« Fixons les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi »(Hébr.12v2)
« Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22v19)
« …je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait » (Jean 13v15)
« Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. » (Jean 10v14-15)
« Jésus prenait soin de ceux qui lui étaient confiés. Il avait une véritable pédagogie de la foi, et il a laissé des consignes explicites quant à des gestes à pratiquer pour manifester la foi », souligne le pasteur Gilles Boucomont dans son « Au nom de Jésus : libérer le corps, l’âme, l’esprit » (Ed. Première partie, 2010, p.223).
Nous pouvons considérer comme « sacrements » ou « sacramentelles », à l’instar des Protestants, toutes les pratiques qui ont été ordonnées par Christ dans les Evangiles, « et qui font intervenir une parole, un geste, un élément matériel » : ainsi le baptême, que Jésus a ordonné(Matt.28v19-20 et Marc 16v16, Rom.6v3), le partage de la Cène en mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples (Luc 22v19-20), et le lavement des pieds(Jeanv14-15)-non conservé par la plupart des Eglises protestantes et évangéliques, « alors qu’il est biblique »(op. cit., p 225).
Pour Gilles Boucomont, qui aborde cette question des « sacrements » dans un ouvrage consacré à la délivrance, « quand Jésus donne ces trois directions pour faire signe et rendre visible la grâce invisible, il pense aux vertus thérapeutiques de ces gestes :
Le baptême est ainsi thérapeutique parce qu’il permet à l’adulte qui se fait baptiser de marquer un changement de vie radical(…) ». Il « nous inclut dans la famille chrétienne, mais surtout dans la famille de Dieu, qui devient non seulement notre créateur mais aussi Notre Père(…)Le baptême nous guérit donc de notre animalité en nous faisant résolument entrer dans l’humanité réconciliée avec Dieu et réconciliée avec les autres humains(…)
Le partage de la Cène est aussi agent de guérison parce qu’il nous manifeste ce qu’est l’humanité concrètement réconciliée(…)Sont ainsi rendues visibles le fait qu’il n’y ait lus de distinctions entre les personnes, une puissance égalitaire que jusque-là seule la mort pouvait prétendre offrir aux humains. Le fait même d’utiliser deux aliments simples pour dire le corps et le sang de Jésus est une réconciliation. Ce sont des produits transformés, fruits du travail de la nature, de la création de Dieu, et du travail des hommes. La Cène est une vraie guérison des relations interpersonnelles, car elle brise tous les jeux d’autorité qui ne sont pas en Christ ou de Christ. Elle est aussi une guérison de la mémoire, car en mettant fin à la nécessité de répéter un sacrifice(Hébr.7v26-27 et 10v18), mais en le symbolisant, elle nous fait sortir de la tension entre l’oubli et la répétition qui hante nos histoires. Enfin, elle est une guérison fondamentale de toutes les tentations religieuses : c’est Dieu[ou Christ] qui invite à sa table, ce n’est pas un lieu de pouvoir religieux(cf 1 Cor.11v17-34 et cf 1 Cor.12) , elle met fin à la logique sacrificielle…Autant de guérisons d’une humanité en manque de repères(…)
Quant au lavement de pieds, il est lui aussi thérapeutique dans la mesure où il brise ce qui est le péché suprême de l’orgueil. C’est le péché le plus subtil(…), le plus religieux aussi, car il nous met comme dieux à la place de Dieu. Par l’humiliation volontaire, le lavement des pieds ouvre un espace pour vivre le pardon(…)et par le fait de s’incliner, il nous apprend ce que veut dir l’autorité en Jésus-Christ, qui n’est pas domination mais abaissement.(op.cit., pp223-227)