
« Des récits et de mobilisations témoignant que ceux qui font fonctionner notre société relèvent la tête et souhaitent continuer à bien faire leur travail, dans de bonnes conditions pour eux et les citoyens à qui ils rendent service » (Source image : public domain pictures).
« Le fruit de la justice sera la paix : la justice produira le calme et la sécurité pour toujours » (Es.32v17).
« J’écoute ce que dit Dieu, le SEIGNEUR ; il dit : « Paix », pour son peuple et pour ses fidèles, mais qu’ils ne reviennent pas à leur folie ! Son salut est tout proche de ceux qui le craignent, et la gloire va demeurer dans notre pays. Fidélité et Vérité se sont rencontrées, elles ont embrassé Paix et Justice. La Vérité germe de la terre et la Justice se penche du ciel ». (Ps.85v9-12)
Ils sont accusés de bien des maux : « de paralyser le pays », « de défendre égoïstement leurs acquis », et même, selon un certain magazine, « de haïr le travail ». Paradoxe : la grève qu’ils mènent nous dit tout le contraire. Elle rend justement visible ce qui ne l’est pas, quand tout fonctionne normalement, quand ces centaines de milliers de salariés accomplissent bien leur travail, n’en déplaisent à certains, pour que les écoles accueillent nos enfants, pour que les trains, les métros ou les bus nous transportent, pour que les pompiers interviennent quand on les appelle, pour que les hôpitaux soignent les patients, pour que nos poubelles et déchets soient collectés. La grève rend justement visible le rôle primordial de tous ces métiers d’utilité publique dans notre société. C’est pourtant sur ces métiers que le gouvernement ne cesse de taper. Gel de salaires, coupes budgétaires, baisse d’effectifs, loi travail, et maintenant réforme des retraites… Ils endurent tout en continuant de travailler, ils alertent sans être écoutés. Leur malaise, qui dépasse largement la seule réforme des retraites, Basta ! pure player traitant de l’actualité économique, sociale et environnementale, nous le raconte depuis longtemps, tout en donnant la parole à celles et ceux qui proposent de véritables solutions alternatives. Autant de récits et de mobilisations témoignant que ceux qui font fonctionner notre société relèvent la tête et souhaitent continuer à bien faire leur travail, dans de bonnes conditions pour eux et les citoyens à qui ils rendent service.
Les urgentistes frôlent le « burn out » depuis plusieurs années, les pompiers s’inquiètent de leur « surcharge de travail », non pour eux mais pour les gens à qui ils portent secours, et déplorent des autorités « hermétiques » à leurs demandes, les policiers critiquent un travail devenu « vide de sens », encore dégradé par la nouvelle manière de maintenir l’ordre, quand des douaniers craignent d’être « broyés » par « le système ».
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Les sous-traitants du nucléaire, qui œuvrent à la maintenance et à la sûreté des centrales, sont, eux aussi, « fatigués d’être méprisés ». Les agents de l’Office nationale des forêts ne veulent pas s’occuper de ce bien commun « comme un conseiller bancaire gère des portefeuilles ». Est-ce cela haïr le travail ? C’est tout le contraire. La haine de ces métiers vient des managers qui n’y voit qu’un exercice comptable déshumanisé.
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Il suffit d’écouter cette institutrice et directrice d’école en Seine-Saint-Denis, parler de son métier, des enfants et du rôle émancipateur que devrait jouer l’école, pour être scandalisé par le sort réservé aux enseignants, déjà mal rémunérés, peu écoutés et parmi les grands perdants de la réforme des retraites.
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Pire : non seulement toutes ces paroles ne sont pas entendues, elles sont méprisées, masquées. Comme pour ces infirmières travaillant en Ehpad, sanctionnées pour avoir travaillé en sous-effectif. Comme pour ces employés d’un site Michelin, également sanctionnés quand un accident du travail se produit. Comme pour ces cordistes, profession particulièrement touchée par les accidents du travail mortels.
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Quand ce management déshumanisé tue, notre société a encore du mal à rendre justice. « 15 000 euros d’amende, ça fait cheap la vie humaine, non ? », lançait le romancier Alain Damasio au moment du procès des dirigeants de France Télécom, dont nous connaîtrons le résultat ce 20 décembre.
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(Source : Bastamag)