
« Quand Jésus prêche l’Evangile de Dieu », il veut que la lettre morte devienne vivante, que l’information devienne bonne nouvelle, et que la Parole ancienne devienne nouveauté de vie. Episode « pilote » de notre série Pep’s café par Gilles, notre plume invitée du jour que je remercie, et d’après Luc 4.
Au tout début de l’évangile de Luc, Jésus est mis en situation d’être un « simple prédicateur » à l’occasion d’une lecture de la parasha, le texte du jour à la synagogue. Il lit le rouleau d’Esaïe dans ce passage que nous avons référencé comme Esaïe 61 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, Parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. »
La Bonne nouvelle c’est que tout est accompli déjà, alors qu’on est encore très loin du « tout est accompli » de la Croix. Tout est accompli parce que Jésus ne se contente pas de lire le texte, de prêcher sur ce passage, il est le texte, il est la manifestation de ce qui est dit dans le texte.
Trop souvent nous considérons l’évangélisation comme une forme de campagne d’information. Nous informons sur la perdition, nous informons sur le salut, nous informons sur Dieu et son Fils. Mais pour Jésus, il s’agit d’incarner la Parole. Et sa façon de se réapproprier le texte (y compris en le tordant, vous pourrez aller relire Esaïe), c’est pour que la Bonne nouvelle ne soit pas une information mais une puissance de transformation. Ce que Paul dit quand il exprime en 1 Corinthiens 2,4-5 : « Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. »
Ce qui nous donne à penser que l’évangélisation ne doit pas être d’abord une campagne d’information, mais une puissance de transformation. Il ne suffit pas de dire des choses justes, mais il faut les acter. Il ne suffit pas de promettre le changement de vie et le renouvellement, il faut l’offrir, comme le Dieu qui offrait la lumière au monde en disant « Que la lumière soit ! ».
Donc non seulement, si nous sommes de vrais suiveurs de Jésus, nous transformons la lettre morte en parole vivante par la présence et l’action du Saint-Esprit, mais, mieux encore, nous prenons des paroles anciennes, vues par nos interlocuteurs comme des paroles vétustes, et les faisons advenir au statut de paroles de vie, de Paroles vivantes, qui apportent la vie à l’oreille et à tout l’être de ceux qui l’entendent. Paul ne s’y était pas trompé : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. » (Romains 10,17).
De quoi changer notre regard sur le marketing de l’Évangile et autres séductions qui donnent à penser que la qualité de l’emballage donnera envie aux consommateurs de choisir notre produit plutôt que celui qu’essayent de vendre les autres.