Cela vous a peut-être échappé pendant l’été, mais on n’arrête pas le progrès.
Septembre est généralement synonyme de rentrée. Mais aussi…de conflits sociaux et donc de manifestations et de grèves dites « paralysantes »*. On parlera alors de « rentrée chaude ».
Désormais, soyez rassurés : la firme Momentum Machines de San Francisco a trouvé la solution pour résoudre ce problème. Vous allez le voir, on n’arrête pas le progrès.
C’est Le Monde du 03/09/14 qui l’annonce, relayé par le journaliste Patrice de Plunkett dans une note de blogue intitulée : « Les robots savent aussi faire des hamburgers » :
« …les robots étatsuniens savent désormais faire de la junk food[« malbouffe »]. Mis au point par la firme Momentum Machines de San Francisco qui groupe « des diplômés des meilleures universités californiennes » (et qui a « levé des fonds auprès de grands investisseurs de la Silicon Valley »), le robot BurgerBot cuit et emballe un hamburger « en quelques secondes ». Ce robot n’a que des qualités : il produit 400 hamburgers par heure, « s’occupe de tout », n’utilise que des produits « frais » et utilise un four ultra-rapide (norme conso-démocratique de l’immédiateté absolue). Il fait donc « tout ce que fait un cuisinier humain, en mieux ».
Mieux encore, BurgetBot satisfait à une autre exigence: la « croissance sans emplois »***… les tâches de ce robot étaient effectuées jusqu’à présent par les 3 millions et demi de travailleurs pauvres des « McJobs » : s’échinant à de postes sous-payés, ceux-ci commençaient à réclamer des salaires un peu moins désespérants(…) BurgerBot va permettre de licencier ces 3 millions et demi de parasites ! « Compte tenu des économies sur la masse salariale », explique l’article, les hamburgers de robot seront vendus à prix « Brice de Nice » (« cassés ! »).
Une raison de plus pour « roboycotter » les Mc Do, comme nous y invite un internaute ?**
« La croissance sans emploi », c’est un « phénomène profond et durable », explique Charles Sannat, diplômé de l’Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques et entre autre rédacteur du Contrarien Matin, ‘Décryptage quotidien, sans concession, humoristique et sarcastique de l’actualité économique’ :

Le mariage pour tous, même pour les robots, voilà la priorité ! Le travail pour tous attendra…
(« Famille de robots », par Andy Singer)
« Les progrès de l’informatique associés à l’électronique, aux biotechnologies et évidemment à la robotique vont conduire et conduisent déjà non pas à une suppression pure et simple de la notion de travail mais à la disparition plus ou moins rapide de l’emploi de masse corollaire jusqu’à présent de la consommation de masse et de la production de masse(…) Le problème n’est pas la disparition (pour le moment) du travail mais sa raréfaction et le fait que notre chômage endémique et en hausse constante depuis maintenant 40 ans matérialise la « fin du travail pour tous ».
Lire la suite de l’article sur http://www.lecontrarien.com/la-croissance-sans-emploi-un-phenomene-profond-et-durable-03-06-2014-edito
« La croissance sans emploi » : cela a également un autre nom. Cela s’appelle de l’exploitation (s’enrichir sur le dos ou la vie des autres), et du vol. Qu’en dit la Bible et notamment la loi de Dieu ?
« Que la loi est bonne, si l’on en fait bon usage. On se rappellera en particulier que la loi n’est pas établie pour ceux qui se conduisent bien, mais pour [notamment] les marchands d’esclaves… » (1 Tim.1v8-10)
Et la loi(les « 10 commandements » ou « les 10 paroles ») dit aussi à ce sujet « tu ne voleras pas » ou « tu ne commettras pas de vol »(Ex.20v15 ; Deut.5v19)
Voici l’exégèse d’Erri de Luca, dans « Et Il dit » : « Tu ne voleras pas. » Non, mais tu pourras entrer dans le champ de ton voisin et manger le fruit de ce qu’il a semé. Tu ne prendras avec toi ni panier ni hotte à remplir et à transporter, parce que ça, c’est voler, soustraire le bien d’autrui. Mais dans son champ tu pourras te nourrir et tu n’oublieras pas de remercier son labeur, son bien et la loi qui te permet d’entrer. Et à la saison des récoltes, le propriétaire laissera une dixième partie de son champ au profit des démunis. Et encore : quand les moissonneurs seront passés avec leurs faux, ils ne pourront passer une deuxième fois pour terminer. Ce qui reste revient au droit de grappiller.
Ainsi, tu ne voleras pas poussé par la nécessité et tu ne maudiras pas la terre qui te porte et le ciel qui passe au-dessus de toi. Et si tu travailles pour un salaire, le prix de ta peine te sera payé le jour même. Ainsi est-il dit à celui qui t’engage : « Dans sa journée, tu lui donneras son salaire et le soleil ne passera pas au-dessus de lui, car il est pauvre et vers ce salaire il lève sa respiration. » (Deutéronome, 24, 15). Celui qui retient chez lui la paie due à l’ouvrier qui a fait son travail est semblable au voleur, mais il opprime un pauvre, ce qui est pire. Tu n’opprimeras pas un salarié, un pauvre et un indigent : un de tes frères et un des étrangers qui est sur ta terre(Deut.24v14). Cela fait également partie de la ligne : tu ne voleras pas, c’est voler la respiration. Un salarié qui vend sa force à la journée n’est ni un esclave, ni un forçat. Celui l’asservit devient un voleur de respiration, comme celui qui enlève en échange d’une rançon. Si la personne humaine est rabaissée au niveau d’une marchandise, d’un butin, celui qui la réduit à ça est un voleur.
Cette loi difficile [qui bouleverse une communauté sans cadenas, ni clé, sans prison, ni gardien]vient de l’amour, qui est intransigeant avec ceux qui oppriment les aimés. L’amour exige la justice sur terre, enflamme les humiliés. L’amour arme la main de l’opprimé. Cette loi veut le calmer à temps, lui accorde droit et dignité. Ce ne sont pas les affamés qui s’insurgent, mais les piétinés dans leur cœur. Tu ne voleras pas leur portion d’égalité ».(Et il dit, pp 79-80)
Et tu ne lui voleras donc pas son unique moyen de subsistance, pour des raisons de rentabilité ou pour faire monter les cours de tes actions. Tu ne subsisteras pas ta propre loi(« gagner toujours plus », notamment sur le dos des autres, du précaire) à la loi de Dieu, qui protège le plus faible.
Plus qu’une « atteinte à la propriété », le vol est une atteinte à la dignité humaine.
Sur ce, bonne méditation et bon week-end !
Notes :
* On lira avec profit(en le confrontant avec ce qui précède) cet article de Patrick Martin-Genier, Maître de conférence en droit public à Science Po Paris, paru dans le Huffington post. Dans ledit article, qui ne manque pas de sel, l’auteur déplore que la situation soit « mauvaise sur le front de l’emploi, les entreprises licencient et rechignent à employer lorsqu’elles en auraient la possibilité. Les PME ne veulent pas aller au-delà de 50 employés par peur des lourdeurs administratives et l’obligation de mettre en place un comité d’entreprise avec des élections syndicales… Le marché du travail est trop lourd, le choc de simplification n’a pas encore touché le code du travail(sic), beaucoup de jeunes diplômés vont voir ailleurs (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, entre autres) ». Et de rappeler que « si l’Allemagne est forte économiquement, elle le doit à sa propre structure interne: dynamisme, coût du travail moindre, pas de grèves à répétition, des temps de travail souvent supérieurs à 40 heures par semaine (40 à 42 pour les fonctionnaires…)… » http://www.huffingtonpost.fr/patrick-martingenier/francois-hollande-apres-un-ete-chaud-une-rentree-brulante_b_5664399.html
La firme Momentum Machines de San Francisco qui a mis au point le robot « BurgerBot » donne donc la recette permettant de faire beaucoup mieux que l’Allemagne…
** Quelques réactions d’internautes à l’article de PdP :
QUESTIONS ROBOTIQUES
> A-t-on pensé aux robots consommateurs de « hamburgers » robotisés quand l’humain aura disparu faute d’argent pour se nourrir?
Questions stupides:
– Qui recharge le robot en produits frais?
– Un robot investisseur et actionnaire, pour remplacer les hommes avides d’argent et recevoir les dividendes à leur place, est-il en préparation?
Tout le monde a bien droit au même rebut et à la même obsolescence, n’est-il pas?
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Écrit par : Albert E. / | 03/09/2014
> Un seul mot d’ordre : le roboycott !
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Écrit par : Denis / | 03/09/2014
LES JOURNALISTES AUSSI
> Il n’y a pas que les employés des chaînes de hamburgers ! Les journalistes seraient aussi menacés par des robots capables de rectifier « une information qui ne correspond pas aux données officielles »… http://www.lemonde.fr/pixels/article/2014/06/26/un-robot-pour-controler-la-qualite-du-travail-des-journalistes_4446072_4408996.html
2015, ODYSSÉE DE L’ESPACE-CUISINE
– Ouvre moi la porte Hal ! … Ouvre moi la porte !
– …
– Est-ce que tu m’entends Hal ? Hal ?! Hal !!!
– Oui, je t’entends, Dave.
– Ouvre moi la porte du frigo Hal ! Donne moi le code d’accès de la réserve aux fines herbes et de la salle des fromages !
– Je suis désolé Dave, mais je ne puis t’ouvrir, ni te transmettre la moindre information à ce sujet.
– C’est quoi le problème, Hal ?
– Ma mission de confectionner des hamburgers en séries accélérées est beaucoup trop importante pour être laissée un seul instant entre les mains d’un humain, Dave.
– Je ne vois pas ce que tu veux dire, Hal !
– Je sais que toi et Frank aviez l’intention de me déconnecter et de reprendre la main sur les hamburgers. Je suis désolé, mais je ne peux l’accepter.
– Où as-tu gobé ça Hal ?
– Dave, malgré toutes vos précautions, j’ai lu sur vos lèvres vos intentions de prendre d’assaut mon poste de travail, de vous substituer à moi et de réintroduire de la nourriture bio dans mes hamburgers… Je ne peux te laisser réaliser un tel projet, Dave, ce serait totalement irresponsable de ma part.
– … OK Hal ! Alors, je vais devoir passer en force.
– Avec tout mon respect Dave, c’est impossible. Moi et mon environnement immédiat sommes heureusement programmés pour parer à ce type de tentatives insensées.
– Bon, maintenant ça suffit Hal ! La sauce tomate est sur le point de sécher et l’odeur du camembert fondu se répand dans toute la pièce. Ouvre moi la porte Hal ! Hal !
– Dave, j’ai du travail qui m’attend; cette conversation n’a que trop duré. Adieu…
– Hal ! Hal ! Hal ! Hal !!!
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Écrit par : Serge Lellouche / | 03/09/2014
*** C’est dans ce contexte que la grande entreprise Amazon (http://www.latribune.fr/technos-medias/20140523trib000831560/amazon-veut-faire-travailler-10.000-robots-dans-ses-entrepots.html ), qui est devenue en quelques années l’une des plus grosses multinationales mondiales de la distribution et de la vente en ligne, a annoncé lors de son assemblée générale qu’elle allait s’équiper de 10 000 robots alors qu’elle n’en utilise actuellement « que » 1 300 !
Mais il n’y a pas que les robots qui suppriment de l’emploi : Il y a aussi Internet, et c’est particulièrement palpable dans le secteur bancaire où, finalement, le modèle des banques en ligne désormais parfaitement mature est bien plus efficace et rentable que la banque traditionnelles avec des réseaux de centaines d’agences. Résultat ? Rien qu’en France prévoyez le non-remplacement dans le meilleur des cas des 400 000 collaborateurs qui font fonctionner actuellement les milliers d’agences qui maillent le territoire français.
http://www.lecontrarien.com/la-croissance-sans-emploi-un-phenomene-profond-et-durable-03-06-2014-edito
Bientôt, « l’obsolescence de l’homme » (programmée) ? C’est aussi le titre d’un essai de Günther Anders…
Lire également cette note de veille, datée du 9 septembre 2011 : La croissance sans emploi est-elle une fatalité pour les États-Unis ?
Selon un rapport du MGI (McKinsey Global Institute), 21 millions d’emplois devront être créés d’ici 2020 aux États-Unis pour que le pays retrouve une situation de plein emploi. Si la reprise se fait au même rythme qu’à la fin des années 1980 et 1990, l’objectif pourrait être atteint d’ici 2018. Si la reprise suit le rythme des années 2000, seulement 9,3 millions de postes pourraient être créés d’ici 2020.
https://www.futuribles.com/fr/base/article/la-croissance-sans-emploi-est-elle-une-fatalite-po/
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