d’exercer leur ministère prophétique dans ce monde, en rappelant sans cesse, à la suite du Christ, que « César n’est pas Dieu » et que « Jésus seul est Seigneur » cf Luc 20v25. C’est ainsi que reconnaitre que le Christ est Roi devrait relativiser les prétentions de toute puissance sur nos vies.

A savoir : 

Livre volumineux et tortueux, exigeant toute l’attention du lecteur, « Dune » est aussi difficile à appréhender et peut même paraître ennuyeux de prime abord. L’action ne démarre en effet vraiment qu’au-delà de plusieurs centaines de pages au moins. Mais « Dune » peut fasciner par ses effets d’entrecroisements entre des desseins, et dont les sujets sont surtout collectifs, au-delà des personnages individuels. L’intérêt de « Dune «  vient aussi dans la méditation que l’oeuvre offre sur l’écologie, l’histoire, le pouvoir, la manipulation (y compris génétique), l’adaptation et l’évolution. En 1965, le livre remporte le prix Nebula du meilleur roman, puis le prix Hugo l’année suivante. Depuis, « Dune » est devenu un classique de la science-fiction, le plus vendu au monde.

« Dune » se suffit à lui-même, mais, outre ce volume, la saga originelle se poursuit avec « Le Messie de Dune » (1969) – ce qui peut paraître suffisant – et, si l’on souhaite poursuivre, « Les enfants de Dune » (1976). 

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin encore, il existe trois suites : « l’Empereur-dieu de Dune » (1981), « les hérétiques de Dune » (1984) et « la maison des mères »(1985), lesquelles débutent bien longtemps après « les enfants de Dune ».

« Dune » a fait l’objet de plusieurs adaptations télévisuelles et à l’écran : 

1984 : sortie du film Dune, adaptation du premier roman par David Lynch [actuellement visible sur le site de France tv]

2000 : diffusion de la mini-série télévisée Dune, nouvelle adaptation pour la télévision du premier roman. Elle sera suivie en 2003 par Les Enfants de Dune, adaptation des deuxième et troisième romans du cycle.


2021 : sortie du film Dune, adaptation de la première moitié du premier roman par Denis Villeneuve.

2024 : sortie du film Dune : Deuxième partie, adaptation de la seconde moitié du premier roman par Denis Villeneuve.

« C’est cela mon projet, je n’y renoncerai pas, je le réaliserai », dit l’Eternel (Esaïe 42v10-16)

« C’est son projet et Il n’y renoncera pas »

« En l’honneur du Seigneur, chantez un chant nouveau. Louez-le depuis le bout du monde, vous qui parcourez la mer, vous les êtres qui la peuplez, et vous les populations lointaines. 

Que les cités du désert et les campements de Quédar entonnent des chants ! Que les habitants de la Roche lancent des cris de joie ! Du sommet des montagnes, qu’ils manifestent leur enthousiasme ! 

Que les populations lointaines rendent hommage au Seigneur et le louent haut et fort ! 

Comme un soldat d’élite le Seigneur s’avance ; comme un homme de guerre il brûle de combattre. Il lance un puissant cri de guerre, il triomphe de ses ennemis.

Depuis longtemps, je me suis tu, me retenant d’intervenir, dit le Seigneur. Mais maintenant, je vais crier comme une femme qui accouche, qui s’essouffle et respire avec peine.

Je vais nettoyer les montagnes et les collines, je dessécherai toute leur végétation, je changerai les fleuves en terre ferme et j’assécherai les étangs. 

Et je guiderai les aveugles sur un chemin, sur des sentiers qu’ils n’ont jamais suivis. Pour eux, je changerai l’obscurité en lumière et les obstacles en terrain plat. C’est cela mon projet, je n’y renoncerai pas, je le réaliserai ».

(Esaïe 42v10-16)

« L’information a de la valeur : respectons-la »….en citant la source d’une information

« La charte sur la traçabilité de l’information » : une garantie d’hygiène informationnelle (source image : public domain pictures)

Le saviez-vous ? Il n’y a pas que la traçabilité des viandes, soit « l’ensemble des moyens utilisés pour suivre chaque étape de la production et de la commercialisation, afin de s’assurer du respect des bonnes conditions d’hygiène tout au long de ces étapes ».

En effet, « l’information a [aussi] de la valeur : respectons-la », s’engagent des médias français, nationaux, régionaux et locaux, signataires de la charte sur la traçabilité de l’information – une initiative de l’Alliance de la presse d’information générale, parce que d’autres sont bien peu scrupuleux en la matière.

En effet, les membres de l’Alliance ont constaté, qu’ « à de trop nombreuses reprises, les règles de base permettant la traçabilité de l’information, à savoir la citation de la source (nommer le média qui a révélé cette information) et le renvoi vers l’article d’origine via un lien externe sur le web, n’étaient pas respectées », peut-on lire sur le site dédié. « Et pourtant, la source d’une information, c’est essentiel », rappelle notamment cette tribune de la rédaction de La Croix, parue le 04/04/24 sur le site du quotidien, par ailleurs signataire de la charte.

« Identifier quels médias et journalistes sont à son origine, c’est s’assurer de sa fiabilité. Savoir qui s’est donné les moyens de constater de visu des faits, qui a investi dans de longues et coûteuses enquêtes, apporte au lecteur la capacité d’accorder sa confiance à l’information. Identifier la source médiatique, c’est également connaître les conditions de production de cette information (…).Au-delà de cette question essentielle de la confiance du public, les médias et les journalistes eux-mêmes ont besoin de savoir quels sont ceux qui reproduisent leurs informations, pour se protéger de tout abus de reproduction ou pillage de contenus dans un environnement médiatique très concurrentiel ».

De fait, les éditeurs de presse signataires s’engagent donc à respecter les engagements suivants » de la charte :

-Sourcer explicitement et assez haut dans l’article le média à l’origine de l’information exclusive (enquête, investigation) qui a été reprise. Quels que soient le mode de traitement et le support.

-Pour les versions numériques, à clairement renvoyer, par un lien hypertexte, vers l’article à l’origine de ce scoop ou de cette révélation.

-Mettre en place dans les rédactions une communication claire sur ces pratiques, les coordonner au sein des groupes de presse et accepter que l’Alliance fasse remonter les cas répétés de mauvaises pratiques.

Ces engagements ne sont pas limités à l’information originelle ; ils sont également appliqués à toute reprise et enrichissement d’information, qui ont un caractère exclusif.

D’autre part, sensibilise le quotidien régional L’Alsace, également signataire de la charte, « la reprise de contenus de tiers s’étend aujourd’hui à des pratiques dites de curation, entendues comme le fait de fonder un contenu d’information sur la production d’un autre média sans y apporter de traitement journalistique supplémentaire(….). Le cas particulier de la curation justifie des règles spécifiques, visant à reconnaître la valeur de l’information reprise et le droit pour le média d’origine de bénéficier de la primeur de son exploitation« . Ainsi, il n’est pas juste de dire « je l’ai lu sur » [tel site de curation/d’agrégation de contenu/ »recycleur » de dépêches d’agence, chrétien ou non chrétien], mais plus juste de dire « je l’ai lu sur » [le site-source, producteur original de l’information], d’autant plus que c’est le premier et non le second qui se retrouve souvent en tête sur le même sujet !

Les éditeurs de presse/médias signataires, outre le respect des points liés à la traçabilité, s’engagent donc à respecter les principes suivants :

-Ne pas reprendre un contenu publié par un autre média avant 24 heures à partir de la première publication.

Limiter la reprise à un volume de 25 % maximum du volume de l’article d’origine, avec un minimum accepté de 600 signes et un plafond maximum de 1 500 signes.

Ne pas reprendre plus de deux sujets par jour en moyenne, sur une semaine, issus du même média. Au-delà de cette limite, se pose la question d’une contractualisation prévoyant une contrepartie.

Si le média repreneur considère qu’il ne peut pas attendre 24 heures avant de reprendre une information publiée par un confrère (révélation, enquête ou interview exclusive…), il s’engage à :

-Mentionner le média à l’origine de l’information dans la titraille (titre, sous-titre ou chapeau) de l’article la reprenant.

-Positionner vers la fin de l’article de reprise un « bouton de renvoi », avec une mention « Lire l’information complète »,avec un lien vers l’article d’origine.

Autant de règles protectrices et respectueuses tout autant des journalistes et de leur travail que de leurs lecteurs. Et un message citoyen fort….car la liberté d’informer ne vaut que si la qualité est au rendez-vous.

La charte de la traçabilité de l’information à consulter sur le site de l’Alliance de la presse d’information générale.

En savoir plus sur l’Alliance de la presse d’information générale et ses missions.

Foi & Vie : Quels protestantismes au 21e siècle ?

(Source image : public domain pictures)

Un nouveau numéro de « Foi & vie »(1), la revue protestante de culture :

Avec l’extrait du liminaire de Jean de Saint Blanquat :

« Un demi millénaire, et après ? Il n’était pas écrit que la très grande variété d’Églises issues des ruptures du 16e siècle au sein du christianisme romain constitue aujourd’hui un ensemble qui, de quelque façon qu’on l’appelle, pourrait devenir un jour majoritaire au sein du christianisme tout court. Christianisme qui, rappelons-le, ne s’effondre pas du tout mais devrait continuer à être la religion d’environ trois êtres humains sur dix dans l’avenir prévisible.

Car ce mode de christianisme, s’il reste mineur mais stable en France (les apports de l’immigration et de la conversion compensant les pertes de la faible transmission), connaît depuis le 20e siècle une forte expansion au niveau mondial qui l’a fait quelque peu changer de visage. Issu d’Europe, il est aujourd’hui déjà très minoritairement européen (13 % des protestants habitent ce continent contre 37 % l’Afrique subsaharienne, 33 % l’Amérique et 17 % l’Asie-Pacifique) et les traditions jusque là dominantes comme les Églises réformées et presbytériennes, luthériennes, anglicanes et méthodistes, baptistes, ne sont aujourd’hui le plus souvent que de simples cadres institutionnels abritant une multitude de configurations ecclésiales confrontées à une autre multitude d’Églises à l’institutionnalisation plus récente ou plus souple encore mais dont la théologie, lorsqu’on la creuse un peu, est malgré les apparences extrêmement semblable. (…)

La simplicité de doctrine issue de la Réforme semble donc à la fois ce qui certes facilite la division (puisque chaque fidèle est pasteur·e en puissance) mais garantit l’unité de l’ensemble. En protestantismes, à l’inverse d’autres christianismes, ce n’est pas la doctrine qui est compliquée mais la pratique qui se décide et se négocie directement et difficilement entre l’individu et Dieu, principalement au moyen de la Bible et de la prière. Toujours en quête de dépannage, ces individus (comme tout automobiliste) ne regarderont pas à la marque affichée sur son garage par le mécanicien mais d’abord à son efficacité, sa disponibilité et son prix. Le but de ce dossier est de voir clients et mécaniciens à l’œuvre en ce début de 21e siècle ». 

Au sommaire : les points de vue du sociologue Jean-Paul Willaime ( « Le protestantisme a précarisé le christianisme mais il l’a aussi rendu apte à se réformer sans cesse ») ainsi que des théologiens Fritz Lienhard et Frédéric Rognon sur « les églises de demain », lesquelles « seront très différentes de celles que nous connaissons ».

Viennent ensuite les études de terrain de deux jeunes sociologues hispaniques qui montrent bien que le protestantisme a changé de milieux, avec « L’architecture sociale de l’appartenance dans la diaspora pentecôtiste africaine » de Rafael Cazarin, et « Ethnicité et identité gitane dans les Églises pentecôtistes à Madrid » d’ Antonio Montañés Jiménez.

Dans « le ressenti de la cène », Jean de Saint Blanquat rappelle que « durant la pandémie, la cène en ligne a été une réaction spontanée dans tout le monde protestant à l’impossibilité de se rassembler physiquement pour ce rituel. Beaucoup l’ont fait… et beaucoup ne l’ont pas fait. Mais la distinction ne suivait pas des critères théologiques ou sociologiques. Soupçonnant là quelque chose de plus anthropologique », l’auteur « examine d’abord dans cet article si nous pouvons retrouver dans des textes anciens ce que ressentaient les fidèles pendant ce rituel ».

Suivent trois livres récents écrits par des chercheurs francophones sur les pentecôtismes (Émir Mahieddin, Yannick Fer et Gwendoline Malogne-Fer).

Télécharger ici l’ensemble du dernier numéro

Notes :

(1)La revue « Foi & Vie. Revue protestante de culture » est devenue une revue numérique et gratuite. Elle comprend six numéros par an, dont trois numéros thématiques (cinq ou six articles sur le thème, deux ou trois varia, et une revue des livres), un « Cahier Biblique », un « Cahier du Christianisme social » et un « Cahier d’études juives ». Il est possible de recevoir gratuitement cette revue : il suffit de se rendre sur son site, de cliquer en haut à droite et « S’inscrire » puis « Je m’abonne gratuitement » pour chaque numéro en PDF par mail.

 « La Bible de la rue » à la rencontre de ses lecteurs et la « Bible Trump » à la rencontre d’électeurs

« La Bible de la rue », une Bible pensée pour les sans-abri. Source image : public domain pictures

Le croiriez-vous ? « Six jours avant (le lundi de) Pâques », la sortie d’une « Bible Trump » ou « God Bless the USA Bible » a été annoncée par l’ancien président américain en campagne électorale, dans le cadre d’un partenariat rémunéré avec Lee Greenwood, une star de la musique country, rapportent notamment le Point et le Figaro, deux organes de presse que l’on ne saurait soupçonner d’être « orientés démocrates ».

Cette Bible version « King James » contient aussi la constitution américaine, le serment d’allégeance au drapeau et…le refrain écrit de la chanson « God Bless the USA »(1984) de Lee Greenwood, jouée à chaque meeting de Donald Trump. Elle est vendue environ 60 dollars [quand on peut avoir une vraie bonne Bible d’étude pour 40 euros et moins de 60], ce qui fait cher le tract électoral-bulletin de vote, alors qu’il est possible de se procurer des Bibles « non nationalistes » et « non électoralistes » bien moins coûteuse. La Parole est en effet déjà répandue aux USA (à moins de penser qu’il y aurait une telle misère spirituelle dans c’pays qu’il serait impossible d’y trouver une Bible), nul besoin de Trump et d’un tel « bizness » pour cela. Jésus n’a-t-il pas chassé les marchands du temple, qui vendaient justement très cher des agneaux et des pigeons ?

En comparaison, « la Bible de la rue » est un cadeau bien plus utile et pratique à destination des sans-abri, auxquels Jésus s’identifie, et dont nous avions déjà parlé sur Pep’s café :

– Utilisation de la version Parole de Vie, une traduction accessible au plus grand nombre et particulièrement adaptée pour des personnes d’origine étrangère. 

– Impression en caractères augmentés, car les sans-abri n’ont pas toujours un bon accès aux soins et peuvent avoir des problèmes de vue. 

– Mise en place de QR Codes pour renvoyer vers des sites utiles pour les sans-abri (115, Entourage, etc.). 

– Un format avec glissière pour que la Bible soit au maximum protégée des intempéries et que les sans-abris puissent s’en servir pour y ranger des papiers importants.

Cette Bible créée par l’Alliance Biblique Française, à la demande de plusieurs associations de solidarité[voir présentation vidéo plus haut], devait sortir pour Noël 2022. Son lancement a finalement eu lieu le lundi de Pâques 1er avril, à l’occasion d’un événement festif à Paris. Son prix (5 euros, pour permettre aux associations de la distribuer) n’est pas le même que « la Bible Trump ». Et son esprit non plus.

D’un côté, une Bible à la rencontre de ses lecteurs sans-abri et de l’autre, une Bible à la rencontre d’électeurs potentiels……

A noter cet article amusant (en anglais) d’un site satirique américain, qui retourne l’initiative en imaginant les 10 changements contenus dans cette Bible « God bless USA » !

« Dis-moi ce que tu jettes et je te dirais qui tu es »

La grande nouvelle de Pâques : un appel à « convertir notre regard » (Source image : Hippopotame sur la fenêtre par George Hodan)

« La pierre dont les bâtisseurs ne voulaient pas est maintenant la pierre d’angle » (Psaume 118v22).

Le saviez-vous ? Ce verset est celui de l’Ancien Testament qui est cité le plus grand nombre de fois dans le Nouveau, puisqu’on le trouve dans les trois Evangiles synoptiques (Matt.21v42, Marc 12v10, Luc 20v17), dans le discours de Pierre devant le sanhédrin dans le livre des Actes des Apôtres (Actes 4v11) et dans la première épître de Pierre (1 Pie.2v7). Il a aidé la première Eglise à penser la croix.

Pour comprendre l’interprétation que le Nouveau Testament fait de ce verset, il faut prendre conscience que, pendant son ministère, chaque fois que Jésus a annoncé sa passion (ses souffrances, sa mort), les disciples n’ont pas compris ce qu’il disait : « ils ne comprenaient pas cette parole : elle était voilée pour eux, afin qu’ils n’en saisissent pas le sens » (Luc 9v45 et 18v34). Pour eux, le mot « Christ » et le mot « croix » étaient contradictoires. Quand Jésus, ils ont pensé qu’il n’était pas le Christ, mais quand ils l’ont vu ressuscité, ils ont compris qu’il l’était. Comment comprendre que l’Oint de Dieu, le Messie, le bien-aimé du Seigneur ait pu être rejeté à ce point ?

La réponse est dans ce verset 22 du Psaume 118. Parfois, c’est ce qui est rejeté qui est le plus important.

Le saviez-vous encore ? Une branche de la sociologie qu’on appelle la rudologie étudie un groupe humain par l’analyse de ses poubelles. En clair, « dis-moi ce que tu jettes et je te dirai qui tu es ! » Dans le verset du Psaume 118, la rudologie prend une valeur théologique en déclarant que ce qui est rejeté devient le plus important, la pierre d’angle, celle par laquelle un édifice tient debout.

Dans le livre de la Genèse, Joseph a été rejeté par ses frères et c’est lui qui a sauvé sa famille à l’heure de la famine.

« Cela vient du Seigneur ; c’est une chose admirable à nos yeux ! », dit le v23 du Psaume 118. « C’est une chose admirable » ou « une chose étonnante » à nos yeux, car pour nous, ce qui est rejeté est ce qui n’a pas d’importance, ce n’est pas la pierre d’angle. C’est là la grande nouvelle du matin de Pâques, qui nous appelle à « convertir notre regard » pour discerner que c’est par ce qui est rejeté, petit, sans importance, que le Seigneur se révèle.

(D’après La Bible – commentaire intégral verset par verset/3. Les Livres poétiques, par Antoine Nouis. Olivétan/Salvator, 2023, p 400)

« Cet agneau si gentil…il va falloir maintenant le tuer »

« Christ, notre agneau de la Pâque, a été sacrifié pour nous. » (1 Corinthiens 5v7).


Dans la Bible, c’est le jour de la fête des pains sans levain, appelée la Pâque, que l’on sacrifie des agneaux sans défaut.  Une fête instituée la première fois en Exode 12v1-7, 12-13, pour commémorer initialement la sortie d’Egypte, le pays d’esclavage où l’on ne s’arrête jamais et le pays « où l’on est très à l’étroit et très angoissé » :

« Le Seigneur dit à Moïse et Aaron, en Égypte : « Ce mois-ci marquera pour vous le début de l’année, ce sera le premier mois. Dites à toute la communauté d’Israël : Le dixième jour de ce mois, procurez-vous un agneau ou un chevreau par famille ou par maison. Si une famille est trop petite pour consommer toute une bête, on s’entendra avec une famille voisine, selon le nombre de personnes qu’elle compte ; puis on choisira la bête d’après ce que chacun peut manger. L’agneau ou le chevreau qu’on prendra sera un mâle d’un an, sans défaut. On le gardera jusqu’au quatorzième jour du mois ; le soir de ce jour, dans l’ensemble de la communauté d’Israël, on égorgera la bête choisie. On prendra de son sang pour en mettre sur les deux montants et sur la poutre supérieure de la porte d’entrée, dans chaque maison où l’un de ces animaux sera mangé…..
Pendant cette nuit, je traverserai l’Égypte et je ferai mourir tous les premiers-nés du pays, ceux des êtres humains comme ceux des bêtes. J’exécuterai ainsi ma sentence contre les dieux de l’Égypte, moi qui suis le Seigneur. Mais sur les maisons où vous vous tiendrez, le sang sera pour vous un signe protecteur ; je le verrai et je passerai sans m’arrêter chez vous. Ainsi vous échapperez au fléau destructeur, lorsque je punirai l’Égypte ».

Cet agneau n’était pas « gardé » à l’écart, mais demeurait avec la famille et partageait tous les moments de vie de la maison. Ainsi, le petit agneau jouait et dormait avec les enfants ; au moment des repas, il mettait son petit museau dans les assiettes…..Jusqu’au moment fixé où le père annonce à tous et notamment aux enfants : « cet agneau tout gentil….il va falloir maintenant le tuer ».
Une décision qui provoque les cris horrifiés des enfants : « oh non, papa ! Ce n’est pas possible ! Il ne faut pas le tuer ! Il faut le sauver ! »
Le papa secoue la tête : « les enfants, si ce petit agneau ne meurt pas, c’est nous qui mourront ce soir. Voilà pourquoi il nous faut le tuer ».

C’est le jour de « la fête des pains sans levain, où l’on devait sacrifier les agneaux pour la Pâque » (Luc 22v7), que Jésus a été livré, trahi par un ami pour 30 pièces d’argent, nous rappellent les Evangiles.
En réalité, comme Jésus l’avait annoncé à l’avance, et conformément à ce qu’ont dit les prophètes, Lui-même s’est livré pour nous, comme l’agneau de la Pâque, « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1v29) : « Il s’est laissé maltraiter et humilier, sans rien dire, comme un agneau que l’on mène à l’abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche » (Esaïe 53v7)

« Moi je suis le bon berger », dit Jésus. « Le bon berger donne sa vie pour ses moutons (…..) Personne ne me prend la vie, mais je la donne volontairement. J’ai autorité pour la donner et j’ai autorité pour la recevoir à nouveau. Cela correspond au commandement que mon Père m’a donné. » (Jean 10v11-18)

Plus encore, Jésus est le sacrifice ultime, venant mettre fin à ce cycle de sacrifices (Hébr.9v28).

Vous connaissez donc « à quel prix vous avez été délivrés de la manière de vivre que vos ancêtres vous avaient transmise et qui ne menait à rien. Ce ne fut pas au moyen de choses périssables, comme l’argent ou l’or ; non, vous avez été délivrés par le sang précieux du Christ, comme celui d’un agneau sans défaut et sans tache. Dieu l’avait désigné pour cela, avant même la création du monde, et c’est pour vous qu’il l’a manifesté dans ces temps qui sont les derniers. Par lui, vous croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous pouvez placer votre foi et votre espérance en Dieu » (1 Pierre 1v18-21).

« En effet, le Christ lui-même a souffert à cause des péchés des humains, une fois pour toutes, lui l’innocent, pour des coupables, afin de vous amener à Dieu. Il a été mis à mort dans son corps humain, mais il a été rendu à la vie par l’Esprit saint » (1 Pierre 3v18).

« Nous sortirons d’Egypte, nous et nos enfants »

« Nous pouvons avoir la liberté de culte…tout en laissant nos enfants en Egypte, la maison de servitude ! »

« Allez rendre un culte à l’Eternel votre Dieu ! »

Une exhortation encourageante, n’est-ce pas ? Mais de qui est-elle ?

Du Pharaon, le roi d’Egypte, celui « qui n’avait pas connu Joseph » (Exode 1v8).

Estimant qu’il avait trop d’immigrés chez lui, il trouva « un moyen pour limiter leur nombre », en réduisant le peuple d’Israël en esclavage (v9-10).

« Allez rendre un culte à votre Dieu », dit Pharaon à Moïse et Aaron, « mais qui va partir ? » (Exode 10v8).

Moïse déclara : « Nous partirons tous, avec nos enfants et nos vieillards, nos fils et nos filles, notre petit et notre gros bétail, car nous allons célébrer une fête en l’honneur du Seigneur. » 

Le pharaon répliqua avec ironie : « Que le Seigneur soit avec vous ! Vous croyez vraiment que je vais vous autoriser à partir avec vos familles ! Il est clair que vous avez de mauvaises intentions. Ce que vous proposez est inadmissible. Seuls les hommes iront rendre un culte au Seigneur, c’est tout ce que vous pouvez demander. » Et on les expulsa de chez le pharaon. (Exode 10v9-11)

Nous pouvons avoir la liberté de culte, tout en laissant nos enfants « en Egypte » !

L’Egypte, c’est « la maison de servitude », le pays de l’esclavage, où l’on est très à l’étroit et très angoissé.

Nous pouvons être déjà « sorti d’Egypte », mais avec la tentation d’y retourner, à moins de n’en être jamais parti !

Comment savoir si je suis « retourné (ou « resté ») en Egypte » ? C’est simple : si je ne sais jamais m’arrêter !

Or, Pâque (sans « s ») est initialement la fête de « l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays Égypte, de la maison de servitude. »(Ex.20v2),  « à main forte » et « à bras étendu ».
L’écrivain italien Erri de Luca décrit de façon poétique et évocatrice cette sortie : «Je t’ai fait sortir (Égypte) : du réseau de canaux du grand fleuve pour te mettre au sec de la liberté. Le Sinaï s’appelle aussi Horeb, assèchement. Telle est aussi la naissance, se trouver projeté à l’air libre. Une fois sorti Égypte, tu as entendu le bruit de grandes eaux se refermer après ton passage, une porte claquée dans ton dos. La sortie fut une naissance, aventure d’un aller simple. » (Erri de Luca. Et Il dit, pp 42-43)
« Sortir » ? Mais pourquoi ? Dans quel but ?
« Quand tes descendants demanderont pourquoi je t’ai fait sortir, ils compteront la valeur numérique de hotzetikha, « je t’ai fait sortir », et ils la trouveront égale à levasser, « pour annoncer ». Je t’ai fait sortir pour apporter une annonce.» (Erri de Luca, op. cit. p 43)

« Apporter une annonce » : c’est-à-dire, pour servir Dieu, proclamer et affirmer la bonne nouvelle :

« Sortez d’Égypte ! », dit Dieu. « Sortez de toutes vos Égyptes et de toutes vos servitudes ! »
— « Sortez maintenant, ne pensez pas que la pâte ait le temps de lever et de cuire avant de partir, partez maintenant ! »

— « Sortez d’Égypte ! C’est moi qui vous libère de l’esclavage ! »

— « Sortez tous d’Egypte ! Vous et vos enfants ! »

Oui, Dieu nous sauve de tous les esclavages, et c’est tellement dans son projet pour nous qu’il l’a inscrit jusque dans le nom de son fils Jésus, Yéshouah, Dieu sauve, Dieu élargit.

Ce projet n’est pas pour un peuple lointain du nôtre dans le temps ou dans l’espace. Ce projet de Dieu est pour nous ici et maintenant. Alors sortons tous d’Égypte ! Nous et nos enfants ! Maintenant ! Pour apporter l’annonce à Pâques de la victoire de Jésus-Christ sur la mort, «  le dernier ennemi qui sera détruit » (1 Cor.15v26)*

« (Jésus s’est fait homme), afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable. et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude ».(Hébr.2v14-15)

*Cf cette prédication de Pâques.

« Fais mourir cet homme [Jésus] ! Relâche-nous Barabbas ! »

Bientôt Pâques, la fête où ceux qui appartiennent à Jésus célèbrent que leur Seigneur « est réellement ressuscité » !

La « semaine sainte » a commencé avec le dimanche dit « des rameaux » (l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un ânon). Elle se poursuivra avec « jeudi saint » (le lavement des pieds et le repas de la nouvelle alliance, arrestation et condamnation à mort de Jésus), « vendredi saint » (la crucifixion), et « samedi saint » (veillée pascale), pour se terminer avec le dimanche de Pâques ou de la résurrection.

Une semaine déterminante où tout se décide et où l’on se souvient notamment que le peuple d’Israël a choisit de faire relâcher « Barrabas » (un émeutier et un meurtrier) plutôt que Jésus, réclamant à grands cris que celui-ci soit « crucifié », car, disaient-ils, « nous n’avons pas d’autre roi que César ! » (Jean 19v15).

Aujourd’hui, les Evangéliques américains doivent également décider s’ils veulent bien écouter et suivre celui qui leur promet en substance, dans un discours tenu lors de la réunion annuelle des National Religious Broadcasters (NRB)* le 22 février 2024 et analysé ici, sur le site de l’historienne américaine Kristin Du Mez :  « Si je suis élu, vous aurez beaucoup de pouvoir, vous n’aurez besoin de personne d’autre. »[“If I’m there, you’re going to have plenty of power, you don’t need anybody else.”]. C’est ce que disait déjà Donald Trump à des chrétiens américains, lors d’un meeting dans l’Iowa, en 2016.  

Or, c’est là le discours de la séduction et du mensonge, puisque cet « autre » inclut Jésus et Dieu.

Des chrétiens seraient-ils prêts, pour consolider une influence sur le déclin et retrouver un pouvoir coercitif, à s’allier avec le pouvoir politique ? Sauf que, comme le dit un proverbe inventé dans le roman « Dune » de Franck Herbert, « lorsque la religion et la politique voyagent dans le même chariot, les voyageurs pensent que rien ne peut les arrêter. Ils vont de plus en plus vite. Ils oublient alors qu’un précipice se révèle toujours trop tard. »

Mais les chrétiens peuvent se positionner autrement : ils peuvent choisir de renoncer à ce « deal » instrumentalisant la foi au service d’un projet idéologique, politique et culturel, et de couper avec toute forme d’emprise spirituelle, pour s’attacher ainsi résolument au seul « véritable », Sauveur et Seigneur, Jésus-Christ.

« Nous savons que nous sommes de Dieu, mais le monde tout entier gît sous l’empire du Mauvais. Nous savons que le Fils de Dieu est venu et nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable. Et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus Christ. Lui est le Véritable, il est Dieu et la vie éternelle. Mes petits enfants, gardez-vous des idoles » ( 1 Jean 5v19-21).

*Le National Religious Broadcasters (NRB) est une association internationale de communicateurs chrétiens située à Washington, DC, représentant des milliers de communicateurs chrétiens, y compris des stations de radio et de télévision, des producteurs de programmes, des sociétés de cinéma, les éditeurs et diverses autres organisations engagées dans les médias chrétiens.