
Les « Foireux liens » de Mai : une invitation à « ne pas se conformer au monde présent » et à adopter une vision sociale et sociétale biblique !
Et « l’essentiel », c’est avant tout les relations. D’avoir de bonnes relations. Et surtout, de cultiver ces relations, sachant que la fidélité n’est pas acquise pour toujours. Les liens ci-dessous ont trait aux relations avec Dieu, premièrement, puis « les uns les autres » – un enjeu, surtout à une époque du cloisonnement et de l’atomisation.
1)Ainsi, comment prendre ne seraient-ce que « quatre minutes » avec Dieu par la Bible et la prière « pour une bonne journée » ? Une décision vitale, face au stress, « au surbooking et à un rythme de vie décapant ». C’est le défi que nous invite à relever ce « guide expresso » (1)pour les 25-45 ans de la Ligue pour Lecture de la Bible(LLB). Un programme qui peut paraître peu ambitieux(en comparaison du défi relevé chaque matin par l’écrivain napolitain Erri de Luca), à moins qu’il ne s’agisse de « réalisme ». Mais quatre minutes seront-elles « suffisantes » pour se nourrir, ou « toujours trop », par « manque de temps » ?
Pour les visuels – et les pressés – une présentation vidéo ici :
Si nous prenons la peine et le temps de lire et d’étudier la Bible, nous nous poserons les questions suivantes, avec le bibliste Joël Sprung :
2) « Dans la loi qu’est-il écrit ? Comment lis-tu ? » Le « bon sens » (est-il) « près de chez vous » ?
L’animateur du blog « pneumatis » souligne que « nous vivons une époque dans laquelle la confrontation des méthodes exégétiques, dans les milieux chrétiens, est très vive(…)Quoiqu’il en soit, il convient au moins de rappeler ici que cette confrontation est au moins aussi ancienne que la pluralité des milieux de réception de l’Ecriture. Dès lors, comment s’y retrouver ? Une « méta-méthode », qui pourrait prétendre à faire l’unanimité, et qui pourrait sinon être au moins le mouvement premier du lecteur croyant, consisterait finalement à interroger l’Ecriture elle-même, pour savoir ce qu’elle dit de la manière de l’interpréter. Étrange paradoxe alors, a priori, que de devoir lire pour savoir comment lire ! »
3) « Mais que dit la Bible ? » Notamment à propos de ce sujet controversé et sensible de l’homosexualité, à découvrir sur TGC – Evangile 21. Pour Kévin de Young, « en tant que chrétiens vivant au milieu de la controverse, il y a trois choses que nous devons garder ouvertes : nos cerveaux, nos cœurs et nos Bibles ».
4) « Que dit la Bible » : une question qui ne porte pas seulement(et exclusivement)sur des « questions de société », mais qui porte aussi sur des « questions sociales ». On se reportera donc avec profit sur cette étude d’Alain Nisus – « Connaissance de Dieu et justice sociale chez le prophète Jérémie » : Ou comment il ne saurait y avoir « de disjonction entre la piété et l’éthique ; entre la pratique de la justice sociale et la pratique du culte ; entre l’orthodoxie et l’orthopraxie. La piété authentique s’exprime aussi par un souci de justice sociale ». Et comment il ne saurait y avoir « de disjonction entre l’éthique sociale et l’éthique sexuelle ».
5) Un autre sujet de société : le célibat. Serait-il « Hors norme », notamment de nos jours ? « Pour une valorisation(et une vision biblique) du célibat », il est possible de lire l’édifiante recension du livre d’Albert Hsu sur « elle croit », de nature à inspirer toute réflexion sur cet éternel sujet.
6) Mondialisation : Le « globish » serait-il « la langue de Babel » ?
Est-ce « s’isoler » que de « parler français aux Français, en France » ? s’interroge Patrice de Plunkett, relayant sur son blogue une tribune de Xavier Combe (enseignant à Paris-X et président de l’Association française des interprètes de conférence), à lire intégralement sur Libération. En effet, mot-valise formé à partir de « Global » et de « English », le « globish » est devenu « la langue véhiculaire de la planète » et surtout « la langue de la mondialisation ». Mais, « contrairement au mythe de Babel », estime Xavier Combe, « la malédiction serait que les hommes ne disposent plus que d’une seule langue, d’une unique et même façon de penser ».
7) « Ubérisation » : un néologisme devenu omniprésent dans la presse, également orthographié «uberisation» sans accent aigu, en référence à « Uber », la fameuse entreprise de mise en relation de chauffeurs professionnels indépendants et de client.
« Au carrefour de l’économie du partage, de l’innovation numérique, de la recherche de compétitivité et de la volonté d’indépendance des Français »(sic), un « phénomène » vu par un « observatoire de l’ubérisation »(2), comme « une lame de fond » susceptible d’ « impacter [ou de bouleverser ]petit à petit tous les secteurs de l’économie traditionnelle des services ». Voici six exemples de ces bouleversements : la profession de taxi, les libraires et l’édition (investie par Amazon), les hôtels, les professions juridiques, les banques et les restaurateurs….Un point commun : offrir la possibilité de se servir tout seul, rapidement, avec la suppression des intermédiaires.
Avec quelles conséquences ? Est-elle « une chance pour l’économie » ?
Faut-il (et peut-on y) résister ?(3) « Uberisation » rime-t-il aussi avec « paupérisation » et « précarisation » ? Chacun – et notamment le chrétien, invité à « ne pas se conformer au monde présent »(cf Rom.12v2) – est appelé à s’interroger.
8) D’ailleurs, il y a deux ans, dans un article consacré à Althusius, un penseur politique protestant, nous soulignons cet affaiblissement des « corps intermédiaires » entre l’Etat et l’individu, soit de toutes les formes de vie associative non gouvernementale, y compris la famille et l’Église(cela concerne aussi l’entreprise). Un affaiblissement qui favorise l’essor de l’individualisme et du libéralisme, lequel « fait de l’individu et de ses droits inaliénables (liberté, propriété…) le centre et l’origine des relations sociales ». La « main invisible » a aussi un effet destructurant par essence, puisqu’elle « disloque la société, mais ne la conserve pas ». L’occasion de reconsidérer une contribution oubliée de la pensée politique protestante, soit une vision de la vie sociale et politique fondée sur les notions d’alliance et de consensus. Une vision de nature à nous faire réfléchir, d’une part, sur l’exercice équilibré de l’autorité dans la société, en termes de consensus, et, d’autre part, sur l’importance des institutions médiatrices entre l’Etat et l’individu.
Dit autrement :
9) « Comment bâtir des relations authentiques ? » Ou « comment entretenir des relations où les gens se sentent assez à l’aise pour se montrer vulnérables ? » Un article découvert via elle croit.com, et un enjeu fondamental qui concerne aussi les hommes !
Et pour finir :
10) Cette excellente intervention récente de Benoît, des « Cahiers libres », sur le sens de la grève contre la loi travail : une « scandaleuse atteinte aux droits des consommateurs » ? A moins de se souvenir que le consommateur est aussi un travailleur. Et si on donnait prioritairement la parole à ce dernier, pour le laisser s’exprimer sur ses droits légitimes ? C’est sur le « blog notes » de Radio Notre Dame, et c’est à (ré)écouter sur les « Cahiers libres ». Ne pas manquer le démontage en règle du fameux sophisme : « faciliter les licenciements et précariser le travailleur permettra de lutter contre le chômage » !
Notes :
(1) Parmi les contributeurs, on y retrouve entre autres Olivier Keshavjee, théologien réformé et « animateur de paroisse » en Suisse. Il est aussi censé animer son blogue « Théologeek ». Mais si vous en avez assez d’attendre qu’« une particule de créativité traverse le vide interstellaire(j’allai écrire « intersidéral »)pour s’écraser sur un de ses neurones »(ce qui n’est plus arrivé, à l’heure où j’écris, depuis le 9 avril 2015), vous pouvez toujours le lire sur le guide « Express’o » !
(2) On notera que ledit « observatoire » a été fondé par des auto-entrepreneurs (FEDAE) et l’association « Parrainer la Croissance ». Il se donne « pour but d’accompagner l’ubérisation, d’apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l’évolution du Droit… ».
(3) Cf cet article du Monde diplomatique. Voir aussi ces autres exemples pour l’économie et l’université. A lire, également, « ultramoderne solitude », entretien avec Philippe Breton, dans « La Décroissance », avril 2016, numéro 128, pp3-5 : « sur l’uberisation de l’économie, il y a des résistances très fortes, on voit ce que donne la déréglementation du travail. Les partisans des nouvelles technologies nous flattent en disant : « l’individu moderne n’a pas besoin de régulation ». Mais les gens voient que tout n’est pas possible, que la toute-puissance de l’individu est relative, que les professions doivent être réglementées. Ils ont conscience que ce sont les règles collectives qui nous permettent de vivre en société, qu’il faut des normes, des médiations, des régulations. On sent que dans un monde non régulé, la violence refait rapidement surface »(op. cit., p 5).