Manifeste :
Du latin manifestus, palpable, manifeste, évident, qui se laisse voir.
L’adjectif « manifeste » qualifie ce qui est évident, apparent, reconnu de tous.
Synonymes : notoire, évident, visible, patent, explicite, indéniable, indiscutable, flagrant, ostensible.
Antonymes : caché, incertain, douteux, implicite, latent.
Un manifeste est un texte, un livre, un exposé théorique qui est considéré comme étant à l’origine d’un nouveau mouvement ou courant politique, philosophique ou artistique.
Par extension, un manifeste est une proclamation écrite et publique par laquelle un parti, un gouvernement, une organisation, un groupe présente son action ou expose son programme, sa manière de voir les choses, son point de vue sur un problème.
Le manifeste a pour objectif d’attirer l’attention du public, de l’alerter sur quelque chose ou de faire connaître ses idées.
Synonymes : déclaration, proclamation, affiche, avis, adresse.
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Manifeste.htm
Parmi certains manifestes récents, on relèvera ceux de « Témoignage Chrétien »(nous avons déjà répondu pour le premier), pour qui il est « évident », « palpable », « manifeste », que le « mariage pour tous » est un « progrès humain ».
Un autre, qui nous paraît digne d’intérêt est le manifeste intitulé
« un autre journalisme est possible » de XXIe, publication trimestrielle et publié le 10 janvier, dans son 21e numéro, à l’occasion de son cinquième anniversaire.
Un drôle de pavé dans la mare lancé par le « mook »(mot-valise désignant une publication à la frontière du « magazine » et du « book ») !
En effet, dans un contexte de crise qui touche l’ensemble de la presse papier(y compris nos grands quotidiens nationaux), XXI fait office d’ovni insolent en affichant une formule sans pub, avec de (longs)articles de fond, des récits et des grands reportages. Une formule qui semble gagnante puisque le trimestriel(à 15 euros le numéro), qui se trouve en librairie, affiche un tirage de 50.000 exemplaires et revendique 10.000 abonnés, avec un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros.
Le manifeste de XXI, rédigé par Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, les fondateurs de XXI, se décline en plusieurs parties :
« Un autre journalisme est possible » ; « La révolution numérique n’est pas celle que l’on croit » ; « DES JOURNAUX SANS PUBLICITÉ, C’EST POSSIBLE » ; « Pour un journalisme utile ».
Tout en posant les questions suivantes :
Et s’ils avaient tort ?
Et si la conversion numérique était un piège mortel pour les journaux?
Et si les dirigeants de la presse mondiale se trompaient en investissant à tour de bras dans les applications, les sites et les rédactions multimédias ?
Et si les chiffres mirobolants des pages vues et les audiences faramineuses des titres de presse transformés en marques médias étaient un leurre ?
Ils restent convaincus, comme d’autres, que :
– Le numérique n’est pas responsable de la crise
actuelle, il l’a accentuée.
– Sur papier ou sur écran, le journalisme a besoin
avant tout d’accomplir une « révolution copernicienne ».
– Il est possible de refonder une presse post-Internet conçue pour les lecteurs, et non à partir des annonceurs.
Bref, nous avons, d’un côté, une publication qui choisit de suivre le courant, « au nom du progrès »(humain), tandis qu’à l’inverse, une autre revendique d’être « à contre-courant ».
Face au manifeste de XXI, on relèvera de nombreuses réactions, dont celle-ci, et surtout…celle(relevé d’ailleurs dans le manifeste) du personnage de BD Clark Kent, alias Superman ! La nécessité d’un « journalisme utile » aurait-il été porteur de sens pour le superhéros ?
Marie-Catherine Beuth relaye, dans un billet pour son blog daté du 29 octobre 2012, « le scoop »(qui prend des allures de parabole moderne) selon lequel « l’homme d’acier jette l’éponge et démissionne de son poste au Daily Planet, le quotidien dans lequel il officiait sous l’alias de Clark Kent depuis la fin des années 30″dans le numéro 13 de la BD « Superman ».
Au Galaxy Broadcasting building, « domicile du journal Daily Planet et de son édition numérique« , raconte la journaliste-bloggueuse du Figaro, Clark Kent se voit sommer par son rédacteur en chef, de donner des nouvelles de Superman. Clark se met alors à questionner les choix éditoriaux de sa hiérarchie, qu’il accuse de « ne plus savoir identifier l’information » avant de dénoncer leurs derniers reportages – copié-collé des communiqués de la Maison Blanche, couvertures de people….
Son patron réplique par un attendu « la presse est un média agonisant » qui ne peut résister que si elle offre aux lecteurs ce qu’ils veulent. Tant pis si c’est « une Une sur une star de la téléralité ».
C’en est trop pour notre héros, qui se lance alors dans une long monologue-apologue, dans lequel il exprime ses illusions perdues et dénonce les travers du journalisme moderne : « des opinions à la place des faits, du divertissement à la place de l’information, des reporters devenus dactylos« …avant de partir-seul-en guise de point final à sa protestation.
La suite de l’histoire ne nous dit pas s’il a rejoint XXI. Mais il paraîtrait qu’il serait devenu bloggueur….
Et vous ? Jugez-vous cette revendication d’un « autre journalisme » : utile, nécessaire, superflu, autre…(rayez la mention inutile)?