« La Cabane » : un double défi doctrinal et pastoral pour l’Eglise aujourd’hui (2)

La Cabane, roman de William Paul Young (2009)

Suite de la partie précédente [à lire en premier] consacrée à « La Cabane » de W. Paul Young. Comment expliquer son succès alors que son contenu est problématique ? Quelle est la vision du monde de W. Paul Young, laquelle rend la théologie de l’œuvre problématique ?

Et, question cruciale soulevée à juste titre par Albert Moehler, « ces doctrines aberrantes sont-elles des détails de l’histoire ou le message de l’œuvre ? »(8)

Il semble bien qu’il s’agisse là, non d’un « détail » mais bien du message de l’œuvre. François Brooks(9),  philosophe québécois, souligne que « William P. Young propose quelques innovations dans son roman », tout en surfant sur l’air du temps. « Sans toucher aux attributs classiques de Dieu — bonté, omniprésence, omnipotence, éternité — il insiste sur l’idée que Dieu est d’un amour invincible et d’une liberté totale qui n’exige aucune contrepartie, aucun rituel ou engagement ». En effet, ce Dieu selon W. Paul Young ne juge pas, ne condamne pas et n’intervient pas dans la vie des gens : en présentant une trinité de type familial, l’auteur propose, selon François Brooks(9), « une nouvelle relation à Dieu à l’image de notre devoir parental contemporain », postulant « l’état relationnel, sorte d’état de grâce qu’il oppose à l’autonomie considérée comme néfaste. Déjà présente dans l’air du temps, l’idée est reformulée avec une grande netteté », vu que « la chrétienté est aujourd’hui réduite au simple rôle de consolation individuelle — exempte de rituels — dans un monde morcelé par les médias luttant férocement pour notre temps de cerveau ». Et, poursuit François Brooks(9), « le programme des valeurs proposées par Young fournit une perspective intéressante et novatrice puisqu’il permet à chacun de rallonger une mythologie chrétienne (sic) déjà présente dans les esprits (mêmes occidentaux très répandus) en se la réappropriant pour l’adapter [à sa sauce] aux principales valeurs de l’époque : féminisme, écologisme, individualisme, anticonsumérisme sentimentalisme, populisme et onirisme fantastique ».

Ainsi, cet engouement pour « La Cabane » serait-il révélateur d’une soif de relation avec Dieu, à l’opposé d’une vision jugée « rituelle ou légaliste de la spiritualité parfois reprochée aux chrétiens » ?(10)

En réalité, comme l’analyse finement une journaliste britannique, son succès tient surtout « à  l’appétit sans limite des Américains pour l’auto-édification spirituelle : plus c’est horriblement sucré, mieux c’est ». « La Cabane » semble répondre à un nouveau besoin de spiritualité sans Église, libérée de toute orthodoxie(11). D’autant plus que, de l’aveu de W. Paul Young lui-même : « Je n’aime pas la religion organisée. L’Oregon est l’État où la pratique religieuse est la plus basse, et pourtant je trouve que les gens sont intéressés par les discussions sur Dieu, sur Jésus, sur le sens de la vie et de la mort. Pour moi, les églises se trouvent n’importent où, même dans une cuisine où on partage un repas avec des amis. C’est pour cette raison que j’ai inclus la trinité dans (« La Cabane ») : pour moi, la base de la foi, c’est la certitude que Dieu est là pour aimer, pour faciliter les relations avec les autres.» (12)

« Le chemin du pardon », film de, adaptation de « La Cabane » de W.P. Young.

Nous le voyons donc, du fait de son succès et en dépit de son contenu problématique, « La Cabane » nous lance un double défi doctrinal et pastoral en ce que l’œuvre bouscule nos propres représentations de Dieu, tout en nous interpellant (indirectement) quant à nos façons de répondre et d’accompagner ceux qui souffrent ou sont en quête de pardon (de pardon à ceux qui nous font du mal – un mal « impardonnable », à soi ou même à Dieu) et de sens.

Comment répondre de façon pertinente à ce double défi ? Si je ne m’abuse, les réponses apportées ont été surtout « doctrinales » – contre les erreurs effectives, décelées et dénoncées dans « la Cabane » – et bien peu « pastorales ».

Certes, d’excellentes réponses/pistes doctrinales ont été apportées et celles-ci ne sont pas à négliger(13). En voici encore quatre, parmi d’autres, particulièrement pertinentes, d’autant plus que trois d’entre elles ne concernent pas directement « La Cabane »:

Pour Albert Moehler, déjà cité, « le fait le plus troublant et que tant de lecteurs sont attirés par le message théologique de ce livre, et manque de voir où il contredit la Bible en tant de points.  La réponse n’est pas de bannir la Cabane ou de l’arracher des mains des lecteurs. Nous n’avons pas besoin d’avoir peur des livres – nous devons être capable de leurs répondre. Nous avons désespérément besoin d’une guérison théologique qui ne peut venir que par la pratique du discernement biblique. Cela requiert que nous identifiions les dangers doctrinaux de la Cabane, bien sûr. Cependant, notre vraie tâche est de réhabituer les évangéliques aux enseignements bibliques sur ces questions même, et de déclencher un réarmement doctrinal des croyants chrétiens. La Cabane est un appel au réveil pour les évangéliques chrétiens »(14).

Paul Washer, dont les propos relatifs à l’ouvrage Justification et régénération de Charles Leiter trouvent toute leur actualité (à croire qu’ils aient été écrits pour « La Cabane » !), répond, quant à lui : « Il semble y avoir un énorme abîme entre le théologien biblique et le chrétien ordinaire. Tandis que le théologien réussit à grimper l’Everest de la vérité de Dieu et ainsi être transformé par cette vision, il communique souvent cette vision dans un langage inaccessible. Par conséquent, nous sommes à la merci de la littérature chrétienne populaire qui bien souvent n’est rien d’autre qu’un ramassis d’histoires pittoresques, empreint de pragmatisme et de psychologie christianisée. L’Église contemporaine n’a pas besoin de stratégies, de démarches, ou de clés additionnelles pour comprendre et vivre la vie chrétienne. L’Église a besoin de la vérité, et en particulier, des grandes vérités fondamentales du christianisme historique ». Ainsi, par exemple, « les grandes doctrines de la justification et de la régénération », qui « ne peuvent qu’être considérées dans le contexte d’autres grandes doctrines de la foi, entre autres le caractère saint et juste de Dieu, la dépravation humaine, la propitiation, la repentance, la foi et la sanctification ». Il ne s’agit pas seulement de donner « un aperçu équilibré de chacune de ces doctrines », mais de démontrer à quel point « elles sont étroitement liées pour former la base de la vie chrétienne »(15).

Michel Block, pasteur EPUdF à Brest, lors du forum des Attestants 2018 à Paris, déclare être « très sensible à cet avertissement que Paul lance aux Corinthiens : Autrement, vous auriez cru en vain  (1 Cor.15v2). « Si, comme les Corinthiens du temps de Paul, l’Évangile que nous avons reçu, dans lequel nous avons persévéré et par lequel nous sommes sauvés devait être désormais retenu dans d’autres termes (c’est-à-dire selon un autre fond) que ceux dans lesquels il nous a été annoncé, alors, nous aurions cru en vain, notre foi serait vaine, et la raison d’être de l’Église serait caduque. Je ne veux pas dire que je sois attaché à un conservatisme figé quant à la lettre des formulations de la foi ; je crois même qu’il est nécessaire de chercher les expressions les plus adéquates pour nous faire entendre de nos contemporains, mais cet effort ne doit pas être fourni au prix de l’évacuation de la vérité que ces manières de dire doivent exprimer »(16).

Enfin, le pasteur et « theologeek » Olivier Keshavjee s’interroge, dans un article quelque peu ancien mais toujours actuel lui aussi, sur ce devrait être « la tâche de l’Église dans une société sécularisée » et ce qu’est l’évangélisation dans un tel contexte. Il constate que « de nombreux chrétiens ont accueillis à bras ouvert la sécularisation comme une forme de libération rendue possible par l’Évangile, comme un espace libre de tout contrôle religieux ou idéologique, qui laisse la place à l’individu d’exercer en toute liberté sa propre rationalité et moralité. Pourtant, les dogmes ne disparaissent pas simplement parce qu’on bannit le terme (…) Nous avons besoin d’idoles pour remplir l’espace vacant crée par l’abandon du Dieu vivant. Au final, notre société n’est pas séculière, mais païenne, une société dans laquelle hommes et femmes donnent leur allégeance à des non-dieux. La société sécularisée n’est donc pas un espace neutre et libre dans lequel nous pouvons projeter le message chrétien. C’est un territoire occupé par d’autres dieux. Nous avons à faire à des principautés et pouvoirs(17).

Ceci dit, une réponse pertinente au double défi soulevé par « La Cabane », le livre et le film, se doit d’être équilibrée, et donc toute à fois doctrinale et pastorale, face à ceux qui, aujourd’hui, peinent à saisir la pertinence de l’Eglise avec un grand « E » et de son expression locale, l’église avec un petit « e ».

Face au peu d’importance que W. Paul Young accorde, dans « La Cabane », à l’Eglise en particulier et plus largement à la collectivité/communauté, le même Olivier Keshvajee rappelle fort à propos que « l’Eglise fait partie de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. La solitude est une des formes de précarité les plus violentes de notre société. L’Eglise est le moyen privilégié par lequel Dieu répond à cette aliénation: c’est le lieu où nous pouvons êtres sauvés socialement, redressés, réintégrés dans un tissu relationnel vital et retrouver notre dignité dans dans le regard d’un·e autre. Dieu nous sauve en nous réconciliant les uns aux autres, en nous unissant par des liens plus solides que ceux de la famille biologique. Tout le monde est invité — y compris ceux que la société considère comme ses déchets, ces gens parfois un peu pénibles, qui nous mettent mal à l’aise, qui sentent parfois mauvais, qui ont souvent mauvaise réputation — ceux vers qui Jésus allait, quoi. Et puis c’est dans l’Église, dans ce contexte d’amour et de vérité que la Parole puissante et guérissante du Christ est appliquée à nos vies, jour après jour, prière après prière, cène après cène, pour nous faire goûter toujours d’avantage à sa libération. Y compris libération de l’alcool, de la coke ou de l’héro »(18).

Et pour finir (provisoirement) sur ce long argumentaire(merci d’avoir lu jusqu’au bout !), voici la propre démarche d’accompagnement du Seigneur Jésus-Christ vis-à-vis des disciples d’Emmaüs en Luc 24v13-35, laquelle devrait nous inspirer, étant remarquable à plusieurs égards :

L’accompagnement de Jésus consiste d’abord à rejoindre l’autre là où il en est et à faire route avec lui ; il se base sur l’écoute, « l’art de poser les bonnes questions » mais aussi sur les Ecritures bibliques, sources de foi et d’autorité pour le chrétien, et témoignant du Dieu véritable.

L’accompagnement, enfin, implique de prendre le temps d’un arrêt pour partager le pain avec celui ou ceux qui souffrent ou qui doutent. Comme nous pouvons le voir en Luc 24v28-35, c’est ce partage du pain qui révèle (ouvre les yeux sur) Christ ressuscité et pousse les disciples « relevés » à revenir vers leurs frères pour leur annoncer la bonne nouvelle (19).

Il en ressort que cette « expérience » des disciples d’Emmaüs d’une rencontre personnelle avec Jésus est plus qu’une simple « expérience » subjective. Elle s’ancre dans la vérité, autant que dans l’amour et la compassion.

Car l’accompagnement véritable en Christ nous permet de connaître la vérité, « une vérité qui affranchit » et rend « réellement libre »(Jean 8v32). Et, n’en déplaise à W. Paul Young, pour pouvoir vivre la liberté, il nous faut donc passer par la libération, soit le fait d’être toujours portée en avant dans un processus d’émancipation(20). Et l’accompagnement s’opère, non pas en « électron libre », mais dans un cadre communautaire. Ce qui implique aussi que se lèvent des personnes appelées, disposés et disponibles pour former, équiper et accompagner.

 

Notes :

(8) https://phileosophiablog.wordpress.com/2017/06/26/la-cabane-ou-lart-perdu-du-discernement-evangelique/

(9) http://www.philo5.com/Cogitations/121018DieuPlaideCoupable.htm

(10) http://www.christianismeaujourdhui.info/articles.php/la-cabane-polar-spirituel-de-l-ete-3233.html

(11) https://www.books.fr/dieu-est-une-femme/

(12) http://www.lapresse.ca/arts/livres/200902/15/01-827524-un-succes-bati-sur-le-drame-et-la-spiritualite.php

(13) A lire, notamment ici https://www.larebellution.com/2017/10/20/la-cabane/ ou https://soyonsvigilants.org/2017/03/27/la-cabane-la-verite-sur-son-auteur-wm-paul-young/)

(14) https://phileosophiablog.wordpress.com/2017/06/26/la-cabane-ou-lart-perdu-du-discernement-evangelique/

(15) http://www.blfeditions.com/justification-regeneration/

(16) https://lesattestants.fr/transmettre-ou-temoigner/

(17) http://www.theologeek.ch/2015/02/27/evangeliser-dans-le-contexte-de-la-secularisation/ 

(18) http://www.theologeek.ch/2014/08/15/leglise-bonne-nouvelle/

(19) https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2017/06/21/quand-le-seigneur-reviendra-sur-la-terre-trouvera-t-il-encore-des-pasteurs/

(20) https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2016/01/27/la-liberte-de-choix-une-illusion-une-malediction-heritee-de-la-chute/ ; https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2016/02/03/la-liberte-de-choix-une-illusion-une-malediction-heritee-de-la-chute-2/

 

7 réflexions sur “« La Cabane » : un double défi doctrinal et pastoral pour l’Eglise aujourd’hui (2)

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  2. Hello cher Pep’s
    Merci pour ce billet, comme d’habitude bien fourni et documenté.
    Une fois n’est pas coutume, je ne partage pas du tout la critique faite sur « La cabane » 😊
    Alors me concernant, je n’ai pas lu le livre, mais j’ai vu le film. Que j’ai trouvé ……très bon !!!
    Alors oui, j’ai d’abord tenté de résister, comme tout bon évangélique qui se respecte, soucieux du respect de la doctrine, de la vérité et bla, bla , bla … En fait, tout est parti de mon épouse qui avait vraiment « adoré » le film. Alors, j’ai tenté (sournoisement) de lui saborder son plaisir. Ouais, je sais : pas cool ! Mais justement, un peu par ce sentiment de supériorité et de snobisme. Alors j’ai cherché les détails, les trucs qui collent pas trop et surtout l’argument qui tue : c’est un film de ricains !!
    Mais làs ! Il fallait bien l’avouer, je n’avais rien de bien sérieux à opposer.
    Et franchement, j’ai même offert le dvd à mon fils aîné, qui a un grand besoin d’entamer son « chemin du pardon » (le sous-titre du film).
    Alors, sur le fond ? Quels reproches ? Pep’s, personnellement je ne rentrerai pas dans ce débat de théologicos/intellos prêt à dégommer tout ce qui ne rentre pas dans leurs sacro-saints girons de pensées.
    Et oui, le film n’est pas parfait ? Ha ben fichtre alors !! Et non, il ne peut pas tout aborder et présenter toute la vérité théologique. Si vous souhaitez vous bâtir une bonne et solide doctrine chrétienne, alors achetez-vous plutôt « La théologie Systématique » de W. Grundenm ou encore « L’intro à la Théologie » de P. Enns, etc.
    Ici, il s’agit pour l’auteur de montrer comment un homme, au détour d’un drame particulièrement cruel, peut accéder à Dieu. Différentes notions intéressantes y sont abordées : la trinité, le pardon, le péché, le jugement, …. . Et tout cela, il faut le souligner est bien réalisé, ce qui pour des films dits « chrétiens » n’est pas fréquent.
    Enfin, concernant le manque d’allusion à l’église, je ne pense pas cela soit très juste. Le film d’ailleurs démarre par une scène dans l’église avec le personnage principal pas très concerné et se termine dans cette même église avec le même personnage, mais transformé.
    De plus, son ami le plus proche est un fidèle de cette église et il tente de l’aider du mieux qu’il peut. Mais cet ami se retrouve impuissant dans cette aide, car la douleur est trop forte.
    Bref, moi j’ai bien aimé ! Sauf à faire partie de cette sphère pédante de l’intellectualisme/théologique (Non, non, .. ; ce n’ est pas à ton intention Pep’s … on se connaît trop …) on peut très bien le regarder et même … y réfléchir !!
    Merci Pep’s

    Fraternellement
    Anthon

  3. Hello frère,

    je te remercie pour ton commentaire, très détaillé, donnant ton avis avec franchise et ton témoignage – très personnel – sur « La Cabane »(« le chemin du pardon »), le film. Et merci aussi pour les références !
    Comme déjà souligné dans l’article, je me suis bien gardé de commenter ce dernier, vu que je ne l’ai pas vu, m’étant plutôt focalisé sur le livre, que j’ai lu(l’inverse de toi !). Mais il est tout à fait possible que le réalisateur ait pris quelques libertés avec le roman. Il faudrait effectivement le voir pour se rendre compte.
    Ceci dit, je ne vais pas revenir sur tout l’argumentaire exposé dans l’article, mais quitte à voir l’un(et)ou l’autre, il me paraît essentiel d’accompagner l’après lecture/vision sur une base saine.
    Dans tous les cas, toutes ces discussions ne doivent pas nous faire oublier l’essentiel : concernant ton aîné, nous pouvons prier pour qu’il entame un cheminement personnel, de sorte que son coeur sera ramené vers le Père, le Dieu véritable, pour une restauration parfaite ! A noter que, selon Malachie, le chemin inverse est aussi vrai ! 😉

    Bien à toi et bien fraternellement,
    Pep’s

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  5. Merci pour le « merci » car en effet il me faut avoir lu le livre et connaître l’auteur du blog pour avoir envie de tout lire. Merci pour toute cette documentation et réflexions appréciables.
    Finalement, ce que je retiens de tout cela, c’est qu’en dehors de l’Eglise qui serait garante en tant qu’institution de la saine doctrine, de l’étude de la Bible( parole révélée de Dieu) et d’une relation personnelle et vivante avec celui qui dit être La Vérité ( Jésus-Christ), chacun peut comme l’auteur, avoir une représentation subjective de Dieu et devenir potentiellement un aveugle qui conduit des aveugles.
    Ce pose alors une autre question qui en appelle une autre : pour quelles raisons l’Eglise en tant qu’institution est mise à mal ? Car des personnes se disent chrétiennes mais ne mettent pas (plus) plus pied dans les églises comme l’auteur semble t-il… Que serait alors, dans ce monde moderne et en perte de repères, les moyens d’être garant de la vérité et de sa transmission, en dehors de l’institution?

  6. Bonjour !

    Excellentes questions et remarques !
    Elles justifieraient à elles seules tout un billet, voire toute une série d’articles ! Qui veut s’y coller, pour ce blogue ? 😉
    Je te réponds certes tardivement, mais mieux vaut tard que jamais, d’autant plus que tout cela reste d’actualité.
    Effectivement, l’on constate qu’ « en dehors de l’Eglise qui serait garante en tant qu’institution de la saine doctrine, de l’étude de la Bible( parole révélée de Dieu) et d’une relation personnelle et vivante avec celui qui dit être La Vérité ( Jésus-Christ), chacun peut comme l’auteur, avoir une représentation subjective de Dieu et devenir potentiellement un aveugle qui conduit des aveugles ». Cela me paraît aussi dangereux qu’un nouveau magistère. Je dis bien « aussi dangereux » mais pas nécessairement « plus dangereux ». L’un et l’autre ne me paraissant pas souhaitable.

    Sinon, généralement, il y a plusieurs causes/explications à tes questions suivantes :
    « Pour quelles raisons l’Eglise en tant qu’institution est mise à mal ? »
    Il est intéressant de constater que l’Eglise, comme le mariage, est « un mystère », dans la Bible. Or, l’un et l’autre sont attaqués. Le rapport ? L’un et l’autre est un témoignage de ce que Dieu est.
    « Car des personnes se disent chrétiennes mais ne mettent pas (plus) plus pied dans les églises comme l’auteur semble t-il… »
    Pour plusieurs raisons : la déception du à un manque d’amour et de relations authentiques, l’individualisme croissant (ou plutôt, « l’égoïsme grégaire » – avec un esprit moutonnier – selon l’expression du philosophe Dany-Robert Dufour) et l’esprit de tourisme. Cela touche à notre vision de l’église locale et de ce qu’est un « membre »(cf https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2018/04/06/quest-ce-que-nous-croyons-concernant-leglise-locale/ ), sans oublier ce qui fait autorité dans nos vies. Un autre élément peu souvent relevé : l’oubli que moi aussi, je fais partie de l’Eglise, et qu’étant pécheur, donc imparfait, je contribue à cette imperfection que je relève chez d’autres ! 😉
    A ce sujet, il est aussi intéressant de relever que l’apôtre Jacques, dans son épître au ch.5v19-20, s’adresse à des chrétiens, qu’il appelle « ses frères », en ces termes : « si l’un de vous s’est égaré loin de la vérité [et non « si vous voyez l’un de vos frères s’égarer… ») et qu’on le ramène, sachez que celui qui ramène un pécheur du chemin où il s’égarait lui sauvera la vie et fera disparaître une foule de péchés ». C’est là l’esprit du Règne de Dieu qui devrait…règner parmi les enfants du Père Céleste, soit tout le contraire de cet esprit qui dit : « ce n’est pas tes (mes)affaires » !

    « Que serait alors, dans ce monde moderne et en perte de repères, les moyens d’être garant de la vérité et de sa transmission, en dehors de l’institution? »
    Bonne question ! Quelqu’un a-t-il une idée ? Mais il me semble que tu donnes des éléments de réponse dans tes premières remarques plus haut.

    Merci à toi, en tout cas, d’enrichir de la sorte cette réflexion. Puisse-t-elle nous encourager à aller plus loin, notamment dans la mise en oeuvre de réponses concrètes.Cela ne concerne pas uniquement les pasteurs/anciens mais toute l’Eglise.

    En Christ,
    Pep’s

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