Aime ton frère bien vivant (celui du XXIe siècle) !

Comment prétendre aimer Dieu « que nous ne voyons pas », si nous n’aimons pas notre frère « que nous voyons ». Source image : Affiche du film « Interview avec Dieu » de Perry Lang (2018)

« L’empereur Constantin est une des figures les plus blâmées et maudites de l’histoire chrétienne, une de celles que l’on adore détester. On lui prête d’avoir joué au calife Uthman avec la Bible, d’avoir choisi le christianisme pour des raisons purement politiques, d’avoir corrompu l’Église, d’être un faux chrétien, etc ». Dans une série d’articles(1), mon ami et frère en Christ Etienne, contributeur au blog « par la foi », entreprend de « synthétiser différents chapitres du livre Peter J. Leithart Defending Constantine », lequel a pour objet de tenter de « dissiper la plupart de ces malentendus » et de « s’efforcer de rétablir une juste image de notre frère(sic) Flavius Valerius Aurelius Constantinus, fils de Constance Chlore et notre sœur Hélène ». Ce qui ne saurait étonner quand on sait qu’Etienne se revendique lui-même “constantinien” convaincu.

Ceci dit, l’apôtre Jean relevait que nous ne saurions prétendre aimer Dieu « que nous ne voyons pas », si nous n’aimons pas notre frère « que nous voyons » (1 Jean 4v20). De fait, pouvons-nous prétendre appeler « notre frère » quelqu’un – une figure controversée de l’histoire (2) – qui a vécu (et qui est mort) il y a très, très, très, très longtemps, que nous n’avons donc jamais vu et que nous ne pourrons jamais vraiment bien connaître, quand nous construisons « dans le même temps » toutes sortes de barrières théologico-identitaires pour ne pas vivre de communion pratique (3) avec nos frères du XXIe siècle, bien vivants, plus proches de nous, et dont la foi en Christ est sans ambiguïté ?
« Quant à nous, nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier (…) Voici donc le commandement qu’il nous a donné : celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère ou sa sœur » (1 Jean 4v19, 21). Sachant qu' »aimer son frère ou sa soeur » implique d’être avec lui ou avec elle, de manger/prier/s’édifier/s’encourager/oeuvrer… ensemble, comme de se réjouir/de pleurer avec lui ou avec elle 

Aller plus loin : 
Sur ce sujet inépuisable, je vous recommande de visionner (à nouveau) les vidéos des temps forts (tables rondes seulement) du forum des Attestants du 06 février 2021, dont le thème était justement… « Communion, un défi ? » Ou quelle est la nature d’une communion fraternelle authentique ? Pourquoi est-elle réellement indispensable ? Quels sont ses fondements ? Comment la créer et la maintenir ? A quoi et vers quoi nous pousse-t-elle ?


Introduction : Forum des Attestants 2021- introduction

Table ronde 1 : La communion fraternelle – table-ronde – Forum des Attestants 2021

Table ronde 2 : Limites de la communion – table-ronde – Forum des Attestants 2021

Pour une synthèse écrite de cette rencontre, voir également le regard du pasteur Martin Hoegger, de l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud et membre du mouvement R3 (Rassemblement pour un renouveau réformé), dans cet article consultable ici.

 

 

 

Notes :

(1) Cette série d’articles peut se lire sur le site du blogue « Par la foi ».

(2) L’empereur Constantin reste pour les historiens une figure à la fois fascinante et énigmatique, pleine d’attrait et de mystère, qui n’a pas encore livré son dernier secret. Comment comprendre au juste son évolution religieuse, qu’en est-il exactement de sa « conversion » ? Il est tout d’abord attaché au paganisme classique, à la théorie de la Tétrarchie qui fait de lui un descendant d’Hercule, puis peu à peu il se met à pratiquer le culte du soleil ; à partir de 312 il manifeste une sympathie de plus en plus marquée pour l’Église, en 324, par sa victoire sur Licinius, il apparaît comme le champion de la cause chrétienne contre le paganisme ; en 325 il convoque le premier concile œcuménique de l’histoire et finalement il se fait baptiser sur son lit de mort. Comment relier entre eux tous ces faits pour en donner une explication satisfaisante ? Constantin s’est-il effectivement converti au christianisme ? S’il y a eu conversion, quand s’est-elle produite ? Quels en sont les motifs profonds ? Ou bien ne s’est-il converti que pour la forme, visant surtout à utiliser le christianisme à des fins politiques ? Ces questions ne sont pas nouvelles. Déjà Lenain de Tillemont les avait entrevues et discutées et depuis elles n’ont cessé de hanter les générations successives d’historiens sans que pourtant ceux-ci aient réussi à y apporter une solution définitive et satisfaisante. Si l’on voulait faire l’historique de la question, on constaterait que, parmi les chercheurs, il y a toujours eu nombre de conservateurs qui, fidèles à la tradition chrétienne, ont accepté sans plus la réalité d’une conversion de l’empereur…(Chapitre VIII. La « conversion » de Constantin, Marcel Simon, André Benoit Dans Le judaïsme et le christianisme antique (1998), pages 308 à 334)

Et aussi ce point de vue catholique sur « la conversion de Constantin ».

(3) (Re)lire également notre article : « communion : le défi inclusif de Jésus face à nos tentations exclusives ».

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